Pie IX et la théorie chrétienne de la conspiration – Nicolas Bonnal

Par Nicolas Bonnal

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Voici une théorie bien insultée alors qu’elle ne se veut souvent qu’une modeste théorie de l’explication, quand l’information officielle, toujours bâclée, devient obscène et ridicule, car il faut voir quel brouet peut gober l’opinion publique globalisée.

La théorie de la conspiration ne vient pas de n’importe qui. Elle vient du pape Pie IX (1792-1878) victime au début de son pontificat libéral (1846-1878, le plus long de l’histoire) de conspirations mazziniennes, maçonniques et socialistes dans ses chers États et sa chère Italie, toujours soumise aux coups d’État. Ce que met le pape en évidence, et qui ne vieillit pas quand il s’agit de s’attaquer au bien commun : la diffusion du désordre et de la haine. Pie IX s’est fait connaître pour ses remarquables prises de positions antimodernes.

Mais je laisse la polémique : comme on sait l’humeur du jour n’est plus aux débats, l’air du jour n’est plus à l’humour, mais aux arrestations. Pas de liberté pour les ennemis de la liberté et pas de liberté d’ailleurs pour les amis de la liberté.

Mais comme la vérité sort de la plume du Saint-Père plus que de la bouche d’un journaliste aux ordres, je vous le laisse lire dans Quibus Quantisque :
« Mais bien que cette noire conspiration ou plutôt cette série non interrompue de conspirations fût claire et manifeste, cependant, par la permission de Dieu, elle demeura inconnue à beaucoup de ceux à qui la tranquillité publique devait pour tant de causes être principalement chère. Et bien que les infatigables fauteurs d’anarchie donnassent lieu aux plus graves soupçons, il ne manqua pas de certains hommes de bonne volonté qui leur tendirent une main amie, espérant sans doute qu’ils pourraient les ramener dans le chemin de la modération et de la justice»
Fauteurs d’anarchie, c’est une bonne expression que reprendra Chesterton dans son roman à clé, Le nommé jeudi (1). Chesterton y explique que le point commun entre l’idéaliste philanthrope, le milliardaire humanitaire (celui des ONG), le savant fou, le membre des services secrets et le bolchevik, c’est bien l’anarchie.

Le héros Syme comprend que tous les anarchistes sont des policiers infiltrés comme tous les casseurs d’aujourd’hui sont des voyous tolérés ou des supplétifs de la police.

