Quel avenir pour Israël ?


Par le général (2S) Henri Roure, le 9 octobre 2024

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Israël suscite en moi autant d’admiration que d’inquiétude. Pays occidental, implanté au
Proche-Orient, au milieu de populations nombreuses et autochtones, il m’apparaît comme l’ultime
colonie de ce qui, avant les dérives morales des États-Unis, se nommait simplement Occident. Il est
contre toute vraisemblance une colonie de peuplement de l’Occident collectif sur une terre déjà
largement occupée.
Il n’a pu s’établir que par la force et la violence, contraignant des habitants indigènes à
quitter les terres qu’il revendiquait en se fondant sur une justification pseudo-historique. Cette
politique se poursuit aujourd’hui et s’aggrave même, avec comme objectif un Grand Israël que
certains de ses dirigeants appellent de leurs vœux. En substance Israël cherche à étendre son
implantation coloniale.
Plusieurs remarques à cet égard. Le siècle ne se prête plus à la colonisation. Les empires
coloniaux ont disparu et laissé la place à de nouveaux États regroupant des populations autochtones
dans des frontières souvent héritées de la puissance coloniale. Le siècle serait plutôt caractérisé par
de nouvelles grandes invasions que subissent les pays riches par des populations venues,
précisément, de ces pays anciennement colonisés, incapables d’offrir à leur population l’espoir
d’une vie décente.
La dénatalité des pays « du nord » stimule ce flux migratoire. Israël m’apparaît donc en
retard d’un mouvement. Je me souviens d’être allé à Gaza, il y a de cela de nombreuses années et
d’avoir été immédiatement saisi par la différence criante entre Israël, visible de l’autre côté des
barbelés, et Gaza où je me trouvais. D’un côté des étendues organisées, nettes et cultivées, mais
vides d’hommes et de l’autre une terre étroite montrant déjà une incroyable densité humaine. Il est
souvent dit que la nature a horreur du vide…Ce n’est pas le seul paradoxe de ce pays.
Israël tente de se rattacher à une histoire vieille de deux mille ans où des Hébreux, des Juifs,
organisés en quelques États, habitaient la région avec d’autres peuples. Après l’occupation romaine
et les aléas de l’histoire orientale, ces États ont disparu. Seuls quelques rares israélites sont restés,
mais la majorité a immigré. Ces migrants se sont évidemment étroitement mêlés aux peuples locaux
et surtout européens.
En remontant l’histoire, il faut admettre que des mouvements de conversion au judaïsme
avaient parcouru l’Afrique du nord romaine. Lors de la brutale arrivée des conquérants arabes, cette
terre se partageait en tribus juives, païennes et chrétiennes, toutes issues d’un fond local auquel
s’étaient ajoutés des apports génétiques de Grecs, de Romains, de Vandales et…de Gaulois . Sur le
continent 1 européen, dans le territoire aujourd’hui russe, les Khazars se convertirent au judaïsme et
établirent un empire qui couvrait la Russie occidentale et l’Ukraine. Je crois savoir que Russes et
Ukrainiens sont des blancs européens!
Il est ainsi honnêtement impossible de rattacher un juif à la terre biblique et encore moins à
une race. Albert Einstein, Léon Trotsky, Léon Blum, Gérard Oury, Elisabeth Borne, Antony
Blinken, Volodymir Zelinsky, Steven Spielberg, Gabriel Attal, Simone Veil ( la politique et la
philosophe), Laurent Fabius, Jack Lang, Emmanuel Strauss-Kahn, Alain Afflelou, Patrick Bruel,
Serge Gainsbourg, Philippe Bouvard, Francis Huster, Marcel Proust, monseigneur Lustiger, René
Goscinny et bien d’autres célébrités … seraient-ils autres que des blancs européens?
L’antisémitisme ne peut se définir que comme une hostilité à la religion juive et surtout à
l’entraide qu’elle induit. Il ne peut sûrement pas se définir comme une hostilité à l’existence d’un
peuple juif qui n’existe pas sinon dans l’imaginaire des Juifs eux-mêmes.
Israël, bien que démocratique, se fonde donc sur une religion dont les membres cultivent
depuis des siècles une profonde solidarité tout en demeurant largement ouverts aux apports
exogènes.
Les Légions romaines venaient surtout de Gaule. Leur recrutement était local. J’ajoute que
le décret Crémieux du 24 octobre 1870 1 conféra la citoyenneté française aux 33 000 « Israélites
