Sur Trump et cette « Amérique qui se moque du monde »… – Nicolas Bonnal

Par Nicolas Bonnal

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C’est Dominique de Villepin, preux et vain orateur pacifiste en 2003, depuis récompensé par divers scandales qui compromirent son cursus présidentiel, qui a parlé à propos de Trump de l’Amérique « qui se moque du monde ». Il faut dire en effet que le Donald a mis les bouchées double et qu’il étourdit son monde sans lui laisser de répit. Et que je t’ordonne d’arrêter ta guerre, et que je te demande de me refiler ton pays le Canada ou la plus grande île (et dernière île vierge ou presque) du monde le Groenland, et que je te demande de te taire, et que j’ordonne à ton électorat de voter pour l’extrême-droite allemande devenue plus très souverainiste du coup…

Elle aurait tort de se gêner l’Amérique. Sa balance commerciale extraordinairement déficitaire lui permet de faire chanter tout le monde ou presque, en particulier l’Europe (déjà ruinée sinon anéantie par Biden et son minyan – voyez Kunstler), ou l’arrière-cour latino, toujours plus dépendante de la puissance US. C’est Todd qui remarque p. 240 de la Défaite comme ça en passant (mais pourquoi seulement en passant ?) que le Mexique est devenu le satellite industriel de l’Amérique après avoir fait longtemps office de résistant numéro à l’ogre Sam : de la même manière la république (et tant pis pour Philippe Roger…) est devenue un larbin intégral des américains, et ce vingt ans après le discours de Villepin à l’ONU, en ayant élu en 2007 un président présumé gaulliste ou néo-gaulliste, car on ne sait plus. Les andouilles qui faisaient depuis Cochin confiance à Chirac auraient dû regarder d’un peu plus le CV des députés-maires du 92 en 1983 : Sarkozy, Devedjian, Balkany, Noir, Barzach, tous plus socialistes, européens et mondialistes les uns que les autres. Mais le gaullisme fait partie des mythes froncés, et on ne les changera pas ces froncés.

Trump va humilier et ruiner l’Europe un peu plus donc. Le problème est que tropisme démocrate aidant, les Français et les Européens aiment se faire plumer et humilier par les Huns, pas par les autres dits républicains (voyez mon texte et le nom de vos places et de vos rues – Wilson, Roosevelt, Truman, Kennedy…). Ils n’aiment pas Trump puisque leurs médias aux ordres leur ont dit de le détester et que Trump qui a dû lire Guénon comme Bannon pratique la technique de la « folie apparente/sagesse cachée ». il amuse ou intrigue ou scandalise et peut donc imposer plus facilement le programme de la coulisse.

On pourrait donc comme le pitre Bardella dénoncer Trump et se mettre un peu plus aux ordres d’Ursula et de son ordre nouveau européen qui passe pas toujours plus de vers et d’insectes, toujours plus de vaccins et toujours plus de guerre et d’éoliennes ; et comme Ursula n’est pas en reste, elle va promouvoir la guerre contre l’Amérique après celle contre la Russie. Gageons que quelques menaces commerciales suffiront à calmer l’ire des fous de Bruxelles.

L’idée première serait donc que Trump allant trop loin, et son monsieur Musk qui joue au pitre aussi, bras tendu ou non, le monde européen redresserait la tête et s’éloignerait du parrain américain. Je ne le crois pas une seconde. Viscéralement russophobes, les pays de l’Est suivront jusqu’en enfer le Donald ; la France totalement « conifiée par les mots » (Céline) et gauchiste à en crever, reniement national inclus, ne peut rien proposer aux Européens qu’un suicide plus rapide. Leur Europe est soit promise à une guerre d’extermination contre la Russie, qui renforcera les intérêts américains, soit à une guerre d’attrition industrielle, qui en terminera avec son économie. Dans les deux cas Trump joue gagnant. On verra comment il mettra au pas séparément chaque pays des Brics. Comme je disais plus haut, cela sert d’avoir le plus gros déficit commercial du monde (et donc le plus haut niveau de vie) que l’on renfloue simplement en imprimant du dollar-qui-doit-disparaître-très-prochainement. Mon ami Shamir a rappelé que ni le rouble ni le yuan ne joue de rôle secondaire : ce gentil rôle est échu à l’euro, que les américains feront disparaître sur ordre, notamment en le faisant numériser par leur agent Lagarde : tout le monde le fuira alors et ce sera la débandade.

La domination culturelle américaine aussi va se maintenir, surtout s’il faut tenir compte de la montée en puissance de la débilité planétaire. Car la montée de l’intelligence artificielle depuis les années 90 s’accompagne d’un effondrement universel des QI, d’un écroulement des ambitions et des contenus culturels. Relisez Barzun ou Zweig, et comparez le contenu littéraire français du début du vingtième siècle au nôtre pour comprendre. Les dix films les plus vus en 2024 (voir source sur Wikipédia) sont des dessins animés pour enfants (et adulescents, si on veut faire court et gentil) : autrement dit Hollywood reste aux commandes mais a liquidé les acteurs, qui n’ont pas pu de ce fait peser sur la dernière élection US ; ils n’existent plus. Dans un monde où l’homme n’existe plus et où le public s’en fout, il va devenir facile de faire régner avec trois oligarques l’intelligence artificielle, dût-on laisser son pré carré à la Chine rétive et surtout moins active que jamais sur le plan géostratégique. Après on diminuera la taille du troupeau des citoyens superflus et tout le monde sera content.

L’Amérique, explique Céline dans le Voyage, c’est le pays de la technique – de la technologie comme on dit aujourd’hui. On sait ce qu’en a dit Bernanos dans sa France contre les robots, France qui n’aura comme prévu par d’autres, opposé aucune résistance. Voyez Cochin ou Drumont et mes textes à ce sujet.

Le Donald lui a parlé d’âge d’or ; il a même parlé de « Our God », notre dieu maçonnique et bien américain. On a aussi cité la quatrième églogue de Virgile et cet âge d’or qui devait revenir après le règne du christianisme, et dont a parlé Dick dans une elliptique et énigmatique (enfin, pas pour moi) nouvelle de neuf pages nommée l’œil de la sibylle.

Tout cela pour dire que l’Amérique se moque du monde et qu’elle a bien raison de le faire. Avec les adversaires qu’elle a ou plutôt qu’elle n’a pas en face d’elle, elle joue gagnant à court et moyen terme.

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