Comment l’Allemagne diffuse dans l’Union Européenne l’idéologie du « national-globalisme »

Source : 1 decembre – Edouard Husson – 1 décembre 2025

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Je tiens Pierre-Emmanuel Thomann pour l’un des excellents connaisseurs français de l’Allemagne et, incontestablement, notre meilleur analyste universitaire des questions géopolitiques. C’est pourquoi je suis heureux de publier, avec son autorisation, ce texte. Quand j’ai testé auprès de lui le concept de “national-globalisme” ; Pierre-Emmanuel m’a envoyé l’article que vous allez lire ci-dessous. Il y explique l’origine de cette étrange combinaison, “une hydre à deux têtes, l’une globaliste, l’autre revanchiste”. comme il la définit parfaitement.

ARTICLE

Union européenne : du « patriotisme constitutionnel » au « patriotisme géopolitique », la naissance d’une hydre à deux têtes, l’une globaliste, l’autre revanchiste.

Pierre-Emmanuel Thomann – Géopolitologue

Afin de renforcer l’adhésion des citoyens au projet européen et faire émerger un « patriotisme européen » et une affectio societatis européenne, l’UE se repose sur deux courants idéologiques à l’origine contradictoires mais qui fusionnent aujourd’hui : l’idéologie postnationale issue du concept de « patriotisme constitutionnel » et une « Europe géopolitique » antirusse, sorte de « patriotisme géopolitique ». Ces deux courants sont issus de la Querelle des historiens allemands dans les années 80 où une équivalence entre l’URSS et l’Allemagne nazie a été conceptualisée (par les historiens de droite dont l’historien Ernst Nolte) afin de réhabiliter le nationalisme allemand en opposition avec les intellectuels de gauche faisant la promotion d’une Allemagne et une Europe postnationale (Jürgen Habermas). Ces deux notions fusionnent aujourd’hui avec le slogan d’une « Europe géopolitique » (terme de Ursula von der Leyen) contre la Russie et la promotion du globalisme euro-atlantiste postnational (intégration de l’UE avec démocratie libérale, multiculturalisme, immigrationnisme, société ouverte). En conséquence, L’UE devient un monstre, une hydre à deux têtes défendant des idéologies extrêmes nées en Allemagne : le nouveau nationalisme allemand antirusse basé sur une équivalence URSS-Allemagne nazie et l’idéologie postnationale européiste. Ces concepts sont évidemment complémentaires des objectifs géopolitiques anglo-saxons pour diviser l’Eurasie et abouti à la sous-traitance géopolitique de Washington par l’UE. Mais ces deux notions issues du débat allemand vont s’entrechoquer à nouveau et provoquer une crise européenne entre nationalistes et européistes universalistes

Afin de créer un sentiment de loyauté envers la construction européenne, une affectio societatis européenne, l’Union européenne (UE) se repose aujourd’hui sur un alliage de deux courants idéologiques pour faire émerger un patriotisme européen[1] : la doctrine post-nationale et plus récemment l’ « Europe géopolitique » censée protéger les Etats-membres et les citoyens contre une prétendue menace russe, donc une sorte de nouveau « patriotisme géopolitique européen ».

L’idéologie post-nationale et le nouveau “patriotisme géopolitique”

La doctrine postnationale de l’UE suppose le dépassement des Etats-nations par la suppression du patriotisme enraciné dans les nations, qu’il soit à dominante républicaine et territoriale ou d’ordre ethnoculturel, et son remplacement par une loyauté aux normes de gouvernance universelles (démocratie -droits de l’Homme) qui dissocie citoyenneté et identité nationale territoriale. Cette doctrine est en grande partie l’héritière du concept allemand de « patriotisme constitutionnel ». Le «patriotisme constitutionnel » est une doctrine qui propose de remplacer le patriotisme classique envers la nation par le développement d’un attachement à la Loi Fondamentale allemande et ses valeurs universelles (la constitution allemande) selon une vision postnationale).

Plus récemment, une « Europe géopolitique », qui protégerait les citoyens contre une menace russe, a été formulé par la présidente de la Commission européenne, l’Allemande Ursula Von der Leyen[2]. Selon cette nouvelle représentation, la Russie est érigée en menace et ennemi principal de l’UE à l’occasion de l’aggravation de la guerre en Ukraine, tandis que la Russie, héritière de l’URSS, est placée sur le même plan que l’Allemagne nazie, selon une relecture et falsification de l’histoire

