Silvio Gesell er la monnaie fondante – Nicolas Bonnal

Par Nicolas Bonnal

https://www.lecho.be/opinions/analyse/bruno-colmant-le-futur-euro-digital-pourrait-ressembler-a-une-monnaie-fondante/10383775.html

« Pour Bruno Colmant, nous ne sommes guère éloignés aujourd’hui du concept de « monnaie
fondante » inventé par Silvio Gesell en 1916. Et l’on pourrait s’en rapprocher davantage avec
l’euro digital.
Vous avez dit « monnaie fondante »? Non, cela n’a rien à voir avec la dépréciation
actuelle de l’euro face au dollar sur le marché des changes… Bruno Colmant,
professeur à l’ULB et l’UCL et membre de l’Académie Royale de Belgique, a
officiellement présenté mercredi son livre « La Monnaie fondante – La plus stupéfiante
des révolutions financières » (1) en présence du député Koen Geens, ancien ministre
des Finances ainsi que de la Justice, qui en a rédigé la préface. Dans ce livre, Bruno
Colmant a décidé de « ressusciter » un économiste qu’il qualifie de « génial,
d’autodidacte, de hétérodoxe et d’anarchiste ». Rien que cela…
Cet économiste, c’est Silvio Gesell (1862-1930), un Belgo-allemand né à Saint-Vith,
qui a imaginé en 1916 la théorie de la  » monnaie fondante ». En donnant une date de
péremption à la monnaie et en la dépréciant à intervalles fixes, on force la circulation
de cette monnaie et son utilisation dans l’économie.
C’est donc une monnaie qui fond ou rouille dans la poche si elle n’est pas utilisée.
Un peu comme ces écochèques qui arrivent à expiration à une certaine date, ce qui
vous force à les dépenser et faire ainsi tourner le commerce (quand on n’oublie pas
de les utiliser!).
Gesell, qualifié de « prophète étrange et illégitimement négligé » par le maître de
l’économie qu’est John Maynard Keynes, préconisait une perte de valeur de la
monnaie d’un millième par semaine, correspondant à un taux d’intérêt négatif de
5,2% par an.
Cette dépréciation monétaire aurait été organisée sous forme de tamponnage (ou
d’estampillage) sur les billets, afin de diminuer leur valeur nominale. Dans ce
système, la circulation monétaire serait en principe constante permettant aux
pouvoirs publics d’en doser la quantité afin d’assurer la stabilité des prix.
Pour Bruno Colmant, nous ne sommes guère éloignés aujourd’hui de ce concept de
monnaie fondante puisque l’épargne européenne n’est plus rémunérée alors qu’elle
est rongée par l’inflation. C’est en quelque sorte le retour de Gesell par une voie
détournée. C’est comme si cet économiste avait préfiguré en 1916 les taux d’intérêt
négatifs que nous connaissons aujourd’hui.

Le membre de l’Académie royale reconnaît que cette théorie de Gesell a ses limites:
elle ne fonctionne qu’en économie fermée. Elle suppose aussi que la monnaie soit
l’unique vecteur de paiement et de thésaurisation. Elle exclut, par exemple, d’autres
biens comme l’or.
Mais le principe de la monnaie fondante pourrait revenir en force avec les futures
monnaies digitales. Pour Colmant, l’avenir monétaire va s’articuler autour de ces
nouvelles monnaies digitales qui seront émises par les banques centrales (central
bank digital currencies ou CBDC). « Au travers de nos banques commerciales,
demain, il sera possible d’ouvrir un compte, en nos noms individuels, auprès de la
BCE dans la zone euro. Il est question d’une première limite de 3.000 euros par
déposant mais il est évident qu’un jour, tous nos dépôts seront ouverts à Francfort »
écrit-il.
Et, selon lui, un euro déposé auprès de la BCE ne pourra pas coexister très
longtemps avec des euros « moins sûrs » déposés auprès d’une banque
commerciale, dont le risque de faillite n’est jamais nul.

Il va plus loin encore en imaginant des CBDC respectant les principes de la monnaie
fondante selon l’utilisation de la monnaie : la fonte serait plus rapide pour des achats
de biens et services nocifs (tabac, alcool…) et elle serait plus légère voire négative
pour des biens et services destinés à contribuer à l’intérêt général. La monnaie ne
fondrait donc pas dans l’absolu à un rythme uniforme, mais différencié selon son
utilisation ou affectation finale. La fonte prendrait ainsi la forme d’un impôt. Il s’agirait
d’une monnaie qui se rapprocherait du crédit social chinois (où l’on attribue une note
aux individus en fonction de leur comportement et où l’on octroie ainsi des
récompenses ou des sanctions). Et il serait aisé d’appliquer cette fonte à la fiscalité
environnementale, précise encore Bruno Colmant.


(1) La Monnaie fondante – La plus stupéfiante des révolutions financières, par Bruno
Colmant (préface de Koen Geens). Editions Renaissance du Livre, 160 pages, 18
euros. »

2 pensées sur “Silvio Gesell er la monnaie fondante – Nicolas Bonnal

  • 27 août 2023 à 18 h 31 min
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    Cette idée de monnaie fondante est typiquement démoniaque… ou gauchisto-totalitaire, (ce qui est d’ailleurs une des expressions du démoniaque), en ce sens où elle correspond à un monde mis à l’envers avec une une perte de liberté et de responsabilité totale de chaque être humain humain sur ses propres choix de vie, de travail, d’épargne et d’investissement.

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