Mircea Eliade et notre deuxième chute
Par Nicolas Bonnal
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Point n’est besoin d’épiloguer sur la disparition piteuse générale du christianisme («pas dans un boum, dans un pleurnichement», écrivait déjà Eliot dans son poème repris par Coppola dans Apocalypse) et le déclin général des religions. L’occident ne décline pas à la sauce Spengler, il est tout bonnement crevé, et le reste du monde décline encore plus sûrement. Le «monde des machines» de Bernanos sera venu à bout de tout le monde.
Dans le Sacré et le profane, Eliade explique notre deuxième chute.
« Mais l’homme moderne qui se sent et se prétend areligieux dispose encore de toute une mythologie camouflée et de nombreux ritualismes dégradés. Comme nous l’avions mentionné, les réjouissances accompagnent la Nouvelle Année où l’installation dans une maison neuve présentent, laïcisée, la structure d’un rituel de renouvellement. On constate le même phénomène à l’occasion des fêtes et des réjouissances accompagnant le mariage ou la naissance d’un enfant, l’obtention d’un nouvel emploi, une promotion sociale, etc. »
Cet homme dégradé qui a frappé tous les penseurs traditionnels (voyez mon recueil) avait encore des compensations – toujours plus maigres :
« Tout un ouvrage serait à écrire sur les mythes de l’homme moderne, sur les mythologies camouflées dans les spectacles qu’il chérit, dans les livres qu’il lit. Le cinéma, cette « usine des rêves », reprend et utilise d’innombrables motifs mythiques : la lutte entre le Héros et le Monstre, les combats et les épreuves initiatiques, les figures et les images exemplaire (la « Jeune Fille », le « Héros », le paysage paradisiaque, I’ « Enfer », etc.).
Même la lecture comporte une fonction mythologique : non seulement parce qu’elle remplace le récit des mythes dans les sociétés archaïques et la littérature orale, vivante encore dans les communautés rurales de l’Europe, mais surtout parce que la lecture procure à l’homme moderne une « sortie du Temps » comparable à celle effectuée par les mythes. »
Le culte de la peur du virus et le culte sacerdotal du vaccin et des experts nous aura montré que nous restons religieusement conditionnés mais pour le pire. Eliade :
« La grande majorité des «sans-religion» ne sont pas proprement parler libérés des comportements religieux des théologies et des mythologies. »
Comme Chesterton (« depuis que l’homme ne croit plus en Dieu il croit en tout »), avant lui Eliade voit que l’on recycle la religion facilement :
« Mais ce n’est pas uniquement dans les « petites religions » ou dans les mystiques politiques que l’on retrouve des comportements religieux camouflés ou dégénérés : on les reconnaît également dans des mouvements qui se proclament franchement laïques, voire antireligieux. Ainsi, dans le nudisme ou dans les mouvements pour la liberté sexuelle absolue, idéologies où l’on peut déchiffrer les traces de la « nostalgie du Paradis », le désir de réintégrer l’état édénique d’avant la chute, lors que le péché n’existait pas et qu’il n’y avait pas rupture entre les béatitudes de la chair et la conscience. »
Même le culte du héros subsistait avec la guerre, mais on se souvient du texte de Saint-Exupéry sur la fin de l’aviation (que dirait-il des drones…) :
« Il est intéressant encore de constater combien les scénarios initiatiques persistent dans nombre d’actions et de gestes de l’homme areligieux de nos jours. Nous laissons de côté, bien entendu, les situations où survit, dégradé, un certain type d’initiation: par exemple, la guerre, et en premier lieu les combats individuels (surtout des aviateurs), exploits qui comportent des « épreuves »> homologables à celles des initiations militaires traditionnelles, même si, de nos jours, les combattants ne se prennent plus compte de la signification profonde de leur « épreuves » et ne profitent guère de leur portée initiatique… »
On garde des comportements :
« En somme, la majorité des hommes « sans-religion » partagent encore des pseudo-religions et des mythologies dégradées. Ce qui n’a rien pour nous étonner, du moment que l’homme profane est le descendant de I’homo religiosus et ne peut pas annuler sa propre histoire, c’est-à-dire les comportements de ses ancêtres religieux, qui l’ont constitué tel qu’il est aujourd’hui.»
Mais finalement on arrive à la deuxième chute (même à la troisième on dirait…) avec l’effondrement des cultes, la sous-culture intellectuelle, le tourisme comme aventure (les bronzés…) et la liquidation du sens commun : comme disait magnifiquement Mgr Gaume :
« De toutes ces grandes réalités, vous n’avez qu’une connaissance vague, confuse, sèche et stérile. Vous avez des yeux, et vous ne voyez pas ; des oreilles, et vous n’entendez pas ; une volonté, et vous ne voulez pas. Fruit du don d’entendement, le sens chrétien, ce sixième sens de l’homme baptisé, vous manque.