Ces représentations idéologiques et historiques véhiculées par l’UE sont en réalité ainsi largement issues de représentations allemandes. Elles ont émergé dans le cadre de la redéfinition de l’identité nationale allemande après la chute de l’Allemagne nazie et plus récemment la réunification, selon un processus de relecture de l’histoire transféré à l’UE. Le concept de « patriotisme constitutionnel » est d’abord un produit de l’occidentalisation de l’Allemagne, avec l’adoption par les Allemands, après leur capitulation en 1945, de la démocratie libérale d’inspiration américaine, donc une américanisation, mais aussi les notions universelles issues de la révolution française, dans le contexte d’une dénazification de l’Allemagne exigé par les Alliés. Ce processus s’est réalisé dans le cadre du choix géopolitique délibéré de Konrad Adenauer, premier chancelier de l’Allemagne occidentale d’après-guerre, d’ancrer la République fédérale allemande à l’Ouest (Westernisierung), afin d’éviter tout nouveau basculement d’alliance de l’Allemagne entre Est et Ouest et faire face à la menace soviétique, l’Allemagne de l’Est étant déjà sous contrôle de l’URSS.[3]

Cette occidentalisation de l’Allemagne a ensuite ouvert la voie aux idées du philosophe allemand Jürgen Habermas, qui estimait que la République Fédérale d’Allemagne était particulièrement propice au développement d’une vision post-nationale en raison de son passé nazi, son ouverture à l’Occident, la partition du pays et une situation socio-économique favorable. Afin de solidifier ce nouveau système, le « patriotisme constitutionnel », selon Jürgen Habermas[4] était nécessaire pour surmonter le nationalisme allemand, intégrer les migrants dans une société ouverte, multiculturelle et libérale et favoriser l’intégration européenne en développant une conscience post-nationale dans la mondialisation car une identité européenne assumée serait nécessaire pour renforcer l’Europe en interne et sur la scène mondiale

Si le « patriotisme constitutionnel » avait pour objectif principal de débarrasser l’Allemagne et l’Europe de son atavisme nationaliste, la notion plus récente d’« Europe géopolitique » cherche à fonder une nouvelle loyauté européenne ancrée dans l’hostilité à la Russie suite à l’aggravation de la crise en Ukraine qui oppose la Russie à l’axe Washington-OTAN-UE-Kiev. La doctrine d « Europe géopolitique », du point de vue idéologique, a aussi émergé à l’issue d’un processus de relecture de l’histoire plus ancien qui a consisté à relativiser le nazisme par la mise sur le même plan l’URSS et l’Allemagne nazie, afin de faciliter le retour d’un patriotisme national allemand. La première étape de relecture de l’histoire a donc ouvert la voie à la promotion d’une « Europe géopolitique » qui se construit aujourd’hui contre la Russie.

La “Querelle des Historiens”, matrice du « patriotisme constitutionnel » et de l’ « Europe géopolitique » antirusse

Or la notion de loyauté européenne à un système post-national ancrée dans les valeurs universelles et libérales, héritière de la doctrine du « patriotisme constitutionnel », mais aussi l’ « Europe géopolitique » antirusse que porte l’UE actuelle sont des notions qui se sont épanouies dans un contexte historique particulier en Allemagne, la « Querelle des Historiens » (Historikerstreit, 1986-87).

La « Querelle des Historiens » est une période où les historiens allemands se sont violemment déchirés entre deux extrêmes idéologiques à la fin des années 1980 en Allemagne de l’Ouest. Cette polémique a opposé des historiens conservateurs pour qui l’assassinat des Juifs était issu d’une évolution du régime nazi causé par l’invasion de l’ex-URSS et les intellectuels de gauche comme Jürgen Habermas, qui ont souligné l’intentionnalité du génocide des Juifs, qui aurait été planifié avant la Seconde Guerre mondiale. Du point de vue de la géopolitique identitaire, ce débat a opposé les historiens de droite qui avaient entrepris la réhabilitation de l’identité nationale à partir de la relativisation des crimes du passé nazi (en établissant une équivalence Allemagne nazie et URSS) et les intellectuels de gauche qui ont entrepris une critique fondamentale du nationaliste allemand et la promotion d’une Allemagne postnationale[5].

Les historiens de droite, dont Ernst Nolte était le chef de file, avaient pour objectif de faciliter le retour d’un patriotisme allemand et mettre un terme à la repentance allemande conceptualisant une équivalence entre l’URSS et l’Allemagne nazie, Dans le camp opposé, Jürgen Habermas et des intellectuels de la gauche allemande se sont opposés à la relecture de Nolte, car ils ont considéré que à la suite du rejet du nazisme, la Loi Fondamentale allemande et ses valeurs universelles étaient le fondement définitif de la nation allemande et un « patriotisme constitutionnel » selon Jürgen Habermas devait solidifier cette nouvelle loyauté (Verfassungspatriotismus, patriotisme consitutionnel).

L’UE comme lieu d’une synthèse hégélienne

Dans le milieu des années 90, Cette notion de « patriotisme constitutionnel » avait attiré beaucoup d’intérêt dans les institutions l’UE, notamment à la cellule de prospective de la Commission européenne sous la présidence de Jacques Delors (qui a quitté la Commission en 1995)[6]. Dans le contexte des défis posés au projet européen par la réunification allemande, le retour potentiel de la question allemande et la préparation de l’UE aux futurs élargissements, le « patriotisme constitutionnel » était considéré comme un concept susceptible de favoriser la loyauté des citoyens au processus d’intégration européenne et la fédéralisation de l’Europe, afin de dépasser l’Etat-nation, qui semblait être un carcan incapable de faire face aux défis internes et externes, mais aussi favoriser une Allemagne européenne, et non pas une Europe allemande.

