Élections en Argentine : rupture populiste de droite ou reprise en main par Washington ?

Source : breizh-info.com – 24 novembre 2023 – Pierre d’Herbais

https://www.breizh-info.com/2023/11/24/227149/elections-en-argentine-rupture-populiste-de-droite-ou-reprise-en-main-par-washington/

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C’était le 20 novembre dernier. Les projecteurs du monde entier se sont tournés vers ce pays d’Amérique latine, l’Argentine. Javier Milei, un ovni politique, un provocateur prêt à en découdre. Il qualifie ses détracteurs de « merdes » et promet de s’attaquer au pourrissement de l’Etat à la tronçonneuse. Derrière le choc, qui est Javier Milei ? Est-ce une bonne nouvelle que ce candidat ultra-libéral arrive aux responsabilités ? Et si oui, pour qui ?

Quelques jours après l’arrivée au pouvoir de Javier Milei, ce personnage, au comportement parfois loufoque, qui semble respecter sa volonté de changer les choses, provoque une certaine liesse de la Droite Patriotique française. En effet Javier Milei, candidat « populiste » pour la Gauche française semble décidé à retourner la table. Il est le candidat anti-avortement qui exhorte les catholiques conservateurs à se ranger derrière lui malgré ses attaques répétées à l’encontre du Pape François. Il l’accuse notamment d’avoir « une affinité avec les communistes meurtriers » du pays et de violer les Dix Commandements. Malgré ses attaques, le Pape a félicité Javier Milei et lui a déclaré qu’il lui envoyait « un chapelet béni », cadeau peu banal mais qui peut démontrer que le Pape a un sens de l’humour aiguisé. Si l’économie du pays a bien besoin d’un sacré coup de pousse, l’ancien banquier de HSBC semble être le candidat parfait pour inverser la tendance. Le redressement du pays devra passer par une privatisation de masse à commencer par l’ensemble des médias publics et la suppression de plusieurs ministères, cette dernière illustrée par une vidéo d’anthologie qui a fait le tour du monde. Sur place, on le surnomme « el loco » (le fou) comme s’en est amusé un ressortissant français installé dans le nord du pays. Il est réputé intransigeant. « Il n’y a pas d’autres alternatives. Avec les kirchneristes c’était un long cauchemar. Je vois les réformes promises du droit du travail, la privatisation, la fin de l’ingérence étatique, la fin des plans sociaux, baisse de 17% des impôts et la fin des occupations illégales des propriétés privées. » me confiait-il au lendemain de l’élection. A la lumière de ces quelques mesures développées ici, on peut aisément comprendre l’ovni politique qu’il représente et l’espoir qu’il suscite pour la droite, mais qu’en est-il pour la Gauche ?

A gauche, c’est un tollé. « Dans mon gouvernement, il n’y aura pas de marxisme culturel. Et le ministère de la Femme, je l’éliminerai. Je ne m’excuserai pas d’avoir un pénis. Je n’ai pas à avoir honte d’être un homme blanc, blond, aux yeux bleu clair. » avait-il déclaré lors de la campagne présidentielle. Le Patriarcat, le mal incarné, le mafieux. Javier Milei est climatosceptique, masculiniste et libéral radical comme l’a souligné Olivier Faure, premier secrétaire du Parti Socialiste. On lui reproche aussi des méthodes mafieuses et on s’interroge sur ces intentions. Que va donc devenir l’opposition politique, le droit des communautés LGBT ? Les récentes déclarations du nouveau Président interrogent.« Entre la mafia et l’État, je préfère la mafia. La mafia a des codes, elle tient ses engagements, elle ne ment pas, elle est compétitive. »  Supprimer le peso pour le dollar US, légaliser la vente d’organes, autant de provocations qui auront pu mettre en tension la Gauche au pouvoir et l’opinion public en Argentine.En effet, la corruption semble gangréner la politique du pays. On se souviendra du scandale Cristina Kirchner qui a fait du bruit jusqu’en France en décembre 2022. Elle a été condamnée à 6 ans de prison et inéligibilité à vie pour fraude et corruption et ce n’est pas un cas isolé. Pourtant, l’ancien président Alberto Fernandez avait exprimé son soutien en dénonçant un système judiciaire mafieux. Il faut croire que les argentins ont préféré les promesses de Milei tendant à « tronçonner » l’Etat responsable, selon lui, de tous les maux du pays.

