Marx et le devenir mongol de la globalisation – Nicolas Bonnal

Par Nicolas Bonnal

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Illustration : Expulsion en Irlande autour de 1879 (Land War).

« Le désert croît ; malheur à qui recèle des déserts. »
La concentration de la population et la désertification d’autres territoires sont essentiels.
Comme je l’ai souligné des pays comme le Canada ou l’Australie sont d’immenses territoires vides et féodaux qui concentrent leurs populations dans quelques (je dis bien : quelques) villes. Cinq villes possèdent 80% de la population australienne : Sydney, Melbourne, Brisbane, etc. En Arizona, Phoenix comprend 70% de la population de cet Etat démocrate « remplacé ». Et au Canada par exemple (40% de la population concentrée à Montréal et Toronto) 66% de la population du Manitoba vit à Winnipeg. Populations concentrées, soumises, vite remplacées et numérisées. On l’a vu au moment des grands confinements, vrai drill du totalitarisme global à venir. Tout cela fait partie du plan.

Devenues incontestées par les cerveaux/gouvernements qu’elles contrôlent, les élites globales milliardaires-bureaucratiques rêvent de dépeuplement en se servant du prétexte écologique. Ce n’est pas la première fois. Avant Guillaume le conquérant (inspirateur du « Domesday book » qui sonna l’heure du Reset et de la confiscation pour les braves paysans de l’Angleterre traditionnelle, voyez Robin des bois…) anéantit des dizaines de villages pour établir ses chasses. Les Mongols rêvaient eux de créer un désert chinois (lire et relire l’éternel René Grousset, bible de Borges) et parlaient des populations à exterminer comme d’insectes. Et les nobles écossais ou spéculateurs londoniens chassèrent des dizaines de milliers de Gaëls de leurs Highlands pour créer ces réserves de chasse qui font rêver les plus riches et les ex-touristes trop romantiques. De même la Patagonie et les grands territoires britanniques de la couronne toujours maîtresse du monde (Canada, Australie, Nouvelle-Zélande) vont d’ici peu être encore plus vides qu’à l’accoutumée. C’est Hitler qui parle du devoir de dépeupler dans un livre célèbre et ce ne sont pas nos champions allemands, suisses (Ursula, Klaus, leur montagne magique) ou américains (Hitler donne dans « Mein Kampf » en exemple l’eugénisme US pratiqué par la dynastie Gates) qui iront le contredire.
Mais voyons comment Marx en parle, du dépeuplement. Car quand les élites ne sont plus contestées, voilà comment ça se passe, qu’elles soient bourgeoises ou féodales (on assiste aujourd’hui à une fusion des deux, voyez mes livres sur la Patagonie1 et sur Internet2 – les techno-lords).
Dans son magnifique et inépuisable développement sur les secrets de l’accumulation primitive Marx décrit l’expropriation de la population campagnarde dans la romantique Écosse :
« George Ensor dit dans un livre publié en 1818 : les grands d’Écosse ont exproprié des familles comme ils feraient sarcler de mauvaises herbes ; ils ont traité des villages et leurs habitants comme les Indiens ivres de vengeance traitent les bêtes féroces et leurs tanières. Un homme est vendu pour une toison de brebis, pour un gigot de mouton et pour moins encore… Lors de l’invasion de la Chine septentrionale, le grand conseil des Mongols discuta s’il ne fallait pas extirper du pays tous les habitants et le convertir en un vaste pâturage. Nombre de landlords écossais ont mis ce dessein à exécution dans leur propre pays, contre leurs propres compatriotes ».
Puis Marx évoque une duchesse de Sutherland, homonyme de l’infect Peter Sutherland, commissaire européen, Goldman Sachs et Bilderbergs. Ce diable d’homme fut élevé par les jésuites.
Marx donc :
« Mais à tout seigneur tout honneur. L’initiative la plus mongolique revient à la duchesse de Sutherland. Cette femme, dressée de bonne main, avait à peine pris les rênes de l’administration qu’elle résolut d’avoir recours aux grands moyens et de convertir en pâturage tout le comté, dont la population, grâce à des expériences analogues, mais faites sur une plus petite échelle, se trouvait déjà réduite au chiffre de quinze mille.
De 1814 à 1820, ces quinze mille individus, formant environ trois mille familles, furent systématiquement expulsés. Leurs villages furent détruits et brûlés, leurs champs convertis en pâturages. Des soldats anglais, commandés pour prêter main-forte, en vinrent aux prises avec les indigènes. Une vieille femme qui refusait d’abandonner sa hutte périt dans les flammes. C’est ainsi que la noble dame accapara 794 000 acres de terres qui appartenaient au clan de temps immémorial ».
Une fois qu’on a vidé (c’est le cas de le dire, dans la discothèque mondiale) tout le monde, une métamorphose a lieu :
« Enfin une dernière métamorphose s’accomplit. Une portion des terres converties en pâturages va être reconvertie en réserves de chasse.
On sait que l’Angleterre n’a plus de forêts sérieuses. Le gibier élevé dans les parcs des grands n’est qu’une sorte-de bétail domestique et constitutionnel, gras comme les aldermen de Londres. L’Écosse est donc forcément le dernier asile de la noble passion de la chasse ».
Grâce à la chasse pratiquée par nos grands monarques (Juan Carlos, le prince Philip, le Bernard des Pays-Bas, ex SS qui créa les monstrueux Bilderbergs…), on crée des espaces vierges :
