Les dirigeants français et allemands avertissent leurs populations de « se préparer à une coupure totale du gaz russe » alors que des troubles sociaux se profilent

Source : aubedigitale.com – 11 juillet 2022 – Jade

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Les populations européennes se préparent à passer un hiver glacial dans un contexte d’avalanche imminente de coûts énergétiques élevés et d’inflation émergente. Dimanche, le ministre français de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, a prévenu que la Russie était sur le point d’interrompre totalement l’approvisionnement en gaz de l’Europe et que les gens devaient maintenant « se préparer ».

« Préparons-nous à une coupure totale du gaz russe ; c’est aujourd’hui l’option la plus probable », a déclaré M. Le Maire lors d’une conférence économique à Aix-en-Provence.

Il a ensuite expliqué aux journalistes : « Il faut aussi préparer des plans de délestage, nous le faisons. Cela signifie qu’il faut regarder de manière très précise chaque entreprise, chaque bassin d’emploi ; Quelles sont les entreprises qui doivent réduire leur consommation d’énergie et quelles sont celles qui ne le peuvent pas. »

Le ministre français de l’économie et des finances Bruno Le Maire, image d’archive

Il a déclaré que le gouvernement était en train de dresser une liste de ces grandes entreprises qui seraient trop menacées si leurs installations étaient soudainement privées d’approvisionnement en gaz. Elles seraient prioritaires dans l’éventualité probable d’une coupure de la Russie. « Nous devons anticiper et nous mettre en ordre de bataille dès à présent », a-t-il souligné.

A titre d’exemple, il a proposé selon Politico :

Le Maire a cité Saint-Gobain, un important producteur de matériaux de construction, comme exemple d’entreprises qui ne devraient pas être privées de l’approvisionnement en gaz, même en cas d’urgence. Il a souligné les dommages possibles aux équipements de production et le risque de conséquences environnementales.

L’Allemagne aussi craint le pire, car son principal canal d’acheminement du gaz naturel russe, Nord Stream 1, doit depuis longtemps être mis hors service pour une maintenance de dix jours à compter de lundi. Mais la crainte persistante est que Moscou ne le remette pas en service, dans le but de presser davantage l’économie allemande pour la punir de sa position en Ukraine, obligeant Berlin à un rationnement d’urgence.

La population allemande, qui compte quelque 80 millions d’habitants, dépend de la Russie pour plus d’un tiers de son approvisionnement total en gaz, et il n’existe pas d’alternative immédiate. Si Moscou utilise l’entretien « de routine » comme excuse pour maintenir l’approvisionnement, certaines publications allemandes prédisent même des troubles sociaux, la pression étant exercée sur la classe ouvrière en particulier.

L’éminent journal anglophone Deutsche Welle dresse le bilan alarmant de la situation de nombreux ménages allemands, alors que le rationnement de l’eau chaude et de l’électricité prend déjà effet :

De nombreux locataires en Allemagne reçoivent ces jours-ci des lettres désagréables. Alors que les prix de l’énergie augmentent de façon spectaculaire, les propriétaires et les sociétés de gestion immobilière augmentent le forfait mensuel pour les frais de chauffage. Une société de logement de Berlin annonce une augmentation de 100 % du prix du chauffage pour les appartements chauffés au gaz ou au fioul.

Il n’est pas certain que cela suffise. Les prix élevés de l’énergie ont un impact différé car les paiements anticipés ne sont pas compensés par les coûts réels encourus avant la fin de l’année.

La GdW, une association qui représente 3 000 sociétés de logement, a calculé que chaque ménage devrait prévoir jusqu’à 3 800 euros (3 870 dollars) de plus pour l’énergie l’année prochaine.

DW conclut, en parlant d’un effet domino potentiel d’une coupure de l’approvisionnement russe, que « l’économie entière serait affectée ». Prognos a estimé que, si les approvisionnements en gaz russe venaient à manquer, la production économique de l’Allemagne pourrait chuter de 12,7 % d’ici la fin de l’année. »

Source : Shutterstock

Comme nous l’avons dit précédemment, la gravité de la situation sera révélée à partir du 22 juillet, date prévue qui marque théoriquement la fin du plan de maintenance visant à « tester les systèmes mécaniques et automatisés » de Nord Stream 1. Il pourrait facilement y avoir de graves « problèmes » avec les pièces trouvées, permettant potentiellement à la Russie de prolonger indéfiniment « l’arrêt de maintenance ».

Le stratège de la Deutsche Bank, Jim Reid, s’est précédemment demandé si cette journée pouvait être la plus importante de l’année : « Alors que nous passons la plupart de notre temps sur le marché à penser à la Fed et à une récession, je soupçonne que ce qui arrive au gaz russe au second semestre est potentiellement une histoire encore plus importante. Bien sûr, d’ici le 22 juillet, des pièces pourraient avoir été trouvées et l’offre pourrait commencer à se normaliser. Quiconque vous dit qu’il sait ce qui va se passer ici ne fait que deviner, mais au minimum, cela devrait être un énorme point de convergence pour tout le monde sur les marchés. »