La Serbie entre Orient et Occident
Source : stratpol.com – 24 mars 2023 – Miloslav Samardjic
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Un ancien ambassadeur des Etats Unis à Belgrade, Michael Kirby, a déclaré il y a quelques années dans le cadre de sa fonction «les Serbes sont un peu schizophrènes. Votre cœur vous pousse à l’est, mais votre tête vous oriente à l’ouest», avant d’ajouter «il règne une confusion dans ce dilemme» pour tenter d’expliquer sa déclaration pour le moins singulière. Dans son esprit, les Serbes continueront d’avoir des amis et à l’est et à l’ouest, «comme c’est aujourd’hui le cas et des Etats-Unis et de la Russie».
Ce sont pourtant bien les bombes américaines qui à partir de Pâques 1944 avaient facilité l’installation d’un régime communiste d’occupation en Serbie, bien que le Roi de Yougoslavie, reconnu comme membre des Alliés contre Hitler était en exil à Londres.
La confusion en réalité réside dans le fait qu’il ne s’agit pas d’une question d’amitiés mais d’intérêts. L’ambassadeur américain considère que l’intérêt de la Serbie est dans l’accession à l’Union européenne et que, pour cela, la Serbie est obligée de mettre en œuvre «toutes les réformes», c’est-à-dire – en language moins diplomatique – satisfaire à toutes les exigences de Bruxelles.
L’ancien ambassadeur de la Fédération de Russie à Belgrade, Alexandre Konuzine s’est, quant à lui, aussi rendu célèbre en Serbie pour une déclaration tout aussi singulière. En effet, lors d’un colloque organisé dans la capitale serbe, dans une salle pleine à craquer il s’est exclamé: «Y-a-t’il des Serbes ici ?». L’ordre du jour évoquait justement les intérêts de la Serbie, et l’ambassadeur considérait qu’aucune des personnes présentes ne les défendait plus, et il se sentait bien seul à s’en préoccuper. Au fond, Konuzine voyait les intérêts de la Serbie de manière diamétralement opposée à celle de son homologue américain, considérant comme insensé de vouloir satisfaire aux exigences de Bruxelles, en particulier celles qui ont trait au Kosovo-Métochie.
L’argument principal des russophiles inconditionnels est que, à la différence de l’Occident, Moscou ne demande rien à Belgrade, et qu’en échange la Serbie obtient un soutien politique sans condition et des avantages dans leurs échanges économiques. Pourtant, le projet dont Slobodan Milosevic était autrefois un ardent défenseur – l’union de la Russie, de la Biélorussie et de la Serbie – n’a plus aujourd’hui de sympathisant, ou à tout le moins ceux-ci ne sont, depuis longtemps, connus que d’un public confidentiel.
Les «euro-fanatiques» rétorquent que la Russie n’a concrètement procédé à aucune donation à la Serbie, à la différence des pays occidentaux. La réplique usuelle étant que la valeur de ces donations est bien inférieure à l’estimation des dégâts occasionnés par l’agression de l’Otan en 1999.
En somme, les polémiques sur le thème de l’est et l’ouest en Serbie durent depuis la partition de l’Empire romain en empire d’orient et d’occident – du fait que la ligne de fracture traversait précisément les Balkans – et elles ne sont pas près d’aboutir à un consensus.
D’un point de vue économique, les statistiques révèlent qu’en 2020, la Serbie exportait le plus de biens et services en Allemagne (pour 2,55 milliards de US Dollars), puis en Italie (1,71 Mds $), en Bosnie Herzegovine (1,37 Mds $), en Roumanie (1,29 Mds $) et en Russie (0,976 Mds $).
En même temps, la Serbie a le plus importé d’Allemagne (3,63 milliards de US Dollars), de Chine (2,23 Mds $), d’Italie (1,95 Mds $), de Hongrie (1,91 Mds $) et de Turquie (1,39 Mds $). Mais avec 64,5 % des exports et 57% des imports en 2021, le premier partenaire commercial de la Serbie est bien l’Union européenne, ce qui dans ce domaine induit que l’Occident a plus d’importance que l’Orient. Il est d’ailleurs intéressant de se rappeler que la situation était similaire du temps de la Yougoslavie socialiste. Les partenaires économiques les plus importants étaient alors l’Allemagne fédérale, l’Italie et l’Union Soviétique, et ce n’est que leur classement dans les échanges qui variait dans le temps. La situation est similaire aujourd’hui, malgré l’agitation des foules, puisque la Serbie est le seul pays d’Europe à n’avoir pas adopté de sanctions contre la Russie.
