Katechon: Benoît XVI et la fin des temps – Giorgio Agamben

Source : benoit-et-moi.fr – 4 février 2025

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n 2013 paraissait en Italie, sous la plume d’un des principaux philosophes italiens contemporains Giorgio Agamben (né en 1942 – j’ai traduit dans ces pages un certain nombre de textes issus de son blog Quod Libet, en particulier ceux consacrés à la gestion de la « pandémie » covid dont il a été l’une des rares voix à dénoncer le caractère totalitaire) un « petit livre » au titre intrigant (Il mistero del male. Benedetto XVI e la fine dei tempi). Le livre a été traduit en français, et publié chez Bayard en 2017.
Je suis tombée récemment par hasard sur une recension du blog The Remnant. S’appuyant sur Saint Augustin, Agamben propose une interprétation inédite de la renonciation de Benoît XVI – auquel il vouait une grande admiration.

Dans son petit monastère au centre du Vatican, le vieux pape émérite s’est comporté comme la lumière sur la montagne. Le philosophe italien Giorgio Agamben y voit même un katechon, un barrage, sur la base de la deuxième lettre de l’apôtre Paul aux Thessaloniciens. Le terme katechon est également interprété comme un « obstacle ». En effet, quelque chose ou quelqu’un fait obstacle à la fin des temps. Selon Agamben, Ratzinger, alors jeune théologien, dans une interprétation de saint Augustin, faisait la distinction entre une Église des méchants et une Église des justes. Depuis le début, l’Église est inextricablement mixte. Elle est à la fois l’Église du Christ et l’Église de l’Antéchrist. De ce point de vue, la démission de Benoît XVI a inévitablement conduit à la séparation de la « bonne » Église de l’Église « noire », à la séparation du bon grain de l’ivraie.

En accomplissant son « grand refus », Benoît XVI n’a pas fait preuve de lâcheté, mais, bien au contraire, d’un courage qui prend aujourd’hui un sens et une valeur exemplaires. Sa décision attire l’attention sur la distinction entre deux principes essentiels de notre tradition éthico-politique, dont nos sociétés semblent avoir perdu toute conscience : la légitimité et la légalité. Si la crise que traverse actuellement notre société est si grave et si profonde, c’est parce qu’elle ne remet pas seulement en question la légalité des institutions, mais aussi leur légitimité ; pas seulement, comme on le répète trop souvent, les règles et les modalités de l’exercice du pouvoir, mais aussi le principe même qui le fonde et le légitime.

Peter Seewald, entretien avec Nico Spuntoni, 2023
/www.benoit-et-moi.fr

Le philosophe s’interroge sur les principes de légitimité et de légalité qui ordonnent la politique en s’appuyant sur l’exemple de Benoît XVI et son refus de jouer le rôle qui lui était attribué. Le « mystère du mal » dont parle l’apôtre Paul n’est pas un sombre drame théologique qui retarde la fin des temps, paralysant et rendant toute action énigmatique et ambiguë, mais un drame historique où le Dernier Jour coïncide avec le moment présent et où chacun est appelé à jouer son rôle sans réserves et sans ambiguïtés.

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