Tous les (faux) mythes occidentaux sur l’Iran
Par Danielle Perra
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La désinformation sur la République islamique d’Iran est l’un des principaux outils utilisés
par l’Occident pour construire la rhétorique belliciste qui a conduit à justifier les récentes
agressions subies par Téhéran. Nous tenterons ici de démystifier une partie de ces
mensonges.
Tout d’abord, il convient de réaffirmer avec force (et cela semble tout à fait nécessaire) que le
peuple iranien ne souhaite en aucun cas être libéré par l’Occident et (surtout) par Israël, et
qu’il ne veut pas faire de son pays ce qu’est devenue la Chine après les « guerres de l’opium »
du XIXe siècle. Dans leurs yeux, le souvenir du Shah Reza Pahlavi, qui a fait de l’Iran un
terrain d’entraînement pour les pilotes et les militaires israéliens, est encore vivant. C’est
pourquoi ils ne peuvent que sourire face à la candidature (non sollicitée) de son fils Cyrus
pour diriger le pays dans une éventuelle « post-République islamique ». Après tout, ce sont
les Pahlavi qui ont renversé le gouvernement nationaliste légitime de Mossadeq en 1953,
avec l’aide de la CIA et du MI6 britannique, transformant ainsi le pays en une colonie
occidentale (et les États-Unis ont profité de l’occasion pour détrôner la Grande-Bretagne dans
la région, inaugurant ainsi leur tradition décennale d’humiliation et de trahison de leurs soi-
disant alliés). Et ce sont les Pahlavi qui ont réprimé dans le sang les révoltes de 1963 (en
arrêtant, torturant et exilant leurs protagonistes, y compris Khomeini), tandis que leur «
révolution blanche » échouait lamentablement, plongeant des millions d’Iraniens dans la
pauvreté absolue et enrichissant simplement le cercle restreint proche du palais royal. De
plus, Reza Pahlavi était celui qui se vantait d’avoir un canal de communication direct avec le
divin, ce qui, selon lui, lui permettait de prévenir toute tentative de coup d’État contre lui (en
réalité, cette capacité était représentée par le fait que toute communication militaire d’un
certain niveau passait obligatoirement par le palais royal). Dans son autobiographie « Cellule
n° 14 » (récemment publiée en Italie), l’actuel Guide suprême de l’Iran, Ali Khamenei,
raconte également les arrestations et les tortures subies aux mains de la Savak, la police
secrète toute-puissante du Shah et principal instrument de répression du peuple pendant les
années de la monarchie.
En Occident, on a tendance à présenter les années de la monarchie en Iran comme une
période de liberté et de développement. En réalité, c’est exactement le contraire. Et le peuple
iranien (à l’exception de quelques expatriés de longue date) n’éprouve aucune nostalgie pour
cette époque. Il convient également de rappeler que les femmes iraniennes ne se battent pas
pour pouvoir porter la minijupe. Pour les femmes iraniennes, ces questions sont totalement
hors de propos. Quiconque a voyagé en Iran et connaît son histoire sait parfaitement que : 1)
la condition des femmes (et leur émancipation) est nettement meilleure que dans tout autre
pays de la région (y compris l’est de la Turquie) ; 2) avec l’avènement de la République
islamique, la condition des femmes s’est indéniablement améliorée (65 % des étudiants
iraniens sont des femmes et les femmes occupent aujourd’hui des postes de premier plan dans
divers domaines, de la médecine au journalisme en passant par l’éducation, les secteurs
techniques et financiers liés à l’ingénierie, la construction navale ou la gestion des fondations
religieuses sur lesquelles repose une partie de l’économie iranienne).
Tout aussi malvenue est la candidature de Mariam Rajavi, chef du Conseil national de la
résistance iranienne, étroitement liée au MeK. L’histoire des Mujahedin-e Khalq mérite ici
une brève parenthèse, compte tenu de l’intérêt que leur portent de nombreux politiciens
occidentaux, y compris italiens.
