« Aide à mourir » : que dit le Christianisme sur l’euthanasie ?
Source : breizh-info.com – 27 mai 2025
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Alors que le débat parlementaire sur la fin de vie a lieu depuis des semaines à l’Assemblée nationale, avec en ligne de mire une possible légalisation du suicide assisté ou de l’euthanasie (vote en première lecture ce mardi), la position du christianisme – et tout particulièrement celle de l’Église catholique – demeure sans équivoque : on ne tue pas. Ni activement, ni passivement. Parce que toute vie humaine, aussi diminuée soit-elle, reste sacrée.
Une condamnation morale et théologique sans appel
Depuis les premiers siècles de son histoire, l’Église a toujours affirmé l’intangibilité de la vie humaine, de sa conception à sa fin naturelle. Dans le sillage du commandement biblique « Tu ne tueras pas » (Ex 20,13), la doctrine catholique affirme que donner la mort – même sous prétexte de compassion ou de souffrance – reste un acte gravement immoral. Le Catéchisme de l’Église catholique est clair : « L’euthanasie directe consiste à mettre fin à la vie de personnes handicapées, malades ou mourantes. Elle est moralement irrecevable » (n. 2277). Elle est qualifiée de « meurtre délibéré » et de « grave violation de la Loi de Dieu » par Jean-Paul II dans Evangelium Vitae (1995).
Cette interdiction ne vaut pas uniquement pour les gestes actifs (injection létale), mais aussi pour l’assistance au suicide, quand bien même le malade la réclamerait explicitement. « Même si un patient en exprime la volonté, supprimer sa vie n’est pas une marque de respect pour sa liberté mais un reniement de sa dignité », résume la Congrégation pour la Doctrine de la Foi dans la déclaration Samaritanus Bonus (2020).
Une opposition qui ne nie pas la souffrance
Ce refus de l’euthanasie ne signifie pas pour autant indifférence à la souffrance humaine. Bien au contraire. Le christianisme, et tout particulièrement le catholicisme, rappelle que la compassion véritable consiste à accompagner, à soulager, à entourer. Pas à supprimer. Les soins palliatifs sont ainsi encouragés comme un prolongement naturel de la charité. Il est moralement légitime d’utiliser des analgésiques puissants, y compris s’ils peuvent indirectement raccourcir la vie, tant que l’intention première est de soulager la douleur, et non de provoquer la mort.
De même, l’Église catholique s’oppose à l’acharnement thérapeutique. Le recours à des traitements disproportionnés, invasifs ou inutiles peut être légitimement suspendu, pourvu que cela ne soit pas motivé par un désir de provoquer la mort. C’est la notion de « proportionnalité des soins » : soigner, oui ; maintenir en survie artificielle à tout prix, non. Le Pape Pie XII l’avait déjà affirmé dès 1957 : « Il n’y a pas d’obligation morale à utiliser tous les moyens disponibles, surtout s’ils sont disproportionnés ».
Une vision anthropologique : la vie est un don, non une propriété
Au cœur de cette position, il y a une conception radicalement chrétienne de l’homme : sa vie ne lui appartient pas. Elle lui est confiée par Dieu. Dès lors, nul – ni l’individu, ni le médecin, ni l’État – ne peut décider de son terme. C’est pourquoi le suicide, y compris assisté, est lui aussi rejeté comme une transgression morale. Le commandement divin, « Tu ne tueras pas », s’applique aussi à soi-même.
C’est aussi pour cela que l’euthanasie, même présentée comme un « acte de liberté », est en réalité perçue comme une défaite éthique et spirituelle. Jean-Paul II y voyait l’un des symptômes les plus alarmants de la « culture de mort », quand la société, au nom de l’efficacité ou de l’autonomie, en vient à juger que certaines vies ne valent plus d’être vécues.
Refuser l’euthanasie, affirmer une civilisation
Enfin, les voix chrétiennes – et notamment catholiques – insistent sur l’impact collectif d’un tel basculement éthique. « La liberté est toujours une liberté en relation », rappellent les évêques de France. Légaliser l’euthanasie, c’est envoyer un signal dangereux aux plus fragiles : les personnes âgées, handicapées, dépendantes. Cela revient à leur suggérer qu’elles sont un fardeau, une charge inutile, que leur disparition serait un soulagement – pour elles, mais surtout pour les autres.
La dignité humaine, affirment les chrétiens, ne réside pas dans l’autonomie ou la performance, mais dans la simple réalité d’être un être vivant, aimé de Dieu. C’est cette vision radicale, intransigeante peut-être, mais profondément humaine, que le christianisme continue d’opposer à l’idée, de plus en plus répandue, selon laquelle il serait « digne » de choisir sa mort. Mourir dignement, pour l’Église, ce n’est pas choisir sa mort : c’est être accompagné, respecté et aimé jusqu’au dernier souffle.