Alors, d’un point de vue français, qu’en est-il réellement et que va changer la présidence Javier Milei ? Est-il de notre ressort de juger la politique intérieure de l’Argentine ? Le peuple a tranché et il serait innoportun de vouloir s’ingérer dans un pays qui n’est pas le nôtre. Néanmoins, les orientations que semblent prendre Javier Milei à l’internationnal, risquent bien de bousculer l’équilibre déjà fragile d’un monde bipolaire. Les BRICS pour l’Argentine, c’est fini et l’axe Washington/UE/Israel se voit renforcé et donc quid de nos intérêts ? Si nos politiques s’évertuent depuis des années à mettre la souveraineté au centre de leurs priorités, c’est bien que nous l’avons bel et bien perdue. Que peut la France sans Bruxelles aujourd’hui ? Que peut Bruxelles sans l’OTAN et que peut l’OTAN sans les Etats-Unis ? Cela renforce donc la position américaine dans le monde participe au maintien de notre servitude. Et par conséquent à notre incapacité à reprendre notre destin en main. Si l’on part du principe que c’est une bonne chose, alors tout va bien. Néanmoins si l’on est attaché à la maitrise des flux migratoires, de l’indépendance de la Justice et de l’ensemble de nos politiques sociales, sociétales et économiques cela ne peut-être une bonne nouvelle car notre souveraineté en sortira un peu plus affaibli. Le nouveau Président argentin annonce qu’il visitera en premier lieu les Etats-Unis puis Israel. Son attachement pour ce dernier est sans appel : «Je ne vais pas à l’église, je vais à la synagogue. Je ne suis pas un prêtre, je suis un rabbin. J’apprends la Torah. Je suis connu internationalement comme un ami d’Israël. En plus de m’aligner sur les États-Unis et Israël, je souhaite déplacer notre ambassade à Jérusalem. Si je gagne, mon premier voyage sera en Israël. » Le soutien inconditionnel à Israel peut avoir des conséquences évidentes pour notre pays ( ce que je développe dans cet article : https://www.breizh-info.com/2023/11/12/226666/les-francais-se-desinteressent-ils-du-conflit-au-proche-orient-lagora/#comments) Et puis, il y a le Milei, homme de Davos et du World Economic Forum dont les projets non dissimulés pour un gouvernement mondial peuvent éveiller chez certains une certaine forme de dégout.

Javier Milei est le nouveau Président de la République d’Argentine. Son pays risque de recevoir une thérapie de choc et seul le temps nous dira si l’opération est réussie ou si le patient mourra sur la table d’opération. Il n’est pas question ici de juger le choix d’un peuple souverain mais de savoir si cette élection à l’autre bout du monde aura des répercussions chez nous. Mais devrions-nous nous poser seulement cette question si la France était Grande, Souveraine et Indépendante ? Dans tous les cas le Président argentin promet de rebattre les cartes de la politique mondiale.

Pour conclure, et une fois n’est pas coutume, je veux ici donner mon sentiment. Son élection s’apparente plus à un « populisme Davosien » (en référence au forum économique de Davos) qu’à une rupture populaire que l’on est en droit d’attendre pour chaque peuple de la planète. Ce n’est pas le fruit du hasard et les agences de communication américaines ont dû travailler dur pour obtenir ce résultat. Il s’agit peut-être ici d’une reprise en main de Washington sur l’Amérique Latine, chasse gardée de l’Oncle Sam depuis la doctrine Monroe. A l’heure de la défiance pour la domination du dollar, cette élection lui était nécessaire. La bipolarité que vit notre monde nous réserve certainement d’autres surprises.

