9 décembre 1945 : le curieux accident mortel du général Patton
Source : jeune-nation.com – 9 décembre 2024 – Francis Goumain
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Patton confiait à son entourage de l’état-major en Allemagne son intention de démissionner. Il ne voulait pas demander à partir à la retraite – ce qui lui aurait permis de toucher sa pension – il voulait démissionner en sorte de n’être pas tenu par le devoir de réserve. Patton avait sa propre fortune qui lui permettait de se passer d’une retraite. En démissionnant, il restait libre de donner sa version de la guerre et de dire la vérité telle qu’il la voyait. Patton était au courant de certains secrets et aurait pu faire des révélations sensationnelles qui n’auraient pas manqué de faire les gros titres. Sa version des faits aurait fait l’effet d’une bombe. [25] Mais Patton ne rentrera jamais aux États-Unis, empêché par un grave accident de la route survenu le 9 décembre 1945 vers 11h45…
Emmené d’urgence à l’hôpital militaire d’Heidelberg, il présentait de nombreuses plaies au visage et avait la nuque brisée. Bien que resté dans un état critique pendant plusieurs jours, complètement paralysé à partir des épaules, il se remettait suffisamment bien pour qu’on envisage de le rapatrier par avion et qu’il puisse passer Noël chez lui. Et puis, la veille de son départ pour l’Amérique, son état s’aggravait de nouveau brusquement: il éprouvait de grandes difficultés respiratoires dues à une embolie pulmonaire provoquée par des caillots de sang et tombait dans le coma. Il décède à l’hôpital le 21 décembre 1945. [26]
Bien que son médecin l’ait demandée, aucune autopsie n’a été pratiquée. Son épouse s’y serait opposée au motif qu’il n’y avait pas de personnel disponible suffisamment compétent, ou en tout cas pas avec l’autorité et l’indépendance requise au vu des circonstances. [27]
Selon toutes vraisemblances, il s’agissait d’un assassinat. L’accident avait été provoqué par un camion militaire GMC de deux tonnes cinq qui venait en sens inverse et qui brusquement avait tourné sous le nez de la voiture de Patton. Son chauffeur n’a eu que le temps d’appuyer sur le frein tout en tournant le volant vers la gauche, mais en vain, la voiture heurtait le camion presque de face. Bien qu’il soit totalement en tort, le chauffeur du camion parvenait à s’esquiver en compagnie des deux passagers du camion sans qu’on puisse identifier personne. [28]
Si le camion avait voulu viser la voiture de Patton, il ne s’y serait pas pris autrement, le chauffeur n’avait aucune raison valable de s’engager ainsi d’un coup sous le capot de la voiture. Douglas Bazata, un ancien de l’OSS, déclarait dans une interview au Spotlight en octobre 1979 que l’accident avait été simulé par une de ses connaissances dont il tairait le nom. Comme l’accident n’avait pas suffi, on avait eu recours pour achever Patton à l’hôpital – toujours selon les confidences recueillies par Bazata – à «une forme raffinée de cyanure, capable de provoquer des embolies, des arrêts cardiaques et tout ce genre de truc». Selon le personnel de Spotlight, tous les dires de Bazata avaient été passés au détecteur de mensonges. [29]
Par la suite, Bazata fut interrogé par un historien américain, Robert Wilcox. Lors des entretiens, il reconnaissait avoir monté l’accident en collaboration avec un autre agent. S’approchant de l’épave après le choc, Bazata aurait tiré à bout portant sur Patton un projectile spécial dont les blessures ressemblaient à celles d’un accident (et non à celles qu’aurait causées une balle classique). La force du projectile était similaire à celle qui aurait pu provoquer un «coup du lapin» à une vitesse comprise entre 130 et 160 km/h, d’où la paralysie générale de Patton. [30]
Mais Bazata précisait que si lui et son acolyte s’étaient bien rendus à l’hôpital avec le poison pour finir le travail, ils n’avaient pas pu arriver jusqu’à Patton. Ce n’est donc pas lui l’auteur de l’empoisonnement et il pouvait donc affirmer en toute honnêteté ne pas être celui qui avait tué Patton. [31]
Ci-dessus : à la tête de ses troupes en pleine guerre, Patton s’était acheté ce petit chiot, un bull terrier anglais qu’il a appelé Willie. Willie était réputé pour suivre Patton un peu partout, en Angleterre, on les voyait rarement l’un sans l’autre. Selon certains récits, Willie précédait son maître en entrant dans une pièce ce qui mettait tout le monde au garde-à-vous. La photo montre Willie couché près des affaires de Patton quelques jours après sa mort.
