Les Français davantage habités par le spirituel qu’on ne le pensait

Source : epochtimes.fr – 4 juin 2025 – Germain de Lupiac

https://www.epochtimes.fr/les-francais-davantage-habites-par-le-spirituel-quon-ne-le-pensait-2978338.html?welcomeuser=1

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À l’heure où la France se redéfinit dans un contexte de sécularisation et de pluralisme religieux, le nouvel Observatoire français du catholicisme (OFC) a vu le jour le 2 juin en vue d’ « éclairer les tendances de fond qui traversent l’Église catholique en France et la société française ».

Une étude récente de l’Ifop et commandée par l’OFC, intitulée « Identité, pratiques et perception du catholicisme en France », publiée le jour même, dresse le portrait de cette religion millénaire dans l’Hexagone. L’étude se base sur un échantillon de 2012 personnes, dont 1010 se déclarant catholiques, un échantillon représentatif de la population française.

L’étude offre des clés pour comprendre l’évolution du catholicisme dans un pays marqué par la laïcité et l’athéisme, mais aussi l’aspiration toujours profonde des Français au spirituel.

On y apprend que 37 % des Français se déclarent en « quête spirituelle », dont 47 % pour les 18-24 ans et 30 % pour les 50-64 ans. 46 % des Français continuent à se déclarer catholiques, mais avec une très forte disparité d’âge : 62 % des personnes âgées de plus de 65 ans se reconnaissent dans cette confession, contre seulement 23 % des 18-24 ans. À titre de comparaison, 18 % des jeunes du même âge se disent musulmans.

Dans l’un des pays les plus strictement laïques au monde, 64 % des Français, dont les deux tiers des 18-24 ans, aspirent à plus de « silence », de « contemplation » et de « méditation ». 52 % prient et méditent de temps en temps et 41 % croient personnellement en Dieu.

L’étude Ifop explore la sociologie, les pratiques et les perceptions des Français à l’égard du catholicisme et de l’intériorité spirituelle de chacun. Mais l’étude souligne un paradoxe : alors que le catholicisme perd de son emprise, il reste un acteur culturel et spirituel majeur, et les Français, même non pratiquants, valorisent son rôle dans la préservation du patrimoine.

Le catholicisme recule, mais est toujours ancré

L’étude confirme une tendance observée depuis des décennies : le catholicisme, bien que toujours majoritaire et un des piliers de la culture française, perd du terrain.

En 2010, 66 % des Français se déclaraient catholiques ; en 2025, cette proportion est tombée à moins de 46 %. Parmi eux, un quart aspirent à des « temps de retraite en silence », un autre quart souhaiterait « être guidé » dans ce cheminement, quand 25 % désirent pouvoir accéder plus facilement à des lieux dédiés, comme les églises ou les chapelles.

Ce déclin est particulièrement marqué chez les jeunes générations, où l’appartenance religieuse semble céder la place à une indifférence croissante ou à l’attraction à d’autres courants spirituels. Pourtant, le catholicisme reste la première religion en France, avec environ 35 millions de personnes se revendiquant catholiques, dont 6,6 % sont des pratiquants réguliers.

Ce recul s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, la sécularisation de la société française, amorcée dès la Révolution et renforcée par la loi de 1905 sur la laïcité, a progressivement relégué la religion à la sphère privée. Ensuite, les scandales d’abus sexuels au sein de l’Église catholique, mis en lumière notamment par le rapport Sauvé en 2021, ont accentué la crise de confiance : 21 % des baptisés interrogés dans l’étude citent ces scandales comme une raison de leur détachement. Enfin, l’évolution des mœurs et l’individualisation des croyances ont conduit à un rapport plus distant à l’institution ecclésiale, même chez ceux qui se disent catholiques.

Cependant, le catholicisme conserve un ancrage culturel fort. L’étude révèle que 75 % des personnes interrogées sont baptisées en 2025, contre 92 % en 1961. Près d’un Français sur deux est ainsi entré dans une église au cours de l’année, pour prier, se recueillir, allumer une bougie… ou simplement retrouver du calme. Des pratiques comme allumer un cierge (57 % des baptisés) ou visiter un sanctuaire (44 %) restent courantes, témoignant d’un attachement à des gestes symboliques, même chez ceux qui ne fréquentent pas la messe.

Pour beaucoup, le catholicisme est moins une foi active qu’un marqueur d’identité culturelle, lié à l’histoire et au patrimoine français.