Il manque à la plupart des hommes d’aujourd’hui et à un trop grand de nombre de femmes. Il manque aux familles, il manque à la société, il manque aux gouvernants et aux gouvernés, il manque au monde actuel. »
La deuxième – ou la troisième – chute ? C’est quand « dans le plus profond de son être on n’a le souvenir de rien ». Eliade :
« La non-religion équivaut à une nouvelle« chute » de l’homme : l’homme areligieux aurait perdu la capacité de vivre consciemment la religion et donc de la comprendre et de l’assumer ; mais, dans le plus profond de son être, il en garde encore le souvenir, de même qu’après la première « chute », et bien que spirituellement aveuglé, son ancêtre, l’homme primordial, Adam, avait conservé assez d’intelligence pour lui permettre de retrouver les traces de Dieu visibles dans le Monde. Après la première « chute », la religiosité était tombée au niveau de la conscience déchirée: après la deuxième, elle est tombée plus bas encore, dans les tréfonds de l’inconscient : elle a été « oubliée ». Ici s’arrêtent les considérations de l’historien des religions.
Ici aussi commence la problématique propre au philosophe, au psychologue, voire au théologien. »
Et comme on en citait un, de théologien :
« Monde de prétendues lumières et de prétendu progrès, il ne reste pour toi qu’un dernier vœu à former, c’est que l’Esprit d’intelligence te soit donné de nouveau et te montre à nu l’abîme inévitable, vers lequel te conduit à grands pas l’Esprit de ténèbres, redevenu, en punition de ton orgueil, ton guide et ton maître. »
Sources
https://lesakerfrancophone.fr/monseigneur-gaume-et-le-caractere-demoniaque-de-la-technologie-moderne
https://www.amazon.fr/Sacr%C3%A9-Profane-Mircea-Eliade/dp/2070324540/ref=sr_1_1?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&crid=2DVPE84PN55J&dib=eyJ2IjoiMSJ9.6tXhQkLcyQJQlF3wQLDiUqoETcYge4KHdXeE1n8zrN1UHDIKNDKaV9n5pXfQTLfrb4yFjjYUKqCuPsUWjTgRzFS1PN0OXHEXP5MK_FWvAs.uUar0Ek45M1Cmt3r6ffT_DEo3QlK_Szzan7OWxHiSU4&dib_tag=se&keywords=eliade+profane&qid=1728634570&s=books&sprefix=eliade+profane%2Cstripbooks%2C118&sr=1-1
https://www.amazon.fr/grands-auteurs-traditionnels-Contre-moderne/dp/B0D66FDBKL/ref=sr_1_1?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&crid=2NBZ52A94471B&dib=eyJ2IjoiMSJ9.4XNHVGRSigb7o8wYaBEBYKRz3s57j72QEZB2yeAex0zBSXG8kNNgQQLCnsq1FGzM.xF2-20tiZId8JLDDnTltIRgnMXrm8i5VNQWQd92nwY&dib_tag=se&keywords=nicolas+bonnal+traditionnels&qid=1728634623&s=books&sprefix=nicolas+bonnal+traditionnels%2Cstripbooks%2C131&sr=1-1
(Annule et remplace le précédent post – Mille excuses)
Comment parler de « deuxième chute » lorsque l’on ne sait pas ce ce que le Mystère de LA « Chute » cache de vérité.
Rappelons-en simplement les préliminaires.
La crise de l’adolescence, rapide dans la vie actuelle, eut une longue durée dans l’évolution de la primitive humanité.
À partir de ce moment, des différences considérables se produisirent entre la vie psychique et mentale de la jeune fille et celle du jeune homme.
Pendant les premiers siècles de son évolution, l’Homme primitif ne se préoccupa pas des différences sexuelles, c’est seulement au premier éveil du sens génésique que l’attention de ces deux Enfants fut attirée sur cette loi merveilleuse de la Nature ; c’est alors que s’éveilla en eux la première curiosité.
La période pendant laquelle la vie sexuelle se prépara dut avoir une longue durée, car elle se développa par lentes étapes, parce que, dans cette humanité primitive, il n’y a pas de génération antérieure à imiter, pas de souvenirs ataviques pour inciter l’homme à des actes déjà accomplis avant lui, tout est nouveau, tout est à trouver.