Depuis la Russie, la Serbie importe majoritairement des matières premières énergétiques. A l’opposé, jusqu’aux premières sanctions occidentales infligées à la Russie, celles de 2014, le tiers des exportations de la Serbie vers ce pays étaient des biens alimentaires, part qui a augmenté depuis, mais avec la chute en valeur du total des exportation, la valeur finale des biens alimentaires exportés s’est également réduite. Concrètement, avant les sanctions imposées à la Russie les exportations de la Serbie vers la Russie progressaient d’environ 30% chaque année, alors qu’en 2014 elles se sont rétrécies de 3% contrairement aux attentes, puisque la Serbie résistait, déjà à l’époque, aux pressions occidentales exigeant d’elle l’adoption des sanctions contre la Russie.
Alors que les comptes en matière économique sont aisés, en matière politique la réflexion est plus compliquée. Depuis 2012, le pouvoir en Serbie est détenu par le «Parti Progressiste serbe», avec à sa tête le Président Alexandre Vucic (lire «Voutchic»). Le Parti Progressiste a été fondé par la scission du Parti Radical Serbe de Vojislav Seselj (lire «Chéchél»). Les vidéos sur internet montrant Vucic, vêtu d’un tee shirt floqué du portrait de Seselj, pleurer comme un enfant au pied de l’avion qui emmenait son chef de l’époque au tribunal de La Haye ont eu une immense audience. Toujours sur internet, une autre vidéo a eu un grand nombre de vues : celle d’un discours de Vucic prononcé il y a une trentaine d’années au Parlement de Serbie, à l’époque de la guerre de Bosnie, quand il avait déclaré «pour chaque Serbe tué, nous tuerons une centaine de musulmans». Et d’ailleurs, les musulmans de Bosnie, c’est-à-dire les Bosniaques, l’avaient accueilli avec une large banderole portant cette citation lors de sa visite en 2015, quand il était Premier ministre, à Srebrenica. Ils l’avaient aussi accueilli avec des jets de pierre dont il en aurait reçu une sur la tête, ce que les médias de Vucic en Serbie avaient qualifié de «tentative d’attentat contre le Premier ministre».
Mais Vucic avait déclaré qu’il leur pardonnait tout cela, et que sa main de la réconciliation leur reste tendue. Peu après, il a invité à Belgrade une délégation de Sarajevo menée par Bakir Izetbegovic, avec lequel il s’est promené en toute décontraction dans le centre de la capitale. Bakir n’est autre que le fils d’Alija Izetbegovic, le meneur des Bosniaque dans les années 1990, et c’était précisément à lui qu’avait été adressée la déclaration de Vucic au Parlement de Belgrade citée plus haut.
Lorsqu’il était encore proche de Seselj, Vucic soutenait totalement le programme qui visait à se tourner vers la Russie. Le Parti Radical de Serbie était même le principal promoteur de l’union Russie – Belarus – Serbie. En même temps, il était totalement opposé à l’Occident, affublant l’Otan et l’Union Européenne du terme peu flatteur de «Quatrième Reich». Pour les présidentielles de 2012, quand ils sont arrivés au pouvoir sous l’étiquette de Parti Progressiste de Serbie, Vucic et ses collaborateurs avaient fait de ce crédo la base de leur campagne électorale, bien que dans une forme édulcorée. Leur campagne électorale est celle qui a coûté le plus cher et personne n’a encore réussi à démontrer comment ils ont soudainement réuni autant d’argent. De même, aucune explication n’a toujours pas été donnée au fait que Bruxelles les a félicité pour leur victoire trois heures avant la clôture des bureaux de vote. Tout le temps jusqu’à ces felicitations, le sentiment dominait que le Parti Démocrate – «pro-européen» et «anti-russe» comme les appelaient eux-mêmes les sympathisants du Parti Progressiste pendant la campagne – sortirait de nouveau vainqueur des urnes. Même les sondages prédisaient la victoire des favoris de l’occident. Tout de même, un miracle s’était produit, en partie certainement avec l’aide de ces félicitations anticipées venant de Bruxelles.
Ce n’est que lorsqu’ils ont pris le pouvoir, que Vucic et son plus proche collaborateur Nikolic changent leur politique. Du jour au lendemain ils deviennent «euro-fanatiques», ils se mettent à encenser Angela Merkel et Tony Blair, alors qu’autrefois ils avaient signé la recension des livres de Seselj dont les titres comportaient des termes injurieux à l’adresse de ceux-ci. Ils n’avaient pas besoin de partenaire pour former un gouvernement, mais ils l’ont tout de même trouvé dans le Parti Socialiste de Serbie et son président Ivica Dacic (lire «Ivitsa Datchic»), héritier et autrefois proche collaborateur de Slobodan Milosevic. Ainsi, par une ironie de l’Histoire, les deux partis qui étaient au pouvoir dans les années 1990 y sont retournés en 2012, sauf que l’un des deux a entre-temps changé de nom.
