LE CHANT DÉVOYÉ : S’agenouiller et périr ou se lever pour vaincre

Par Franceschino Guicciardini

Illustration : Détail du « Départ des volontaires de 1792 » dit « La Marseillaise » par François Rude

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1. CONSTATER L’IMPUISSANCE

Le spectacle de l’impuissance, sans cesse renouvelé, est profondément pathétique.

Depuis un demi-siècle que nous observons la vie politique et sociale française, nous ne voyons que poulets sans tête, bras cassés et petits intérêts catégoriels – sinon purement individuels – se donner en spectacle.

L’agenouillement de paysans devant les forces de l’ordre est un événement majeur.

Ne nous laissons pas aller à croire qu’il ne s’agit que d’un événement anecdotique durant lequel une poignée de naïfs se sont ridiculisés et ont égratigné l’histoire de la France en employant à contre sens l’hymne national issu des guerres de la grande révolution.

Cet agenouillement est le symptôme de l’état de délabrement moral avancé dans lequel se trouve le peuple de ce pays.

Inculture politique.

La croyance au fait que nous vivrions en démocratie, assortie d’une méconnaissance de ce que signifie le concept (qui n’a jamais entendu la phrase « Je fais ce qui me plaît, on est en démocratie« ?!) et les obligations qui en découlent à savoir celles de se cultiver politiquement et de s’investir activement dans la vie collective, est le terreau sur lequel poussent les mauvaises herbes du laisser-aller généralisé et de l’absence de vouloir-vivre et – pardon pour le néologisme – de vouloir-construire collectif. Les soi-disant citoyens ne suivent que les médias aux ordres du pouvoir profond. Médias qui leur procurent une pensée pré-découpée qui est une non-pensée dont la seule fonction est de légitimer l’état actuel de la société, certainement pas d’aider à comprendre le réel et encore moins à identifier les problèmes qui se posent et défricher les solutions possibles.

Qui a lu Le discours sur la servitude volontaire de La Boétie ? L’impasse Adam Smith de Michea ? La Stratégie du choc de Naomie Klein ? Céfran de Michel Drac ? Et bien sûr qui a lu L’art de la guerre de Sun-Tzu, parmi nos impayables agriculteurs, infirmières et autres « insoumis » français ?

Incompétence stratégique

Ceci découlant de cela, les français semblent incapables de mettre en place une tactique pour défendre leurs intérêts. A chaque nouveau conflit social on retrouve les mêmes clichés de comportement, les mêmes manœuvres inutiles (manifestations de rues, blocage des autoroutes, perturbations des transports collectifs, déversement de lisiers, etc). Pitoyable théâtre de guignol où le populo vient de lui-même prendre sa ration de coup de triques par les cognes auxquels il aura donné si complaisamment rendez-vous.

Le grégarisme et l ‘inefficacité de ce type de lutte sociale est un spectacle fascinant. Comment peut-on passer un demi-siècle à pratiquer cette forme de « lutte » aussi pathétiquement inefficace sans jamais se remettre en question, sans jamais faire preuve d’un peu de créativité en tentant autre chose, ou bien, si l’imaginaire est bien mort comme le chantait Ferré, alors avoir au moins la modestie de s’engager dans la seule voie qui aura jamais fait plier la ploutocratie, celle de la grève générale ?

Au-delà, les français pourraient s’avérer tout aussi inconséquents et incompétents à se défendre si une guerre civile devait éclater. Victimes expiatoires d’une évolution civilisationnelle à laquelle ils n’auront rien compris.

Le niveau de naïveté actuel est tel pour une large part de la population que l’on a basculé pour ces personnes-là dans la bêtise pure et simple.

Et que dire du flot de commentaires magnifiant les agriculteurs, prédisant le grand basculement – qui n’arrive évidemment jamais ? Bavardages incessants. Dans 15 jours, rien ne sera réglé, tout le monde aura oublié les commentaires et les agriculteurs, sauf le pouvoir qui lui pousse méthodiquement ses pions.

Inconsistance individuelle

Tout a été dit sur l’égoïsme, le délabrement moral, l’absence de courage, d’empathie, de détermination, la déconfiture spirituelle. N’encombrons pas notre discours d’une analyse qui n’est pas à sa place dans cet article qui est avant tout un cri d’alarme.

