Origine du conflit israélo-palestinien : un siècle d’immigration sioniste et d’épuration ethnico-religieuse de la Palestine
Source : jeune-nation.com – 13 octobre 2023
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L’attaque du Hamas sur les alentours de la bande de Gaza, et la réaction israélienne sauvage en retour, ne sont que les derniers soubresauts d’un conflit dont les origines remontent à plus d’un siècle avec le plan sioniste d’immigration massive et de colonisation armée de la Palestine et l’immunité dont les sionistes disposent pour le mettre en œuvre.
L’immigration sioniste en Palestine
Durant la période ottomane (1882-1914), l’apport de l’immigration fut relativement faible. Il ne constitua en effet que 3 % de l’énorme vague migratoire transocéanique qui arracha à l’Europe 2 367 000 Juifs pour les porter aux États-Unis (2 022 000) dans les autres pays d’Amérique (232 000), ainsi que dans diverses régions du globe (113 000).
L’état arriéré de la Palestine, la difficulté des communications, la méfiance du gouvernement turc ne favorisaient guère alors l’accès de la Terre Sainte. En 1914-1918, la première guerre mondiale provoqua même une régression marquée de la population juive palestinienne. Cette période est l’époque des pionniers et de la fondation des premières colonies en même temps que celle où l’idée sioniste se répand à la suite du livre de Théodor Herzl sur l’État juif (« L’État juif, recherche d’une réponse moderne à la question juive ») et où elle s’organise avec le premier Congrès sioniste international (Bâle, 1897). Le mouvement est appelé ainsi en référence à la colline de Sion de Jérusalem où fut, dans l’Antiquité, érigée la citadelle de David. Un an plus tard, une banque coloniale juive est créée, laquelle aboutira en 1901 à créer le Fonds national juif dont le but est l’achat de terres en Palestine.
Le sionisme se fonde d’abord sur la prétendue « terre promise » que Yahvé aurait donnée au Hébreux selon l’historiographie juive, pour s’y établir en anéantissant les Cananéens idolâtres, suivant la « volonté divine ». Cette « terre promise » correspond à peu près au pays de Canaan, ce territoire au Proche-Orient situé entre la Méditerranée et le Jourdain, englobant l’actuelle Palestine occupée et empiétant sur l’ouest de la Jordanie, le sud du Liban et l’ouest de la Syrie.
À la fin de la Première Guerre mondiale, la Palestine passe sous administration britannique, mettant fin à la domination ottomane. La période britannique (1919-1948) a été pour les Sionistes la période du grand essor. C’est en 1917 que les sionistes marquent des points au plan politique avec la « Déclaration Balfour » (ministre britannique des Affaires étrangères) qui acceptait, au nom du Royaume-Uni, la création d’un « foyer national juif » en Palestine. Le pays lui-même, passé sous le contrôle de l’Occident, commençait à sortir de sa léthargie et à s’organiser sous l’impulsion du nouveau pouvoir mandataire. L’afflux des immigrants fut par suite considérable et se chiffra par 452 212 entrées de 1919 au 14 mai 1948, soit une moyenne de 14 125 par an.
D’abord relativement lent, cet afflux amena en Palestine, de 1919 à 1931, 116 796 personnes (1919- 1923 : 35 183 ; 1924-1926 : 62133 ; 1927-1931 : 19 480). Il représenta à ce moment 15 % de la migration transocéanique juive (8,6 % en 1919-1923 ; 32,5 % en 1924-1926 ; 10,8 % en 1927-1931), pourcentage qui laisse loin derrière lui, par conséquent, celui de la période ottomane (3 %) et qui souligne bien que les émigrants juifs s’orientent alors de plus en plus nettement vers la Palestine.
Il s’accentua encore plus durant les années 1932-1939. Pendant ces huit années, 224 785 entrées furent enregistrées, dont 173 820 se firent durant les seules années 1932-1936 (34 764 entrées par an en moyenne), contre 50 965 seulement (16 988 entrées par an) en 1937-1939. De 1932 à 1939, la Palestine a absorbé 46 % de l’immigration transocéanique juive.
