Le nouveau Plan de Paix de Donald Trump :  Entre traquenard américain, victoire géopolitique russe et vassalisation intégrale de l’UE et de l’Ukraine résiduelle

Source : eurocontinent.eu – 25 novembre 2025 – Pierre-Emmanuel Thomann

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Le nouveau plan de paix de Donald Trump, s’il va de manière apparente dans la bonne direction, sera inacceptable pour la Russie, car il reste en l’état un piège géopolitique américain.

Ce plan vise pour Washington à se désengager de cette guerre par proxy contre la Russie, qu’ils ont provoquée et qui s’est transformée en bourbier face à l’affermissement géopolitique de la Russie. Moscou sort renforcée, non seulement sur le théâtre ukrainien avec la défaite militaire inéluctable de Kiev, leur proxy, mais aussi avec un recul géopolitique des Etats-Unis au niveau mondial avec l’accélération de la multipolarité mondiale en faveur des puissances eurasiennes, Russie et Chine, mais aussi les BRICS. Washington cherche à limiter les dégâts en acceptant l’abandon de l’élargissement de l’OTAN et la reconnaissance des nouvelles frontières avec tout de même de nombreuses ambiguïtés, mais en poursuivant la lutte pour la primauté américaine selon des modalités différentes dans un monde plus multicentré, voire à inverser la tendance à plus long terme en plaçant différent pièges à la Russie si ce plan était mis en œuvre en l’état.          

Ce plan repose toujours in fine sur la poursuite de l’encerclement géopolitique de la Russie par Washington, hier avec son instrument l’OTAN dont l’expansion continue va être désormais a minima gelée, mais aujourd’hui en transférant à l’UE la sous-traitance géopolitique des Etats-Unis dirigée contre la Russie. L’idée est ainsi de poursuivre la fragmentation géopolitique du continent eurasien pour assurer la primauté des Etats-Unis, au moins en Europe.

Washington évolue parallèlement vers un début d’acceptation de la configuration multipolaire en cherchant à négocier des projets communs avec la Russie pendant qu’elle pousse les Européens à se positionner contre la Russie, tout en leur exportant son armement et son gaz de schiste, c’est-à-dire gagner sur plusieurs tableaux.      

Ce plan vise ainsi à renforcer les avantages que les Etats-Unis ont tiré de ce conflit, notamment financiers, alors qu’en réalité, ils ont provoqué le conflit et l’ont perdu selon l’angle géopolitique. Il cherche aussi à entraver la progression russe sur le terrain sur toute la ligne de front pour la limiter aux Donbass, avec le retrait des soldats ukrainiens de cette zone, mais en l’associant à des concessions inacceptables pour les Russes. Avec ce plan Washington espère aussi retarder l’écroulement du régime de Kiev, qui s’affaiblit chaque jour d’avantage avec l’organisation d’élections 100 jours uniquement après l’acceptation éventuelle du mémorandum par Moscou et Kiev.  

Kiev et les capitales européennes pro-Kiev, les grands perdants du conflit, vont chercher à amender, voire torpiller ce plan, y compris par des provocations, même s’ils sont incapables de changer le rapport de forces. Le plan amendé par les Européens (le plan aurait déjà été réduit du 28 à 19 points et ne comporte même plus un abandon définitif de l’élargissement à l’OTAN, ni la reconnaissance des nouvelles frontières, et l’utilisation des avoirs gelés par Washington) n’a aucune chance d’être accepté par Moscou qui se basera sur la Plan initial. Il est plus intéressant d’examiner le plan initial car il reflète les intentions premières de Washington. On peut s’interroger sur les vrais objectifs de Washington qui sait pertinemment que Moscou n’acceptera pas ce plan amendé et évacué de toute dimension systémique ?

Washington cherche-t-il à agir finalement en synergie avec les capitales européennes pro-Kiev afin de piéger Moscou ? ou n’est-ce qu’une posture apparente et l’échec inéluctable des négociations sera imputé aux Européens et à Kiev dans le jeu inévitable de la désignation du bouc émissaire dans ce désastre géopolitique annoncé pour l’axe Washington-OTAN-UE-Kiev.             

 Le scénario le plus probable est l’enlisement des négociations qui vont s’éterniser, parallèlement à la poursuite du conflit qui va évoluer de plus en plus favorablement pour Moscou. La Russie va poursuivre son opération militaire, pour atteindre ses objectifs sur le terrain pendant toute la durée des négociations, éventuellement jusqu’à l’écroulement de Kiev.    