Aujourd’hui, on ne parle plus de « patriotisme constitutionnel » dans la communication politique, d’autant plus que le projet de constitution européenne proposée en 2004 a été rejeté par la France et les Pays-Bas en 2005. Toutefois, l’idée de dépassement du patriotisme traditionnel construit sur des bases nationales (patriotisme à tendance républicaine et territoriale en France) ou ethnoculturelles (en Allemagne) demeure et s’est mué en promotion du globalisme hors sol et de son modèle de démocratie libérale communautariste et immigrationniste d’inspiration américaine. Ce modèle entre en contradiction avec le retour politique actuel progressif à l’enracinement national que l’on rejette à Bruxelles comme un dangereux national-populisme ou extrémisme de droite.

De son côté, le slogan d’ « Europe géopolitique », fondamentalement antirusse et introduit par l’UE est plus récent. Il coïncide avec l’aggravation de la question ukrainienne. Il a aussi émergé à partir de la relecture de l’histoire aboutissant à une équivalence entre l’Allemagne Nazie et l’URSS, qui facilite l’émergence de la représentation d’une Russie ennemie de l’Europe et justifie à son tour l’ « Europe géopolitique ».

L’histoire est aussi falsifiée et réécrite car elle est le résultat d’un désaccord fondamental sur l’ordre mondial futur et devient une arme de guerre cognitive dans la rivalité géopolitique entre puissances. L’UE s’accorde avec Washington sur la relecture de l’histoire contre la Russie. La disparition de l’URSS a marqué l’effondrement de l’ordre bipolaire après la Seconde guerre mondiale qui avait été marqué par la stabilité en Europe et l’Occident a cru qu’il imposerait ensuite définitivement son hégémonie unipolaire. Toutefois ce projet a échoué au profit de l’émergence d’un ordre plus équilibré. L’Occident américanisé a commencé à s’affaiblir et la Russie, comme à d’autres périodes de l’histoire, a retrouvé son rôle géopolitique central dans le façonnement de l’ordre mondial (guerres napoléoniennes, Seconde Guerre mondiale, Guerre froide et, aujourd’hui, nouvelle rivalité géopolitique des grandes puissances avec la Russie comme promoteur de la multipolarité). L’Occident, sous direction américaine, pour enrayer l’émergence d’un nouvel ordre mondial plus équilibré, essaie de compenser la relativisation de sa puissance par une guerre cognitive contre les promoteurs du monde multipolaire, la Russie en particulier, héritière de l’histoire glorieuse de l’URSS lors de la Seconde Guerre mondiale, afin de lui nier toute légitimité à façonner le nouvel ordre mondial comme après 1945. La Russie, héritière de l’URSS, étant redevenue le centre de gravité géopolitique d’un ordre mondial en mutation vers la multipolarité, elle devient la cible de la guerre cognitive et la falsification de l’histoire par les puissances qui refusent le nouvel ordre mondial plus équilibré.

La stratégie de l’Allemagne

Alors que l’on se focalise généralement sur la rivalité entre les Etats-Unis et la Russie, l’angle mort de ce processus est la rivalité géopolitique entre l’Allemagne et la Russie. L’Allemagne dans son expansion nationale vers l’Eurasie, en synergie avec les Etats-Unis pour l’élargissement de l’UE et de l’OTAN, a besoin de discréditer la Russie, pour justifier son ambition de chef de file de la nouvelle Mitteleuropa (Europe Centrale), dans le cadre de la nouvelle « Europe géopolitique » de Ursula Von der Leyen. L’Allemagne réunifiée se coule dans la Grande Stratégie géopolitique de conception anglo-saxonne pour le contrôle du Rimland (le croissant intérieur de la théorie de Mackinder, qui )permet aux puissances maritimes de contrôler le “Heartland” ou territoire du cœur de l’Eurasie) , tout en défendant ses propres priorités géopolitiques dans les limites des priorités de Washington[7].

Le détachement de l’Ukraine de la Russie ainsi que la poursuite de l’élargissement de l’UE et l’OTAN, dans les Balkans occidentaux et l’ex-URSS sauf la Russie, sont des outils de cette géopolitique pour la constitution d’une Mitteleuropa militaire sous sa direction comme nation cadre à l’OTAN et chef de file d’un UE militarisée.

L’Allemagne a ainsi besoin de la justification de la menace russe pour favoriser le retour de la puissance militaire allemande. Les idéologies changent, mais les tropismes géopolitiques demeurent. Sur les temps plus longs de l’histoire, en accordance avec ses tropismes géopolitiques, l’objectif de Berlin sous le régime nazi était déjà de s’emparer de l’Ukraine en prolongement des plans pangermaniste d’extension du Lebensraum (espace vital) de l’Allemagne[8]. Aujourd’hui la représentation géopolitique dominante en Allemagne est celle d’une occidentalisation de l’Ukraine, c’est à dire son orientation vers l’espace euro-atlantique selon les priorités germano-américaines.