Né au milieu des années 60 sur des bases idéologiques mêlant des éléments marxistes à
certains aspects propres à l’islam chiite (les membres étaient invités à vivre en collectifs et à
étudier les modèles économiques du socialisme réel), le MEK a joué un rôle important dans
les événements révolutionnaires, démontrant une capacité remarquable à organiser des
actions rapides et efficaces contre le pouvoir du Shah. Dans l’immédiat après-révolution,
cependant, l’imam Khomeini a commencé (à juste titre) à douter des intentions réelles de
Masoud Rajavi (dirigeant depuis 1979) et du mouvement lui-même qui, après avoir été exclu
de la vie politique du pays, a opté pour la lutte armée contre la République islamique
naissante. De 1981 à 1986, les dirigeants du MEK ont vécu un exil doré à Paris au cours
duquel, après la création du Conseil national de la résistance (en coopération avec l’ancien
premier président de l’Iran post-révolutionnaire Abolhassan Banisadr), ils ont cherché un
nouveau consensus en Occident en se présentant comme un mouvement laïc, démocratique,
favorable au libre marché et champion de la cause de l’autonomie du Kurdistan. Ce ne fut que
le premier des nombreux changements de paradigme du groupe. En effet, à partir de 1985, à
la suite de son second mariage avec Maryam Azodanlu (ancienne épouse d’un de ses proches
collaborateurs), Rajavi a commencé à parler d’une nouvelle « révolution idéologique » qui
conduirait à l’égalité des sexes au sein du groupe. Pour ce faire, il attribua à sa nouvelle
épouse le rôle de guide du MeK, la plaçant à son niveau et comparant ce nouveau mariage à
celui du prophète Mahomet avec Khadija. Dans le même temps, il se réserva le titre d’Imam-e
Hal (Imam du présent).
À la suite de l’intervention de Téhéran en faveur de la libération de plusieurs citoyens français
retenus en otages au Liban, le MEK a été contraint, en 1986, de quitter la France pour l’Irak,
où il a pu bénéficier de la protection et de l’aide militaire du régime de Saddam Hussein en
échange de services de traduction et d’opérations derrière les lignes ennemies dans cette
guerre que l’Iran appelle la « Défense sacrée » (ou « guerre imposée »). En 1988, à l’aube du
cessez-le-feu définitif, Rajavi a lancé l’opération « Lumière éternelle » : en fait, une véritable
tentative d’invasion de l’Iran par les miliciens du groupe dans l’espoir de déclencher un
soulèvement populaire (qui n’a jamais eu lieu) contre la République islamique (une sorte de «
Baie des Cochons iranienne » dont l’historiographie occidentale ne se souvient que pour les
exécutions des hommes faits prisonniers par les autorités de la République islamique, sans
jamais faire référence aux causes – une pratique très répandue dans une certaine propagande,
celle qui consiste à inverser les causes et les effets d’un événement donné afin d’en attribuer la
responsabilité à l’ennemi du moment – comme on l’a vu dans le cas ukrainien).
Face à cet échec flagrant (le MeK a perdu plus de la moitié de ses membres), Rajavi, au lieu
de reconnaître ses erreurs, s’est contenté d’accuser ses hommes d’avoir l’esprit détourné par
des pensées de nature sexuelle. À partir de ce moment, on assiste en effet à une nouvelle
évolution idéologique au sein du mouvement, qui prend de plus en plus les caractéristiques
d’une secte pseudo-religieuse vouée au culte de la personnalité de son couple dirigeant. Les
membres (dont beaucoup sont retenus captifs contre leur gré, privés de leurs papiers, menacés
de lourdes représailles en cas de fuite et soumis à un lavage de cerveau) se sont vu imposer le
célibat et la rupture totale de toute communication avec leur famille. L’amour pour leur
famille devait être remplacé par l’amour pour les Rajavi et l’espoir que l’avenir de l’Iran puisse
être sous leur signe (comme le disent certains chants du groupe).
À cela s’ajoute le rôle joué par le MeK dans la répression des soulèvements populaires contre
le régime de Saddam qui ont éclaté après l’opération Desert Storm. Une action qui s’est
rapidement transformée en une forme de nettoyage ethnique et confessionnel contre la
communauté chiite irakienne (ce qui, avec la participation directe à la « guerre imposée » et
le meurtre de milliers de citoyens iraniens, a valu au groupe de perdre le peu de crédibilité qui
lui restait en Iran) et contre la minorité kurde (ce qui est paradoxal si l’on considère que le
MEK a souvent cherché à se présenter comme un défenseur de leur autonomie). Il va sans
dire que la révolte a été largement encouragée par les États-Unis et la Grande-Bretagne (et
non par l’Iran), qui ont ensuite immédiatement retiré leur soutien afin que le régime de
Saddam puisse massacrer les chiites, tant détestés par les dirigeants de Bagdad que par ceux
de Washington.
Bien que le MEK ait toujours cherché à nier sa participation aux événements de 1991, une
phrase de Masoud Rajavi est restée célèbre : «Mettez les Kurdes sous vos chars et gardez vos
balles pour les Gardiens de la révolution».