Ce plan est aussi une vassalisation géopolitique intégrale des Européens de l’OTAN et l’UE, avec l’objectif d’empêcher à l’avenir tout rapprochement continental sur l’axe Paris-Berlin-Moscou-Pékin. Il est ainsi proposé d’élargir l’Ukraine à l’UE, mais aussi de faire financer par les Européens leur propre assujettissement avec des propositions qui relèvent du pillage financier.  Une colonisation de l’Ukraine résiduelle par les Etats-Unis est aussi au menu donnant à Washington, un pouvoir géopolitique de nuisance au cœur du continent. Ce dernier aspect serait plus décisif que l’élargissement de l’UE à l’Ukraine qui constituera plus probablement une impasse insurmontable, car il aboutirait à un suicide de l’UE mais aussi en raison des désaccords entre Etats membres. Ce projet ferait dériver de manière plus significative encore, le centre de gravité géopolitique du projet européen vers l’Est au bénéfice d’une Europe américano-germanique et au détriment de la France.  Ce plan est évidemment totalement contraire aux intérêts géopolitiques de la France selon la vision gaullienne, et constituerait en l’état un obstacle pour la France comme puissance d’équilibre.     

Vers un nouvel ordre spatial et géopolitique multicentré

Le nouveau plan de Donald Trump pour surmonter le conflit en Ukraine, suit les deux tentatives précédentes (plan Kellog ), qui ont échoué, car trop éloignés de la réalité géopolitique et par le refus d’aborder les enjeux de fond qui sont de nature systémique.

Ce nouveau plan aborde enfin la question de la nouvelle architecture européenne de sécurité, avec l’abandon de l’élargissement de l’OTAN, revendication principale de la Russie et objectif politique de l’opération militaire en Ukraine. Ce plan prend donc acte de l’avantage géopolitique qu’a pris la Russie, et donc, s’il était appliqué, implique une victoire géopolitique russe dans ce conflit.

 La victoire géopolitique ne se confond pas avec la victoire militaire, qui y participe, mais n’est pas le cœur de ce conflit, qui concerne avant tout le nouvel ordre spatial et géopolitique, et donc le pouvoir mondial et le système international et ses règles qui le porte. La victoire géopolitique russe se définit comme la bascule vers un nouvel ordre spatial multicentré, c’est-à-dire l’impossibilité pour Washington de poursuivre l’encerclement de la Russie en Eurasie par les élargissements de l’OTAN et la configuration définitivement multipolaire au niveau mondial.

Toutefois, l’incertitude porte sur l’ampleur de cette victoire et donc l’ampleur de la défaite de l’axe Washington-OTAN-UE-Kiev.  La Russie a déjà atteint l’objectif de remettre en question, l’élargissement de l’OTAN en Ukraine, de facto, mais Washington ne l’a pas encore acté dans un traité pour en faire une réalité de jure et le point qui concerne cet aspect reste ambigu.   

Accepter un traité international qui interdit tout nouvel élargissement de l’OTAN et reconnait aussi les nouvelles frontières russes et ukrainiennes, c’est accepter pour Washington un nouvel ordre spatial multipolaire avec ses nouvelles frontières, zones d’influences et lignes rouges qui marquent( l’entrée dans le monde multipolaire et l’abandon du projet unipolaire pour la période ou cet ordre sera effectif, car toute configuration est précaire et temporaire (tout ordre international est un ordre spatial avait souligné Raymond Aron).

Le document reste malgré tout un plan reflétant une perspective américaine et inclus des éléments que la Russie n’a pas besoin de négocier, car ils sont déjà acquis et ses forces armées progressent sur le terrain. Ni Washington, ni aucun membre d’OTAN ou de l’UE ne peuvent l’arrêter.

Les capitales européennes pro-Kiev espéraient pouvoir changer la posture de Trump afin de la convaincre de relancer la cobelligérence hybride directe contre la Russie, mais ils ont échoué car la nouvelle doctrine américaine est la sous-traitance géopolitique de ses priorités par les Européens de l’OTAN et l’UE, évidemment sous la direction géopolitique de Washington, car il n’a jamais été question d’indépendance stratégique selon Washington pour les Etats membres de l’OTAN.  

Les gouvernements européens de la coalition pro—Kiev marginalisés cherchent à torpiller la négociation avec un plan alternatif irréalisable et totalement éloigné de la réalité géopolitique, notamment avec le refus d’abandonner le principe de l’élargissement, de l’OTAN, même s’il ne fait pas consensus aujourd’hui (donc éventuellement demain) et les nouvelles frontières entre l’Ukraine et la Russie. C’est à dire ne pas aborder la question de la nouvelle architecture de sécurité européenne, qui est de nature systémique.  C’est évidemment inacceptable pour la Russie et démontre qu’ils cherchent à faire capoter les négociations et tenter de minimiser le désastre qui les attends inéluctablement. Ils aggravent la méfiance de Moscou, qui pourra encore moins se fier à un plan de sortie de crise, qu’il soit uniquement américain ou amendé par les Européens, car il reflète en réalité de nombreuses arrières pensées géopolitiques hostiles.  Les gouvernements européens de la coalition pro-Kiev, en état de vassalisation géopolitique intégrale, n’ont pas d’autre horizon que de faire la sous-traitance géopolitique de Washington qui les encourage en réalité dans cette direction contre la Russie (Trump doit composer avec les néoconservateurs de l’Etat profond) et qui aggrave aussi la méfiance des Russes vis-à-vis du plan Trump. Donald Trump, dont les opinions réelles sont difficiles à cerner, doit composer avec les néoconservateurs de l’Etat profond à la défense et aux affaires étrangères qui poursuivent les doctrines géopolitiques visant à encercler l’Eurasie contre la Russie et la Chine, selon différentes modalités tactiques