Nous subissons aujourd’hui le résultat de siècles d’éducation religieuse, éducation à la soumission, à l’infaillibilité de l’église (ou de l’État, ce qui est la même chose), à la soumission aux prêtres, aux docteurs et aux politiciens. S’il n’y a plus personne dans les églises, c’est parce que le christianisme mou a gagné tous les cœurs et toutes les âmes. La religion des brebis du seigneur est pour la majorité des déchristianisés un enseignement de soumission et d’abandon, hypocritement camouflé derrière une posture de non-violence qui n’est pas celle du sage mais du faible.

Résultat aussi de deux siècles d’éducation républicaine, de broyage des personnalités par l’école – un peu -, le collège – surtout -, et confirmé par le relâchement pervers du lycée et de l’université à la sortie desquels on lâche dans la vie de jeunes adultes dont on sait qu’ils ont été si mal formés qu’ils ne pourront être rien d’autre que des pions dans l’organisation du travail capitaliste et des consommateurs jetables de produits frelatés. Il faut lire l’incontournable La révolution qui vient 1, dont la première partie dresse un constat terrifiant des ravages du dressage républicain. La seconde partie du livre explore des possibles qui sont autant d’impossibles pour une population à ce point détruite moralement. Les français contemporains ne sont pas un peuple. Ils sont les petits soldats de leur système politique. On a pu dire de la Prusse qu’elle était une armée avec un pays, la France républicaine n’est pas une nation, c’est un système de contrôle politique avec une population.

Résultat enfin d’un demi-siècle de consumérisme, de laisser-aller gauchiste, couronné par la bien pensance woke actuelle et le triomphe des individus de sexe féminin qui auront prouvé ces dernières années à quel point les femelles du singe sont égales à leurs mâles en termes d’inculture, d’inintelligence, d’égoïsme, d’avidité, de manque de dignité, de vide spirituel, le tout sous le fard et les paillettes de la société de consommation et de l’auto-promotion de soi.

2. REFUSER L’IMPUISSANCE

Le pitoyable spectacle donné par des agriculteurs, se croyant dignes, chantant la Marseillaise, le chant de guerre de l’armée du Rhin, à genoux devant la milice – après, facteur aggravant, avoir tenté de flatter cette même milice « nous sommes fiers de notre police, nous sommes fiers de notre gendarmerie » – a du beaucoup faire rire sous les lambris dorés des palais de la république.

Vous êtes fiers de votre gendarmerie ? N’allez pas vous plaindre qu’ils vous cognent sur la gueule, c’est leur boulot. En temps de paix, c’est la seule justification à leur existence, cogner les têtes pleines d’eau. Ça fait plouf, c’est rigolo. Et c’est agréé par la loi. Pourquoi se priver ? En temps de guerre ce sont eux qui emmènent les réfractaires au peloton d’exécution. C’est leur job. Relisez Genevoix et son bouleversant Ceux de 14. Fiers de votre gendarmerie…2

Cessez de vous plaindre. Cessez de quémander la justice auprès de vos oppresseurs qui s’en contrefichent de votre justice, et pour cause.

La seule chose que suscite vos pantomimes impuissantes, c’est l’envie de vous insulter. Et que dire des infirmières qui faisaient des selfies avec l’envoyé du pouvoir profond venu se payer leur tête en distribuant de bonnes paroles ?

Cessez de vous coucher devant des promesses qui, on le sait, n’engagent que les imbéciles qui y croient.

Cesser de serrez la main de vos ennemis sur le chant de bataille. Vous vous croyez chevaleresques, ils ne le sont pas. Une fois que vous aurez tourné le dos, ils vous saigneront à blanc. Et puis ce n’est pas chevaleresque du tout, c’est une pratique de couards, qui respirent de croire avoir été entendus, soulagés de n’avoir pas à se battre après avoir obtenu de belles paroles…

…alors qu’ils sont potentiellement les plus forts, par le nombre.

Manque l’intelligence des situations, l’intelligence tactique. Et c’est ce manque qui renverse le rapport de force. Le pouvoir, l’argent, le monopole de la violence soi-disant légitime (aucune violence ne l’est) n’y suffirait pas. La force du capitalisme tient à la faiblesse des peuples. C’est normal et d’un certain point de vue, c’est moral. La minorité organisée disposant des outils du pouvoir et de l’intelligence des situations gagne face à la masse couarde, immature, peu créative, lourde, si lourde, dirait Céline. La société des hommes c’est un voyage au bout de la nuit.

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Ces pauvres gars qui se sont agenouillés devant la milice ont souillé l’image de la France et des français, ce qui est inadmissible.