En fait, le MEK est resté fidèle à Saddam Hussein jusqu’au bout, avec même une brève
inscription sur la liste internationale des organisations terroristes jusqu’à son transfert en
Albanie (même si, comme l’affirme un document intéressant de la Rand Corp, un influent
think tank nord-américain, il n’a jamais été réellement traité comme tel). Depuis la deuxième
agression occidentale contre l’Irak, on est d’ailleurs sans nouvelles de Masoud Rajavi – qui vit
dans une forme de clandestinité qui rappelle de manière parodique celle du dernier imam du
chiisme imamite – qui a laissé à sa femme le rôle de figure publique du Conseil national de la
résistance. Enfin, il ne faut pas oublier que la République islamique elle-même, après
l’attaque contre l’Irak, a proposé aux États-Unis un échange de prisonniers dans le cadre d’un
projet plus large de coopération/normalisation des relations (qui n’a jamais abouti en raison
des pressions du lobby sioniste à Washington) : des membres du MEK détenus dans les
prisons de la coalition en Irak en échange de membres d’Al-Qaïda détenus en Iran. Les États-
Unis ont refusé, invoquant des doutes quant au respect des droits de l’homme dans les prisons
iraniennes (ce qui est une fois de plus paradoxal si l’on considère les cas de torture à
Guantanamo ou à Abu Ghraib). En réalité, ils l’ont fait en sachant que les membres du MEK
(comme cela s’est effectivement produit) seraient utiles pour des opérations au-delà de la
frontière iranienne (assassinats ciblés de scientifiques et d’officiers, par exemple).
Cet excursus a servi en premier lieu à démontrer comment un mouvement qui jouit de très
peu d’estime à l’intérieur des frontières de la République islamique est présenté en Occident
comme une alternative crédible à celle-ci. Le faible succès populaire (une grande partie des
membres actuels sont recrutés parmi les immigrants iraniens avec des promesses d’asile
politique et d’emploi en Occident) s’accompagne en effet d’un succès politique et économique
considérable obtenu grâce à des opérations audacieuses de promotion de son image dans les
centres du pouvoir occidental, à une fraude manifeste (en se présentant sous le couvert de
différentes associations de défense des droits de l’homme en Iran) et à la construction d’un
véritable empire financier et immobilier (participations dans des sociétés, financement illicite
de partis politiques, propriété de casinos et d’hôtels).
Le discours sur le MEK s’accompagne sans aucun doute de celui sur la guerre Iran-Irak, qui
est également source d’une importante mystification idéologique et historique. Avant
d’analyser cet événement en détail, il convient de rappeler à ceux qui accusent l’Iran d’avoir
détruit le panarabisme que : 1) le panarabisme était déjà mort et enterré avant le conflit contre
l’Irak, qui a d’ailleurs été déclenché par Bagdad ; 2) il est très difficile de considérer le Baas
irakien et le régime de Saddam comme des expressions du panarabisme, même s’ils l’ont
souvent utilisé comme couverture idéologique pour justifier la guerre contre la jeune
République islamique.
Tout d’abord, il convient de souligner les objectifs de Saddam Hussein lorsqu’il a agressé
l’Iran : 1) l’hégémonie politico-économique sur le golfe Persique (ce qui l’amènera par la suite
à envahir le Koweït afin de faciliter l’accès de l’Irak à la mer) ; 2) le contrôle total du Chatt al-
Arab (zone fluviale d’une importance stratégique énorme pour l’économie irakienne) ; 3) le
contrôle du Khuzestan iranien, riche en pétrole ; 4) limiter la pénétration des idées de la
révolution islamique en Irak (la population chiite irakienne, bien que majoritaire, était
gouvernée par une élite presque entièrement sunnite qui a secrètement exécuté l’important
ayatollah Baqir al-Sadr au début des années 1980) ; 5) empêcher l’Iran de réémerger comme
puissance régionale après le chaos révolutionnaire.
Saddam Hussein envisageait en outre un conflit limité à certaines localités, et non un conflit
total et quasi existentiel. Parallèlement, malgré l’ordre d’attaquer, il affirmait être engagé dans
une guerre défensive, c’est-à-dire dans la défense de sa souveraineté territoriale contre les
intentions malveillantes des ayatollahs iraniens. En réalité, s’il est vrai que l’Iran avait soutenu
le parti d’opposition al-Da’wa (et avait violemment attaqué Saddam et son régime, le
qualifiant de marionnette des puissances impérialistes – il va sans dire que les puissances
impérialistes, selon les canons islamiques, étaient à la fois l’URSS et les États-Unis), il est
tout aussi vrai que l’Irak fournissait depuis longtemps des armes aux rebelles arabes du
Khuzestan et avait déjà lancé avant 1980 plusieurs attaques au-delà de la frontière.