A l’échelle de l’Union européenne, les idéologues de l’Europe fédérale et intégrée dont le projet est contesté par les peuples cherchent également un nouvel élan en cherchant à fabriquer un ennemi commun, la Russie, en se positionnant pour une « Nouvelle Guerre froide », nouvelle représentation promue par ses promoteurs, dans le sillage de l’ancienne.

On observe aussi le transfert de cette relecture de l’histoire issue de la “Querelle des Historiens” en Allemagne, aux pays d’Europe centrale et orientale qui ont trouvé un moyen de d’exprimer leur hostilité de nature revanchiste vis-à-vis de la Russie dans le cadre de leur propre processus d’occidentalisation en phase avec l’élargissement de l’OTAN et l’UE. Il s’agit aussi de relativiser pour certains pays de leur alliance dans le passé avec l’Allemagne nazie afin de se trouver du bon côté de l’histoire en la falsifiant, L’élargissement de l’UE aux pays d’Europe centrale, a amplifié cette relecture de l ’histoire, notamment avec la Pologne et les pays Baltes.

L’UE : nouvelle hydre à deux têtes, l’une revanchiste, l’autre globaliste

Ce retour historique est fondamental, car il est le ferment de la dérive actuelle, d’un côté cette équivalence entre URSS et Allemagne nazie qui permet de justifier la menace russe (car la Russie ne s’est pas occidentalisée comme l’Allemagne) et ce projet européen d’essence globaliste et post-nationale. Ces deux notions, alors qu’elles étaient opposées dans les débats à l’occasion de la Querelle des Historiens, forment aujourd’hui une synthèse empruntant le pire des deux concepts extrêmes dans la tentative de l’UE de construire une nouvelle identité européenne. En résumé, ce processus se base donc à la fois sur une falsification de l’histoire et la relativisation et réhabilitation du nazisme, notamment face à la Russie et la défense de l’Europe globaliste, basée sur un universalisme globaliste américanisé.

Si on ne parle plus explicitement de patriotisme constitutionnel dans l’UE, l’évolution de l’idéologie européiste actuelle trouve pour une grande part ses racines dans les contradictions des années de questionnement à propos de l’identité allemande. Ce n’est pas un hasard car l’UE est désormais pilotée par l’Allemagne, puissance centrale européenne qui se repositionne en se basant sur la synthèse des courants géopolitiques idéologiques extrêmes qui la traversent.

Nous sommes face à l’émergence d’un monstre européen à deux têtes, une hydre bicéphale, dont l’une des têtes porte la tentative de faire émerger un nationalisme européen fondamentalement révisionniste et revanchiste contre la Russie et l’autre tête un globalisme hors sol.

L’UE est ainsi complémentaire de l’OTAN avec son alliance privilégiée avec les Etats-Unis (héritage de la posture allemande de Konrad Adenauer) par conséquent, ennemie de la Russie. Pour les autres Etats membres de l’UE, L’unification allemande et l’Europe allemande ne sont acceptables que dans un ensemble plus large, l’espace euro-atlantique, c’est à dire l’Europe germano-américaine pour éviter une hégémonie allemande trop pesante.

Hydre à deux têtes, l’une revanchiste contre la Russie, l’autre globaliste, l’UE fait ainsi la promotion d’une unipolarité occidentalo-centrée et exclusive et se mue en technocratie euro-mondialiste oligarchique, sectaire et dogmatique, dérivant vers l’autoritarisme européiste. Cette évolution empêche tout ancrage du projet européen dans l’héritage civilisationnel européen au sein de la multipolarité mondiale. Cette dérive, en totale opposition avec les représentations russes, est au cœur de la crise géopolitique actuelle en Europe qui dépasse les enjeux strictement géostratégiques, avec une dimension “géoidéologique” profonde.

Les impasses du patriotisme constitutionnel et de ses avatars de la démocratie libérale hors sol

Le « patriotisme constitutionnel » évoque un sentiment d’appartenance fondé non plus sur une identité territoriale et culturelle commune mais sur des principes constitutionnels à caractère universel. Cette nouvelle forme d’allégeance est donc spécifiquement politique plutôt que culturelle, puisqu’elle repose sur l’adhésion à un régime politique spécifique, la gouvernance libérale inscrite dans une constitution. Une nation ou une communauté humaine comme l’UE peut-elle baser sa cohésion et sa durabilité dans le temps sur des principes hors sol comme l’adhésion à une constitution universaliste ? l’UE peut-elle développer une affectio societatis des citoyens à un régime politique néolibéral, globaliste et post-national ? Le « patriotisme constitutionnel » tel que pensé par l’UE s’oppose en fait à la réalité anthropologique. L’homme est un animal territorial et son identité est liée à la géographie et son territoire héritier d’une histoire particulière, mais aussi des héritages ethnoculturels et civilisationnels (donc la religion). Dans la conception du « patriotisme constitutionnel », l’espace ou le territoire d’un Etat est neutre, or il ne peut y avoir de patriotisme sans nation, et nation sans territoire. Une communauté humaine ou une nation, n’a pas d’existence sans territoire, et son territoire fait partie de son identité, mais aussi ses caractéristiques ethnoculturelles qui lui sont liées.