En même temps, les premières lueurs de l’amour s’annoncent, c’est l’aurore d’un sentiment qui devait grandir, mais qui ne fut au début qu’une impression faible et fugitive, qui se confond avec l’altruisme de l’enfance. C’est pendant cette période que se préparent les caractères nouveaux, qui vont changer le corps de l’adolescent en lui faisant perdre les caractères de l’enfance.
Lorsque dans les Ecritures de l’antiquité on voulait indiquer qu’un homme était fort jeune dans la vie de l’humanité, on disait « qu’il était encore d’ivoire » (eburneus), c’est-à-dire blanc, délicat et glabre. Cette idée, si conforme à la véritable évolution humaine, contredit celle d’une évolution animale. Rien dans cet « homme-enfant » ne ressemble au singe velu et grossier.
L’amour naissant pousse l’un vers l’autre ces deux adolescents.
Une mystérieuse attirance les rapproche, ils se cherchent et facilement se trouvent dans la solitude des bois, dans le silence des soirs d’été, dans la vie en commun des cavernes.
Dans l’enthousiasme des premiers élans, des premiers désirs, il soupire, il chante, il exhale son âme aimante et joyeuse, sans entraves sociales, sans atavisme générateur d’une timidité annihilante, sans ennemis encore, il marche en avant dans ses passions naissantes sans savoir où elles le mènent, sans crainte d’un danger inconnu. L’enthousiasme poétique de la jeunesse le saisit tout entier. C’est le premier éveil des sentiments qui vont envahir le Cœur de l’homme et bientôt jaillir comme un fleuve impétueux.
Pendant que la jeune fille grandissait en beauté, en esprit, elle prenait aux yeux de l’adolescent primitif un prestige infini. Il voyait en elle un Etre très supérieur à lui, un Etre bien au-dessus de la nature masculine. Elle était donc sur-naturelle à lui. Il l’adorait, il l’admirait, un immense désir de se rapprocher d’elle le tourmentait, il lui semblait que près d’elle sa vie s’intensifiait. (C’est un fait connu que la jeune fille de 12 à 18 ans progresse en intelligence et en beauté plus que le jeune homme ; elle dépasse le garçon retardé dans son évolution par la crise de l’adolescence)
La jeune fille était resplendissante de grâce et de beauté, telles nos adolescentes modernes qui repassent par ce stade de la vie ancestrale. Elle entrait en possession d’une intelligence lucide, d’un esprit élevé ; la Nature la captivait, elle l’observait, son intuition féminine lui en faisait découvrir les lois, elle se perdait en contemplations célestes dans les belles nuits étoilées, elle arrivait à connaître le ciel et à comprendre le principe des forces universelles qui régissent les mondes… Alors, dans les conversations du soir, elle versait dans l’esprit du jeune homme cette première Science, en même temps qu’elle faisait naître en son Cœur les premiers bonheurs.
Lui, l’écoutait, il l’admirait, il l’adorait. Elle était SA DÉESSE. Elle fut la première forme de la suprématie intellectuelle et morale qui apparut à l’adolescent. C’est pour cela que l’homme porte gravé au plus profond de son Cœur l’empreinte féminine, empreinte spirituelle, parce que la première femme qui a éclairé sa pensée ne représentait pas le sexe, mais l’Esprit.
Sa pureté lui inspirait cette crainte respectueuse que résume le mot « red-ligio » et qui devint le respect divin ; sa gloire l’éblouissait, il la voyait bien haut et, soumis, il écoutait attentif son enseignement.
Les révoltes de l’orgueil mâle n’étaient pas encore nées, pas non plus ses jalousies. Dans son esprit, encore droit, avec son imagination qui commençait à s’exalter, il rendait hommage à celle qui était sa Directrice spirituelle, sa Maîtresse suprême.
Cet hommage fut le premier de tous les cultes, il est à l’origine de la Religion ; bien plus, il en est le fonds. La religiosité naît avec la sexualité, mais elle se manifeste différemment dans chaque sexe.
C’est ainsi que l’homme adolescent et la belle jeune fille vivaient au sein de la grande Nature, essayant le premier bégaiement d’amour et établissant entre eux le lien sacré qui devait les unir.
C’est aussi dans ce décor magique de la grande Nature, encore vierge, que va se dérouler le prélude du grand drame humain.
