Le secret de la politique étrangère française selon Richelieu et de Gaulle
Source : lecourrierdesstrateges.fr – 6 janvier 2025 – Edouard Husson
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Même si l’on se réfère toujours à la célèbre formule de Napoléon (« un Etat mène la politique de sa géographie »), la stratégie extérieur d’un Etat obéit à des facteurs plus complexes. En ce début d’année 2025, essayons-nous à quelques leçons de politique étrangère française. Aujourd’hui, la leçon de Richelieu et de Gaulle: ne jamais mêler la diplomatie ni la guerre de considérations religieuses ou idéologiques.
La maxime fondamentale de la politique étrangère française telle que Richelieu et de Gaulle l’ont illustrée au plus haut point, c’est de ne jamais engager la France dans une guerre pour des raisons religieuses ou idéologiques.
Et ceci pour une raison évidente: la religion ou l’idéologie, quand elles sont invoquées pour justifier une guerre, ne sont jamais que le masque d’appétits de puissance.
Illustration par la guerre du Proche-Orient
La guerre du Proche-Orient nous en donne une illustration éclatante. Tous ceux en France qui expliquaient qu’il fallait soutenir Israël, après le 7 octobre, dans son combat « contre l’Islam », se retrouvent à devoir justifier la convergence israélo-turque pour installer des anciens de Daech et d’Al-Qaïda au pouvoir en Syrie.
Allons plus loin, ce qui se passe en Syrie, est une convergence quasi-parfaite entre trois fondamentalismes religieux – le sionisme évangéliste américain, le projet de Grand Israël et les recyclés de Daech. Avec un Erdogan en embuscade qui joue sur tous les tableaux.
Je recommande à cet égard le livre récent « Israël et la guerre mondiale des religions » de Youssef Hindi et Pierre-Antoine Plaquevent que j’ai eu l’honneur de préfacer.
Quelles alliances pour la France?
La question ne se pose même pas: la France n’a rien à faire au côté de ces puissances destructrices. Notre place est aux côtés de la Russie, de la Chine et de l’Iran pour réimposer l’équilibre des puissances et la paix au Proche-Orient.
Notre rôle devrait même être celui de l’empêcheur de tourner en rond: pour construire une coalition mondiale qui oblige, au besoin, en menaçant d’employer la force, Israël à mettre fin au génocide de Gaza.
Ce serait une politique digne de Richelieu et du Général de Gaulle, ces constructeurs de la puissance francaise ; une politique pouvant gagner l’assentiment des héritiers de Jean Jaurès (relisez ses plaidoyers vibrants pour que la France aille au secours des Arméniens massacrés dans les années 1890). Une politique qui referait de notre pays le « soldat de l’humanité », comme disait Clemenceau.