Toutefois, après être passés «euro-fanatiques», Vucic et Nikolic ne sont pas devenus «anti-russes» pour autant. Ils s’étaient répartis les rôles: le Premier ministre Vucic s’est tourné vers l’Occident, tandis que le Président Nikolic s’est tourné vers la Russie. Ainsi, pendant que Vucic exécutait les exigences de l’Union européenne, Nikolic organisait une parade militaire à Belgrade avec Poutine en invité d’honneur, et il s’est rendu à celle de Moscou.
Le plus intéressant devint alors le rôle d’Ivica Dacic. C’est précisément lui, qui a signé les documents les plus importants dans le processus de livraison du Kosovo-Métochie aux Albanais et avant tout les accords de Bruxelles de 2013, alors qu’il passe pour être le principal «homme de Moscou» à Belgrade. Il est vrai qu’aucune délégation russe en visite à Belgrade ne manque de se rendre au siège du Parti Socialiste de Serbie, et les affaires les plus rémunératrices de l’importation du gaz russe sont menées par les hommes de Dacic. Un autre facteur qui a joué son rôle est celui de la tradition, puisque la Russie a donné asile à la famille de Slobodan Milosevic, lequel avait été entraîné dans une guerre avec l’Otan en 1999 justement pour le Kosovo-Métochie, et il a dû se retourner dans sa tombe d’avoir vu Dacic négocier des accords avec le chef des Albanais du Kosovo-Métochie Hacim Taci. En d’autres termes, la politique russe est à l’évidence tombée en contradiction: elle considère comme son plus important allié en Serbie Ivica Dacic, qui signe des documents pour lâcher le «KosMet», alors qu’en même temps Moscou s’y oppose.
Cette contradiction est la conséquence d’une autre tradition, plus ancienne encore qui prend ses racines dans les années 1920. A cette époque la place de la Russie sur la mappemonde est occupée par l’Union Soviétique. Et alors que la Russie tsariste a été un indéfectible allié des Serbes pendant des siècles, l’Union Soviétique devient l’un de leurs pires ennemis. La raison essentiel a été l’accueil massif des «Russes blancs», réfugiés de la Révolution d’octobre 1917, qui, après la France, ont essentiellement trouvé refuge à Belgrade.
D’après le programme dicté par Lénine et Staline, le Parti Communiste de Yougoslavie œuvrait entre autres pour l’abandon du Kosovo-Métochie à l’Albanie (puis, de la Bosnie et de l’Herzégovine aux musulmans qui comptaient pour le tiers de la population, du Monténégro à une nation monténégrine qu’ils projetaient de créer à partir des Serbes vivant dans la région, etc..).Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’Union Soviétique a ordonné à toutes ses sections en Europe occupée de former des factions armées qu’ils ont immédiatement qualifiées de mouvements et armées «populaires de libération». Et là où, en 1944 et 1945, l’Armée rouge a mis le pied en Europe, à l’exception de l’Autriche, ces formations ont été installées au pouvoir. Et ce n’est pas par hasard que les instructions données aux régiments de l’Armée rouge avant l’invasion du Royaume de Yougoslavie en septembre 1944 qualifiaient les membres de l’Armée royale yougoslave, plus connus sous le surnom de «Tchetniks», de «fascistes, traîtres et ennemis». D’ailleurs, les forces de résistance d’autres pays, comme par exemple la Pologne, ont subit le même traitement.
Après avoir envahi le Royaume de Yougoslavie, celui-ci est divisé selon les plans qui avaient été conçus par Lénine et Staline. Concrètement, à partir des entités administratives internes au Royaume majoritairement peuplées de Serbes ont été crée la province autonome de Kosovo-Métochie (à majorité albanaise), ainsi que les Républiques Socialistes de Bosnie-Herzegovine, du Monténégro et de Macédoine.
Le chef des Tchetniks, le général Draja Mihaïlovic, chef du premier mouvement de résistance au nazisme en Europe occupée et décoré par le Général de Gaulle, le Premier ministre polonais Sikorski et à titre posthume en 1948 par le Président des Etats Unis Truman, s’est battu entre autres pour contrecarrer les plans des communistes au sujet du Kosovo-Métochie. Son combat a aujourd’hui le soutien de la Russie, laquelle a cessé de célébrer le chef des communistes yougoslaves et agent du Komintern Josip Broz Tito, croate de nationalité.
A contrario, le président du Parti Socialiste de Serbie – Ivica Dacic – qui est toujours considéré comme le principal «homme de la Russie» en Serbie, a proposé durant la campagne électorale de 2012 que l’un des plus imposants monuments à la gloire de Tito (toutes les statues à la gloire de l’ancien dictateur ayant été déboulonnées après 1990) retrouve la place qu’il occupait sous le régime communiste. La rhétorique de Dacic à ce sujet est toujours dans le sillage du défunt régime communiste, et c’est précisément lui qui a été un des plus ardent opposant à la réhabilitation du général Draja Mihaïlovic, qui a tout de même été proclamée par la Haute cour de justice de Belgrade le 14 mai 2015.