Leurs premières tendresses, leurs premières caresses font naître un charme qu’ils veulent exprimer, leurs regards seuls ont trahi jusque-là le trouble naissant de leur cœur, mais bientôt ils vont créer un langage sentimental, qui, avant ce moment, n’eût pas eu d’objet. L’expression d’un sentiment nouveau naît du sentiment même. Ils veulent se communiquer leurs premiers désirs, ils commencent à rêver un inconnu encore irréalisé. Cependant, l’Amour est un grand maître qui leur indiquera les voies… Ils essayent des frôlements d’épiderme, des serrements de mains, des effleurements de joues, ils arrivent ainsi à trouver le baiser, y reviennent et s’attardent en cette ineffable communion des lèvres.
Ces moments de premiers bonheurs, fugitifs dans la vie actuelle, où tout se précipite, furent longs dans la vie ancestrale. Cette découverte d’une volupté naissante dut les absorber, les dominer. Ce dut être la grande, l’unique pensée du moment. Tout le reste devait disparaître devant l’extase de l’Amour, leur seul désir devait être de s’y plonger, de s’y attarder. Ils étaient au début d’un jour nouveau et allaient marcher en aveugles dans cette dangereuse voie ouverte devant eux.
Enfin, de tâtonnements en tâtonnements, ils allaient arriver au moment suprême de l’union… suivi de sa terrible réaction.
NB : Le péché originel (le premier acte sexuel) a diminué la valeur morale de l’homme, il a donc été une cause de déchéance pour l’humanité tout entière.
C’est ainsi que les conséquences premières de la Chute, accumulées par la répétition de cette action dans chaque individu, à travers les générations, ont pris des proportions effroyables et mené les races à la dégénérescence finale.
L’homme est tombé dans la conception misérable du fini, alors qu’il était né pour l’infini.
C’est le problème fondamental, le problème humain et divin. C’est le dogme intérieur de l’humanité.
Une crise terrible fermente en ce moment, parce que le dogme de la Chute masque les plus grands problèmes philosophiques.
Lien : https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.com/2017/07/introduction-livres-de-femmes.html
La crise de l’adolescence, rapide dans la vie actuelle, eut une longue durée dans l’évolution de la primitive humanité.
À partir de ce moment, des différences considérables se produisirent entre la vie psychique et mentale de la jeune fille et celle du jeune homme.
Pendant les premiers siècles de son évolution, l’Homme primitif ne se préoccupa pas des différences sexuelles, c’est seulement au premier éveil du sens génésique que l’attention de ces deux Enfants fut attirée sur cette loi merveilleuse de la Nature ; c’est alors que s’éveilla en eux la première curiosité.
La période pendant laquelle la vie sexuelle se prépara dut avoir une longue durée, car elle se développa par lentes étapes, parce que, dans cette humanité primitive, il n’y a pas de génération antérieure à imiter, pas de souvenirs ataviques pour inciter l’homme à des actes déjà accomplis avant lui, tout est nouveau, tout est à trouver.
En même temps, les premières lueurs de l’amour s’annoncent, c’est l’aurore d’un sentiment qui devait grandir, mais qui ne fut au début qu’une impression faible et fugitive, qui se confond avec l’altruisme de l’enfance. C’est pendant cette période que se préparent les caractères nouveaux, qui vont changer le corps de l’adolescent en lui faisant perdre les caractères de l’enfance.
Lorsque dans les Ecritures de l’antiquité on voulait indiquer qu’un homme était fort jeune dans la vie de l’humanité, on disait « qu’il était encore d’ivoire » (eburneus), c’est-à-dire blanc, délicat et glabre. Cette idée, si conforme à la véritable évolution humaine, contredit celle d’une évolution animale. Rien dans cet « homme-enfant » ne ressemble au singe velu et grossier.
L’amour naissant pousse l’un vers l’autre ces deux adolescents.
Une mystérieuse attirance les rapproche, ils se cherchent et facilement se trouvent dans la solitude des bois, dans le silence des soirs d’été, dans la vie en commun des cavernes.
Dans l’enthousiasme des premiers élans, des premiers désirs, il soupire, il chante, il exhale son âme aimante et joyeuse, sans entraves sociales, sans atavisme générateur d’une timidité annihilante, sans ennemis encore, il marche en avant dans ses passions naissantes sans savoir où elles le mènent, sans crainte d’un danger inconnu. L’enthousiasme poétique de la jeunesse le saisit tout entier. C’est le premier éveil des sentiments qui vont envahir le Cœur de l’homme et bientôt jaillir comme un fleuve impétueux.