Le plan est conçu comme s’il s’agissait d’un plan de paix avant tout visant à surmonter le conflit entre la Russie et l’Ukraine, alors qu’il s’agit d’un conflit entre Washington et la Russie. Quelques dispositions reflètent tout de même cet aspect, comme la proposition de reprise des accords de désarmement (Start).  Même si ce plan peut sembler aller, de manière générale, dans la direction géopolitique souhaitée par la Russie, il reste inacceptable car il comporte de nombreux pièges pour minimiser la victoire russe, et selon un scénario extrême, prendre une revanche et l’annuler à plus long terme.    

Le scénario le plus probable est la poursuite par Moscou de son opération militaire, pendant toute la durée des négociations, qui ne sont qu’à leur stade initial et vont prendre des mois, voire des années, La Russie va éviter les pièges et les éléments inacceptables de ce plan, pour le modifier en profondeur et le faire correspondre aux objectifs géopolitiques et  géostratégiques  de Moscou, affichés non seulement depuis 2022 dès le départ de l’opération militaire en Ukraine, mais aussi  par rapport à la question de la nouvelle architecture européenne de sécurité proposée à Washington  en décembre 2021.       

Différents scénarios sont envisageables.

Dans le premier scénario, Le plus probable est l’acceptation par tous les protagonistes du principe de la négociation du plan, car aucun acteur ne le reniera entièrement pour ne pas être accusé d’être la cause de son échec, mais va chercher à l’amender. Paris, Berlin et Londres ont présenté un plan alternatif totalement irréaliste mais destiné à intégrer les revendications de Kiev, et plus probablement à torpiller les négociations pour ramener Trump à une posture plus antirusse.  L’essentiel n’est pas là, car c’est Moscou qui détient le pouvoir de tracer les nouvelles cartes.

 La Russie a indiqué que ce plan était une bonne base, et donc encore négociable car son contenu est inacceptable. Mais le contenu précis et surtout la mise en œuvre sera âprement contestée et discutée. La Russie, qui elle seule décidera du moment où les opérations cesseront, et on l’a dit, va poursuivre son opération militaire, pour atteindre ses objectifs sur le terrain pendant la durée des négociations. Les combats se poursuivront, éventuellement jusqu’à l’écroulement de Kiev, si les négociations patinent à propos des revendications russes, aboutissant à l’acceptation par Washington à une capitulation de Kiev. Moscou va ainsi renforcer sa posture de négociation pour renforcer l’ampleur de sa victoire tandis que les Européens de l’OTAN et l’UE vont probablement chercher un moyen de tenir à bout de bras le régime de Kiev pendant les négociations pour minimiser leur humiliation.

Un autre scénario est l’écroulement du régime de Kiev plus rapidement que prévu, débouchant sur de nombreuses incertitudes mais ouvrant plus vite la possibilité d’une capitulation totale.  Ce scénario renforcerait encore plus rapidement la victoire géopolitique russe dans ce conflit par une victoire militaire écrasante.

Selon le troisième scénario ce plan se révèlerait être un piège pour la Russie si elle en accepte le contenu de manière trop hâtive, en arrêtant son opération militaire sans obtenir de garantie suffisante pour la mise en œuvre du plan et ne modifie pas certaines clauses qui vontdiminuer son avantage géopolitique. Ce scénario aboutit à la poursuite du conflit pendant une très longue période.

Le diagnostic géopolitique clinique

Le nouveau plan est plus une conséquence du constat fait par Washington de la victoire inéluctable de la Russie que d’œuvrer pour la paix. Il est la conséquence de l’incapacité de l’axe Washington-OTAN-UE-Kiev à infliger une défaite stratégique dans le conflit militaire et sur les temps plus longs d’imposer l’ordre euro-atlantiste avec l’élargissements de l’OTAN à l’Ukraine.  En effet Washington n’est pas un acteur neutre comme Donald Trump voudrait le faire croire, mais en réalité cobelligérant avec Kiev dans cette guerre hybride et conflit géopolitique contre la Russie.    

Ce nouveau plan est une tentative comme les précédentes, même si moins grossière, de masquer la défaite de l’axe Washington-OTAN, de permettre à Washington de se désengager du conflit et de limiter au maximum les conséquences pour les Etats Unis mais aussi d’en tirer le maximum de bénéfices de nature tactique, d’abord au détriment de Kiev et des Européens, mais aussi de minimiser la victoire de la Russie. De manière habile et cynique, Trump transfère l’humiliation de Washington à Kiev et aux Européens.          

