De quoi James David Vance est-il le nom ?

Source : 21 juillet 2024 – https://t.co/9M2wTW8smf
(https://x.com/Vukuzman/status/1813227014909772002?t=nkjhXx29-BdVZIoXbsBiJQ&s=03) Par – Georges Renard-Kuzmanovic

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James David Vance, le Vice-Président que s’est choisi Donald Trump, est un conservateur tendance dure et un néocon à sa façon. Ce choix indique quelle sera l’orientation géopolitique de la prochaine présidence Trump, puisqu’à moins d’un miracle il sera élu en novembre prochain – la récente tentative d’assassinat qu’il a subi et l’image déplorable d’un Joe Biden semi sénile laisse peu de doute à cet égard.

Concernant l’Union européenne et l’Ukraine : Vance milite pour un désengagement des Etats-Unis de la guerre en Ukraine. Il est en ce sens pragmatique, la tentative de déstabiliser la Russie grâce à la guerre en Ukraine est un échec, mais les autres objectifs stratégiques des USA sont remplis :

  • décorréler l’économie russe de l’économie de l’UE. C’est ce qu’avait déjà entrepris Mike Pompée lors de la première présidence Trump en allant en Pologne casser l’accord gazier russo-polonais, en autorisant la mise en place du gazoduc Norvège-Pologne et en armant massivement l’Ukraine à partir de 2017.
  • Renforcer l’inféodation de l’Union européenne à l’OTAN.
  • offrir un débouché colossal aux marchands d’armes américains qui voient avec gourmandise les stocks militaires européens aux plus bas.

Le désengagent de l’Europe et de l’OTAN est surtout une posture impériale face à des dirigeants européens ultra-atlantistes et incapables de penser dans l’intérêt de leurs nations respectives, ni même de l’UE comme une entité géopolitique indépendante. La panique d’une victoire annoncée de Trump, et surtout qu’il se « retire » de l’OTAN, et l’auto-intoxication à leur propre narratif selon lequel la Russie menacerait d’envahir le reste de l’Europe les conditionnent suffisamment pour accepter tout ce que Trump imposera, en particulier en termes d’achats d’armement américains et de libre-échange à l’avantage des États-Unis. D’aucun argumenteraient qu’il y aurait le risque pour les Etats-Unis que l’Union européenne tente en ce cas de prendre son envol géopolitique. Mais le risque est quasiment nul tant la pensée stratégique, hors du cadre OTAN, n’existe pas dans les têtes des dirigeants européens et que les USA ont la main mise sur l’est de l’Union européenne et d’abord la Pologne et ce qui restera de l’Ukraine. Sans parler du fait que nombre de dirigeants européens, à tous les niveaux, sont liés, d’une manière ou d’une autre, aux Etats-Unis par le biais des innombrables officines américaines qui les tiennent en laisse, comme la French American Foundation, le German-Marshall Fund, l’Atlantic Council et tant d’autres, la liste est quasi infinie…

Concernant le Proche-Orient : Le soutien à Israël sera encore plus marqué, si c’est possible. Vance est un proche de l’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC), le lobby pro-israélien surpuissant aux États-Unis et qui défend très directement les positions de Netanyahou par le biais de confortables financements aux campagnes électorales. Il faut se rappeler la récente séquence où Nikki Haley – l’opposante à Donald Trump lors de la primaire des Républicains -, ancienne ambassadrice des USA à l’ONU, signait des bombes fournies par les États-Unis à l’armée israélienne contre Gaza par un « Finish them » (« Achevez-les ») sans équivoque. Et Nikki Haley est une « modérée ». Bien évidemment, et contrairement aux Démocrates, les Républicains n’ont que faire des émois des étudiants et intellectuels étasuniens qui manifestent pour que cesse le massacre des Palestiniens ; ce sont, en effet, leurs adversaires politiques, votant traditionnellement pour les Démocrates. On peut même imaginer que Vance et Trump envisagent une escalade avec l’Iran. Il ne faut pas oublier que c’est durant la première présidence Trump que les Etats-Unis ont reconnu unilatéralement Jérusalem comme capitale d’Israël (une des causes du récent conflit et décision sur laquelle n’est jamais revenue l’administration Biden) et que les accords sur le nucléaire iranien ont été rompus, bien qu’ils aient été négociés pendant 15 ans par l’Iran, les USA, la Russie, la Chine, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, etc. Les Européens avaient accepté tous les diktats commerciaux américains, malgré les cris d’orfraies qu’ils n’avaient pas manqué de pousser pour la galerie. C’est d’ailleurs bien cet épisode qui convint Trump et Vance que les Européens ne feront jamais rien contre les États-Unis, si ce n’est quelques faibles remarques verbales, et quelle que soit la manière brutale dont ils les traiteront. C’est évidemment une très mauvaise nouvelle pour les Palestiniens. Donald Trump et James David Vance n’auront aucune difficulté à soutenir et entériner un nettoyage ethnique total de la Palestine, Cisjordanie comprise, ce qui impliquera bien évidemment une guerre avec le Liban et principalement le Hezbollah que Vance fantasme d’éliminer de la surface de la terre. Evidemment, une telle escalade implique un soutien militaire américain et beaucoup d’armement, raison de plus de se désengager d’Ukraine.