Ainsi, le 22 septembre 1980, l’Irak lança des raids aériens contre dix aéroports et bases
iraniennes importants et attaqua la jeune République islamique en trois points de la frontière
(au nord, au centre et au sud). Au début, Bagdad remporta quelques succès limités, mais au
prix de lourdes pertes, comme lors de la prise de Khorramshahr. À Abadan (centre
d’importantes raffineries de pétrole), en revanche, les forces irakiennes rencontrèrent une
résistance acharnée et durent faire face à un long siège. Ainsi, alors que Saddam pensait
mettre fin à la guerre avant l’hiver, en décembre, l’Irak n’avait réussi à occuper que certaines
parties du Khuzestan grâce à une combinaison de mérites défensifs iraniens (ces derniers,
bien que surpris par l’invasion, réussirent à organiser rapidement une forte résistance grâce à
l’utilisation combinée de l’armée régulière – malgré les purges importantes subies après la
destitution du Shah – les Gardiens de la révolution, les unités de police et les volontaires) et
aux défaillances iraquiennes. Les officiers baasistes ont en effet commis plusieurs erreurs
grossières dues à leur manque d’expérience et au fait que sous Saddam, on ne devenait pas
officier pour ses mérites sur le terrain, mais pour sa loyauté aveugle au Raïs et son
appartenance à son clan tribal (lié à la région proche de Tikrit).
En ce qui concerne l’Iran, la guerre a provoqué les premières frictions entre les dirigeants
religieux et les dirigeants purement politiques de la Révolution (ce qui s’était déjà manifesté
lors de la crise des otages à l’ambassade américaine). En juin 1981, le président et
commandant en chef des forces iraniennes, Abolhassan Banisadr, déjà mentionné, a été démis
de ses fonctions. Et à partir de septembre 1981, les Iraniens ont lancé une contre-offensive
qui, l’été suivant, a conduit les Irakiens à abandonner les positions conquises jusqu’alors.
À ce stade, face à une défaite évidente, Saddam se déclara prêt à négocier un cessez-le-feu,
mais l’Iran (qui avait entre-temps acquis une grande confiance) commença à exiger des
conditions excessives, telles que la destitution du régime baasiste lui-même. Ainsi, en juillet
1982, les dirigeants militaires de la République islamique, faisant leur le mot d’ordre
khomeyniste qui considérait la libération de Bagdad comme indispensable à la libération de
Jérusalem, ont choisi d’avancer en territoire irakien pour pousser au renversement du Raïs.
Cependant, malgré le choix d’orienter l’offensive vers une région à majorité chiite (afin de
déclencher un soulèvement populaire contre Saddam), celle-ci n’obtint pas de résultats
particulièrement décisifs, conduisant à une impasse substantielle du conflit qui allait se
prolonger pendant plusieurs années (à l’exception de quelques succès importants de l’Iran en
1986) à la consternation de la « communauté internationale », incapable de réagir même face
aux attaques contre les civils (bombardements aveugles sur les villes iraniennes, sans
objectifs militaires particuliers) et à l’utilisation répétée d’armes chimiques par les forces de
Saddam.
À cet égard, il est intéressant de noter que l’ONU, bien qu’elle ait condamné l’utilisation
d’armes chimiques dans le conflit dans plusieurs résolutions, malgré les preuves de leur
utilisation par les troupes irakiennes, n’a jamais fait ouvertement référence à l’Irak (en raison
du soutien inconditionnel, ou presque, dont bénéficiait le régime de Saddam dans de
nombreux pays occidentaux, des États-Unis à la France). Cette dernière, en particulier, a joué
pendant toute la durée du conflit, avec l’URSS, le rôle de principal fournisseur d’armes (y
compris de haute technologie) à l’Irak.
En ce qui concerne les États-Unis, il convient toutefois d’ouvrir une brève parenthèse, car à la
même époque, ils étaient engagés à la fois dans la fourniture d’armes au djihad antisoviétique
en Afghanistan et en Amérique latine pour contrer les forces « communistes » au Nicaragua,
au Salvador et en Colombie. La « doctrine Carter » prévoyait en outre une intervention
directe des États-Unis dans le golfe Persique uniquement en cas de menace contre un allié des
États-Unis ou contre les intérêts directs des États-Unis dans la région. Les événements qui ont
conduit à la révélation du scandale Iran-Contra et à l’opération par laquelle Washington a
fourni des armes et des pièces de rechange à l’Iran (soumis à un embargo), investissant les
recettes dans le soutien aux groupes paramilitaires réactionnaires et anti-sandinistes au
Nicaragua, sont bien connus. Cette opération n’avait toutefois aucune connotation
idéologique particulière. L’objectif des États-Unis était simplement de prolonger le conflit le
plus longtemps possible afin de pouvoir ensuite profiter des résultats en termes de conquêtes
hégémoniques face à deux pays à genoux. L’ancien secrétaire d’État Henry Kissinger, par
exemple, interrogé sur le sujet, a déclaré que le résultat idéal du conflit serait la défaite des
deux parties. En fait, sur la base de ces considérations, les États-Unis ont sciemment soutenu
les deux parties (même si la balance penchait du côté irakien) : ils ont soutenu l’Iran lorsque
l’Irak attaquait et ont aidé l’Irak lorsque c’était au tour de l’Iran de passer à l’offensive.