Ces gens qui s’agenouillent – la pire des postures de soumission – rendent un bien mauvais service à ceux de leurs compatriotes qui luttent encore et tentent de le faire dans la dignité.

Plus grave, cette poignée d’imbéciles 3, par l’acte symbolique fort qu’ils ont commis, mettent en danger les autres français.

En danger face à un pouvoir qui a reçu une nouvelle confirmation- s’il en était besoin après l’affaire Charlie et le Covid – du niveau de soumission, de l’effondrement intellectuel et de l’incapacité des français à se défendre. Soyons assurés que cette petite démonstration biblique va se payer très cher en terme de répression sociale dans les mois et les années à venir.

Non seulement ces agriculteurs ont gravement torpillés leur propre cause, mais ils ont gravement affaibli la position de leurs compatriotes qui luttent pour la défense des retraites, de l’hôpital, de l’éducation, du service public, du vouloir-vivre collectif, du redressement du pays. Nous avons du souci à nous faire.

En danger aussi face aux communautés qui partagent aujourd’hui le destin national et ont bien compris que si une guerre civile devait éclater un jour, ils pourront sans soucis défoncer cette populace inconsistante que sont devenus les français de souche.

En guise de constat provisoire

Les paysans qui s’agenouillent devant la police sont le symptôme d’un peuple totalement gangrené par la décomposition intellectuelle et morale. Si les paysans qui ont un métier plutôt rude s’agenouillent, on peut imaginer ce qu’il en sera des métrosexuels urbains et autres petits fonctionnaires, quand ils se retrouveront eux aussi à la croisée des chemins.

Il faut immédiatement stopper l’hémorragie. Faire en sorte que de nouvelles démonstrations d’une telle infamie n’aient plus lieu.

Il est essentiel de produire rapidement des signaux symboliques forts en désavouant fermement ce genre de comportement et en proposant des solutions de lutte privilégiant dignité et efficacité.

Il est vital que le peuple français se mettre enfin sur le chemin d’une défense sociale intelligente face aux exactions de l’État et du capitalisme.

Si un redressement ne voit pas rapidement le jour, la gangrène finira très vite d’emporter l’ensemble du corps social français. Il ne restera qu’à s’agenouiller devant le bourreau sous les quolibets de la plèbe de remplacement venu se distraire dans le circus maximus de la société du spectacle et de la décomposition. Dans ce cas de figure, il sera devenu inutile de s’inquiéter pour les français contemporains, ils savent faire.

Les solutions existent, encore faut-il avoir l’intelligence de le comprendre et le courage de les porter.

3 . GUÉRIR DE L’IMPUISSANCE

Il n’y a que des rapports de force dans la vie. Dans la nature comme en politique. Le faible ne triomphe jamais. « La lutte est le règne perpétuel d’une justice cohérente et sévère, liée à des lois éternelles, conception admirable puisée à la source la plus pure de la civilisation grecque » écrivait Nietzsche. Il n’y a pas de fatalité comme le pensent les chrétiens qui croient que nous ne serions sur terre que pour souffrir, expier nos fautes, et lorsque l’on n’en trouve pas, expier le pêcher originel. Explication excellente pour tous les pouvoirs et tous les dominants: « vous êtes pauvres parce que le « bon » dieu l’a voulu ainsi, nous sommes riches parce que nous le méritons« . Cette vision des choses si pratique est évidemment fausse, mais recèle tout de même une petite vérité: la faiblesse résulte en partie seulement d’un héritage, génétique, social, culturel. Elle se conforte par les mauvais choix qu’un individu, une corporation, une société font durant la durée de leur existence.

Si les agriculteurs crèvent ce n’est pas seulement à cause du Mercosur, de Bruxelles ou du gouvernement français. Certes, ils sont les principes actifs de la destruction du tissu économique national, mais ces principes ne sont pleinement actifs que parce que rien n’est fait pour les empêcher véritablement d’agir.

Un demi-siècle que nous voyons les agriculteurs déverser du lisier devant les portes des sous-préfectures ou bloquer les autoroutes avec leurs tracteurs. Cela ne sert à rien.

Les agriculteurs crèvent parce qu’ils ne font pas ce qu’il faut pour se défendre efficacement des exactions du capitalisme soutenu par le pouvoir de l’État. Il arrive que l’on prenne des risques calculés, que l’on fasse « ce qu’il faut » et que l’on perde la bataille. C’est la vie. Mais quand on perd batailles sur batailles et que notre situation se dégrade sans cesse, c’est que l’on ne fait pas ce qu’il faudrait faire pour s’en sortir. Notre échec est de notre responsabilité. Holderlin disait que « là où croit le péril, croit aussi ce qui en sauve« . Encore faut-il disposer d’un minimum de lucidité tactique.