Une pratique religieuse en déclin, mais des îlots de ferveur

L’un des enseignements de l’étude concerne la chute de la pratique religieuse, dans le contexte culturel de laïcité à la française. Seuls 3 % des catholiques baptisés assistent à la messe hebdomadairement, tandis que 22 % se rendent à l’église pour les grandes fêtes (Noël, Pâques) ou des pèlerinages.

Un quart des Français vont à la messe plusieurs fois par an, mais pour la majorité, la pratique régulière est marginale. Ce phénomène s’inscrit dans une tendance plus large : en 1981, 12 % des Français assistaient à un service religieux chaque semaine ; en 2018, ce chiffre était tombé à 8 %.

Pourtant, des poches de vitalité subsistent. Les catholiques pratiquants, bien que minoritaires, sont souvent engagés dans des associations (55 % des pratiquants réguliers contre 26 % des catholiques en moyenne) ou dans la vie politique (15 % sont membres d’un parti) et incarnent une foi dynamique.

L’étude note également une résilience particulière dans certaines régions, comme l’Est (Lorraine, Franche-Comté) et l’Ouest intérieur (Vendée, Maine-et-Loire), où l’influence catholique reste forte, bien que déclinante dans les zones urbanisées.

Un autre phénomène notable est la persistance d’une spiritualité individuelle. Parmi les baptisés et souvent en dehors de tout cadre institutionnel, 46 % adressent leur prière à Dieu, 19 % à la Vierge Marie, 18 % à Jésus-Christ, 5 % à des saints, 8 % au cosmos et 18 % affirment ne prier « personne en particulier ». Cette quête spirituelle, détachée de l’Église, reflète une volonté de personnaliser la foi, un trait caractéristique de l’époque moderne.

L’étude s’est également penchée sur les intentions de prière : 53 % des Français prient pour la santé d’un proche, 35 % pour leur propre santé, 26 % pour la paix intérieure, et 25 % pour la paix dans le monde. En revanche, seuls 8 % prient pour le salut éternel, et 16 % pour la réussite matérielle.

Une Église perçue comme un acteur social

L’étude interroge également la place de l’Église catholique dans la société française. Pour 35 % des baptisés, elle doit incarner « des valeurs de partage, de générosité et de solidarité », tandis que 23 % y voient une « mémoire vivante des racines et de l’identité française ».

Ces chiffres montrent que, même pour ceux qui s’éloignent de la pratique, l’Église conserve une image positive comme vecteur de valeurs morales. En 2021, 68 % des Français estimaient que les religions, dont le catholicisme, pouvaient transmettre des valeurs positives aux jeunes, comme le respect ou la tolérance.

Cependant, l’influence de l’Église dans les débats publics est en net recul. En 2008, seulement 25 % des Français considéraient que le catholicisme avait une influence significative dans la société.

Le rapport du catholicisme à la politique

L’étude met en lumière une évolution marquante : le rapport des catholiques, et en particulier des pratiquants, à la politique. Historiquement ancrés à droite, les catholiques pratiquants montrent depuis quelques années une ouverture croissante vers la droite nationale. Lors des élections européennes de 2024, 42 % d’entre eux ont voté pour des listes de la droite nationale, un score proche de celui de l’ensemble des Français (37 % pour la liste de Jordan Bardella). Cette tendance marque une rupture avec 2019, où les catholiques pratiquants avaient massivement soutenu la majorité présidentielle.

Ce glissement s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, les préoccupations des catholiques, comme la sécurité (81 %) et la lutte contre la délinquance (75 %), rejoignent celles de l’ensemble des Français, mais avec une sensibilité accrue aux questions d’identité et de tradition.

Ensuite, la perte de confiance envers les partis traditionnels, couplée à une perception de marginalisation des catholiques (seuls 18 % se sentent pris en compte en tant que tels par les dirigeants politiques), pousse certains vers des discours plus populistes. Cependant, l’étude note que les pratiquants réguliers ont résisté davantage au vote pour Marine Le Pen en 2022, préférant Emmanuel Macron à 55 %.

À gauche, les catholiques ne sont pas absents. En 2010, ils représentaient 14,2 % des fidèles pratiquants, avec une proximité marquée pour le Parti socialiste. Cette diversité politique illustre la complexité de l’électorat catholique, qui ne se réduit pas à un bloc monolithique.

Une pensée sur “Les Français davantage habités par le spirituel qu’on ne le pensait

  • 9 juin 2025 à 19 h 46 min
    Permalink

    La Spirituel est un, la Foi véritable est une… et les formes religieuses, dont le christianisme romain, sont multiples.
    La forme religieuse doit être respectée mais aussi transcendée pour pouvoir joindre le Suprême.

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