L’analyse de Trita Parsi : Pourquoi Israël a assassiné le haut commandant iranien, Razi Moussavi ?

Source : lemediaen442.fr – 27 décembre 2023

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Israël a éliminé le haut commandant des Gardiens de la Révolution en Syrie, Saayed Razi Moussavi. Cette action pourrait être interprétée de différentes manières : soit comme un avertissement à l’Iran, compte tenu du soutien de Téhéran au ciblage des navires par les Houthis dans la mer Rouge ; soit comme une provocation visant à susciter une réponse iranienne, offrant ainsi à Israël le prétexte d’élargir le conflit ; soit encore comme une démarche préparatoire en vue d’une expansion de la guerre, indépendamment de la réaction de l’Iran.

Il est très probable qu’Israël soit derrière l’assassinat de Razi Moussavi puisqu’il est la seule puissance ayant à la fois un motif et la capacité de commettre un tel meurtre – sans parler d’une longue histoire d’assassinats d’agents iraniens. Les États-Unis en ont la capacité, mais pas nécessairement la motivation. L’analyse du spécialiste en politique étrangère américaine au Moyen-Orient Trita Parsi, initialement sur X, repose sur l’hypothèse plutôt certaine que Moussavi a été assassiné par Israël.

Some brief analysis of the implications of the assassination of Iran’s top commander in Syria, Radhi Mousavi, presumably by Israel.

Bottom line: Israel either killed Mousavi as a warning to Iran, given Tehran’s support for the Houthis’ targeting of ships in the Red Sea, as a… pic.twitter.com/3LB7mxpTOi

— Trita Parsi (@tparsi) December 26, 2023

Les services de renseignement américains estiment que l’Iran a été activement impliqué dans le ciblage des navires dans la mer Rouge par le mouvement Houthis, ce qui a effectivement fermé le détroit de Bab-el-Mandeb à Israël et a coûté des milliards de dollars à l’économie israélienne. Les Houthis insistent sur le fait qu’ils poursuivront leurs attaques – malgré les menaces de représailles des États-Unis – jusqu’à ce qu’Israël cesse ses bombardements sur Gaza. Israël, bien sûr, refuse et le président américain, Joe Biden, est réticent à faire pression sur Israël pour un cessez-le-feu. Du point de vue d’Israël, l’Iran n’assume pas les conséquences de son rôle supposé dans les attaques en mer Rouge. L’assassinat pourrait, par conséquent, être un avertissement pour l’Iran qu’Israël a la capacité et la volonté d’exiger un prix de l’Iran – même dans les zones où les Iraniens ont pu présumer qu’ils étaient en sécurité.

Dans un deuxième scénario, l’assassinat pourrait être une provocation délibérée visant à susciter une réponse iranienne qui donnerait à Israël un prétexte pour élargir la guerre. Alors que l’administration Biden a donné à Israël une autorisation totale pour intensifier les bombardements sur Gaza, Biden s’oppose à une expansion de la guerre car cela pourrait très probablement y entraîner les États-Unis. Cependant, le débat au sein du gouvernement israélien penche de plus en plus en faveur d’une extension du conflit. Plus de 300 000 soldats ont déjà été mobilisés, et il existe une croyance croissante en Israël selon laquelle il est tout simplement intolérable que le pays coexiste à proximité du Hezbollah. Ils pensaient pouvoir gérer la menace du Hamas – et ils n’y sont pas parvenus. Même si ce n’est pas le Hezbollah qui a attaqué Israël le 7 octobre, l’argument israélien est que la prochaine fois, ce sera peut-être le Hezbollah et, par conséquent, Israël n’a d’autre choix que d’étendre la guerre. Mais à moins d’une attaque de l’Iran ou du Hezbollah lui-même, les États-Unis pourraient continuer à s’opposer à une telle démarche.

Cependant, l’assassinat de Moussavi pourrait inciter l’Iran à riposter contre Israël par l’intermédiaire du Hezbollah, selon le raisonnement en cours. Israël pourrait alors exploiter l’action du Hezbollah non seulement comme prétexte pour étendre le conflit au Liban, mais aussi pour contraindre les États-Unis à l’accepter.

Une troisième explication est également avancée. Selon Amwaj Media, Moussavi avait pour mission de faciliter l’entrée des forces dirigées par l’Iran et les livraisons d’armes en Syrie, ainsi qu’au mouvement Hezbollah libanais. Si Israël a l’intention d’attaquer le Liban, éliminer Moussavi pourrait constituer une première étape logique pour perturber l’armement du Hezbollah ainsi que ses lignes d’approvisionnement. En tant que tel, l’assassinat pourrait être une mesure préparatoire visant à élargir le conflit, indépendamment de la réponse de l’Iran à cet assassinat.

Tous ces scénarios convergent vers une réalité indéniable : tant que Biden refusera d’exercer une pression sur Israël en faveur d’un cessez-le-feu à Gaza, les tensions dans la région continueront à s’intensifier, et le Moyen-Orient pourrait se diriger vers une guerre régionale qui pourrait très probablement impliquer les États-Unis. Biden pourrait penser qu’il peut contrôler ces événements et permettre à Israël de mener des opérations à Gaza tout en minimisant le risque d’escalade. Cependant, il pourrait se tromper, et le peuple américain pourrait bientôt se retrouver impliqué dans une nouvelle guerre inutile au Moyen-Orient en raison de l’incompétence stratégique de Biden.

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