Cette tentative de fabriquer une loyauté européenne et un patriotisme européen sur la notion de « patriotisme constitutionnel », se démarque de la notion classique d’héritage national à transmettre et héritée des pères (dans le sens grec)[9]. D’où la tentative de l’UE, pour ancrer un « patriotisme constitutionnel « dans l’identité des citoyens et fabriquer une affectio societatis européenne, de se trouver dans l’historiographie européiste, des « Pères fondateurs »[10] qui sont érigés en véritables saints européens[11], car s’agit d’une loyauté et d’un attachement au projet européen et ses institutions qui sont récentes à l’échelle historique. Cette construction hors-sol est évidemment très fragile.

Le « patriotisme constitutionnel » ne peut que réussir dans une société d’individus aliénés qui ont perdu leur conscience et leur sentiment d’appartenance à leur territoire et sa géohistoire et leur(s) communauté (s) ethnoculturelle (s), d’où la persistance de l’UE à vouloir dépasser l’Etat nation et le patriotisme traditionnel. Le « patriotisme constitutionnel » est l’antithèse du patriotisme enraciné dans un territoire et une communauté ethnoculturelle. C’est une forme d’aliénation géopolitique. Cette utopie d’un attachement exclusif aux valeurs universelles, à la démocratie, un régime particulier, à l’Etat de droit, aux droits de l’homme a évolué en synergie avec l’américanisation vers à l’idéologie globaliste issue de l’idéologie néolibérale. Avec la généralisation de la démocratie libérale et la société ouverte (libre circulation des hommes capitaux, services et marchandises), l’Union européenne n’est qu’une étape intermédiaire vers le gouvernement mondial, basé sur cet universalisme libéral, qui sera forcément américain. Cette UE ne peut donc être qu’antirusse.

Si l’on se penche sur le débat constitutionnel propre à l’UE lors de la convention de l’avenir de l’Europe présidée par Giscard d’Estaing en 2003, la référence aux origines chrétiennes de l’Europe n’a pas été reprise, et la référence au territoire non plus. Puisque l’UE est censée s’élargir selon des critères idéologiques post-nationaux basé sur la gouvernance d’inspiration libérale et universaliste, il n’y a pas de limite à l’extension de cette Europe des normes hors-sol vers l’Eurasie, puisque la Turquie a été admise comme candidate, et constitue la première étape d’un empire unipolaire mondial global ancré sur la globalisation néolibérale. Elle entre ainsi en confrontation directe avec la Russie.

Les impasses de l’UE géopolitique et de ses dérives idéologiques

Or cette UE traverse une crise de ses fondements, puisque tant sa doctrine post-nationale issue du « patriotisme constitutionnel » que l’ « Europe géopolitique » sont des utopies. Le paradoxe est que ces deux notions, le « patriotisme constitutionnel » et l’ « Europe géopolitique » antirusse qui proviennent de deux représentations de l’Allemagne à l’origine contradictoires, opèrent aujourd’hui cette nouvelle synthèse bancale qui ne manquera pas de renforcer les crises internes à l’UE mais aussi la crise avec la Russie.

L’ « Europe géopolitique », en effet, cache le revanchisme allemand et celui des anciens pays de l’Est contre la Russie. Ce processus fait renaitre les nationalismes qui vont entrer en contradiction avec la tentative de faire émerger un nouvelle loyauté européenne ancrée dans l’universel (euro-globalisme, démocratie libérale, droits de l’homme, multiculturalisme, société ouverte) issue de la notion de patriotisme constitutionnel.

Le concept de loyauté européenne post-nationale, mais aussi la renaissance d’une « Europe géopolitique » favorisant un « patriotisme géopolitique « contre la Russie est l’héritière de la situation géopolitique particulière de l’Allemagne de l’Ouest, de ses questionnements vis-à-vis de son histoire, pendant la guerre froide et à la suite de son unification. Elle a été extrapolée ensuite à la construction européenne alors même que la nation profonde allemande s’éloigne de ces idéologies, d’où les fractures politiques internes croissantes, qui révèlent les fractures géopolitiques internes vis-à-vis de la nation et de son positionnement à l’international.

De plus, ces concepts, spécifiques à la situation de l’Allemagne ne peut être étendue à d’autres Etats et à la construction européenne, que dans le contexte d’un abandon de la spécificité française et des autres Etats membres et un l’alignement sur les priorités géopolitiques germano-anglo-saxonnes, en particulier américaines. Berlin, on l’a dit, se positionne dans les limites des priorités géopolitiques anglo-saxonnes (occuper le Rimland pour repousser la Russie dans ses terres continentales selon les concepts géopolitiques anglo-saxons, Mackinder, Spykman, Bzrezinski)[12] et s’engage donc dans la sous-traitance géopolitique de Washington et Londres afin de jouer son propre jeu au niveau régional (la nouvelle Mitteleuropa).

