Douce France
Par Gabriele Adinolfi – 2 juillet 2023
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Gabriele Adinolfi est un théoricien politique italien. Il a dirigé la rédaction du journal Orion et divers projets métapolitiques comme le le think tank Centro Studi Polaris. Il a aussi parrainé en Italie les occupations d’immeubles abandonnés à destination des familles italiennes démunies, occupations dont la plus connue est la Casapound (dont le nom fait référence à l’écrivain Ezra Pound) et qui est aujourd’hui un mouvement politique national.
Avec cette intensité, les émeutes des banlieues en France n’avaient eu lieu qu’en novembre 2005 et avaient servi un double résultat : faire élire Sarkozy et doubler les subventions aux associations qui s’occupent de l’aide aux banlieues.
Aujourd’hui, elles ont explosé et se répandent comme une traînée de poudre en Suisse et demain, si les Saoudiens et/ou les Turcs le souhaitent, également en Belgique et peut-être en Allemagne.
L’échec de la soi-disant politique d’intégration est clair.
Cela dit, nous restons à l’arrêt.
Dans le racisme anti-blancs, la haine sociale, l’identité tribale et/ou le refuge dans un fondamentalisme islamique autrement pollué, vaguement salafiste, les émeutiers ont exprimé un identarisme séditieux qui va de pair avec des actes de vandalisme, de vol, de braquage, de viol, ainsi que signe de sédition.
Prétendre simplement que c’est la preuve d’un échec et qu’il faut inverser la tendance serait puéril et irréaliste, car le problème est désormais chronique, vient de loin et n’a pas de solutions rapides.
Certaines données sont incontestables. La majorité des petits-enfants et arrière-petits-enfants (car il s’agit de cela maintenant) d’immigrés non européens ont opté pour une intégration conflictuelle qui consiste à traire la vache de l’aide sociale et à jouir de la politique judiciaire du pardon, souvent de l’impunité, de « discrimination positive » qui perdure depuis plus de quarante ans en leur faveur, articulant à la fois un choix de vie séditieux et agressif qui s’accompagne d’une rhétorique victimaire pour laquelle la « discrimination positive » est sans cesse renversée et présentée comme racisme immédiat. Ce qui, en France, n’est rien moins que ridicule.
Les socialistes du temps de Hollande, après les attentats du Bataclan et des cafés parisiens, ont forgé le slogan « il ne faut pas faire d’amalgame ». C’est techniquement correct, car il est vrai que la partie agressive et séditieuse des « nouveaux français » ne se confond pas avec l’ensemble. Il faut dire aussi que leurs grands-parents se sont souvent intégrés, malgré les difficultés objectives, se trouvant confrontés à un minimum de discrimination à leur encontre. Mais ils l’ont fait dans une France fière et phare culturel, ils l’ont fait en colons accueillis en métropole. Les Harkis ont été exemplaires.
Depuis 1968, en France, la logique du meurtre du Père a prévalu, complétée par le blâme pour le passé colonial et l’angélisation du colonisé, qui avaient déjà commencé une dizaine d’années plus tôt.
Ajoutez à cela le racisme profond des antiracistes qui, éblouis par le mythe rousseauien du « bon sauvage », considèrent les non-européens comme des inférieurs à éduquer et, ayant aboli tous les aspects virils de l’éducation et l’ayant transformée en un dialogue dans lequel on baisse toujours son froc, ils en ont simplement fait des gâtés, comme c’est arrivé à leurs propres enfants. Un mélange explosif pratiquement impossible à désamorcer.
Il faut ajouter qu’avec les contraceptifs, le travail féminin et l’avortement le déclin démographique a été entrepris, qu’il y a pénurie de main-d’œuvre jeune disposée à travailler sérieusement et que les bouleversements internationaux appellent des déplacements massifs et l’on comprendra que sortir de cette situation dans le court terme est impossible. Il le saura, peut-être, dans cinquante ans.
Mais les mesures de ralentissement et d’amélioration, prises par Berlusconi en Libye et par Macron au Sahel, qui ont eu un résultat significatif et qui, si elles étaient maintenues, en auraient des majeurs, ont été sabotées.
Quant aux « recettes » de la droite terminale qui parlent du rapatriement de millions d’étrangers, elles sont ridicules. Premièrement, ceux-ci sont français depuis deux ou trois générations et n’ont pas d’autre patrie qui puisse les accueillir, deuxièmement cette formule idiote, qui ressemble tellement à celle d’imprimer de l’argent pour résoudre tous les problèmes, ne serait pas possible sur le plan logistique.
Un changement de perspective est possible en quelques générations, cela implique des accords internationaux, des politiques démographiques, l’utilisation judicieuse de la robotique et une inversion des flux, réalisable uniquement du point de vue d’une nouvelle géopolitique euro-africaine.
Mais, au fond, une révolution doit s’opérer dans les esprits pour sortir du sida culturel et spirituel qui nous a dépouillés de nos défenses immunitaires.
Il faut une révolution culturelle qui balaye l’anti-patriarcat, les suggestions wokistes, les arcadies progressistes et toute forme de servilité eunuchoïde allant de la culpabilité du mâle à l’acclamation du macho étranger, qu’il soit tartare, zoulou ou texan.
Ceux qui se font l’illusion que les affrontements socio-raciaux d’aujourd’hui peuvent déterminer la fin d’un cycle rêvent. Ils le pourraient en partie si les banlieues avaient le dessus sur les forces de l’ordre, mais cela, qui n’est certes pas souhaitable, n’est même pas probable.
Quiconque rêve (sous sa forme de sédition salafiste adaptée à l’extrême droite) qu’elles servent à faire sauter le système n’a rien compris puisque nous sommes à une époque où les difficultés et les désintégrations de la société renforcent le pouvoir oligarchique.
Il est possible et souhaitable qu’elles puissent, au contraire, produire un court-circuit et inciter à repenser la réalité, comme on le voit déjà autour, par exemple avec Musk.
Ce qui serait le début potentiel d’un nouveau cycle de réaffirmation de l’essentiel qui, parmi ses conséquences, pourrait aussi résoudre cette question avant le XXIIe siècle.
Dans cette perspective nous pouvons regarder au choc de ces jours.
Mais celui qui s’accroche aux formules de l’extrême droite des quarante dernières années sort des sentiers du réel.
Copie antropologique ratée de la gauche d’antan, ce milieu a emprunté d’antiques analyses aux milieux d’avant-garde dont il se croit issu, il les a certes plâtrés et dévitalisés mais, néanmoins, elles sont en partie valables. Comme le sont les marxistes. Pourtant, les propositions hâtives et grossières qui suivent sont risibles et impraticables, comme celles des communistes, avec, en plus, aucune volonté de puissance !
Si quelqu’un aujourd’hui affirme fièrement que « nous avions raison », soit il fait référence à des analyses des milieux politiques d’avant les années 1990 (bien qu’à partir des années 1970, les analyses correctes elles-mêmes ont commencé à être mutilées et idéologiquement déformées), soit il dit quelque chose d’incorrect.
Sans compter que cela n’a aucune pertinence, si ce n’est pour l’orgueil, d’avoir eu raison : c’est maintenant qu’il faut l’avoir et, surtout, demain.