Conclusion
Rick Atkinson estime à juste titre que Patton était une figure complexe. Un mystique qui croyait à la réincarnation et en son pouvoir de prémonition tout en étant par ailleurs un fervent épiscopalien. Son grand principe de guerre, c’était l’attaque à outrance partout et avec tout ce qu’on avait sous la main, ce qui ne l’empêchait pas de considérer que les tapis de bombes sur les villes allemandes étaient complètement inutiles et purement sadiques. Patton était cultivé, parlait couramment français et était à l’aise dans les salons les plus huppés, mais il pouvait aussi se montrer grossier, voire franchement cru et faire honte en société. [32]
À George Marshall, Eisenhower disait à son sujet: «Patton est un enfant terrible, mais il n’a pas son pareil dans la poursuite et l’exploitation». Il en parlait aussi volontiers comme d’un «officier mentalement déséquilibré». [33] Cette tendance à présenter Patton comme un déséquilibré, un instable pathologique, persiste encore de nos jours. Par exemple, un biographe, Ladislas Farago, considérait que si «Patton n’était pas vraiment fou, il était du moins sérieusement névrosé», de son côté, Edward Lengel, un historien militaire, le qualifiait de «fou génial». Un livre récent, Patton’s Madness, va même jusqu’à le passer au crible du Vidal de la psychiatrie. [34]
L’auteur arrive cependant à la conclusion que Patton était parfaitement sain d’esprit. Mais pareil à Bobby Fischer, le génial joueur d’échecs, Patton était considéré comme fou parce qu’il dénonçait publiquement la politique pervertie des dirigeants de son pays. Il ne faisait cependant qu’agir en véritable Américain, cherchant après-guerre à empêcher les mauvais traitements infligés aux Allemands et à prévenir la mainmise des Soviétiques sur l’Europe de l’est.
Traduction : Francis Goumain
[Note FG: Petite réserve sur ce scénario pourtant bien sourcé: il faut être gonflé pour jouer à l’accident, même camion contre voiture, on n’est pas sûr de sortir soi-même indemne – même en tenant compte du fait que le choc n’a pas dû être si violent que ça puisque ce n’est pas lui qui a brisé la nuque du général]
Notes : [25] Wilcox, Robert K., Target: Patton, Washington, D.C.: Regnery Publishing, Inc., 2008, p. 12.
[26] Ibid., pp. 16, 20, 50.
[27] Ibid., pp. 17, 205.
[28] Ibid., pp. 18-21.
[29] Ibid., pp. 49-51.
[30] Ibid., pp. 63-66.
[31] Ibid., p. 67.
[32] Patton, George S., War as I Knew it, New York: Houghton Mifflin Company, 1995, pp. xi-xii.
[33] Ibid., p. xii.
[34] Sudmeier, James L., Patton’s Madness: The Dark Side of a Battlefield Genius, Guilford, CT: Stackpole Books, 2018, p. xiv.
Patton, n’est-ce pas celui qui avait dit qu’on s’était peut-être trompé d’adversaire?
Pensait-il aux judéo-bolchéviques?
S’interrogeait-il, comme McCarthy, sur la présence d’une certaine entité supra-nationale infiltrée des deux côtés des belligérants (McCarthy parlait de « communistes » pour éviter les ennuis)?