Le soutien caché à l’Iran dans l’affaire Iran-Contras (d’ailleurs très limité) était en outre
extrêmement ambigu. D’une part, cela violait le caractère officiel de l’opération Staunch
visant à tarir le flux d’armes vers l’Iran (avec l’aide de la Chine, de la Corée du Nord, de la
Syrie, de la Libye et même d’Israël, pour la simple raison que ce dernier percevait l’Irak
comme une menace réelle pour son hégémonie dans le Proche-Orient), et d’autre part, elle
avait pour objectif précis de fournir à l’Iran des informations de renseignement falsifiées afin
de décourager ou de faire échouer dans l’œuf toute offensive potentielle susceptible de
modifier la situation sur le front.
Enfin, à partir de 1986, les États-Unis ont établi une ligne directe avec Bagdad, fournissant
aux militaires baasistes les coordonnées et les mouvements des troupes iraniennes sur le
terrain. Dans le même temps, la CIA et le Pentagone ont encouragé les dirigeants baasistes à
intensifier leurs attaques contre des cibles économiques et civiles iraniennes (en particulier
les zones résidentielles des centres urbains et les navires marchands). Ainsi, au cours de cette
phase de la guerre, passée à la postérité sous le nom de « guerre des pétroliers », l’Irak
pouvait frapper impunément les navires iraniens, tandis que toute riposte iranienne était
toujours contrée par la marine américaine qui, à partir de 1987, en est venue à déployer une
flotte massive dans le golfe Persique. Pour preuve, le 17 mai 1987, une attaque à la roquette
irakienne frappa l’USS Stark, causant la mort de 37 membres d’équipage. L’Irak s’excusa
immédiatement pour cet incident et, paradoxalement, les États-Unis utilisèrent cet événement
pour accuser l’Iran de la recrudescence du conflit dans la région. Le 14 avril 1988, la frégate
américaine Samuel Roberts a heurté une mine. Les États-Unis ont utilisé cet événement pour
lancer l’opération « Prayer Mantis ». Celle-ci avait pour objectif de provoquer la flotte et les
navires iraniens afin qu’ils sortent à découvert en haute mer pour pouvoir les frapper
facilement grâce à la supériorité technologique et à la puissance de feu de la flotte
américaine. En réalité, l’ampleur des attaques américaines contre la flotte iranienne fut
extrêmement importante.
Enfin, toujours en ce qui concerne l’implication directe des États-Unis dans le conflit, il ne
faut pas oublier l’épisode de la destruction de l’Airbus Iran Air, avec 290 civils à bord, alors
qu’il effectuait un vol régulier entre Bandar Abbas et Dubaï, le 3 juillet 1988. À propos de cet
incident, le commandant de l’USS Vincennes (le navire d’où a été lancé le missile, qui se
trouvait d’ailleurs dans les eaux territoriales iraniennes) a déclaré avoir donné l’ordre de faire
feu en pensant qu’il s’agissait d’un avion de combat de Téhéran. Cependant, comme l’ont
également confirmé les contrôleurs aériens de Dubaï, l’avion était en train de prendre de
l’altitude. Il ne pouvait donc pas constituer une menace pour le navire américain, auquel il
s’était d’ailleurs identifié. Malgré cela, après que l’administration Reagan eut donné des
explications sommaires, trompeuses et autoconsolatoires, le commandant américain fut
récompensé par une médaille pour ses « mérites » sur le terrain.
Quoi qu’il en soit, la guerre prit fin officieusement le 18 juillet 1988, lorsque le président
iranien de l’époque (l’actuel Guide suprême Khamenei), à l’invitation de Khomeini, a accepté
la résolution 598 de l’ONU et le cessez-le-feu à un moment où l’Iran se trouvait en grande
difficulté, avec peu d’armes à sa disposition (dans un isolement international total), dans une
situation économique grave et sous la pression de l’agressivité nord-américaine dans le Golfe.
