Méditations du haut des cimes, par Julius Evola : Une quête spirituelle entre tradition et dépassement de soi
Source : breizh-info.com – 4 janvier 2025
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Julius Evola (1898-1974) fut une figure marquante de la pensée traditionaliste et métaphysique européenne. Auteur d’œuvres majeures telles que Révolte contre le monde moderne et Chevaucher le tigre, Evola développe une vision du monde où la quête spirituelle, le dépassement de soi et l’attachement aux valeurs traditionnelles jouent un rôle central. Dans son ouvrage Méditations du haut des cimes, l’auteur transcende la simple expérience de l’alpinisme pour en faire une métaphore et un exercice spirituel, liant la montagne à une quête de transcendance et d’éveil intérieur.
La montagne, un sanctuaire de dépassement
Evola voit dans la montagne un lieu à la fois physique et symbolique. Selon lui, gravir une montagne représente bien plus qu’un exploit sportif : c’est un rituel d’ascèse, une rencontre avec soi-même et une quête de pureté intérieure. Les cimes enneigées et les parois abruptes deviennent des symboles de dépassement des limites humaines, d’une lutte contre la matérialité et les illusions de la vie moderne. À travers cette confrontation avec les forces naturelles, Evola célèbre l’idée d’un retour à une vie essentielle et dépouillée, en rupture avec la décadence urbaine et bourgeoise.
Pour Evola, la spiritualité ne se limite pas à une accumulation intellectuelle ou à un mysticisme vague. Elle est une manière d’être, une discipline qui embrasse corps et esprit. La montagne devient alors un espace propice à cette discipline héroïque. L’alpinisme, dans cette optique, est une forme de métaphysique pratique, où chaque geste, chaque ascension, est une étape vers un état de conscience supérieur.
Evola oppose cette vision noble de l’alpinisme à ce qu’il considère comme des dérives modernes : le sport comme simple performance physique ou l’attrait touristique et consumériste des montagnes. Pour lui, seule une approche empreinte de sacré permet de véritablement accéder à la « divinité de la montagne ».
La symbolique des cimes : de l’ascension à la transcendance
Dans Méditations du haut des cimes, Evola explore également les mythes et symboles associés aux montagnes dans diverses traditions spirituelles. Les sommets, lieux de résidence des dieux dans les mythologies grecque et hindoue, incarnent des états de conscience transcendants. À travers des exemples comme le mont Meru dans la tradition hindoue ou le Montsalvat des légendes du Graal, Evola montre comment les montagnes symbolisent le passage du monde matériel à des royaumes supérieurs.
Il s’appuie aussi sur des références contemporaines, comme René Daumal dans Le Mont Analogue, pour souligner l’importance de la montagne comme espace de révélation intérieure et de transformation spirituelle.
Evola insiste sur la rigueur nécessaire pour aborder la montagne. Contrairement aux pratiques modernes souvent centrées sur la facilité et le confort, il valorise une ascèse rigoureuse. Selon lui, la montagne est un maître sévère : elle ne pardonne ni la faiblesse ni l’impréparation. Cette approche reflète une vision aristocratique de la vie, où l’effort, la discipline et le courage sont essentiels pour accéder à des dimensions spirituelles plus élevées.
La montagne comme métaphore de la lutte intérieure
Méditations du haut des cimes n’est pas seulement un recueil d’écrits sur l’alpinisme ; c’est une invitation à une quête intérieure, un appel à transcender les limites humaines à travers une discipline spirituelle exigeante. Pour Julius Evola, la montagne est à la fois un lieu et un symbole : elle représente le combat éternel de l’homme contre lui-même, dans une quête de pureté et de lumière.
À travers cette œuvre, Evola s’adresse à une élite prête à embrasser ce chemin exigeant, à une jeunesse qu’il espère détourner des pièges de la modernité pour renouer avec des valeurs ancestrales de grandeur et d’héroïsme. Une lecture essentielle pour quiconque cherche à comprendre les liens entre nature, spiritualité et dépassement de soi.
Dans « Symbole de la science sacrée », René Guénon, nous parle du symbolisme de la caverne mais également de celui de la montagne, et dit qu’il existe un rapport étroit entre la montagne et la caverne, en tant que l’une et l’autre sont prises comme symboles des centres spirituels, comme le sont d’ailleurs aussi, pour des raisons évidentes, tous les symboles « axiaux » ou « polaires », dont la montagne est précisément un des principaux. Nous rappellerons que, à cet égard, la caverne doit être regardée comme située sous la montagne ou à son intérieur, de façon à se trouver également dans l’axe, ce qui renforce encore le lien existant entre ces deux symboles, qui sont en quelque sorte complémentaires l’un de l’autre.
