Le SPIEF, un premier pas vers un dialogue constructif entre la Russie et l’Occident ?
Source : stratpol.com – 14 juin 2025- André Belobor
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Le 18 juin, la Russie accueillera un grand rendez-vous du monde des affaires : le Forum économique international de Saint-Pétersbourg (SPIEF). Ceux qui pensent que la “Russie isolée” ne parle qu’aux pays en développement d’Afrique et d’Asie se trompent lourdement. Parmi les moments forts du programme, on trouve des dialogues d’affaires « Russie – États-Unis » et « Russie – France ».
Le président de la Chambre de commerce américaine en Russie, Robert Agee, a déjà qualifié[i] le SPIEF de « l’un des rares espaces où les milieux d’affaires de différents pays, y compris les États-Unis, peuvent discuter ouvertement des sujets importants ». La délégation française sera impressionnante, menée par Gilles Rémy, président de CIFAL (la plus grande entreprise française spécialisée dans le commerce international et les services en Eurasie). Elle comprendra aussi les dirigeants de deux cabinets de conseil, Randori France et Galaad Conseils — Jeremy Bouhy et Gaetan Chauderlot — ainsi que l’avocat Jean-Jacques Coppée, qui accompagne les entrepreneurs européens dans leurs démarches juridiques à l’étranger. Le lien entre les participants sera assuré par Emmanuel Quidet, président d’honneur de la Chambre de commerce et d’industrie franco-russe, devenu citoyen russe en septembre 2022.
Il est clair que ces experts français ont été envoyés par des hommes d’affaires européens (pas uniquement français) pour évaluer les conditions d’un éventuel retour sur le marché russe. Moscou se dit prête, en principe, à accueillir à nouveau les entreprises occidentales, mais comme l’a précisé[ii] Vladimir Poutine, « venir s’excuser et faire des bisous » ne suffira pas pour revenir. Deux tables rondes du SPIEF seront consacrées à cette question délicate : « Dialogues avec l’Europe : un avenir possible ? » et « La Russie a-t-elle besoin d’investissements étrangers ? »
Les discussions s’annoncent animées. Côté européen, on retrouvera le ministre hongrois des Affaires étrangères et du Commerce extérieur, Péter Szijjártó, le président du Club d’affaires autrichien en Russie Gerald Sakuler, le directeur général de l’Association européenne des entreprises Tadzio Schilling venu de Berlin, l’ancien ministre roumain des Affaires étrangères (2015–2017) et actuel secrétaire général de l’Organisation de coopération économique de la mer Noire Lazăr Comănescu, l’ancien vice-ministre italien du Développement économique (2018–2019) Michele Geraci, ainsi que le président de la société serbe OpenLink Group, Miloš Jovanović.
Il ne fait aucun doute que les entrepreneurs européens chercheront à savoir une chose essentielle : la Russie a-t-elle vraiment perdu confiance dans les entreprises occidentales, surtout dans les cas où des engagements envers des clients russes n’ont pas été respectés ? Quoi qu’il en soit, le Forum économique international de Saint-Pétersbourg marquera un premier pas vers un dialogue constructif entre la Russie et l’Occident. De son côté, Moscou insiste sur la volonté de bâtir une architecture internationale plus juste et équilibrée, basée sur le respect des différences culturelles, l’égalité des partenaires et l’intérêt mutuel. Reste à voir si les entreprises françaises sont prêtes à aller dans ce sens.