La population sioniste est devenue alors presque aussi nombreuse que la population arabe et de ce nouveau rapport de forces naît un problème politique que la déclaration Balfour n’avait que très mal prévu. Dès 1929, des incident graves avaient éclaté entre Juifs et Arabes, préludant à la période de troubles endémiques qui dura de 1936 à 1939. En même temps, des groupes juifs armés mènent de nombreuses actions terroristes contre la puissance mandataire. En 1939, l’Angleterre, après bien des tergiversations et l’envoi de multiples commissions d’enquête, restreignit très vigoureusement l’immigration par le Livre blanc.
L’immigration n’en continua pas moins de 1940 à 1948, grâce surtout aux entrées clandestines (54 109 entrées en 1940-1945 ; 56 522 pour 1946 – 14 mai 1948 : soit 110 631 au total).
Indépendance auto-proclamée et guerres israélo-arabes
Le 29 novembre 1947, au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, l’idée du foyer national était définitivement dépassée dans la conscience juive pour faire place à celle d’un État indépendant et souverain. L’ONU vota pour un plan de partage de la Palestine. Il s’agissait d’en finir avec la Palestine mandataire, jusque-là sous contrôle britannique, pour créer deux États, un juif et un arabe. La ville de Jérusalem devait conserver le statut de zone internationale.
Mais le plan de l’ONU tombe à l’eau dès le départ des Britanniques. Le 4 mai 1948, l’Entité sioniste proclame unilatéralement et donc illégalement son indépendance. Immédiatement, les pays arabes -Égypte, Syrie, Jordanie, Liban et Irak– entrent en guerre contre le nouvel État. Le conflit dure un an et se solde par une victoire israélienne. L’État fixe temporairement ses frontières avec l’Égypte et le Liban, mais ses gains par rapport au plan de l’Onu de 1947 sont substantiels.
L’immigration ne cesse pourtant pas. La période de l’indépendance a vu tomber toutes les barrières qui essayaient de contenir l’immigration, et une loi du retour a été promulguée, selon laquelle tout Juif a le droit de venir s’établir en Palestine. L’immigration est devenue massive et a déjà doublé le chiffre de la population, qui est passée de 684 275 le 14 mai 1948 à 1 368 275 le 31 décembre 1951. En trois ans et sept mois, le pays a donc absorbé 684 000 immigrants, soit une moyenne de 188 506 par an.
Une nouvelle flambée des tensions a lieu lors de la guerre des Six Jours, en 1967. L’État juif déclare la guerre à l’Égypte suite au blocus du détroit de Tiran, au large de la péninsule du Sinaï. Syrie, Jordanie, Irak et Liban se joignent une fois de plus à l’Égypte dans le conflit. Mais les pays arabes sont défaits après une guerre éclair, qui durera moins d’une semaine.
Au sortir du conflit, Israël triple sa superficie : l’Égypte perd la bande de Gaza, occupée en 1948, ainsi que le Sinaï. La Syrie perd le plateau du Golan, aujourd’hui encore annexé. La Jordanie perd la Cisjordanie et Jérusalem-Est. Ces territoires sont dès lors couramment désignés sous le nom de « territoires occupés ». Israël y mène une politique continue de confiscation des terres et d’expulsion des autochtones palestiniens, favorisant peu à peu l’installation de villages, de colonies et de kibboutz. Une véritable épuration ethnico-religieuse dans l’indifférence complice occidentale qui dure encore.
Le temps des intifadas
En 1973, la guerre du Kippour oppose une nouvelle coalition de pays arabes à l’Israël et s’ouvre le jour de la fête juive fériée de Yom Kippour. Prises par surprise, les forces israéliennes reculent, avant de parvenir à stabiliser la situation. L’incapacité des services de renseignements à voir venir l’offensive arabe fera beaucoup parler, scénario qui rappelle celui du conflit actuel. L’Égypte parvient à récupérer le Sinaï à la fin du conflit.
