Hautes-Alpes : une mairie fait enlever par hélicoptère une croix restaurée par des bénévoles
Source : epochtimes.fr – 15 octobre 2025 – Emmanuelle Bourdy
À Montgenèvre (Hautes-Alpes), un groupe de randonneurs avait entrepris de restaurer un ancien calvaire au sommet du mont de la Plane il y a un an. La mairie a finalement décidé de faire enlever la croix par hélicoptère, invoquant le respect du principe de laïcité.
À 2500 mètres d’altitude, la croix du mont de la Plane a récemment disparu du sommet sur décision de la mairie. L’emblème, fraîchement rénové par des amateurs de montagne en octobre 2024, a été enlevé par hélicoptère, au grand étonnement de ses restaurateurs, comme le rapporte le JDD.
“Victime des coups de pied de biche”
Tout commence il y a un an, lorsqu’un groupe de randonneurs passionnés découvre l’ancien calvaire du XIXᵉ siècle, rongé par le temps. Soucieux de préserver ce qu’ils considèrent comme un élément du patrimoine local, ils décident de le restaurer à leurs frais, en remplaçant la structure par une croix en bois montée sur un socle de ciment. Le travail s’achève en quelques heures, dans la discrétion.
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Mais quelques semaines seulement après la pose, l’un des randonneurs, qui préfère garder l’anonymat, constate que le socle de la croix est endommagé, “victime des coups de pied de biche”, explique-t-il à nos confrères.
Le maire de Montgenèvre, tout comme certains élus, estime de son côté que cette initiative spontanée est une atteinte au principe de laïcité. Face aux critiques, la municipalité tranche fin septembre : la croix sera retirée.
“Cette initiative n’avait d’autre but que d’honorer l’histoire du site”
L’opération, assurée par un hélicoptère affrété par la commune, a eu lieu jeudi dernier selon nos confrères. Christophe Colombani, le bénévole à l’origine de la remise en état du calvaire, indique avoir tenté de discuter avec la mairie, en vain. Il a pourtant essayé d’expliquer “la symbolique locale et patrimoniale” mais cela était visiblement “sans importance”, pointe-t-il encore, s’indignant du coût de l’opération : « Ça coûte au moins plusieurs milliers d’euros ce genre de vol. »
Un courrier avait d’ailleurs été adressé à l’édile en avril dernier. Dans cette lettre, le randonneur précisait sa démarche : “Cette croix existait déjà à cet emplacement, mais elle était ancienne et fragile.” C’est la raison pour laquelle il avait entrepris, avec quelques amis, “de la remplacer par une structure plus robuste, respectant toutes les normes de sécurité”. “Cette initiative n’avait d’autre but que d’honorer l’histoire du site et d’assurer la pérennité de cette marque emblématique du sommet”, avait-il encore souligné dans sa correspondance, qui à ce jour est restée sans réponse.
Une croix installée “sans autorisation administrative légale”
La mairie de Montgenèvre, sollicitée par nos confrères, maintient sa position. Dans un communiqué publié le 14 octobre, elle rappelle que la croix installée “sans autorisation administrative légale” se trouvait sur une “parcelle privée” et n’avait pas vocation “à remplacer l’ancien calvaire”, les deux structures se côtoyant à seulement quelques mètres l’une de l’autre.
S’appuyant sur les articles 552 et 555 du Code civil, la commune de Montgenèvre explique qu’étant propriétaire de la parcelle, elle est “devenue propriétaire de la croix érigée par des tiers sur celle-ci et qu’elle peut soit la déplacer elle-même, soit requérir de ces tiers (s’il est possible de les identifier) qu’ils la déplacent”.
La municipalité précise que l’opération de retrait de la croix s’est déroulée “sans incident” le 8 octobre, ajoutant que “toutes les précautions de sauvegarde, de protection et de respect ont été observées”. “À l’issue de l’enlèvement de la croix posée sans autorisation, il subsiste la croix initiale, toujours en place, que la commune a restaurée et souhaite conserver encore longtemps, et à laquelle la population montgénévroise est attachée comme symbole alpin de fraternité”, conclut le communiqué.