Notons que la lettre arabe « Qâf » a été qualifiée de « hiéroglyphe du Pôle » par René Guénon, car non seulement elle représente, dans la tradition arabe, le nom de la Montagne sacrée ou polaire, mais aussi parce qu’elle est l’équivalent phonétique du mot signifiant « caverne » (Kahf).
« Qâf » : Le phénix, suivant ce qu’en ont rapporté Hérodote ou Plutarque, est un oiseau mythique, d’origine éthiopienne, d’une splendeur sans égale, doué d’une extraordinaire longévité, et qui a le pouvoir, après s’être consumé sur un bûcher, de renaître de ses cendres. Quand l’heure de sa mort approche, il se construit un nid de brindilles parfumées où de sa propre chaleur il se consume. Les aspects du symbolisme apparaissent donc clairement : résurrection et immortalité, résurgence cyclique. Le phénix, disent les arabes, ne peut se poser ailleurs que sur la montagne de Qaf, qui est le Pôle, le Centre du monde (en hiérologie, « montagne » se rapporte au chef ou tête de l’homme qui contient l’organe de la conscience illuminée.). Le phénix égyptien, ou Bennou, était associé au cycle quotidien du soleil et au cycle annuel des crues du Nil. Comme il s’agissait, en Egypte, du héron pourpré, on peut évoquer le symbole de régénération qu’est l’œuvre au rouge alchimique.
« Kahf »: Dès que l’enfant rentre dans le système éducatif, il est « travaillé », voire « programmé » en vue d’en faire un véritable homme du Système. Les programmes d’enseignement morcèlent la connaissance qui façonne le cerveau des jeunes enfants, les acheminant vers une terrible crise de la pensée ; l’écran du Système ne permettant plus de voir la réalité.
Dans le « Mythe de la Caverne » de Platon, il est question d’esclaves enfermés dans une grotte très sombre ; ils y sont nés et ignorent totalement qu’il existe un autre monde, à l’extérieur. Or un jour, l’un d’eux s’échappe, il se détache de ses liens et, refusant la programmation cérébrale, découvre ce qui existe à l’extérieur : la lumière et d’autres créatures vivantes. Rien de ce qu’il voit ne ressemble à ce que les mythes de la caverne laissaient entendre : il découvre le monde réel, la Vérité ! Heureux de cette découverte il revient sur ses pas et avertit ses amis enchaînés à un bonheur factice, nébuleux. Il tente de leur expliquer que leur vision du monde extérieur est totalement erronée. Il parle de l’existence d’un soleil qui transmet une chaleur contrastant singulièrement avec le froid qui sévit dans la grotte. Il conte le bruissement agréable des feuilles sous le vent qui caresse la peau, le jeu d’une véritable symphonie où les sons et les couleurs se répondent. Mais ses efforts restent vains. Ses amis préfèrent leur condition d’esclave du mensonge ; ils refusent de ranger au musée des horreurs la quasi-totalité de la connaissance inculquée. Ainsi, l’esclave libéré est toujours seul.
C’est la conversation entre l’homme et son âme qui permet au solitaire de s’échapper, de transformer sa vie, d’aspirer à une connaissance anticipée de « Dieu » et de présenter de fait aux paroles d’homme en tant qu’essence de Dieu, un terrain fertile pour diriger la connaissance de l’actualité Vraie.
C’est pourquoi, le grand danger pour ceux qui maintiennent ce mensonge permanent, qui façonnent le Système, consiste dans une prise de conscience universelle des peuples.
NB : Un peu d’histoire divise les hommes, mais beaucoup d’Histoire les uni.
Les souvenirs lointains de l’histoire de l’Iran nous disent qu’il y eut autrefois dans ce pays une race de créatures appelées « Dives ». Cette race était regardée comme excellente et supérieure, puisque son nom, resté dans les langues, a servi à désigner l’Etre suprême et le don de l’Esprit le plus élevé. Ce nom renferme tout ce que, aujourd’hui encore, les hommes admirent et honorent le plus sur la Terre. Rappelons que Rabelais parlait d’une « Dive bouteille ».
Les hauts faits des Dives, leurs qualités, les mettaient au-dessus des hommes (mais non au-dessus de la Femme). Les Arabes leur donnent le nom commun de « Jin » (racine du mot femme en grec, « gyn », « gun », « gunè »). Le pays habité par ces « Jin » se nommait « Ginnistan » (selon les mages) ; c’était le séjour des « fées ».
Si on a fait des « Dives » une espèce distincte, ce n’est pas parce qu’elles sont surnaturelles, c’est parce qu’elles sont surmasculines. Mais toute cette félicité ne devait pas durer. Quand l’homme a pris la première place dans le monde, son orgueil a tout embrouillé, il a mis alors dans l’espace ce qui le dépassait en sagesse et en esprit. C’est ainsi que les Dives sont devenues des Êtres surnaturels, mais aujourd’hui le surnaturel s’évanouit devant l’histoire réelle.