Si Trump avait vraiment voulu imposer la paix depuis le début de sa seconde présidence, il aurait décidé d’un arrêt définitif des livraisons d’armes, des aides financières et des renseignements à Kiev pour frapper la Russie dans la profondeur. Il aurait diminué la capacité de Kiev à poursuivre le conflit de manière décisive et donc la durée du conflit.  Parallèlement Donald Trump aurait mis la pression aussi sur les Européens de l’OTAN et l’UE pour donner un coup d’arrêt à leur soutien à Kiev en exerçant des pressions comme la sortie de l’OTAN et l’arrêt des ventes d’armes aux Européens. Or rien de tout cela n’a été fait jusqu’à présent. Pourquoi, ?  Donald Trump doit aussi composer avec l’Etat profond et ses idéologues néoconservateurs qui restent arc-bouté sur sa vision unipolaire du Monde, mais les intérêts du complexe militaro-industriel et énergétique, qui a intérêt à poursuivre le conflit.

Cependant, il existe aussi des objectifs géopolitiques moins explicites et de longue haleine qui déterminent la posture de Washington sous la présidence Trump, qui, ne peut pas (encore?) les modifier en profondeur et s’inscrit dans ce sillage, même si les modalités changent. Pour comprendre il faut revenir au diagnostic clinique sur la situation actuelle mais aussi les véritables objectifs géopolitiques de Washington qui sont évidemment différents de l’objectif affiché pour la communication d’atteindre avant tout à la paix durable dans ce conflit.    

L’axe Washington-Otan-UE-Kiev a provoqué la guerre en Ukraine et l’a perdue. L’objectif géopolitique principal était de faire entrer l’Ukraine à terme, dans l’OTAN. Le conflit géopolitique a débuté dès la chute de l’URSS avec la tentative d’encercler la Russie par les élargissements successifs de l’OTAN, notamment le pivot ukrainien et phase ultime pour les plus extrémistes des néoconservateurs, fragmenter le territoire de la Russie. Le conflit militaire en Ukraine a débuté dès le coup d’Etat à Kiev, organisé par Washington en 2014, provoquant le soulèvement de habitants des régions de la Crimée et la Novorussia et l’offensive militaire de l’armée de Kiev contre les indépendantistes pro-russes qui ont résisté. Les accords de Minsk entre capitales européennes, Moscou, et Kiev ont suivi pour tenter d’endiguer le conflit. Ces accords n’ont pas été appliqués mais instrumentalisés par les capitales européenne (avec le soutien de Washington) pour renforcer Kiev depuis 2014 (on peut aussi remonter à la chute de l’URSS) ? A la suite de ce constat, la Russie a exigé une nouvelle architecture de sécurité européenne, incluant l’arrêt de l’élargissement de l’OTAN.  Cette demande a essuyé un refus catégorique de la part de Washington.  La Russie a décidé d’intervenir militairement en Ukraine pour pousser aux négociations sur les enjeux de fond du conflit. La guerre a éclaté selon un processus de prophétie autoréalisatrice avec Washington et Londres, déterminés à provoquer le conflit, plutôt que de négocier une nouvelle architecture de sécurité. Les menaces d’intervention de l’armée de Kiev, entrainée et armée par Washington et Londres depuis 2014, dans le Donbass et les exactions des bandéristes néonazis ukrainiens sur les populations civiles russophones a précipité l’intervention russe et le processus de réunification avec les territoires prorusses. Les Etats membres de l’OTAN sous la houlette de Washington se sont ensuite engagés dans une guerre par proxy avec une co-belligérence hybride en soutien de Kiev depuis 2022 jusqu’à aujourd’hui. Ils ont désigné la Russie qui fait la promotion d’un monde multipolaire et une nouvelle architecture européenne de sécurité indivisible et équilibré, comme ennemi afin de préserver l’ordre géopolitique euro-atlantiste exclusif ancré dans unipolaire du monde et la primauté américaine en Europe et dans le monde. L’objectif d’infliger une défaite stratégique à la Russie de 2022 à 2025 a cependant échoué avec le renforcement géopolitique de la Russie au niveau mondial et sa capacité à faire face à une coalition de plus de 35 pays dont l’OTAN derrière Kiev. Donal Trump, élu avec la promesse de surmonter ce conflit a décidé avec son administration de proposer des plans de sortie de crise, qui sont restés jusqu’à présent inacceptables pour la Russie.  

Selon le nouveau plan, l’acceptation par Kiev et l’OTAN de la remise en cause de l’élargissement de l’OTAN, objectif central de la Russie, constituerait le point central du plan s’il est mis en œuvre.  Il signifierait, selon l’angle géopolitique, un recul de l’espace euro-atlantiste, qui avait commencé à s’installer de facto en Ukraine et l’acceptation d’un nouvel ordre spatial et géopolitique, avec un nouveau tracé des frontières et des zones d’influences,

Le conflit en Ukraine entre l’axe Washington-OTAN-U-Kiev contre la Russie, à accélérer l’émergence d’un ordre multicentré asymétrique (évoquant la puissance relative des pôles géopolitiques). L’enjeu géopolitique de fond de la négociation avec ce nouveau plan est l’acception de cet ordre spatial multicentré, aboutissant à un nouveau régime juridique international, car tout ordre juridique international doit reposer sur un ordre spatial et géopolitique.       

