Le Général de Gaulle face à la Commission euro-américaine

Par Nicolas Bonnal

Né en 1961 à Tunis, Nicolas Bonnal étudie beaucoup, voyage plus encore et commence à publier en 1995 : Mitterrand le grand initié. Il publie ensuite aux belles lettres le Coq hérétique sur l’exception française, la première étude en français sur Tolkien et Internet novelle voie initiatique. Il publie aussi des romans (les territoires protocolaires) et un recueil de contes (les mirages de Huaraz) après une vacance de cinq ans en Amérique du sud. Il revient vivre en Andalousie, puis publie des livres sur le cinéma (le paganisme, Kubrick, Ridley Scott, sans oublier les westerns). Anarchiste réactionnaire,  proche des libertariens américains et des traditionalistes européens, Nicolas Bonnal  se réclame aussi du genre pamphlétaire (un livre sur Céline) et décidément antimoderne. Il a publié des textes sur une dizaine de sites dont France-courtoise.info, bvoltaire.fr, dedefensa.org, fr.sputniknews.com et pravdareport.com. Plusieurs de ses livres ont été traduits (russe, brésilien, ukrainien, espagnol). Son blog : nicolasbonnal.worpress.com

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Effarante Van der Leyen…

J’ai évoqué dans plusieurs textes la résistance du général de Gaulle à l’empire mondial américain. On va évoquer Hallstein, Saroumane allemand qui prépara notre anéantissement au cours des années soixante. Je n’use pas du nom Saroumane par hasard. Comme je l’ai expliqué par ailleurs, Tolkien haïssait leur Europe comme le Commonwealth britannique. Il haïssait le démon occidental des organisations qui ronge le monde et le nécrose depuis 1945.

Je le cite dans mon livre à ce propos : For I love England (not Great Britain and certainly not the British Commonwealth (grr!). Le grand homme ajoute : I do find this Americo-cosmopolitanism very terrifying.

Walter Hallstein, pour ceux qui ne le sauraient pas encore (malgré François Asselineau ou Etienne Chouard) est un ancien juriste nazi devenu patron de la première commission européenne. C’est lui qui a fait de notre Europe un Lebensraum germano-américain à la solde du mondialisme et du déracinement. Comme disait mon ami John Laughland dans son livre publié il y a déjà vingt ans, les origines de leur Europe ne sont pas démocratiques. Leur source est pourrie (tainted). L’involution satanique de l’institution n’a rien pour nous surprendre.

On va se documenter sur Wikipédia, qui est d’ailleurs assez aimable et même instructif avec moi. Alors pourquoi s’enquiquiner avec la propagande la presse mainstream ?

Sur l’ex nazi Walter Hallstein (faisons-leur plaisir : pas un assassin de masse, un simple bureaucrate nazi), sa conception de l’Europe à la botte des Américains, en guerre éternelle avec la Russie soviétique et post-soviétique, et son conflit avec de Gaulle, que le Général devait finalement perdre (il le savait, comme tous les grands pessimistes, il était extra-lucide), on trouve ces instructrices lignes :

« Alors qu’Hallstein avait une vision fédérale de l’Europe, et percevait la Commission comme un organe quasi-fédéral, la vision de de Gaulle était celle d’une confédération. Dès le début, Hallstein ne croyait pas que l’approche de de Gaulle quant à la coopération d’États-nations souverains serait capable de créer une Europe puissante qui pourrait jouer un rôle à part sur la scène internationale. »

Hallstein se fout du monde à la manière juriste. Ils vous promettent une chose pour la détruire en fait. L’Europe puissante, aux nations dissoutes, à la remorque des USA, serait puissante ? On est typiquement dans le doublespeak orwellien.

Le rédacteur de Wikipédia rappelle courageusement à tous les Barbier et Attali qui nous informent :

 « De Gaulle envisageait un partage de souveraineté dans certains domaines, tels que la défense extérieure, l’harmonisation de la production industrielle, les affaires étrangères, la monnaie, l’exploitation des ressources dans les territoires d’outre-mer et le développement scientifique et culturel, mais dans le même temps il développait la force de frappe qu’il percevait comme une capacité de défense européenne indépendante des États-Unis. L’indépendance vis-à-vis des États-Unis était l’un des principaux objectifs de de Gaulle. Il était contre une intégration poussée de l’Europe dès lors qu’elle se faisait sous le chapiteau de l’intégration transatlantique. »

De Gaulle comprend que la grosse Allemagne pointe le bout de son nez. Il cite d’ailleurs dans ses mémoires de guerre la lettre d’Himmler qui lui propose déjà le couple franco-allemand. L’assassin de masse SS n’était pas si fou !