La réaction de la Russie à la réhabilitation du général Mihaïlovic en 2015 était particulièrement attendue, du fait que Moscou considère encore aujourd’hui tous les mouvements non-communistes en Europe de l’est comme étant des fascistes et des traîtres. Après un peu plus d’un mois d’attente, l’édition serbe du très influent «Russia beyond the Headlines» (RTBH) a publié un article qui conclut «les chefs de file des Historiens (Russes – NdT) spécialistes des Balkans ont essentiellement soutenu la réhabilitation de Draja Mihaïlovic et ont appelé les sympathisants des deux bords (Tchetnik et Partisan communiste – NdT) à harmoniser leurs relations et combler ce fossé qui déchire la société serbe depuis des décennies.»
RTBH prévient l’apparition d’éventuelles accusations de «deux poids – deux mesures», puisque les Tchetniks sont aujourd’hui perçus comme «la seule formation anticommuniste de cette époque sur laquelle les Russes ont aujourd’hui un regard bienveillant», par l’analyse suivante:
«Objectivement, le mouvement tchetnik est réellement un phénomène unique. A la différence des résistants polonais, les Tchetniks n’étaient pas russophobes. Au contraire, dans l’entourage de Draja Mihaïlovic figuraient des sympathisants déclarés de l’Union Soviétique et des socialistes, c’est pourquoi leur décision de collaborer avec l’Armée rouge ne doit surprendre personne. Dans ce contexte, le point de vue des historiens russes n’est pas sujet à controverse, mais est au contraire, tout à fait logique.»
Du point de vue historique, cette analyse est assez problématique. En effet, la seule chose vraie qu’elle contient est que les Tchetniks n’étaient pas russophobes. Ils étaient soviétophobes, ce qui est aujourd’hui de moindre importance, l’Union Soviétique ayant disparue depuis longtemps.
Cependant, dans les années qui ont suivi et jusqu’à nos jours, les ambassadeurs successifs de la Russie ne rendent toujours pas de visite officielle sur les lieux où on rend hommage aux Tchetniks, tandis que leurs homologues américains s’y rendent chaque année.
Dans cette histoire trop longue sur le thème de la Serbie entre Orient et Occident, ce qu’il y de nouveaux ces dernières décennies est seulement ce qu’il s’est passé avec le mandat de Donald Trump aux États-Unis. Durant cette période, les pressions des puissances occidentales sur la Serbie pour la reconnaissance de l’amputation de sa région du Kosovo-Métochie s’étaient dégonflées. Pour la première fois depuis Ronald Reagan, Washington critiquait les Albanais. L’envoyé spécial de Trump pour les Balkans, Richard Grenell, s’était même personnellement rendu à Pristina pour les réprimander pour la transgression des accords internationaux.
Après le mandat de Trump, tout a repris comme avant. Mais ces quatre années de Trump ont rappelé à certains Serbes qu’il fallait aussi chercher des alliés en Occident, avant tout parmi les traditionalistes. Car il y a un adage en Serbie qui dit «Dieu est très haut mais la Russie est très loin». L’Occident est proche, car, du point de vue géographique, la Serbie est à l’ouest. La Serbie a, à travers l’Histoire, partagé le destin de l’Occident, par exemple dans la guerre entre 1914 et 1918 mais aussi avant et après celle-ci. Mais cet Occident n’existe plus. Vu depuis la Serbie, en Occident les idéologies d’extrême gauche se sont beaucoup trop renforcées. Nous les Serbes les reconnaissons aisément, car nous leur avons servi de cobaye durant bien trop longtemps et bien trop souvent. A contrario, à l’automne 2022, le Président Poutine a tenu un discours typiquement de droite, ce qui est impensable pour les leaders (gauchistes) occidentaux. Cela fait plus d’un siècle que nous n’avions pas entendu depuis Moscou des idées de droite s’exprimer, et qu’en même temps ce soient des idées de gauche qui nous viennent de l’Occident.
Si quelqu’un le demandait aux Serbes traditionalistes – c’est-à-dire à l’écrasante majorité du peuple – ils diraient qu’ils n’aiment ni le communisme (soviétique) russe, ni le gauchisme occidental, transpirant, par exemple, par le mondialisme. Les traditionalistes serbes gardent l’espoir que l’extrême gauche va finir par s’effondrer en Occident, comme elle s’est effondrée en Russie. Mais avant tout, ils espèrent que l’affrontement entre l’Orient et l’Occident ne va pas s’envenimer du fait de la guerre en Ukraine.