Pendant que la jeune fille grandissait en beauté, en esprit, elle prenait aux yeux de l’adolescent primitif un prestige infini. Il voyait en elle un Etre très supérieur à lui, un Etre bien au-dessus de la nature masculine. Elle était donc sur-naturelle à lui. Il l’adorait, il l’admirait, un immense désir de se rapprocher d’elle le tourmentait, il lui semblait que près d’elle sa vie s’intensifiait. (C’est un fait connu que la jeune fille de 12 à 18 ans progresse en intelligence et en beauté plus que le jeune homme ; elle dépasse le garçon retardé dans son évolution par la crise de l’adolescence)
La jeune fille était resplendissante de grâce et de beauté, telles nos adolescentes modernes qui repassent par ce stade de la vie ancestrale. Elle entrait en possession d’une intelligence lucide, d’un esprit élevé ; la Nature la captivait, elle l’observait, son intuition féminine lui en faisait découvrir les lois, elle se perdait en contemplations célestes dans les belles nuits étoilées, elle arrivait à connaître le ciel et à comprendre le principe des forces universelles qui régissent les mondes… Alors, dans les conversations du soir, elle versait dans l’esprit du jeune homme cette première Science, en même temps qu’elle faisait naître en son Cœur les premiers bonheurs.
Lui, l’écoutait, il l’admirait, il l’adorait. Elle était SA DÉESSE. Elle fut la première forme de la suprématie intellectuelle et morale qui apparut à l’adolescent. C’est pour cela que l’homme porte gravé au plus profond de son Cœur l’empreinte féminine, empreinte spirituelle, parce que la première femme qui a éclairé sa pensée ne représentait pas le sexe, mais l’Esprit.
Sa pureté lui inspirait cette crainte respectueuse que résume le mot « red-ligio » et qui devint le respect divin ; sa gloire l’éblouissait, il la voyait bien haut et, soumis, il écoutait attentif son enseignement.
Les révoltes de l’orgueil mâle n’étaient pas encore nées, pas non plus ses jalousies. Dans son esprit, encore droit, avec son imagination qui commençait à s’exalter, il rendait hommage à celle qui était sa Directrice spirituelle, sa Maîtresse suprême.
Cet hommage fut le premier de tous les cultes, il est à l’origine de la Religion ; bien plus, il en est le fonds. La religiosité naît avec la sexualité, mais elle se manifeste différemment dans chaque sexe.
C’est ainsi que l’homme adolescent et la belle jeune fille vivaient au sein de la grande Nature, essayant le premier bégaiement d’amour et établissant entre eux le lien sacré qui devait les unir.
C’est aussi dans ce décor magique de la grande Nature, encore vierge, que va se dérouler le prélude du grand drame humain.
Leurs premières tendresses, leurs premières caresses font naître un charme qu’ils veulent exprimer, leurs regards seuls ont trahi jusque-là le trouble naissant de leur cœur, mais bientôt ils vont créer un langage sentimental, qui, avant ce moment, n’eût pas eu d’objet. L’expression d’un sentiment nouveau naît du sentiment même. Ils veulent se communiquer leurs premiers désirs, ils commencent à rêver un inconnu encore irréalisé. Cependant, l’Amour est un grand maître qui leur indiquera les voies… Ils essayent des frôlements d’épiderme, des serrements de mains, des effleurements de joues, ils arrivent ainsi à trouver le baiser, y reviennent et s’attardent en cette ineffable communion des lèvres.
Ces moments de premiers bonheurs, fugitifs dans la vie actuelle, où tout se précipite, furent longs dans la vie ancestrale. Cette découverte d’une volupté naissante dut les absorber, les dominer. Ce dut être la grande, l’unique pensée du moment. Tout le reste devait disparaître devant l’extase de l’Amour, leur seul désir devait être de s’y plonger, de s’y attarder. Ils étaient au début d’un jour nouveau et allaient marcher en aveugles dans cette dangereuse voie ouverte devant eux.
Enfin, de tâtonnements en tâtonnements, ils allaient arriver au moment suprême de l’union… suivi de sa terrible réaction.
NB : Le péché originel (le premier acte sexuel) a diminué la valeur morale de l’homme, il a donc été une cause de déchéance pour l’humanité tout entière.
C’est ainsi que les conséquences premières de la Chute, accumulées par la répétition de cette action dans chaque individu, à travers les générations, ont pris des proportions effroyables et mené les races à la dégénérescence finale.
L’homme est tombé dans la conception misérable du fini, alors qu’il était né pour l’infini.
C’est le problème fondamental, le problème humain et divin. C’est le dogme intérieur de l’humanité.
Une crise terrible fermente en ce moment, parce que le dogme de la Chute masque les plus grands problèmes philosophiques.
Lien : https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.com/2017/07/introduction-livres-de-femmes.html
Vivre dans le Spirituel et donc la Foi et la vraie vie…ou dans l’absurde, suicidaire……aujourdhui, il faut choisir.