De son côté, deux ans après le cessez-le-feu et deux semaines après l’invasion du Koweït par
l’Irak, Saddam Hussein a proposé de mettre définitivement fin au conflit en se déclarant prêt à
accepter à nouveau les protocoles d’Alger de 1975 (signés par le Shah, qui définissaient les
frontières entre les deux États). Une offre qui sonnait comme une sorte d’aveu de défaite au
moment où l’Irak était trahi par les monarchies du Golfe qui l’avaient soutenu dans sa
campagne destructrice contre l’Iran.
Celles-ci, en particulier, avaient soutenu l’effort de guerre par crainte que l’affirmation de la
révolution islamique en Iran ne déclenche un effet domino dans toute la région. Cependant,
l’idée même que Khomeini voulait exporter le modèle révolutionnaire iranien à toute la
région (et que l’Iran aspire encore secrètement à ce projet) apparaît comme un autre des «
mythes occidentaux » sur la République islamique. Ce projet, s’il a jamais existé, a dû se
heurter immédiatement à la réalité de la guerre imposée par l’Irak, qui a rapidement coupé
l’herbe sous le pied de toute aspiration iranienne potentielle. C’est en effet à la même période
que remonte l’échec du Hezbollah al-Hijaz en Arabie saoudite ; tandis que le Hezbollah
libanais n’a jamais eu pour objectif d’établir un « État islamique » à Beyrouth (ce qui est en
soi impossible dans une réalité multiconfessionnelle). Les Houthis yéménites mériteraient
une discussion à part, dont la doctrine zaydite sur l’imamat présente toutefois peu de points
communs avec le khomeinisme, à l’exception de l’accent mis sur la justice sociale et le
soutien aux opprimés. L’Iran a d’ailleurs choisi de soutenir ouvertement leur cause
relativement récemment (après 2011).
Aujourd’hui, en revanche, le principal instrument de la géopolitique de Téhéran, le soi-disant
« Axe de la Résistance », se présente comme une force éminemment défensive et jamais
offensive. En effet, son rôle, dans la vision de Qassem Soleimani, était (et est toujours) de
protéger la République islamique sur plusieurs lignes de défense (dont beaucoup ont disparu,
comme dans le cas de la Syrie) et de représenter une sorte de réserve stratégique pour
Téhéran en cas de conflit prolongé avec Israël.
En conclusion, il convient d’aborder la question du velayat-e faqih : le gouvernement du
jurisconsulte en tant que principe sur lequel repose la Constitution de la République
islamique d’Iran. Beaucoup en Occident ont tendance à l’identifier comme une invention
khomeyniste, notamment pour inclure le khomeynisme lui-même dans le vaste cercle de
l’islamisme politico-radical du XXe siècle. En réalité, la question est beaucoup plus complexe
; et le « gouvernement du jurisconsulte » n’est en aucun cas une invention de Khomeini ou
une déformation de la doctrine théologique classique du chiisme.
En effet, celle-ci s’est historiquement divisée en une école quietiste qui voyait la religion
soumise au pouvoir politico-militaire et une école activiste qui a souvent revendiqué le rôle
de guide de la société par les religieux. Par exemple, l’éminent théologien chiite Ibn al-
Mu’allim (mieux connu sous le nom de Shaykh al-Mufid, qui a vécu entre le Xe et le XIe
siècle) rapporte : « Tant qu’il n’y a pas de sultan juste [à comprendre comme l’imam du
temps] pour gérer ce qui a été mentionné dans ces sections de la jurisprudence, il appartient
au mujtahid [expert en droit] véritable et juste, qui est également intelligent et vertueux, de
gouverner ce dont le sultan juste était responsable ». De même, le juriste et théologien persan
Shaykh Tusi (996-1067), fondateur du séminaire religieux de Najaf, a mentionné dans ses
écrits, en particulier dans « Nihayah », que le juriste a des droits sur les fondements les plus
importants de la société, ce qui signifie qu’il a le droit de rendre des verdicts, d’appeler à la
guerre, de juger et d’appliquer les peines. Dans le même ordre d’idées, on retrouve le juriste
Ibn Idris al-Hilli (XIIe siècle) et Allamah al-Hilli (1250-1325), autre juriste et théologien
important, ainsi que Shaykh Murtada Ansari. Les opinions du juriste de l’époque safavide
Muhaqqiq al-Thani et du grand penseur et mystique Mulla Sadra (1572-1641) ne sont pas
moins importantes. Le premier a déclaré : « Les juristes et les érudits chiites imamites
s’accordent sur le fait qu’un jurisconsulte juste, qui remplit les conditions pour rendre des
verdicts et est accepté comme mujtahid dans la loi religieuse, est le représentant des imams
pendant la dissimulation pour tout ce qui peut être représenté ». Le second (qui a
manifestement influencé la pensée de Khomeini à plusieurs niveaux) a déclaré : « Il est
nécessaire qu’il y ait à tout moment un gardien (wali) chargé de préserver (qaim) le Coran
dont il connaît les secrets (asrar) et les mystères (rumuz), afin de pouvoir l’enseigner aux
fidèles et guider ceux qui reçoivent la guidance, et perfectionner les âmes de ses disciples et
partisans craignant Dieu, et illuminer leurs cœurs avec la lumière de la connaissance ».
