Un état juif en Palestine? « Non possumus », disait Pie X
Source : benoit-et-moi.fr – 29 juillet 2025 – AMV
https://www.benoit-et-moi.fr/2020/2025/07/29/un-etat-juif-en-palestine-non-possumus-disait-pie-x/
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Récit d’une audience accordée par le saint Pape au fondateur du mouvement sioniste, Theodor Herzl, en 1904.
Les évènements des derniers jours, en particulier l’attaque israélienne meurtrière contre l’église de Gaza, vigoureusement condamnée par le Pape, le cardinal Pizzaballa et même le cardinal Parolin (qui a dit très clairement qu’il ne croyait pas à l’ERREUR de manipulation de l’équipage du char – l’excuse surréaliste invoquée par l’inénarrable Bibi!) ont mis une fois de plus en évidence les conflits d’intérêt (par euphémisme) entre les catholiques et les juifs en Terre Sainte (*)
Ce récit, tiré du journal de Herzl est donc un document historique particulièrement intéressant, et encore d’actualité si l’on juge aux millénaires de l’Eglise, même si l’on objectera que c’était une autre époque, et surtout presque quarante ans avant les horreurs des camps de concentration nazis.

Il 26 gennaio 1904 Theodor Herzl, padre del sionismo e fondatore del movimento sionista per il diritto degli ebrei di fondare uno Stato ebraico, ebbe udienza con papa Pio X in Vaticano. L’obiettivo era ottenere il sostegno del pontefice per la creazione di uno Stato ebraico in Palestina. In quel periodo, Herzl (che morirà proprio nel 1904, il 3 luglio, a quarantaquattro anni) era in Italia per incontrare anche il re Vittorio Emanuele III, sempre con l’obiettivo di cercare sostegno politico per il progetto sionista. Herzl vedeva nel sionismo lo strumento per realizzare il progetto di autodeterminazione degli ebrei, ma …
Le 26 janvier 1904, Theodor Herzl, père du sionisme et fondateur du mouvement sioniste pour le droit des Juifs à fonder un État juif, fut reçu en audience par le pape Pie X au Vatican. L’objectif était d’obtenir le soutien du souverain pontife pour la création d’un État juif en Palestine.
À cette époque, Herzl (qui mourra en 1904, justement, le 3 juillet, à l’âge de quarante-quatre ans) se trouvait également en Italie pour rencontrer le roi Victor Emmanuel III, toujours dans le but d’obtenir un soutien politique au projet sioniste.
Herzl voyait dans le sionisme l’instrument permettant de réaliser le projet d’autodétermination juive, mais le résultat de la rencontre avec Pie X ne fut pas celui qu’il espérait.
La version de la rencontre, consignée dans le journal de Herzl, permet de bien comprendre la position du pape.
Le Lippay auquel Herzl fait référence est le comte Berthold Dominik Lippay, un portraitiste autrichien que Herzl avait rencontré à Venise et qui avait organisé l’audience avec le pape.
. . . .
J’étais avec le pape hier. Le parcours m’était déjà familier, car j’avais rencontré Lippay à plusieurs reprises. J’ai croisé des laquais suisses, qui ressemblaient à des ecclésiastiques, et des ecclésiastiques qui ressemblaient à des laquais, des fonctionnaires papaux et des chambellans.
Je suis arrivé dix minutes à l’avance et je n’ai même pas eu besoin d’attendre. Le pape m’a fait traverser plusieurs petites salles de réception.
Il m’a reçu debout et m’a tendu la main, que je n’ai pas baisée. Lippay m’avait dit que je devais le faire, mais je ne l’ai pas fait. Je pense que j’ai encouru son mécontentement, car tous ceux qui le rencontrent s’agenouillent et lui baisent au moins la main.
Ce baciamo m’avait causé pas mal d’inquétude et j’ai été très content quand ce fut fini.
Il s’est assis dans un fauteuil, un trône pour les occasions mineures. Il m’a ensuite invité à m’asseoir à ses côtés et m’a souri, comme s’il s’agissait d’une attente amicale.
J’ai commencé par dire : “Ringrazio Vostra Santità per il favore di m’aver accordato quest’udienza” [Je remercie Votre Sainteté pour la faveur qu’elle m’a faite en m’accordant cette audience – en italien dans le texte].
« C’est un plaisir », a-t-il dit avec une désapprobation polie.
Je me suis excusé pour mon italien pitoyable, mais il m’a répondu : « Non, vous parlez très bien, Monsieur le Commendatore« .
Comme je portais pour la première fois mon ruban Mejidiyye [honneur militaire et chevaleresque de l’Empire ottoman], sur les conseils de Lippay, le pape s’est donc toujours adressé à moi en m’appelant Commendatore.
Lui est un bon curé de campagne, rude, pour qui le christianisme est resté vivant même au Vatican.
Je lui ai présenté brièvement ma demande. Mais, peut-être agacé par mon refus de lui baiser la main, il me répondit d’un ton sévère et résolu :
« Nous ne pouvons pas favoriser ce mouvement. Nous ne pouvons pas empêcher les Juifs d’aller à Jérusalem, mais nous ne pourrons jamais le favoriser. La terre de Jérusalem, si elle n’a pas toujours été sainte, a été sanctifiée par la vie de Jésus Christ. En tant que chef de l’Eglise, je ne peux pas vous en dire plus. Les Juifs n’ont pas reconnu notre Seigneur, donc nous ne pouvons pas reconnaître le peuple juif ».
Le conflit entre Rome, représentée par lui, et Jérusalem, représentée par moi, était donc à nouveau ouvert.