Si le plan est approuvé à un moment donné par la Russie avec des modifications probablement substantielles reflétant sa progression sur le terrain, on assistera à un basculement géopolitique d’ordre systémique, équivalent au Congrès de Vienne inaugurant le concert des nations, au traité de Versailles, les traités issues de la Deuxième Guerre mondiale aboutissant au monde bipolaire, les arrangements issus de la chute de l’URSS inaugurant le monde unipolaire,

Donald Trump, à partir du sommet d’Anchorage qui inaugure une bascule géopolitique, a de facto commencé par accepter l’idée d’une multipolarité asymétrique, parce qu’il a compris que le conflit contre la Russie était perdu, mais sans renoncer aux doctrines géopolitiques anglo-saxonnes afin de maintenir au maximum la primauté américaine et ralentir l’émergence du monde multicentré.

La stratégie géopolitique des Etats-Unis consiste à encercler le continent eurasien mais selon des modalités tactiques en évolution. Les Etats-Unis exercent une pression avec le Rimland Indopacifique contre la Chine, ouvrent un nouveau Rimland arctique avec des visées sur le Groenland et le Canada, et inflexion significative, délèguent de plus en plus la question ukrainienne dans le Rimland européen en poussant les Européens de l’OTAN et l’UE, à faire la sous-traitance géopolitique des priorités américaines. Les Européens de l’OTAN et l’UE, en poursuivant l’aide financière et militaire à Kiev et en s’engageant dans une confrontation durable avec la Russie au-delà de la question ukrainienne, se positionnent ainsi dans les limites géopolitiques des Etats-Unis. Washington, qui prend acte du monde multicentré, amorce en parallèle une négociation avec la Russie qui reste un rival géopolitique, afin de se partager en priorité les bénéfices géopolitiques d’un partage de l’Ukraine et de la zone arctique, tout en réaffirmant son hégémonie panaméricain.

La question est de savoir jusqu’à quel point la Russie va accepter ce plan car il comporte de nombreux traquenards géopolitiques     

Le piège géopolitique américain

Pourquoi le plan Trump est inapplicable et rencontrera l’opposition de la Russie

Avant d’arriver à un accord, de nombreux points vont poser des problèmes à Moscou à court et à long terme.  Examinons-les.

Le dernier point 28[1] du plan est un piège : Un cessez-le-feu devrait être immédiatement accepté par la Russie, après l’acceptation de ce mémorandum et le retrait des troupes en fonction de la nouvelle répartition des territoires, alors même que la Russie n’a pas de garantie solide que le mémorandum soit mis en œuvre sur les autres questions plus fondamentales, notamment sur le non-élargissement de l’OTAN.  Les plans précédents de Washington et les capitales Européens pro-Kiev ont précisément cherché à faire accepter par Moscou un cessez-le-feu de manière préalable afin de ne rien lâcher par la suite et renforcer l’armée de Kiev. On peut anticiper que la Russie ne satisfera pas de ce point tel qu’il est envisagé et ne va pas accepter de cessez-le-feu sans une avancée significative dans les négociations, voire la signature de nouveaux traités

La mise en œuvre de l’accord serait, selon ce mémorandum piloté par un Conseil de paix présidé par Donald Trump. Cela reviendrait à donner un pouvoir abusif au président américain, et la Russie exigerait une présidence, a minima, sous le signe d’un G2 russo-américain.  

Les territoires

En ce qui concerne les territoires, la Russie avance sur le théâtre ukrainien et les bénéfices territoriaux présentés comme une concession faites à la Russie, sont en réalité déjà acquis par les Russes et le reste du territoire dans le Donbass, Kramatorsk, Slaviansk n’est qu’une question de temps. Il est proposé un gel du front pour les autres régions alors que le régime de Kiev est en train de se fissurer et que la Russie peut encore élargie sa zone de sécurité. Les régions de Zaporijjia et Kherson sont juridiquement parties intégrantes dans leur entièreté de la Russie depuis les référendums de réunification, selon le point de vue russe, et la proposition d’un gel du front pose ici une autre difficulté.

Il est stipulé que les régions du Donbass et la Crimée seraient reconnues comme Russes, y compris les Etats-Unis. Mais comme ils sont les seuls mentionnés, on ne sait pas qui d’autre va le reconnaitre. S’il y a reconnaissance des nouvelles frontières, mais c’est au niveau de l’ONU, non mentionné dans le plan, que la Russie voudra inscrire cette nouvelle réalité dans un nouveau traité international.   

Il est précisé que les zones évacuées par l’armée ukrainienne dans le Donbass, régions reconnues comme russes, deviendraient une zone démilitarisée ou l’armée russe ne pourrait pas entrer. Cela équivaudrait à faire des territoires du Donbass évacués par l’armée ukrainienne, des zones tampons qui ne sont pas entièrement sous souveraineté russe. C’est encore un point inacceptable. Moscou va par contre exiger une zone tampon démilitarisée, à partir des frontières des régions réunifiées.