Concernant la Chine : La première présidence Trump a été également marqué par une claire défiance envers la Chine et l’ouverture d’une guerre douanière. Le pivot américain vers le Pacifique a été initié par le Président Barack Obama, et il a été accéléré par Donald Trump qui a une approche beaucoup plus musclée. D’ores-et-déjà, Donald Trump a annoncé qu’il mettrait une taxe de 10% sur toutes les importations, mais que cette taxe sera encore plus importante concernant les produits chinois. La logique est assez classique pour les États-Unis : protéger des industries (déjà largement délocalisées en Chine) et donc les ouvriers américains qui votent fortement pour lui. Mais les choses vont beaucoup plus loin : Trump et Vance veulent se désengager de l’Europe afin d’avoir les moyens d’affronter la Chine, y compris militairement. Vance s’est exprimé plusieurs fois sur la nécessité de défendre Taïwan, critiquant la « mollesse » de Joe Biden, et donc de rompre de facto avec la diplomatie américaine concernant la Chine, connue sous le nom « d’un Etat, deux systèmes ». Ils sont obsédés par l’idée de « contenir » la Chine. Vance a manifesté à plusieurs reprises son accord avec les positions de feu Henry Kissinger qui considérait que s’attaquer à la Russie ne ferait que la pousser dans les bras de la Chine, laquelle sans les ressources et la technologie militaire et spatiale de la Russie ne peut pas prétendre à rivaliser avec les États-Unis. Le désengagement de l’Ukraine permettrait de donner une respiration aux Russes côté occidental et d’entrouvrir une porte – la Russie voulant absolument éviter de se retrouver dépendante d’une seule partie, d’où ses récents accords stratégiques avec la Corée du Nord dans le dos de la Chine ou plus récemment avec l’Inde, dans une logique parfaitement multipolaire qui ne déroge en rien aux principes défendus par les BRICS. Il ne faut pas oublier que Vance est un protégé du milliardaire libertarien et ultra-droite Peter Thiel – c’est d’ailleurs lui qui l’a réconcilié avec Trump. Or, Peter Thiel fait partie des néocons résolument bellicistes à l’égard de la Chine. Avec la nomination de Vance, l’avenir géopolitique de la planète est balisé : abandon de l’Ukraine, aggravation du conflit au Proche-Orient et escalade avec la Chine. C’est bien évidemment une assez mauvaise nouvelle pour l’avenir du monde, même s’il ne faut pas attendre grand-chose des Démocrates qui sont eux beaucoup plus idéologiques avec leur rhétorique hypocrite de la « protection des valeurs ». Vance et Trump sont brutalement pragmatique en géopolitique, ce qui est peut-être le seul « espoir », si l’on peut s’exprimer ainsi, puisqu’ils ouvrent une option même étroite aux négociations contrairement au pitoyable spectacle que nous offrent les actuels dirigeants occidentaux, basant leur intransigeance sur le sang ukrainien. En attendant, on peut être assuré qu’avec cette paire à la Maison Blanche, les intérêts des multinationales des États-Unis seront défendus, mais aussi l’emploi aux USA, et tant pis pour la casse que cela engendrera, y compris en Europe, et peut-être même surtout en Europe.

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