Au début, bien sûr, j’ai essayé d’être conciliant. J’ai récité mon petit texte sur l’extraterritorialité, res sacrae extra commercium [«chose sacrée en dehors de commerce»]. Mais cela n’a pas fait grande impression. Jérusalem, a-t-il dit, ne doit pas finir entre les mains des Juifs.
« Et son état actuel, Saint-Père ? »
« Je sais, il n’est pas agréable de voir les Turcs en possession de nos lieux saints. Nous devons simplement nous y faire. Mais soutenir les Juifs dans l’acquisition des Lieux Saints, nous ne pouvons pas le faire ».
J’ai dit que notre point de départ était uniquement la souffrance des Juifs et que nous voulions éviter les problèmes religieux.
« Oui, mais nous, et moi en tant que chef de l’Église, ne pouvons pas faire cela. Il y a deux possibilités. Soit les Juifs s’accrochent à leur foi et continuent d’attendre le Messie qui, pour nous, est déjà venu. Dans ce cas, ils ne feront que nier la divinité de Jésus et nous ne pourrons pas les aider. Ou bien ils y vont sans aucune religion, et alors nous pouvons être encore moins favorables à leur égard. La religion juive est le fondement de la nôtre, mais elle a été supplantée par les enseignements du Christ et nous ne pouvons plus lui accorder de validité. Les Juifs, qui auraient dû être les premiers à reconnaître Jésus-Christ, ne l’ont pas fait jusqu’à présent ».
J’avais sur le bout de la langue : « C’est ce qui se passe dans toutes les familles. Personne ne croit en ses proches ». Mais j’ai dit au contraire : « La terreur et la persécution n’étaient peut-être pas le bon moyen d’ouvrir les yeux des Juifs ».
Mais il a répondu, et cette fois, il était magnifique dans sa simplicité :
« Notre Seigneur est venu sans pouvoir. Il était pauvre. Il est venu en paix. Il n’a persécuté personne. Il a été persécuté. Il a été abandonné même par ses apôtres. Ce n’est que plus tard que sa stature a pris de l’importance. L’Église a mis trois siècles à évoluer. Les juifs ont alors eu le temps de reconnaître sa divinité, sans aucune pression. Mais ils ne l’ont pas fait jusqu’à aujourd’hui ».
« Mais, Saint-Père, les Juifs sont dans une situation désespérée. Je ne sais pas si Votre Sainteté est consciente de l’ampleur de cette triste situation. Nous avons besoin d’une terre pour ces personnes persécutées ».
« Faut-il que ce soit Jérusalem ? »
« Nous ne demandons pas Jérusalem, mais la Palestine, juste la terre séculaire. »
« Nous ne pouvons pas être en faveur de cela ».
« Votre Sainteté connaît-elle la situation des Juifs ? »
« Oui, depuis l’époque où j’étais à Mantoue. Il y a des juifs qui vivent là-bas et j’ai toujours été en bons termes avec les juifs. L’autre soir encore, deux juifs sont venus me rendre visite. Après tout, il y a d’autres liens que ceux de la religion : la courtoisie et la philanthropie. Nous ne les refusons pas aux Juifs. En fait, nous prions aussi pour eux, afin que leur esprit soit éclairé. L’Église célèbre aujourd’hui la fête d’un incroyant qui, sur le chemin de Damas, a été miraculeusement converti à la vraie foi. Ainsi, si vous allez en Palestine et que vous y installez votre peuple, nous devrons avoir des églises et des prêtres prêts à vous baptiser tous ».
Le comte Lippay s’est fait annoncer. Le pape lui a permis d’entrer. Le comte s’est agenouillé, lui a baisé la main, puis s’est joint à la conversation, racontant notre rencontre « miraculeuse » au Bauer’s Beer Hall de Venise. Le miracle tenait en ce qu’il avait d’abord prévu de passer la nuit à Padoue. Il se trouve que j’avais exprimé le souhait de pouvoir baciare i piedi du Saint-Père.
Le visage du pape s’est alors assombri, car je ne lui avais même pas baisé la main. Lippay a poursuivi en disant que j’avais exprimé mon appréciation des nobles qualités de Jésus-Christ. Le pape écoutait, prenait parfois une pincée de tabac et éternuait dans un grand mouchoir de coton rouge. Ce sont d’ailleurs ces touches paysannes qui me plaisent le plus chez lui et qui motivent mon respect.
Lippay voulait ainsi expliquer pourquoi il m’avait présenté, peut-être pour s’excuser. Mais le pape a dit : ; « Au contraire, je suis heureux que vous m’ayez amené le Commendatore« .
Quant au problème proprement dit, il a répété ce qu’il m’avait dit: ; « Non possumus ; [Nous ne pouvons pas] ! »
Jusqu’au moment de prendre congé, Lippay a passé son temps à genoux devant lui et ne semblait pas se lasser de lui baiser la main. J’ai alors compris que le pape appréciait cela. Mais même lors des adieux, je me suis contenté de lui donner une poignée de main chaleureuse et de le saluer.
Durée de l’audience : environ vingt-cinq minutes.
Dans les Salles de Raphaël, où j’ai passé l’heure suivante, j’ai vu un tableau représentant un empereur s’agenouillant pour permettre au pape assis de placer la couronne sur sa tête. C’est ainsi que Rome veut que les choses se passent.
Note d’AMV
La tombe de Herzl se trouve à Jérusalem depuis 1950, sur une colline qui a été nommée Mont Herzl en son honneur. Lors du dernier voyage du pape François en Israël, la tombe de Herzl a été visitée pour la première fois par un pontife.
La Journée Herzl est une fête nationale dans l’État d’Israël. Elle a lieu le dixième jour du mois juif d’Iyar pour commémorer la vie et la pensée du leader sioniste.