Il s’ensuit que décrire le velayat-e faqih comme une invention khomeiniste apparaît, une fois
de plus, comme une véritable mystification. Tout au plus pourrait-on discuter de la manière
dont Khomeini a appliqué un concept propre à la tradition théologique chiite à la réalité
contingente de l’Iran post-révolutionnaire. Mais dans ce cas, il faudrait une étude approfondie
de la Constitution de la République islamique, qui se présente comme une combinaison
d’instances séculières et d’autres principalement religieuses et comme le produit inévitable
des différentes âmes du mouvement révolutionnaire.
Il est tout aussi mystificateur de considérer le courant chiite de l’islam comme une sorte de
culte de la mort qui trouve son origine dans le sacrifice de l’imam Hussein à Kerbala en 680
après J.-C. Là encore, il faudrait un traité de théologie pour pouvoir simplement esquisser la
théologie chiite sur ce sujet. Nous nous contenterons ici des paroles de Hassan Nasrallah (le
chef du Hezbollah assassiné par Israël en septembre 2024) à propos de la mort au combat de
son fils : « Mon fils n’a pas été tué alors qu’il traînait dans la rue. Il affrontait l’ennemi, une
arme à la main, marchant vers le front avec détermination et confiance en lui, inspiré par le
désir de détruire l’ennemi. Sa mort n’est pas une victoire pour Israël, mais une victoire pour
le Hezbollah. Nous sommes fiers de cette mort […] Je mentirais si j’essayais de vous faire
croire que la mort de mon fils ne fait pas mal, mais il faut voir les choses ainsi : il est mort en
martyr, et c’est la plus grande joie qu’un père puisse éprouver […] nous croyons en Dieu et,
selon notre croyance, les martyrs commencent une nouvelle vie, bien meilleure, au paradis.
Ils ont une place spéciale auprès de Dieu ».
La meilleure façon d’être européen est de s’intéresser à l’Orient : Il s’agit non d’imposer à l’Occident une tradition orientale, dont les formes ne correspondent pas à sa mentalité, mais de restaurer une tradition occidentale avec l’aide de l’Orient. Explications :
Un intérêt puissant s’attache à l’histoire des anciens Perses.
« Ancêtres de la race Aryenne, dont nous sommes les descendants, ils ont joué un rôle immense dans l’évolution religieuse de l’humanité. Les Ecritures saintes ont fait de leur pays, l’antique Iran, le berceau de l’humanité. »
Nous n’admettons pas ces fables, mais nous affirmons cependant que cette race a eu une influence considérable sur la première civilisation humaine. Nous avons à en chercher la source.
Aussi, nous allons trouver bien des surprises, c’est-à-dire des explications qui renversent totalement les vieux mensonges historiques auxquels on s’était habitué.
Le Livre sacré des anciens Iraniens est l’Avesta, un ouvrage d’une importance capitale.
Il était totalement inconnu de l’Europe pendant le Moyen Âge.
C’est Anquetil-Duperron qui le fit connaître à la France. Il partit de Paris en 1755 et, après toutes sortes d’aventures, y revint en 1762 avec les manuscrits qu’il avait obtenus des Destours (docteurs) Darobs et Kaous.
Ce ne fut pas sans peine qu’il trouva les possesseurs des livres fameux qu’il cherchait. Les derniers sectateurs, obligés d’émigrer après la destruction de leur religion par les Arabes au VIIème siècle, étaient allés se réfugier dans la presqu’île de Guzerate, sur la côte occidentale de l’Inde. Ils avaient, naturellement, emporté avec eux leurs Ecritures, qu’ils gardaient précieusement et secrètement, c’est-à-dire qu’ils ne les communiquaient pas au peuple ni aux ennemis de leur religion.
Ce fut à grand peine qu’Anquetil-Duperron parvint à obtenir d’eux que les livres lui soient communiqués. Mais ils refusèrent de livrer les manuscrits et consentirent seulement à les dicter. Ces anciens Mazdéens sont connus, aujourd’hui, sous le nom de Parsis ou Guèbres.
Les Parsis remplacent souvent le mot « Avesta » par le mot « Dîn » qui signifie Loi en zend (Dîn fait Dîna et Diana), et l’expression « Daena Avesta » serait synonyme de Diana.