La question de l’OTAN et des garanties de sécurité

Le plan envisage le renoncement à l’OTAN par l’Ukraine, et un mémorandum de l’OTAN promettant de ne pas accepter l’Ukraine dans l’OTAN.  Il serait plus crédible si les Etats-Unis renonçaient eux-mêmes à élargir l’OTAN. De plus il ne concerne que la question de l’élargissement à l’Ukraine, rien n’est mentionné à propos de la Géorgie ou la Moldavie. Il n’y a dans ce plan rien qui puisse garantir que les Etats-Unis, après la présidence Trump, ne chercheront pas à poursuivre l’élargissement de l’OTAN dans le Caucase ou en Europe orientale pour poursuivre l’encerclement de la Russie.

Un accord de non-agression est aussi proposé entre la Russie, l‘Ukraine et l’Europe, mais il n‘est lié à aucune garantie tangible. Pourquoi l’Europe, l’OTAN, l’UE sont mentionnée mais pas les Etats-Unis ?

Les Etats-Unis qui sont les cobelligérants principaux de Kiev et qui ont provoqué le conflit ne sont pas explicitement mentionnés, sont-ils non tenus par cet accord de non-agression ?  On se souvient aussi des promesses faites à la Russie dans le passé qui n’ont jamais été respectées. Non seulement la Russie exigera un nouveau traité international mais en plus des actes sur le terrain comme le retrait de certaines infrastructures et éventuellement des bases militaires susceptibles de menacer son territoire.   

Il est souligné que l’Ukraine recevrait des garanties de sécurité solides, mais sans préciser leur nature. Les Etats-Unis et les Etats membres européens de l’OTAN pourront-ils exporter, transférer et fabriquer sous licence des armes à l’Ukraine et potentiellement menacer le territoire de la Russie avec des drones, des missiles, des avions de chasse ?

Un point central sera la question des infrastructures de l’OTAN à ses frontières, revendications russe formulées dans les propositions de 2021 avec un traité entre les Etats-Unis et la Russie sur les garanties de sécurité et un accord sur les mesures afin d’assurer la sécurité de la fédération de Russie et des Etats-membres de l’organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN). [2]. Sans une négociation, refusée par Washington en 2021 avant l’intervention militaire russe, sur le contenu de ces propositions qui visent à construite une nouvelle architecture de sécurité européenne indivisible, il y a peu chance d’arriver à un accord entre Washington et Moscou.  Le point indiquant le stationnement de l’aviation de l’OTAN en Pologne, c’est-à-dire continuer la pression de l’OTAN sur les frontières russes, sera aussi inacceptable pour la Russie   

Les garanties de sécurité, si elles sont équivalentes à l’article 5 de l’OTAN, comme le prétendent les Etats-Unis et le souhaitent les Européens de l’OTAN et l’UE, risquent de vider de leur contenu le principe de non-élargissement de l’OTAN.

Il est aussi indiqué que si l’Ukraine lance un missile sur Moscou ou St Pétersbourg sans raison, les garanties de sécurité seront considérées comme nulles.  Cela veut-il dire que Kiev peut lancer des missiles sur d’autres objectifs s’il y a une raison valable ?

En réalité, le seul plan réellement crédible, serait une dissolution de l’OTAN et le retrait de tolus les infrastructures militaires américaines et européennes qui menacent la Russie à ses frontières non seulement en Ukraine, mais aussi dans les pays OTAN.

Le maintien de l’arme ukrainienne à 600 00 hommes (limite de 85 000 hommes exigé par la Russie au processus d’Istambul) mais aussi, le stationnement des avions militaires sur les bases en Pologne seront aussi difficilement acceptables par la Russie

Le vol des avoirs financiers russes pour reconstruire l’Ukraine au bénéfice de Washington  

On peut imaginer qu’il sera inacceptable pour la Russie d’approuver que les fonds russes gelés à hauteur de 100 milliards avec 100 milliards ajoutés par l’UE, soient utilisés pour la reconstruction en Ukraine et dont 50 % des bénéfices seraient versés aux Etats-Unis. Cela revient à voler des fonds russes gelés, et de la colonisation de l’Ukraine résiduelle par les Etats-Unis. L’UE avait aussi basé son financement de Kiev sur le vol de ces avoirs, et cet objectif s’écroule puisque les Washington veut en bénéficier à 50 %.  Il devrait être inacceptable pour les Européens de l’UE d’ajouter 100 milliards aux fonds russes gelés, et d’accepter que la moitié des bénéfices profite aux Etats-Unis, c’est le pillage de l’UE. Il est aussi proposé que le reste des avoirs Russes gelés serve à financer des projets communs entre la Russie et les Etats-Unis, cela revient à exercer un chantage et un vol des avoirs russes.