À partir des années 1990, le conflit prend un accent plus intra-palestinien, avec le déclenchement de plusieurs intifadas, des soulèvements aussi appelés « guerre de pierres ». Celle de 1987 débouche sur les accords d’Oslo et sur la Déclaration de principes, qui pose les bases d’une autonomie palestinienne pour une période de cinq ans. Le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin et Yasser Arafat, président du comité exécutif de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine) reçoivent le prix Nobel de la paix pour ce rapprochement.
En 2002, une deuxième intifada est déclenchée, sur fond de lutte d’influence entre les deux partis palestiniens : le Fatah, fondé par Yasser Arafat, et le Hamas. Non sans quelques coups de pouces israéliens au Hamas pour contribuer à diviser la résistance palestinienne… Les États-Unis, l’Union européenne, la Russie et l’Onu tentent de mettre fin aux cycles de violences en proposant une Feuille de route pour la paix. Celle-ci prévoit la reprise des négociations et la création d’un État palestinien indépendant.
Suite à cette seconde intifada, l’Israël retire finalement ses troupes de la bande de Gaza en 2005, sans aucun accord politique. Le Hamas remporte de son côté les élections législatives de 2006, mais le conflit politique s’envenime avec le Fatah. Le Hamas prend finalement le contrôle total de la bande de Gaza après avoir évincé la plupart des militants du Fatah.
Le 29 novembre 2012, la Palestine reçoit finalement le statut d’État observateur auprès de l’Onu, ce que beaucoup considèrent comme une reconnaissance de facto du statut d’État palestinien par la communauté internationale.
La situation autour de Jérusalem reste néanmoins explosive. La résolution de l’Onu de 1947 prévoyait un statut international, mais Israël fait de la ville sa capitale par une déclaration unilatérale, en 1950. Les Palestiniens considèrent pour leur part Jérusalem-Est comme la capitale de leur État. Le Président américain Donald Trump ajoute encore à la confusion en 2018, en officialisant la reconnaissance par les États-Unis de Jérusalem comme capitale d’Israël. L’ambassade américaine y est transférée depuis Tel Aviv.
La farce de la solution à deux États
L’idée que deux Etats puissent coexister sur le territoire de la Palestine historique n’a aucun sens. Colonialistes lucides, les sionistes le savent bien. Icône du “processus de paix”, le premier ministre Itzhak Rabin déclara devant la Knesset, en 1995, qu’il n’était pas question de créer un Etat palestinien, pas même un embryon d’Etat, ni maintenant, ni demain.
Bien entendu, on peut faire l’autruche et rêver d’un sionisme imaginaire, mais le sionisme réellement existant a peu d’appétence pour le partage territorial avec des autochtones récalcitrants. Ce qu’il veut, c’est toute la Palestine, “une Palestine juive comme l’Angleterre est anglaise”, comme disait le président de l’Organisation sioniste mondiale Haïm Weizmann en 1919.
Quant aux moyens pour y parvenir, Jacques Kupfer, ancien président du Betar et du Likoud de France, ancien dirigeant de l’Organisation sioniste mondiale et membre du conseil d’administration de l’Agence juive, co-président du Likoud mondial, s’exprimait là-dessus le 15 juillet 2014 :
« Lorsque les alliés ont voulu mettre un terme à la guerre contre l’Allemagne nazie, ils ont détruit la ville de Dresde. À juste titre. Lorsque les Etats-Unis ont voulu mettre un terme à la guerre contre le Japon, ils ont détruit Hiroshima et Nagasaki en lançant la bombe atomique. À juste titre. Si nous voulons mettre un terme à la guerre, nous devons raser Gaza. Gaza doit devenir un champ de ruines d’où ne peuvent sortir que des gémissements. »
La spoliation territoriale et l’épuration ethnico-religieuse de la Palestine n’est pas un accident du sionisme, c’est son essence même.
La haine de l’autre rétrécit et dissout toute possibilité de lucidité intellectuelle; c’est donc une très mauvaise conseillère qui conduit bien souvent à lui attribuer des intentions et des agissements qui sont justement ceux des accusateurs.
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