Comme s’il avait prévu ce qui allait se passer ensuite, les guerres aberrantes, le nazisme, le communisme, les guerres, l’immigration barbare, les attentats partout, la subversion morale et mondaine, la guerre rageuse contre la nature, l’humanité, la chrétienté et les idéaux, Pie IX écrit encore dans son style passionné et soutenu :
« Mais la licence effrénée et l’audace des passions perverses, élevaient de jour en jour une tête plus menaçante ; les ennemis de Dieu et des hommes enflammés du désir insatiable de tout dominer, de tout dévaster, de tout détruire, n’avaient plus d’autre pensée que de fouler aux pieds les lois divines et humaines pour satisfaire leurs passions. De là ces machinations ourdies d’abord dans l’ombre, puis bientôt éclatant en public, ensanglantant les rues, multipliant des sacrilèges à jamais déplorables, et se portant contre Nous, dans le palais du Quirinal, à une violence jusqu’alors inconnue. »
Le Saint-Père sait très bien que le gros du peuple reste tranquille, même s’il est indifférent (cela peut lui coûter cher, le sait-il seulement, ce bon peuple ?), dépassé et manipulé par des événements cruels mais pas très clairs, des manipulateurs, des experts, des agences . L’occupation au temps moderne consiste à être spectateur, avant de devenir téléspectateur :
« Cependant, au milieu de Notre immense douleur, il Nous est doux de pouvoir affirmer que l’immense majorité du peuple romain et des autres sujets pontificaux, Nous est restée fidèlement attachée, ainsi qu’au Siège Apostolique, ayant dans une profonde horreur ces noirs complots, quoiqu’elle soit restée spectatrice de ces tristes événements. »
Et sa Sainteté Pie IX (lui est clairement incontestable) voit bien comment se termineront les révolutions bolchéviques, anarchistes, néolibérales (thérapie de choc, délocalisation, immigration et entropie universelle), socialistes, constructivistes, européennes, et tout leur infatigable (car il faut bien leur reconnaître cette qualité, ils sont infatigables) saint-frusquin à base de dette, de Goldman taxes et de politiquement correct :
« Le trésor public dissipé, épuisé, le commerce interrompu et presque anéanti, des impôts énormes levés sur les plus riches et bientôt sur tous les citoyens, les propriétés particulières pillées par ceux qui s’appellent les chefs du peuple et les conducteurs de bandes effrénées, la liberté de tous les gens de bien troublée, leur sécurité mise en question, leur vie exposée au poignard des sicaires, voilà les maux intolérables qui sont venus jeter l’épouvante et l’effroi au milieu de nos sujets. Telles sont les prémices sans doute de cette prospérité que les ennemis du Souverain Pontificat annoncent et promettent au peuple de notre État pontifical. »
L’utilisation des médias pour manipuler l’opinion — à l’époque du très Saint-Père, des journaux, de l’opéra et du théâtre (aujourd’hui ciné, télé, portails web, etc.) — est déjà entrée dans les mœurs. On est pourtant en 1849 :
« Ces doctrines perverses et empoisonnées, les hommes ennemis les sèment sans relâche parmi les multitudes, soit par la parole, soit par des écrits, soit par des spectacles publics, afin d’accroître de jour en jour et de propager une haine qui s’emporte sans frein à toute espèce d’impiété, de passions et de désordres. De là toutes les calamités, tous les renversements, toutes les douleurs qui ont ensanglanté et qui ensanglantent encore le genre humain, et presque toute la surface de la terre. »
N’en déplaise aux conciliaires modernistes et progressistes de tout poil, aux lâches et débiles protecteurs de Bergoglio, ou aux déplaisants policiers de la pensée d’aujourd’hui, Pie IX en rajoute une couche comme on dit sur les sociétés secrètes et leurs agissements universels couverts par le caquetage des médias de « droite » et de « gauche » aux ordres (les journalistes sont juste des marchands de phrases et leur dieu est triangulaire, dit tel quel Balzac à l’époque) :
« Personne n’ignore combien de sociétés secrètes et pernicieuses, combien de sectes furent créées et établies, sous différents noms et à différentes époques, par ces artisans de mensonge, ces propagateurs de dogmes pervers, aspirant par-là à glisser plus sûrement dans les esprits leurs extravagances, leurs systèmes et leurs désirs criminels, à corrompre les cœurs sans défiance, et à ouvrir à tous les crimes la large voie de l’impunité. Ces sectes abominables de la perdition, aussi fatales au salut des âmes qu’au bien et à la tranquillité de la société temporelle, ont été condamnées par les Pontifes Romains, Nos prédécesseurs. »
L’Angleterre impériale avait ses « missionnaires » protestants, aujourd’hui on a les ONG !

Relisez un peu ce qui s’est passé en Europe en 1848 et après. Et cette remarquable allocution Quibus Quantisque prononcée le 20 avril 1849 dans le consistoire secret. Elle est plus d’actualité que jamais, car on n’est pas sorti de leur auberge rouge ni de leur éternel désordre mondial basé sur les bombardements et les assouplissements quantitatifs.

NOTE
(1) Le nommé Jeudi: voir la notice wikipedia, et surtout le site des amis de Chesterton: www.amisdechesterton.fr/2008/11/11/lenommejeudi-3etorsonwells

https://www.vatican.va/content/pius-ix/it/documents/allocuzione-quibus-quantisque-20-aprile-1849.html

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