La tentative de réintégration de la Russie dans la globalisation américaine

La proposition d’un retour de la Russie dans le G7, avec la réintégration de la Russie dans la globalisation occidentale et libérale pilotée par les Etats-Unis est aussi un piège, pour donner un coup d’arrêt à l’émergence des BRICS et la mondialisation multipolaire alternative, et empêcher la Russie de torpiller le globalisme libéral d’inspiration anglo-saxonne. Cependant le G 7 est obsolète et les BRICS sont devenus un ensemble géopolitique plus intéressante pour les Russes. Ils refuseraient probablement de revenir au G7.  

L’objectif à plus long terme est de tenter d’attirer la Russie vers un Grand Occident pour rependre le projet de la colonisation numérique de la Russie. La retraite géopolitique américaine sur les espaces terrestres et maritimes serait compensée par la guerre cognitive dans l’espace numérique, l’intelligence artificielle et la géopolitique numérique et qui finalement vise à ralentir l’émergence de la multipolarité.   

L’objectif est aussi de chercher à détacher la Russie de la Chine, pour torpiller toute entente eurasienne. Cela ne se produira pas car la Russie n’a aucun intérêt à ouvrir un front contre la Chine au bénéfice des Etats-Unis et d’abandonner la mutation de le configuration géopolitique mondiale vers la multipolarité. 

La levée des sanctions de manière progressive est aussi inacceptable pour la Russie, car elle consiste à préserver un chantage permet sur la Russie, qui demander la levée intégrale des sanctions.

La colonisation géopolitique de l’Ukraine par Washington

Le plan, s’il est appliqué, aboutirait à un condominium russo-américain sur l’Ukraine et donc un nouveau partage de l’Europe entre le pôle géopolitique russe et le pôle géopolitique américain qui déborde en Europe jusqu’à la ligne de front qui traverse l’Ukraine.

La partie résiduelle de l’Ukraine non réunifiée à la Russie serait exclusivement exploitée de manière coloniale par les Etats-Unis, qui piloteraient la reconstruction pour les infrastructures et les villes, exploiteraient les ressources minières et naturelles et seraient en charge des questions énergétiques. Ce plan mettrait l’Ukraine sous perfusion des exportations de gaz américain et en ferait une colonie numérique. Ce dernier volet est très important car les Etats-Unis cherchent à obtenir la suprématie mondiale en matière de numérique et d’IA, et pourrait utiliser l’Ukraine comme base pour leur conquête du monde russe et de l’Europe tout entière avec l’arme numérique et l’intelligence artificielle.   

Perspectives

Il y a eu trop de sang coulé et la méfiance est trop profonde pour que la Russie accepte une victoire modérée alors qu’une capitulation intégrale de Kiev est un scénario plausible et une défaite aggravée de l’axe Washington-OTAN-UE est à l’horizon.  Ce plan ne sera toutefois pas rejeté intégralement puisque l’on touche enfin la question de l’architecture européenne de sécurité, et de facto l’acceptation du monde multipolaire par Washington et ses vassaux.      

Il est plus probable que pendant la durée des négociations sur ce plan de sortie de crise, les combats vont se poursuivre, et la Russie va maximiser les gains sur le terrain pour obtenir le plus d’assurances et de concessions dans la nouvelle architecture de sécurité à partir de l’abandon de tout élargissement de l’OTAN.

La question de l’élargissement de l’Union européenne à l’Ukraine : fragmenter l’Europe pour torpiller tout rapprochement continental avec la Russie

Il est proposé dans le plan que l’Ukraine aurait le droit à un élargissement de l’UE et un accès préférentiel au marché de l’UE, avant même l’adhésion sans même demander l’avis des états membres de l’UE.  Ce point confirme que l’UE, dans l’esprit de Washington, est une variable d’ajustement de sa stratégie géopolitique et un instrument pour faire la sous-traitance géopolitique des Etats-Unis et fragmenter géopolitiquement l’espace européen.

Avec un élargissement de l’UE à l’Ukraine résiduelle, l’UE serait réduite pour très longtemps au statut de périphérie géopolitique d’un Grand occident dominé par Washington, et ne pourrait pas se rapprocher de la Russie, avec Kiev qui torpillerait toute tentative de cette nature avec les Polonais et les Baltes.

 Il favoriserait aussi l’instrumentalisation de l’UE, en synergie avec Londres et Washington post-Trump de leur fournir l’occasion de se préparer à prendre sa revanche. Ce scénario aboutirait à une impossibilité pour l’UE de tier avantage de l’émergence du monde multipolaire alors même que les Etats-Unis pourtant rivaux de la Russie, négociera des arrangements bénéfiques américano-russes au détriment des Européens de l’UE. Avec l’élargissement de l’UE à l’Ukraine, un déplacement du centre de gravité géopolitique du projet européen s’aggraverait, et dériverait vers une Europe germano-américaine, ce scénario irait à l’encontre des intérêts géopolitiques de la France, marginalisée géopolitiquement et de la vision gaullienne d’une Europe continentale avec la Russie pour un meilleur équilibre géopolitique européenne et mondiale.    