Chez les Perses, l’assemblée des sages s’appelait le « Divan ». Ce mot répond à celui de Conseil dans les temps modernes.
Le mot « Divan » signifie aussi un recueil d’ouvrages, de poésies, une source d’instruction donnée par les « Dives ».
Le mot Divan, qui sert aussi et encore chez les Arabes, les Turcs et les Persans, à désigner des recueils littéraires qui renferment les œuvres de certains auteurs (le Divan de Hafiz, de Djalāl ad-Dīn Rûmî, etc.), est un mot resté dans les langues, mais il sert bien plus, aujourd’hui, à désigner un siège allongé sur lequel on se couche qu’à désigner un livre sacré.
En effet, ce mot, « Divan », dérivé du mot Sanscrit « Dêvâ » (anagramme du mot « Véda », le grand Livre sacré des Hindous) qui signifiait la « Femme lumière », la « Femme Esprit », ou « Diva » (la Déesse), employé pour désigner le livre, est resté comme une ironie : la Dêvâ tombée, avilie, est devenue le Divan.
Autre exemple : Le Christos mystique, l’Être sacré, prend, dans la doctrine des premiers Chrétiens gnostiques, le nom de « Sophia », la sagesse féminine. Or le mot « Sophia » eut le même sort que le mot « Divan ». Après avoir désigné la Femme dans sa suprême sagesse, il arriva à désigner le meuble sur lequel l’homme aimait à la voir étendue, le « sopha » ou « sofa ».
Mais les femmes ne se laissaient pas attaquer sans répondre. On leur attribue l’idée de donner à ce meuble un autre nom : « canis pedes » (d’où canapé), « chien à mes pieds » (d’après Fabre d’Olivet, « Les Vers dorés »).
La psychologie, qui est la clef de l’histoire, nous donne encore bien d’autres lumières.
Depuis que « le diable eut relégué les Dives dans les montagnes sacrées de Caf (Qaf) », on considéra ces montagnes comme les prisons universelles (Le « Ginnistan », l’ancien lieu de délices, devint le « gynécée », la prison des femmes). Ces montagnes, célèbres dans l’antiquité, sont devenues le Caucase même, elles s’étendent de la Mer Noire à la Mer Caspienne. Chacune d’elle a son histoire particulière dont la tradition s’est perpétuée en Russie ; c’est dans les défilés de ces montagnes qu’eurent lieu les batailles des Amazones. Toutes les guerres avec les Dives ont leur théâtre près de ces montagnes, sur les rives de la Mer Noire, c’est là que se trouve le Thermodon.
Précisons que sous le régime gynécocratique, on appelait « Ethos » les peuples qui vivaient suivant les lois de la Morale. Les Druides étaient appelés « Ethi-opiens » parce qu’ils prêchaient la morale (« ethos », mœurs, « ops », terre ; Ethiopie, « terre des hommes purs »). Pline énumère 45 peuples qui, dans des pays très éloignés les uns des autres, portaient ce nom, ce qui prouve qu’une seule morale régnait sur la Terre, celle qui était donnée dans les grands Livres sacrés des temps primitifs ; « Ethos » a fait « Ethique ». Les Grecs, au lieu de « Ethos » (morale), supposèrent pour racine « Aithos » qui signifie « noirceur », et sur cette étymologie fictive ils transformèrent tous les Ethiopiens en noirs. La « Mer Noire » fut appelée ainsi parce que le peuple qui vivait sur ses bords était féministe.
Au début du XXème siècle, les femmes que les Russes appelaient des « sorcières » connaissaient ces légendes et les enseignaient. C’est parce qu’elles connaissaient les anciennes luttes de sexes qu’on les vouait à la haine publique, afin d’empêcher qu’elles soient écoutées.
À propos du mot « Caucase » ajoutons que l’on trouve huit montagnes appelées ainsi par les anciens, ce qui prouve que ce nom cache aussi une signification symbolique. En effet, dans les langues du nord, « Keush » signifie « pur » et « Haus » « demeure », d’où « Caucase » (demeure des hommes purs). Dans la Bible, on trouve le mot « Koush » (pur), traduit en latin par « Ethiopiens ». Ce mot « Koush » semble être la racine du mot « Kadosh » (saint).
C’est peut-être parce que le mot Caucase signifie « demeure des hommes purs » qu’on prétend qu’on y aurait trouvé les restes de l’Arche de Noé.
Lien : https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.com/2017/07/introduction-livres-de-femmes.html
Gloser avec pertinence et élégance, c’est bien; mais Evola est-il parvenu au sommet de l’accomplissement ? Il a en tout cas cheminé sur la voie.
Pour René Daumal tout les animaux , insectes ou autres avaient une importance dans la vie de la montagne elle même, le fait de contredire cela, dans notre société moderne, nous informe sur sa désintégration programmée.