« La conversion de leurs champs en pâturages… a chassé les Gaëls vers des terres moins fertiles ; maintenant que le gibier fauve commence à remplacer le mouton, leur misère devient plus écrasante… Ce genre de forêts improvisées et le peuple ne peuvent point exister côte à côte ; il faut que l’un des deux cède la place à l’autre. Qu’on laisse croître le chiffre et l’étendue des réserves de chasse dans le prochain quart de siècle comme cela s’est fait dans le dernier, et l’on ne trouvera plus un seul Gaël sur sa terre natale. D’un côté cette dévastation artificielle des Highlands est une affaire de mode qui flatte l’orgueil aristocratique des landlords et leur passion pour la chasse, mais de l’autre, ils se livrent au commerce du gibier dans un but exclusivement mercantile. Il n’y a pas de doute que souvent un espace de pays montagneux rapporte bien moins comme pacage que comme réserve de chasse… »
En plein XIXe, rappelle Marx, on retrouve la pire barbarie féodale :
« L’amateur à la recherche d’une chasse ne met, en général, d’autre limite à ses offres que la longueur de sa bourse… Les Highlands ont subi des souffrances tout aussi cruelles que celles dont la politique des rois normands a frappé l’Angleterre. Les bêtes fauves ont eu le champ de plus en plus libre, tandis que les hommes ont été refoulés dans un cercle de plus en plus étroit… Le peuple s’est vu ravir toutes ses libertés l’une après l’autre… Aux yeux des landlords, c’est un principe fixe, une nécessité agronomique que de purger le sol de ses indigènes, comme l’on extirpe arbres et broussailles dans les contrées sauvages de l’Amérique ou de l’Australie, et l’opération va son train tout tranquillement et régulièrement ».
Purger le sol des indigènes, cela ne vous rappelle rien ?
Marx cite ensuite un auteur oublié :
« Vingt ans après, cet état de choses avait bien empiré, comme le constate entre autres le professeur Leone Levi dans un discours, prononcé en avril 1866, devant la Société des Arts. « Dépeupler le pays, dit-il, et convertir les terres arables en pacages, c’était en premier lieu le moyen le plus commode d’avoir des revenus sans avoir de frais… Bientôt la substitution des deer forests aux pacages devint un événement ordinaire dans les Highlands ».
Le mouton chasse l’homme, puis le daim (j’allais dire le vaccin !) le mouton.
« Le daim en chassa le mouton comme le mouton en avait jadis chassé l’homme… En partant des domaines du comte de Dalhousie dans le Foriarshire, on peut monter jusqu’à ceux de John O’Groats sans jamais quitter les prétendues forêts. Le renard, le chat sauvage, la martre, le putois, la fouine, la belette et le lièvre des Alpes s’y sont naturalisée il y a longtemps ; le lapin ordinaire, l’écureuil et le rat en ont récemment trouvé le chemin.
D’énormes districts, qui figuraient dans la statistique de l’Écosse comme des prairies d’une fertilité et d’une étendue exceptionnelles, sont maintenant rigoureusement exclus de toute sorte de culture et d’amélioration et consacrés aux plaisirs d’une poignée de chasseurs, et cela ne dure que quelques mois de l’année ».
Une belle phrase de Marx :
« Les instincts féodaux se donnent libre carrière aujourd’hui comme au temps où le conquérant normand détruisait trente-six villages pour créer la Forêt Nouvelle (New Forest)… »
En Patagonie une dizaine d’estancias appartenant aux Soros, Benetton, Lewis, Turner, etc. couvrent un territoire composé marginalement de villes surpeuplées, mal équipées et confinées. Ici les Indiens furent exterminés comme au nord du continent par privation de viande (phoques et éléphants de mer). Les survivants furent éliminés, leurs oreilles coupées et sélectionnées à Londres.
Marx conclue – et cette conclusion vaut une méditation :
« La spoliation des biens d’église, l’aliénation frauduleuse des domaines de l’État, le pillage des terrains communaux, la transformation usurpatrice et terroriste de la propriété féodale ou même patriarcale en propriété moderne privée, la guerre aux chaumières, voilà les procédés idylliques de l’accumulation primitive. Ils ont conquis la terre à l’agriculture capitaliste, incorporé le sol au capital et livré à l’industrie des villes les bras dociles d’un prolétariat sans feu ni lieu ».
Retenez bien ce groupe nominal lecteur car que vous veniez d’Afrique, d’Asie, de France ou de Navarre, il explique notre inertie actuelle de prolétarisés : « les bras dociles d’un prolétariat sans feu ni lieu ».
Ce serait le temps de rappeler mes textes sur Ibn Khaldun qui explique comment le rat des villes se laisse aisément circonvenir et soumettre par une autorité supérieure. Et on rappellera que même ces grands pays anglo-saxons ont une population urbaine docile et très concentrée. Dans l’énorme Australie, 80% de la population vit… dans cinq villes. Pour le reste la désindustrialisation rapide et imposée a créé une population servile (de services) peu encline à la contestation ; et comme la techno-addiction remplacé l’agonisante religion comme opium du peuple…


dedefensa.org/ibn-khaldun-et-le-modele-arabe-de-la-liberte
dedefensa.org/sir-john-glubb-et-la-decadence-imperiale
classiques.uqac.ca/Marx_karl/capital/capital

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