Le capitalisme n’a jamais reculé que devant la grève générale. Est-elle encore possible aujourd’hui en cette époque de désindustrialisation, de capitalisme hors-sol et de financiarisation de la source de richesse? Probablement plus comme moyen de pression direct: « vous accédez à nos revendications – en général salariales et touchant à la qualité du travail – sinon nous bloquons la production, nous bloquons le pays« ; mais indirect: la cause touche à l’intérêt supérieur général, les français soutiennent cette cause et la feront triompher par le nombre, la constance, l’intelligence de leurs votes futurs – intelligence rendu crédible par leur union pour la défense des causes communes, nous allons y revenir – le refus d’être là où ils sont attendus (c.a.d.dans l’aveuglement et la manipulation), la désobéissance civile coordonnée, enfin l’imagination, chère à Raoul Vanegeim, auteur majeur, si peu lu et si peu compris 4.

Comme l’écrivait Georges Sorel dans Les réflexions sur la violence, « La grève générale doit être conçue comme Napoléon concevait ses batailles »5.

Belles paroles d’intellectuel en chambre ?

Voyons la pratique. Si simple, si évidente.

Les agriculteurs manifestent pour préserver leur activité mise en danger par l’ouverture libérale des marchés alimentaires ? L’agriculture n’est pas un sport démodé pratiqué par une poignée de fidèles rétrogrades, mais le socle de la production alimentaire. Pour manger, se nourrir, vivre.

Petit aparté: à notre époque d’ignares prétentieux et d’hypocrisie généralisée, il faut sans cesse tout expliquer, même – surtout… – ce qui est évident. Mettre sans cesse les points sur les i. Comme quoi s’il est encore possible de se trouver un dénominateur commun pour justifier de nos lâchetés et de notre bêtise, il devrait être possible de trouver un dénominateur commun pour agir…

La question agricole nous concerne tous. C’est une évidence. Tout le monde bouffe, n’est ce pas ?

Pourquoi les agriculteurs ne sont-ils pas soutenus par les autres corporations ?

Pourquoi les infirmières ne sont-elles pas soutenues par les autres corporations quand elles se mobilisent pour leurs conditions de travail qui sont aussi les conditions de prise en charge des malades ?

Les infirmières sont capables de s’organiser pour défendre leurs conditions de travail. Les agriculteurs capables de se coordonner pour balancer leurs lisiers sur les murs des sous préfectures. Les camionneurs de bloquer les autoroutes. Ils n’ont pas besoin des mots d’ordre des grandes centrales syndicales aux dirigeants corrompus. Pourquoi ne se mobilisent-ils, tous et toutes, que pour leurs intérêts égoïstes à courte vue ? Enseignants, cheminots, fonctionnaires, pompiers, marins pêcheurs, etc. Pourquoi ne se mobilisent-ils jamais pour soutenir les autres corporations dès lors que le problème posé touche à l’intérêt de tous ?

Pourquoi cette idée si simple n’est-elle jamais formulée, étudiée, mise à l’épreuve ?

Dans son livre Pour l’abolition de la société marchande. Pour une société vivante, Vaneigeim se désole de l’incapacité créatrice des populations.6 Avoir la solution à portée de la main et ne pas le comprendre.

On a tous besoin de manger, n’est ce pas ? On est tous heureux d’être soigné correctement à l’hôpital, nous semble-t-il ? On a tous besoin de recevoir les biens de consommations qui nous sont utiles dans nos magasins de détails? On a envie que nos enfants reçoivent une bonne éducation, que nos anciens – que nous serons tous un jour, et plus rapidement que ne le pensent les trentenaires immatures donneurs de leçon qui pullulent aujourd’hui sur Internet, dans la presse et dans la politique – soient pris en charge d’une manière décente, touchent des retraites correctes? Et ainsi de suite pour tous les domaines touchant aux intérêts généraux et communs à TOUS les individus, à tous les égoïsmes.

Quand une corporation se mobilise pour défendre des intérêts qui touchent à l’intérêt général, toutes les autres corporations devraient les soutenir en se mobilisant à leur tour.