Diana a donc signifié la Loi avant d’être le surnom d’une Déesse. (Comme la loi d’Israël, Ha-Thora, est devenue le surnom de la Déesse Hathor, c’est-à-dire Myriam, qui en fut l’auteure).
La loi d’Ahoura, « l’esprit Lumière de Diana », paraît constituer le fond du Vendidad.
Diodore de Sicile assure que Diane était singulièrement honorée chez les Perses et que ces « barbares » célébraient encore de son temps, en son honneur, les mêmes mystères dont elle était l’objet chez les autres nations.
Le surnom de Diana est « Aryane ». Rappelons que le terme « Aryas » désigne les Hindous et les Perses, dans les livres de l’Inde. On dit « Airyas » dans les livres de la Perse.
Déjà le nom d’Aryana signifiait « jour », « lumière » ; si on le décompose, on trouve que la terminaison ana signifie ancien et que c’est pour cela qu’elle représente la « lumière ancienne », la science primitive.
Souvent le mot Aryane est remplacé par le mot « Ariadne ».
Pourquoi ?
Nous avons dit que cette histoire allait nous réserver des surprises et que nous allions voir la lumière descendre du Nord. En effet, Ariadne est une corruption du nom de la Déesse celtique Arduina qui donna son nom aux Ardennes.
Les Bouddhistes ont dans la pagode de Jikadzé, ville proche de Tashilunpo (Petit Tibet), sept statues qui toutes s’appellent « Erdeni » (traduction de Arduina).
NB : Les souvenirs lointains de l’histoire de l’Iran nous disent qu’il y eut autrefois dans ce pays une race de créatures appelées « Dives ». Cette race était regardée comme excellente et supérieure, puisque son nom, resté dans les langues, a servi à désigner l’Etre suprême et le don de l’Esprit le plus élevé. Ce nom renferme tout ce que, aujourd’hui encore, les hommes admirent et honorent le plus sur la Terre.
Rappelons que Rabelais parlait d’une « Dive bouteille ».
Les hauts faits des Dives, leurs qualités, les mettaient au-dessus des hommes (mais non au-dessus de la Femme). Les Arabes leur donnent le nom commun de « Jin » (racine du mot femme en grec, « gyn », « gun », « gunè »). Le pays habité par ces « Jin » se nommait « Ginnistan » (selon les mages) ; c’était le séjour des « fées ».
Si on a fait des « Dives » une espèce distincte, ce n’est pas parce qu’elles sont surnaturelles, c’est parce qu’elles sont surmasculines. Mais toute cette félicité ne devait pas durer. Quand l’homme a pris la première place dans le monde, son orgueil a tout embrouillé, il a mis alors dans l’espace ce qui le dépassait en sagesse et en esprit. C’est ainsi que les Dives sont devenues des Êtres surnaturels, mais aujourd’hui le surnaturel s’évanouit devant l’histoire réelle.
Chez les Perses, l’assemblée des sages s’appelait le « Divan ». Ce mot répond à celui de « Conseil » dans les temps modernes.
Le mot « Divan » signifie aussi un recueil d’ouvrages, de poésies, une source d’instruction donnée par les « Dives ».
Le mot Divan, qui sert aussi et encore chez les Arabes, les Turcs et les Persans, à désigner des recueils littéraires qui renferment les œuvres de certains auteurs (le Divan de Hafiz, de Djalāl ad-Dīn Rûmî, etc.), est un mot resté dans les langues, mais il sert bien plus, aujourd’hui, à désigner un siège allongé sur lequel on se couche qu’à désigner un livre sacré.
En effet, ce mot, « Divan », dérivé du mot Sanscrit « Dêvâ » (anagramme du mot « Véda », le grand Livre sacré des Hindous) qui signifiait la « Femme lumière », la « Femme Esprit », ou « Diva » (la Déesse), employé pour désigner le livre, est resté comme une ironie : la Dêvâ tombée, avilie, est devenue le Divan.
Autre exemple : Le Christos mystique, l’Être sacré, prend, dans la doctrine des premiers Chrétiens gnostiques, le nom de « Sophia », la sagesse féminine. Or le mot « Sophia » eut le même sort que le mot « Divan ». Après avoir désigné la Femme dans sa suprême sagesse, il arriva à désigner le meuble sur lequel l’homme aimait à la voir étendue, le « sopha » ou « sofa ».
Mais les femmes ne se laissaient pas attaquer sans répondre. On leur attribue l’idée de donner à ce meuble un autre nom : « canis pedes » (d’où canapé), « chien à mes pieds » (d’après Fabre d’Olivet, « Les Vers dorés »).
La psychologie, qui est la clef de l’histoire, nous donne encore bien d’autres lumières.
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