Or, cette reprise des représentations allemandes au niveau européen fait aujourd’hui de l’UE une plate-forme de sous-traitance de la géopolitique américaine. Puisque l’UE se considère comme sous-ensemble de l’Occident libéral (complémentaire de l’OTAN) et non pas pilier de l’Europe civilisationnelle (dont la Russie fait partie), l’UE et les gouvernements de ses Etats membres sont incapables de dépasser les représentations géopolitiques anglo-saxonnes qui mènent à l’aliénation et la vassalisation du projet européen. Or ces doctrines sont obsolètes car elles n’ont pu empêcher le monde multicentré d’émerger, avec l’émergence de la Chine, l’Inde, les BRICS, l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), d’où l’amorce d’un repositionnement de Washington avec Donald Trump vers un recentrage et un resserrement géopolitique sur le continent américain, tout en déléguant la gestion du Rimland aux Européens.

L’UE se contente ainsi d’être un Rimland, sous ensemble de la stratégie d’encerclement de la Russie et l’Eurasie par les Etats-Unis, et aussi sous ensemble de la globalisation américaine et supplétif de la lutte contre la Russie. C’est pour cette raison que l’UE se coule si facilement dans la sous-traitance géopolitique de Washington. Même si la nouvelle administration de Donald Trump cherchait à engager une réelle réinitialisation bilatérale des relations avec la Russie, l’UE et les gouvernements euro-globalistes de ses Etats membres chercheraient à poursuivre leur mini-Guerre froide, en réalité une guerre hybride contre la Russie, ennemi idéal afin de prolonger ce rêve européiste, devenu revanchiste et globaliste.

Sous le seuil de ces priorités géopolitiques germano-américaines, L’UE invente une menace russe pour justifier la protection de l’Europe par une « Europe géopolitique » afin de faire émerger une nouvelle loyauté au projet européen qui est en crise. Or, les intérêts des Etats membres divergent depuis les origines, notamment la rivalité géopolitique franco-allemande, qui ne vont pas disparaitre pour autant. Les Etats-membres poursuivent en réalité différents objectifs de nature tactique.

Berlin dérive vers un revanchisme historique et poursuit un projet de leadership militaire européen qui entre en contradiction, au-delà de la communication politique du « couple franco-allemand », avec Paris, qui, à l’occasion de la question ukrainienne, cherche à ravir le rôle de chef de file militaire européen, rééquilibrer l’Europe germano-américaine à son profit, mais aussi escamoter les fractures graves internes à la France (dont la destruction de la nation par l’immigration), en s’ingérant par opportunisme dans la crise en Ukraine[13]. L’universalisme de l’UE provenant de l’Allemagne, est le résultat de l’occidentalisation de l’Allemagne, en réalité, l’américanisation de l’Allemagne, voulu par les alliés pour contrôler l’Allemagne. Mais cette occidentalisation a débordé sur le projet européen et a aussi favorisé l’idée post-nationale en France qui s’accorde aussi avec l’héritage dévoyé de l’universalisme issu de la révolution française porté par la France. La présidence d’Emmanuel Macron, avec ses objectifs d’Europe militaire et son idéologie européiste post-nationale, a ainsi pour conséquence d’aligner la France sur les objectifs géopolitiques germano-américains contre la Russie. De facto, Paris ne s’est plus opposé à cette germano-américanisation de l’Europe. Il faut se rappeler que Emmanuel Macon était un admirateur de Jürgen Habermas[14] lors de sa campagne électorale. Il a choisi d’ancrer plus récemment la France dans le camp anti-russe à l’opposé de la vision gaullienne de la France

Or l’Allemagne est elle-même fissurée car les rapports de forces géopolitiques internes sont le reflet des rapports de forces idéologiques. Une portion de la vraie Allemagne historique reste présente dans les territoires de l’Allemagne de l’Est, moins américanisés qui n’a pas hérité de ce double virus idéologique, révisionniste et globaliste. D’où une fracture qui persiste entre les citoyens d’Allemagne de l’Ouest occidentalisée et américanisée et les citoyens de l’ex Allemagne de l’Est.

En France, on observe aussi cette contradiction, comme en Allemagne, avec le retour du patriotisme ethnoculturel et territorial, mais qui peine à proposer une alternative politique.

Cette évolution fait de l’UE divisée un supplétif rêvé pour la nouvelle administration de Donald Trump, qui se pose en adversaire de l’UE pour favoriser le retour des Etats-nations sur une base plus conservatrice dans le sens américain, barrer la route à toute Europe puissance, mais tout en l’instrumentalisant pour la poussant au front contre la Russie, bon élève de la doctrine de sous-traitance géopolitique.