d’Algérie » qui dès lors se comportèrent totalement en Français. Crémieux alors ministre de la
justice du gouvernement provisoire était lui-même juif.
La singularité d’Israël réside ainsi dans son peuplement qui vient de l’ensemble des pays
européens ou de nature européenne et n’a rien à voir avec les peuples alentours. Israël n’est qu’un
appendice de l’Occident. Israël est une subtilité coloniale dans la mesure où il est né de la
reconnaissance des Nations Unies en 1947. Mais surtout il bénéficie de l’appui incontestable et
puissant des États-Unis et de leurs alliés où le rôle des citoyens de religion juive est primordial.
Je suis toutefois amené à faire des comparaisons.
Les États latins d’Orient établis à la suite des croisades durèrent approximativement de 1099
à 1211 date de la chute du royaume de Jérusalem, soit un peu plus de cent ans. Mises à part
quelques trêves, ils furent en guerre avec les musulmans qui les environnaient. La population locale
se partageait entre la religion chrétienne et l’islam. Cette région fut considérée comme une terre de
peuplement et s’organisa selon le modèle féodal. Ce furent surtout les Français qui s’installèrent ils
finirent par représenter autour de 140 000 personnes, ce qui éclaire sur l’attachement que la France
porte à cette région.
La population se rassembla surtout autour de châteaux et de bourgs fortifiés. Mais il y eut
aussi la création de nombreux villages et de fermes, là où les chrétiens originaires de la région se
trouvaient en majorité. Les kibboutz de l’époque…
Après la défaite et la fin des États latins d’Orient cette population dans sa grande majorité
demeura sur place, mais dut se soumettre à de nouveaux maîtres.
Ailleurs dans un autre siècle mais toujours face à des populations musulmanes, la France a
rassemblé des tribus de l’ancienne Afrique romaine et simultanément poussé des Européens
chrétiens à s’installer dans ce territoire qu’elle allait appeler Algérie. En 1962 1,1 millions Français
durent quitter cette terre qu’ils considéraient comme leur pays. L’Algérie française avait duré 130
ans.
L’État d’Israël quant à lui existe depuis 1947, soit depuis 77 ans. Il est à l’instar des États
latins des XIème et XIIème siècle une greffe étrangère dans le paysage tourmenté du Proche-Orient.
Il est l’Occident en Orient.
Dans ces cas d’implantation en terre islamisée, la réussite n’aurait été possible que par une
conversion des autochtones à la religion du colonisateur. La France s’y est refusée par respect des
usages locaux et laïcité en gestation, et Israël sans doute par un complexe de supériorité et une
vision de caste.
Dans les trois cas nous aurons eu une tentative de l’Occident de repousser des populations
essentiellement musulmanes ou de tenter de cohabiter avec elles. S’agissant des États latins
d’Orient et de l’Algérie, l’Occident a dû refluer. Je m’interroge sur le sort d’Israël…
L’avenir de ce pays est selon moi d’autant plus incertain que la puissance occidentale et
surtout états-unienne, est grandement affaiblie et de plus en plus contestée.
Pour l’heure l’imbrication d’Israël dans le monde occidental au sein des domaines
déterminants de la vie des États, par les relais que constituent les communautés de religion juive et
les Sayanims, garantit l’existence et la sécurité de ce pays. Il est cependant évident que le déclin de
l’Occident et ses défaites probables retentiront fortement sur Israël.
Malgré ses succès éclatants d’aujourd’hui dans la lutte contre le terrorisme je m’interroge
donc sur l’avenir de cet État et de sa population. Je suis d’autant plus interrogatif que si nous
pouvons nous féliciter de la destruction des terroristes dont nous, Français, subissons toujours les
crimes, il est impossible d’approuver les opérations massives et meurtrières, menées par Israël.
Elles ne font que radicaliser les populations contre non seulement Israël, mais aussi contre
l’Occident. Elles justifient les actions terroristes futures. Israël plutôt que de perpétrer ce qui
désormais s’apparente à une vengeance impliquant malgré lui l’Occident, ferait bien d’œuvrer à
maintenir ou établir un dialogue avec ses voisins tout en assurant sa légitime sécurité. En fait s’il ne
devient pas un État oriental, Israël n’aura aucun avenir.

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