Je cite Himmler et sa lettre au Général :

« En vérité, le seul chemin qui puisse  mener votre peuple à la grandeur et à l’indépendance, c’est  celui de l’entente avec l’Allemagne vaincue. Proclamez-le  tout de suite ! Entrez en rapport, sans délai, avec les hommes  qui, dans le Reich, disposent encore d’un pouvoir de fait et  veulent conduire leur pays dans une direction nouvelle…

Ils y sont prêts. Ils vous le demandent… Si vous dominez  l’esprit de la vengeance, si vous saisissez l’occasion que l’Histoire vous offre aujourd’hui, vous serez le plus grand homme  de tous les temps. »

En réalité comme l’a montré Annie Lacroix-Riz, la plupart des chefs nazis qui avaient trahi le Reich étaient déjà à la solde des Américains. On les recycla gentiment après la guerre pour l’énième croisade russophobe.

De Gaulle donc refuse la montée de la technocratie euro-teutonne et la création d’un Etat supranational, entité néototalitaire sans fondement organique :

« De Gaulle reconnaissait les services d’Hallstein à l’idée européenne, mais l’attribuait davantage au patriotisme allemand servant les intérêts de l’Allemagne afin qu’elle retrouve le respect et un statut en Europe. De Gaulle n’appréciait pas le statut que Hallstein, pour lui un simple technocrate, se voyait accordé par des États étrangers. »

C’est que la commission européenne se considère déjà comme un Etat supranational, et le vieux Hallstein se voit comme le néo-gauleiter de l’Europe américanisée.

Le rédacteur de l’encyclopédie poursuit avec force références :

« Hallstein, de son côté, était attentif à ce que, lorsqu’il représentait la Commission, il se voit accorder le statut normalement accordé au chef d’État. De Gaulle se plaignait du fait que, selon lui, la Commission usurpait le rôle politique réservé aux gouvernements et qu’Hallstein usurpait le rôle réservé aux chefs de gouvernement ou aux chefs d’État. Il attaqua Hallstein personnellement, déclarant qu’il essayait de transformer la CEE en un super-État, avec Bruxelles comme capitale tandis que lui essayait de défendre la démocratie française contre un « aréopage technocratique, apatride et irresponsable ».

Dans ses mémoires publiés chez Plon en 1971, de Gaulle écrivait :

« Hallstein épouse ardemment la thèse du super-état et emploie toute son habile activité à obtenir que la communauté en prenne le caractère et la figure. De Bruxelles, où il réside, il a fait comme sa capitale. Il est revêtu des aspects de la souveraineté, dirigeant ses collègues entre lesquels il répartit les attributions, disposant de plusieurs milliers de fonctionnaires qui sont nommés, affectés, promus, rétribués, en vertu de ses décisions, recevant les lettres de créance d’ambassadeurs étrangers, prétendant aux grands honneurs lors de ses visites officielles, soucieux, d’ailleurs, de faire progresser l’assemblage des six dont il croit que la force des choses fera ce qu’il imagine. »

On imagine la grosse tête de ce machiniste avec trente nations sous ses ordres… L’article ajoute :

« D’après Der Spiegel, les plaintes de de Gaulle concernaient :

• le fait que Hallstein était fréquemment reçu par les présidents américains, bien que la Commission n’eût alors pas de mandat explicite en termes de relations extérieures ;

• le fait que Hallstein revendiquait un rôle de « Premier ministre européen »,

• le rang d’Ambassadeur détenu par les représentants des 65 États accrédités auprès de la Commission européenne,

• la présentation des lettres de créance des ambassadeurs (représentant permanent) à Hallstein,

• la participation de l’équipe de la Commission au Kennedy Round à Genève, aux négociations avec l’AELE et aux négociations avec les États non-européens, en particulier latino-américain. »

Hallstein savait ce qu’il faisait :

« Le rôle politique de la Commission, Hallstein déclara dans un entretien au Der Spiegel :

« En principe, nous n’avons pas de compétences politiques … parce qu’il n’y a rien de cette nature dans le traité de Rome. Mais nous avons une responsabilité politique parce que nous sommes une entreprise politique – pas économique. Le marché commun a pour but d’unifier politiquement l’Europe. »

Le retors technocrate teuton pousse même le culot jusqu’à insulter personnellement le général en le comparant à Hitler :

Sur la plupart de ces questions, de Gaulle voyait Hallstein comme un opposant. La réponse de Hallstein aux attaques de de Gaulle était également agressive, comparant les actions de de Gaulle à celles d’Hitler. »

« Or on sait, Dieu sait si on le sait ! qu’il y a une conception différente au sujet d’une fédération européenne dans laquelle, suivant les rêves de ceux qui l’ont conçue, les pays perdraient leur personnalité nationale, et où, faute d’un fédérateur, tel qu’à l’Ouest tentèrent de l’être – chacun d’ailleurs à sa façon – César, et ses successeurs, Charlemagne, Orthon, Charles Quint, Napoléon, Hitler, et tel qu’à l’Est s’y essaya Staline, ils seraient régis par quelque aréopage technocratique, apatride, et irresponsable. »