L’UE est donc l’homme malade de la multipolarité mondiale et de la diversité des civilisations avec cette dérive idéologique, hydre à deux têtes, revanchiste et globaliste, mais sans les moyens de de hisser comme puissance avec des contradictions internes croissantes entre Etats membre, au sein même des Etats-membres, mais aussi entre l’UE et les Etats.

Au final : du « patriotisme constitutionnel » au « patriotisme guerrier » ?

On assiste à une évolution de l’UE qui dérive donc d’une idéologie extrême à l’autre pour tenter de survivre à son projet en crise. A Bruxelles, c’est la course au réarmement militaire face à la prétendue menace russe qui devrait renforcer la loyauté européenne, avec en parallèle la poursuite non explicite du projet globaliste post-national. En effet, car on parle aujourd’hui moins de patriotisme, qu’il soit constitutionnel ou national, tant dans la bureaucratie de l’UE que dans les régimes politiques libéraux des Etats-membres pour escamoter cet enjeu géopolitique profond et poursuivre l’utopie face au retour des nations profondes dans tous les Etats et les oppositions explicites des Etats récalcitrants comme la Hongrie où la Slovaquie.

Ainsi, de manière non explicite, derrière le narratif d’« Europe géopolitique » qui défend des valeurs européennes, il y a la tentative de faire adhérer les peuples à un projet européen géopolitique, dans le sens de puissance militaire pour préserver en réalité, le globalisme néolibéral atlantiste, érigé fallacieusement en valeur européenne. Cette évolution est aussi renforcée par la dérive néoconservatrice dans les Etats membres de l’UE, importée des Etats-Unis. Ce projet est tout aussi hors sol, car il ne s’agit pas de promouvoir un « patriotisme européen » ancré dans les racines civilisationnelles de l’Europe héritée de la géohistoire, mais la défense d’une Europe comme puissance géopolitique commerçante et ouverte à tous les flux de la globalisation occidentale, c’est-à-dire une annexe et périphérie américaine. En ce sens, le « patriotisme constitutionnel » hors sol et le totalitarisme néolibéral sont complémentaires et ne peuvent aboutir qu’à la guerre en Europe contre la Russie, mais aussi aux contradictions entre la bureaucratie de l’UE et les Etats-nations, les nationalistes et les européistes globalistes. Entre les peuples attachés à l’héritage de Etat-nation enraciné et les peuples géopolitiquement aliénés et réduits à l’état de consommateurs dans le monde liquide et marchand gérés par des règles issues de l’ordre juridique, le conflit ne peut que s’aggraver. Le conflit entre cette Europe hors-sol et la Russie aussi. La dérive néoconservatrice dans l’UE, prolongement des réseaux néoconservateurs américains, va-t-elle être enrayée par l’amorce aujourd’hui perceptible d’un affaiblissement des néoconservateurs aux Etats-Unis avec la présidence de Donald Trump. ?

Pire, « patriotisme postnational » et « Europe géopolitique » aboutissent au projet de militarisation de l’UE. En effet, Le concept de loyauté européenne hérité du concept de « patriotisme constitutionnel », est menacé par le retour des identités nationales. L’UE, sous ensemble vassalisé de l’Occident, ne peut donc pas survivre sans l’ennemi russe pour prolonger son rêve post-national et promouvoir un nouveau « patriotisme géopolitique ». En cherchant à forger une identité européenne par la guerre contre la Russie, la russophobie et la matérialisation de la menace russe doit être alimentée par l’aggravation du conflit en Ukraine par le biais de la co-belligérence avec Kiev contre la Russie. Le projet de paix européen a échoué car hors sol, mais son projet guerrier va échouer aussi car il accélère l’aliénation géopolitique des Européens et renforce leur vassalisation vis-à-vis des Etats-Unis. Parallèlement, on observe une contradiction croissante entre les objectifs de l’Europe géopolitique antirusse, qui réveille le nationalisme des Etats membres de l’UE et l’Europe intégrée universaliste basée sur un patriotisme constitutionnel car les nationalistes atlantistes et néoconservateurs, dans leur animosité contre la Russie, ont un objectif différent de la bureaucratie de l’UE qui souhaite avancer dans une nouvelle identité européenne basée sur des valeurs universelles en utilisant la Russie comme catalyseur. Il y a aussi une contradiction croissante entre les Etats de l’Europe de l’Ouest plus libéraux et Etats d’Europe centrale illibéraux.

Le « patriotisme géopolitique » promu par l’UE qui se base sur le slogan de l’ « Europe géopolitique », est aussi une autre forme d’aliénation géopolitique, car l’UE n’a évidemment pas de géopolitique propre puisque qu’elle se positionne en sous-traitant géopolitique de Washington. Une stratégie géopolitique européenne supposerait une stratégie spatio-temporelle définie à partie de la géographie des Européens (l’Europe, isthme entre Océan Atlantique, Océan arctique, Mer Méditerranée et Mer Noire, mais aussi cap de l’Eurasie) et des doctrines géopolitiques spécifiquement européennes, et non pas s’inscrire exclusivement dans le prolongement des doctrines anglo-saxonnes et leur concept de Rimland, qui, on l’a vu, sont d’ailleurs obsolètes,

Puisque la Russie fait partie de l’Europe, une géopolitique européenne qui donnerait au projet européen un poids géostratégique, géoéconomique et géocivilisationnel minimal dans la multipolarité mondiale, ne pourrait se constituer que sur un espace allant de l’Atlantique au Pacifique (concept de Grande Europe), en synergie avec la Grande Eurasie promue par la Russie.

