La pénurie de riz au Japon oblige les magasins à en rationner la vente
Source : rfi.fr – 29 septembre 2024 – Bruno Duval
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Au Japon, le fléau mondial du changement climatique a un impact direct et on ne peut plus quotidien, puisque c’est l’alimentation elle-même qui est touchée. L’archipel connaît une pénurie sans précédent de riz – l’aliment de base dans ce pays – au point que la plupart des magasins en viennent à rationner cette céréale : c’est cinq kilos par client et pas plus. Cette pénurie est la conséquence de mauvaises récoltes successives, dues à la fois à des étés caniculaires inédits et à la multiplication de précipitations exceptionnelles – des typhons, par exemple –, que les experts attribuent à l’élévation de la température des océans.
Vendeurs, consommateurs, au Japon, la pénurie surprend et bouleverse les habitudes. La mine défaite, le gérant d’un supermarché du centre de la capitale contemple la section de son entrepôt où sont stockés les sacs de riz : « Vous le voyez : il n’y a vraiment plus grand-chose. C’est terrible. Une telle pénurie… je n’avais jamais vécu cela », se désespère-t-il. S’il lui reste des stocks, ceux-ci seront vite écoulés : « Ces sacs de dix kilos, par exemple, je les aurai tous vendus dans une semaine environ. Et mes fournisseurs me disent que je ne serai sans doute pas livré avant fin octobre ! »
Parmi les clients, c’est l’effarement — voire, parfois, un certain affolement. « Je n’étais pas plus inquiète que cela, témoigne une Tokyoïte, mais quand j’ai vu l’écriteau priant les clients de ne pas acheter plus de cinq kilos de riz, j’ai réalisé qu’effectivement, notre pays avait un gros problème ! » Une autre femme se dépêche d’acheter du riz, elle constate que « les rayons se vident à vue d’œil. Et le pire, poursuit-elle, c’est qu’il paraît qu’on ne peut quasiment plus en trouver non plus en ligne, plus un seul kilo de riz disponible ! »
En plus des conséquences du changement climatique, certains clients évoquent des comportements aggravant la situation : « Quand l’alerte au mégaséisme a été lancée, dernièrement, beaucoup de gens ont fait des provisions de riz, craignant d’en manquer, explique une cliente, mais du coup, depuis, ce n’est vraiment pas facile d’en trouver. »
Face à cette pénurie, certains tentent de varier leur alimentation, comme cette Tokyoïte : « J’essaie de manger des pâtes, des vermicelles, des nouilles de sarrasin, et tout ça — on n’a pas le choix… »
Les prix du riz s’envolent
Et lorsqu’ils trouvent du riz, les clients ne peuvent pas forcément s’en acheter puisque, par rapport à l’été dernier, le riz a vu son prix augmenter de 26 %, comme en témoigne un retraité japonais : « Par-dessus le marché, le prix du riz s’est envolé, c’est la double peine… Et ça ne fait pas mon affaire avec ma petite retraite ! »
Cette hausse, c’est le résultat de la loi de l’offre et de la demande — ce qui est rare est cher — mais aussi d’une politique délibérée des autorités qui, ces cinquante dernières années, ont réduit les surfaces agricoles dédiées à la riziculture. L’objectif : éviter une surproduction et donc la chute des cours, car cela entraînerait de moindres revenus pour les agriculteurs et le mécontentement dans les campagnes, ce que la majorité au pouvoir paierait au prix fort sur le plan électoral.
Dans la même logique, le gouvernement refuse de mettre sur le marché une partie des 900 000 tonnes de riz qui s’entassent dans les entrepôts du ministère de l’Agriculture en prévision de situations d’urgence, comme des catastrophes naturelles majeures, par exemple. « 900 000 tonnes, c’est 15 % de la quantité de riz consommée chaque année par les Japonais, explique un expert, commercialiser ne serait-ce que le tiers ou le quart de ces stocks atténuerait la pénurie, oui, mais une telle envolée de l’offre ferait chuter le cours de 15 à 20 %. Les agriculteurs seraient vent debout… »
Or, c’est d’autant moins envisageable politiquement que, ces dernières semaines, le Japon a été en campagne électorale en vue de la désignation vendredi 27 septembre du nouveau président du parti au pouvoir, qui, mardi 1ᵉʳ octobre, remplacera le Premier ministre Fumio Kishida à la tête du gouvernement.