Comparer Hitler à César, Charles Quint ou à Napoléon, c’est se foutre du monde. Cela permet après aux antifas de tout détruire, les églises chrétiennes (Charles V nazi, Charlemagne nazi, etc.), le tombeau de Napoléon, qui ne fera pas de vieux os. Et cela confirme que les antifas-PC se tiennent aux côtés des nazis relookés façon Hallstein. Ils veulent détruire le passé pour construire l’homme nouveau à usage mondialisé, lyophilisé, consommateur et numérisé.

Sous le super-Etat le super-Etat façon Merkel montre le bout de son profil  d’aigle. De Gaulle encore :


« Mais, le voyant, le revoyant attentif à son action, je pense que si Walter Hallstein est, à sa manière, un Européen sincère, c’est parce qu’il est d’abord un Allemand ambitieux pour sa patrie. Car dans l’Europe telle qu’il la voudrait, il y a le cadre où son pays pourrait gratuitement, retrouver la respectabilité et l’égalité des droits que la frénésie et la défaite d’Hitler lui ont fait perdre, puis acquérir le poids prépondérant que lui vaudra sans doute la capacité économique, enfin obtenir que la querelle de ses frontières et de son unité soit assumée par un puissant ensemble d’après la doctrine à laquelle, comme ministre des Affaires étrangères de la République fédérale, il a naguère donné son nom. » 

Une autre source a confirmé que bien entendu, comme tous les sbires rebaptisés pères de l’Europe, Hallstein était à la solde de la CIA :

« Walter Hallstein fait ainsi parti de ceux qui autrefois était au service de l’aigle Hitlérien et qui devient serviteur de l’aigle américain. Il deviendra président du mouvement européen dont on sait de façon certaine que c’était un mouvement soutenu et financé par la CIA à partir des années 50 comme le prouve l’article du Daily Telegraph datant du 19 septembre 2000. On retrouve dans des documents déclassifiés des personnages comme Walter Hallstein, Jean Monnet ou encore Robert Schuman considérés comme des employés par la CIA. »

On laissera Tolkien conclure (lettre du 9 décembre 1943) :

May the curse of Babel strike all their tongues!

Or comme on sait leur Europe luciférienne s’honore de ses origines babéliennes. Voyez le monument de Strasbourg tel qu’il s’est construit avec vos dettes. Une chose est claire pour conclure : leur Europe s’écroulera dans quelque temps, et en même temps que les États-Unis d’Amérique.

Je rajoute cette pièce qui montre que le régime de Vichy avait des idéaux euro-œcuméniques :

« Dès 1941 les journaux français titrent « 1941 sera la grande année du regroupement de l’Europe a déclaré le führer » (Paris soir publié le 1er février 1941). Cette « nouvelle Europe » conçue par le juriste allemand Walter Hallstein est alors montrée aux français comme une solution de paix en Europe alors que la France est occupée. Le gouvernement de Pétain inaugurera avec les autorités nazies l’exposition intitulée « La France européenne » le 6 juin 1941 à Paris au Grand Palais. Les tracts et affiches qui doivent faire la promotion de cet événement mettent en avant le projet d’une « construction de l’Europe ». Le gouvernement de Pétain collabore avec le gouvernement nazi dans l’objectif d’instaurer une « Pax Germania » à travers toute l’Europe. »

Une petite déclaration du général à Alain Peyrefitte pour terminer (je sais, je sais, il a tout inventé, d’ailleurs de Gaulle était un hologramme) :

«  L’Europe intégrée, ça ne pouvait convenir à la France, ni aux Français… Sauf à quelques malades comme Jean Monnet, qui sont avant tout soucieux de servir les États-Unis. Ou alors à tous ces personnages lamentables de la IVe République. Ils trouvaient ainsi un moyen de se décharger de leurs responsabilités ! » 

Sources

Wikipédia – Walter Hallstein

Nicolas Bonnal – Comment les peuples sont devenus jetables (Amazon.fr) ; le salut par Tolkien (Avatar)

De Gaulle – mémoires d’espoir, Plon, 1971 ; mémoires de guerre, tome III

Tolkien – Correspondance, par Christopher Tolkien et John Carpenter. Tolkien : “When they have introduced American sanitation, morale-pep, feminism, and mass production throughout the Near East, Middle East, Far East, U.S.S.R., the Pampas, el Gran Chaco, the Danubian Basin, Equatorial Africa, Lhasa, and the villages of darkest Berkshire, how happy we shall be. »

Illustration : Walter Hallstein, Président de la Commission européenne de 1958 à 1967.

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