Pendant combien de temps ces contradictions pourront-telles être gérées au niveau de l’UE, avant de provoquer une crise géopolitique interne majeure qui sera évidemment aggravée par le désastre de l’UE dans son conflit contre la Russie ?


[1] Le patriotisme est défini comme un Attachement sentimental à sa patrie se manifestant par la volonté de la défendre, de la promouvoir. Selon le dictionnaire Larousse https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/patriotisme/58708

[2] Ursula. von der Leyen « Discours prononcé par la Présidente élue von der Leyen à la séance plénière du Parlement européen à l’occasion de la présentation de son Collège des Commissaires et leur programme ». Disponible sur : www.ec.europa.eu.

[3] Pierre-Emmanuel Thomann, Le couple franco-allemand, entre unité et rivalités géopolitiques, l’Harmattan, 2015, 658 p.

[4] Le terme de « patriotisme constitutionnel » a été introduit pour la première fois à la fin des années 1970 par un juriste allemand [2.D. Sternberger, Verfassungspatriotismus, Frankfurt, Insel, 1990

[5]Sophie Heine, Jürgen Habermas et le patriotisme constitutionnel, Revue politique, 2011,

https://www.revuepolitique.be/jurgen-habermas-et-le-patriotisme-constitutionnel

[6] L’autour de cet article a été témoin en tant que stagiaire en 1994-95 de l’intérêt des fonctionnaires européens de la Cellule de prospective à la notion de Patriotisme constitutionnel pour créer une loyauté européenne de type postnationale.

[7] L’Allemagne positionne donc le territoire de l’UE comme un Rimland, en alliance avec les Etats-Unis afin qu’ils maintiennent leur présence militaire et économique en Europe afin de contrer les puissances continentales comme la Russie, selon la vision euro-atlantiste. Le « Rimland » est la ceinture littorale qui entoure le continent eurasien. Son contrôle par les Etats-Unis permet de constituer un espace tampon autour du « Heartland », coeur de l’espace eurasien. Cette doctrine géopolitique est l’héritière de la vision du géopoliticien américain Nicolas Spykman (1893-1943) qui a reformulé la doctrine de Halford John Mackinder (1861-1947) et Zbigniew Bzrezinski s’en est inspiré aussi dans sa doctrine de détachement de l’Ukraine du monde Russe.

[8] Franc Claude Histoire militaire – Le Traité de Brest-Litovsk : ses clauses et ses conséquences, Revue Défense Nationale 2018/2 (N° 807), pages 121 à 123, https://www.cairn.info/revue-defense-nationale-2018-2-page-121.htm

[9] Selon Albert Grenier, « le patriotisme est pour nous une idée claire ; elle implique la notion d’un territoire défini par les frontières politiques de notre pays et l’intelligence de la solidarité des hommes qui l’occupent ; elle est faite des souvenirs de notre histoire et, pour l’avenir, de la volonté de continuer à régler nos destins nous-mêmes, entre nous. Notre terre, nos traditions, nous savons que nous les avons reçues de nos pères et nous avons le souci de les transmettre intactes à nos descendants. « Pour que vive la patrie, chaque Français consent à mourir. » . Albert Grenier, « Aux origines du patriotisme français » Revue n° 008 Janvier 1940 – p. 41-56.

[10] Projet de constitution européenne non ratifié :

https://www.europarl.europa.eu/about-parliament/fr/in-the-past/the-parliament-and-the-treaties/draft-treaty-establishing-a-constitution-for-europe

[11] Alan Millward, “The live and teaching of European Saints, dans “ The European rescue of the Nation State”, Routledge, 1992, 477 pages

[12] Ce positionnement existait avant le conflit en Ukraine qui renforce la rivalité géopolitique entre l’Allemagne et la Russie. https://www.eurocontinent.eu/le-pivot-allemand-vers-lost-mitteleuropa-et-les-balkans/

[13] Pierre-Emmanuel Thomann- Le conflit Ukraine -Russie et la nouvelle rivalité géopolitique franco-allemande, Centre français de recherche sur le renseignement ( Cf2R), https://cf2r.org/wp-content/uploads/2022/10/TL-114-Thomann-1.pdf ,

[14] Macron, le président qui se croyait philosophe – Causeur, https://www.causeur.fr/macron-habermas-ricoeur-philosophe-2-155455,

Emmanuel Macron adoubé par Jürgen Habermas à Berlin | Philosophie magazine, https://www.philomag.com/articles/emmanuel-macron-adoube-par-jurgen-habermas-berlin

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