3 pensées sur “Élections en Argentine : rupture populiste de droite ou reprise en main par Washington ?

  • Ping :Élections en Argentine : rupture populiste de droite ou reprise en main par Washington ? — Der Friedensstifter

  • 25 novembre 2023 à 10 h 18 min
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    Meri pour votre article que, ainsi qu’à l’habitude, j’ai parcouru avec beaucoup d’intérêt. Bonne fin de semaine à toute votre équipe.

    Répondre
    • 25 novembre 2023 à 18 h 14 min
      Permalink

      Populisme davosien : bel oxymore !
      Sinon Wiki permet pour une fois de rire un peu :
      Javier Milei

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      Javier Milei
      Illustration.
      Javier Milei en 2022.
      Fonctions
      Président de la Nation argentine
      (élu)
      En attente d’investiture – 10 décembre 2023
      Élection 19 novembre 2023
      Vice-président Victoria Villarruel (élue)
      Prédécesseur Alberto Fernández
      Député de la Nation argentine
      En fonction depuis le 10 décembre 2021
      (1 an, 11 mois et 15 jours)
      Élection 14 novembre 2021
      Circonscription Buenos Aires
      Biographie
      Nom de naissance Javier Gerardo Milei
      Surnom El loco
      El candidato motosierra
      Date de naissance 22 octobre 1970 (53 ans)
      Lieu de naissance Buenos Aires (Argentine)
      Nationalité Argentine
      Parti politique PL (depuis 2019)
      Diplômé de Université de Belgrano
      Profession Économiste
      Religion Catholicisme
      Signature de Javier Milei
      modifier Consultez la documentation du modèle
      Javier Milei, né le 22 octobre 1970 à Buenos Aires, est un économiste et homme d’État argentin, élu président de la Nation argentine le 19 novembre 2023.

      Il est classé à l’extrême droite et décrit comme libertarien de droite. Plusieurs de ses positions suscitent la controverse, comme sa totale opposition à l’avortement, son rejet d’une éducation sexuelle dans les écoles, son soutien au libre port d’armes et à la libéralisation des drogues, sa promotion de la théorie du marxisme culturel et son déni du réchauffement climatique.

      Dans le domaine économique, Milei se reconnaît comme anarcho-capitaliste et défend un programme inspiré de l’école autrichienne, qui vise à drastiquement diminuer le poids de l’État : il souhaite ainsi supprimer la banque centrale argentine, remplacer le peso argentin par le dollar américain, supprimer les aides sociales, limiter le nombre de ministres aux fonctions régaliennes et diviser par deux les dépenses publiques.

      Dirigeant du Parti libertarien (PL) et de la coalition La liberté avance (LLA), il est élu député de la Nation argentine lors des élections législatives de 2021. Arrivé largement en tête des primaires en vue de l’élection présidentielle de 2023, il l’emporte au second tour face au candidat péroniste, Sergio Massa, avec 55,7 % des suffrages exprimés.

      Situation personnelle
      Jeunesse
      Javier Gerardo Milei naît dans le quartier de Palermo, à Buenos Aires, le 22 octobre 19701. Son père, Norberto Horacio Milei, est un homme d’affaires du secteur des transports publics2 et sa mère, Alicia Luján Lucich, est femme au foyer. Il a une sœur cadette nommée Karina. Milei termine ses études secondaires à l’école privée catholique Cardenal Copello, dans le quartier Villa Devoto. Plus tard, il déménage avec sa famille dans la ville de Sáenz Peña, province de Buenos Aires. Dans une interview, il raconte avoir été pendant son enfance « un garçon très réservé, très assidu à l’école et au sport, et avoir fait à partir de l’âge de dix ans des compétitions intenses »3. Milei dit qu’il a également chanté dans le groupe Everest, dans lequel il jouait principalement de la musique des Rolling Stones4.