Il s’agit de produire un effet de masse. Les dirigeants verrouillent leur pouvoir par le régime parlementaire qui permet à la ploutocratie de tenir les rênes derrière une vitrine faussement démocratique, démocratie qui est de toute façon, par essence, une machine à produire de la médiocrité. L’effet de masse peut déborder le cadre de cette pseudo démocratie. De véritables concessions, une véritable prise en compte des problèmes de tous pourrait subitement advenir dans les esprits confis d’égoïsme clanique de nos dirigeants, dès lors que le rapport de force n’est plus exclusivement en leur faveur. Sans violence, sans révolution. Par la pression de millions de mètres cubes d’eau qui poussent sur le barrage qui se fissure. Pas besoin d’explosif. Pas besoin d’exactions. Juste l’application d’un véritable rapport de force: la masse du peuple fait comprendre par son engagement et sa détermination qu’elle veut une politique au service du bien commun, la minorité n’a pas à s’y opposer.

CONCLUSION

Il n’est que des rapports de force dans la vie.

Ce sont les rapports de force intelligents qui permettent le succès.

Il ne sert à rien d’aller manifester en cohorte dans les rues pour aller se faire casser la gueule par la police.

Il ne sert à rien d’apporter son soutien oral et moral en cliquant sous une vidéo ou en postant du fond de ses charentaises des « on ne lâche rien » virils.

Il ne sert à rien de s’indigner à longueur de colonnes, de stigmatiser l’autre, le méchant, l’arabe, le juif, le russe, et de ne jamais rien proposer en termes de solutions concrètes.

Seule l’action au présent change les choses. Alain voyait dans l’action et l’industrie (au sens de l’agir naturellement…) la solution à tous les problèmes, qu’ils soient de santé ou politiques.

Bonne nouvelle pour nos contemporains, il n’est même pas besoin de courage pour cela. Il suffit d’y travailler et de faire preuve de capacités organisatrices. Certes les syndicats ont trahi les peuples, mais il n’est pas besoin des institutions corrompues pour s’organiser par ailleurs. Il faut réaliser les choses par soi-même sans attendre que les autres fassent le boulot à notre place. Les syndicats n’existent plus en tant qu’institutions de défense des travailleurs. Ce ne sont que des ascenseurs sociaux parmi d’autres au service d’une pseudo élite de dirigeants. Bien. Il suffit d’en prendre acte et de passer à autre chose.

De toute façon, ils n’en ont pas plus en face, du courage. Sans leurs flics et leurs juges, ils ne sont rien. Même leur pognon ne sert à rien.

Quand une corporation se mobilise pour défendre des intérêts qui touchent à l’intérêt général, toutes les autres corporations doivent les soutenir en se mobilisant à leur tour.

Imagination. Solidarité. Intelligence. Comprenne qui pourra, comprenne qui voudra.

Franceschino Guicciardini

Notes:

1 La révolution qui vient. La fabrique éditions. 2007.

2 Pardon à notre bien aimé grand-père, gendarme médaillé militaire durant la seconde guerre mondiale. Il est des gendarmes qui se sont battus pour leur peuple, pas contre. Qu’il repose en paix.

3 Le qualificatif peut paraître fort aux âmes sensibles et aux hypocrites, mais il faut appeler un chat un chat. On ne résout rien à refuser les évidences et il est clair que l’immaturité politique des français est un facteur majeur de leur décadence. Cette immaturité s’ancre dans la mauvaise éducation, le refus de se remettre en cause, le mépris pour ce que l’on ne comprend pas, le déni de réalité, la paresse intellectuelle, bref, toutes les caractéristiques de la bêtise et de l’imbécilité.

4 L’indispensable Traité du savoir-vivre à l’usage des jeunes générations. Gallimard. 1967 et 1992, ainsi que l’Adresse aux vivants sur la mort qui les gouverne et l’opportunité de s’en défaire. Seghers. 1990.

Rappelons que Raoul Vaneigem, médiéviste réputé, est le principal compagnon de route de Guy Debord au sein de l’Internationale Situationniste. Il fallait citer Debord dans cet article, c’est fait !

5 Réflexions sur la violence. Georges Sorel. 1908. Incontournable. Lecture un peu difficile qui rebutera certains, malgré la très belle maîtrise de la langue française et la pertinence et profondeur des analyses.

6 « Le militant (…) ne mise pas sur sa conscience individuelle (…) il s’en remet à cette pensée grégaire qui exorcise, par le dénombrement médiatique des manifestants, l’absence d’une créativité capable de briser les chaînes que l’oppression continue de forger jour après jour. » Raoul Vaneigem Pour l’abolition de la société marchande. Pour une société vivante. P 71. Payot & Rivages. 2002.

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