      Le journaliste Juan Luis González, auteur de sa biographie, écrit qu’il fut maltraité et dénigré par ses parents, « qui lui ont appris à ne pas faire confiance à ceux qui l’entouraient »5. Il est un temps en conflit avec ses parents, qu’il ne voit jamais, expliquant qu’ils étaient tous deux morts à ses yeux ; pendant sa campagne présidentielle de 2023, il se réconcilie avec eux6. Selon González, ses blessures de l’enfance, notamment le fait d’avoir grandi auprès d’un père violent, expliquent « son instabilité émotionnelle »5. Dans sa jeunesse, ses camarades de classe l’appellent « el loco » (« le fou ») en raison de sa coiffure et de son agressivité7.

      Vie privée
      En ce qui concerne sa vie amoureuse, il a suggéré dans une interview à La Nación être partisan de l’amour libre et, dans une émission de télévision, il a déclaré avoir participé à plusieurs trios et être un instructeur de néotantra, étant selon ses dires « capable de rester trois mois sans éjaculer »8,9. Il n’est pas marié et n’a pas d’enfant. Il a été en couple avec la chanteuse Daniela Mori (es) entre 2018 et 201910. En août 2023, il annonce être en couple avec l’actrice Fátima Flórez (es)11.

      Il est de confession catholique. Toutefois, il affirme lire quotidiennement la Torah et a visité la tombe de Menachem Mendel Schneerson, un rabbin juif orthodoxe russo-américain. Il a déclaré envisager de se convertir au judaïsme, mais que le Shabbat juif serait difficilement conciliable avec la fonction de président12,13.

      Passionné d’occultisme, il a sollicité les services d’un vétérinaire médium afin de communiquer avec son chien préféré de race mastiff, Conan, mort en 201714. Il assure également avoir communiqué avec Dieu au cours de ces séances, lequel lui aurait demandé de devenir président14. Milei dit que Conan n’est pas réellement mort (il décrit ceci comme étant la « disparition physique » de Conan et continue de se référer à lui au présent) et que le chien siège désormais à côté de Dieu afin de le protéger. Il déclare que ce serait grâce à Conan qu’il aurait commencé à parler avec Dieu15. Selon le journaliste Juan Luis González, Milei aurait décrit à un ami une expérience mystique qu’il aurait vécue : « J’ai vu la résurrection du Christ trois fois, mais je ne peux pas en parler. Ils diraient que je suis fou16. » Selon beaucoup de sources dites au journal La Nación, Milei soutient que lui et Conan ont une mission qui leur a été assignée par Dieu et qu’ils ont vécu ensemble une histoire mystique. Milei dit avoir rencontré Conan, qui était un lion, en tant que gladiateur dans le Colisée de Rome il y a environ 2000 ans plus tôt17.

      Milei a été surnommé el Peluca (« La perruque ») en raison de sa coiffure excentrique18. Il a répété à plusieurs reprises qu’il ne se peignait pas les cheveux et, pour cette raison, sa coiffure a fait l’objet d’une attention particulière dans la presse19.

      Milei est un adepte du cosplay. Son alter ego est le super-héros « Général AnCap », nom qui est un acronyme de l’anarcho-capitalisme20.

      Il vit dans son appartement de Buenos Aires avec ses cinq chiens – issus d’un clonage aux États-Unis de son chien préféré Conan – et a divisé son salon en plusieurs parties afin de donner une place à chacun. Milei voit le clonage de Conan comme étant une « porte d’entrée vers l’éternité16. » Il ne reçoit personne chez lui faute de place, et les voisins se sont plaints de l’odeur émanant du logement14. Milei dit que ses cinq chiens et lui peuvent communiquer ensemble avec l’aide d’un médium. Il dit que l’un des chiens, nommé aussi Conan, le conseille sur la stratégie générale. Un autre, Milton, est en charge de l’analyse politique, tandis que Murray est en charge de le conseiller sur l’économie. Enfin, il dit que Robert est celui qui lui fait « voir le futur et lui fait apprendre de ses erreurs »21.

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