L’élargissement de l’UE à l’Ukraine, option qui consiste à faire une petite concession aux Etats membres de l’UE, surtout à l’Allemagne, fait de l’UE en réalité la variable d’ajustement du recul euro-atlantiste puisque cela aboutirait à un affaiblissement et une fissuration de l’UE dans tous les cas. Il favorise le déplacement du centre de gravité géopolitique vers l’Allemagne, puissance centrale. L’Ukraine dans l’UE torpillerait tout rapprochement avec la Russie pendant des décennies.

Il est plus raisonnable de penser qu’un tel élargissement sera impossible à réaliser car les Etats membre seront en désaccord. Cela aggraverait les déséquilibres géopolitiques au sein de l’UE.

Mais l’élargissement de l’UE à l’Ukraine ne sera pas forcément accepté par la Moscou, étant donné que l’UE cherche à faire la sous-traitance géopolitique des Etats-Unis et l’OTAN avec un ersatz d’article 5 au sein de l’UE pour défendre l’Ukraine. Le calcul peut aussi être le suivant la question de l’élargissement de l’UE à l’Ukraine va créer une pomme de discorde durable au sein de l’UE avec la Hongrie mais aussi la rivalité franco-allemande et les Etats du sud de l’UE

Le plan alternatif de Londres, Paris, Berlin

Le plan alternatif des Européens de la coalition en soutien à Kiev, totalement irréaliste et déconnecté de la réalité géopolitique mais aussi militaire, démontre que leur objectif est de torpiller la négociation, pour ensuite accuser la Russie de bloquer et de convaincre Donald Trump de poursuivre la co-belligérence avec Kiev et de l’aggraver ? Sans l’appui de Washington, les Européens estiment qu’ils n’ont pas la capacité à imposer leurs revendications.  C’est une illusion, car même en synergie avec Washington, l’axe Washington-OTAN-UE-Kiev n’est mais parvenu à faire plier la Russie, bien au contraire

Les Européens de l’OTAN et l’UE engagent une négociation avec Washington sans la Russie et donc ne peut aboutir. Ce plan européen démontre la vassalisation intégrale car incapables de négocier directement avec la Russie, et n’ont que pour seul horizon de passer par Washington. Ce plan alternatif aggrave encore la méfiance de Moscou vis à vis de ces capitales européennes, car quelques soit l’issue de négociations, les Russes retiendront que ces réseaux néoconservateurs européens, tant qu’ils sont au pouvoir, chercheront à nuire à la Russie.    

Las rivalités géopolitiques internes à l’UE

Paris, Berlin, Londres et toutes les capitales pro-Kiev vont chercher à poursuivre le conflit de manière hybride, en mode de basse intensité (tentatives de changement de régimes dans le pourtour de la Russie, déstabilisations, sabotages.), même s’ils sont incapables de changer le rapport de force, car l’enjeu est ailleurs.

 En jeu est la question du pouvoir dans l’UE et l’invention de la menace russe est instrumentalisé   et constitue un prétexte pour la lutte pour le pouvoir et définir le chef de file de l’UE militarisée. Il exacerbe donc avant tout la rivalité géopolitique franco-allemande à l’UE et la rivalité entre Paris, Berlin, Londres Rome et Varsovie dans l’OTAN.

La communication sur la soi-disant menace russe, a pour objectif de convaincre les populations de financer les complexes militaro-industriels otanisés qui rivalisent pour les contrats.  La France veut éviter que les marchés européens de la défense soit dominé par les bases industrielles de défense allemandes et Américaines qui fusionnent. Le risque est que les complexes militaro-industriels deviennent un Etat dans l’Etat et cherchent à prendre le pouvoir et finissent par menacer la sécurité européenne par une fuite en avant dans la course aux armements s’ils ne sont pas encadrés par des objectifs géopolitiques nationaux indépendants et non pas comme aujourd’hui au service du régime corrompu de Kiev et des objectifs géopolitiques de Washington  

De plus, les gouvernements des capitales européennes qui se sont positionnés en pointe dans la co-belligérence hybride en faveur de Kiev contre la Russie ont tellement menti sur la situation réelle et annoncé une victoire ukrainienne inéluctable, qu’ils ne peuvent pas reconnaitre leur défaite désastreuse face aux citoyens qui vont leur demander des comptes.  Ils vont donc choisir la fuite en avant dans la mesure de leurs moyens pour camoufler leur humiliation 

Derrière la question ukrainienne, la question allemande

L’angle mort de ce confit est la question allemande. L’Allemagne en particulier a la ferme intention d’élargie l’UE à l’Ukraine afin veut prendre sa revanche vis-à-vis de la Russie. L’Allemagne était en pointe pour convaincre les Etats-Unis d’élargir l’OTAN le plus à l’Est possible, afin de se positionner comme puissances centrale européenne dans une Europe germano-américaine. Berlin va donc poursuivre le soutien à Kiev le plus longtemps possible, y compris dans le cas d’un retrait américain, dans la mesure de ses moyens, en synergie avec les capitales pro-Kiev d’Europe centrale. Paris, à l’occasion du conflit en Ukraine s’est positionné sur le flanc Est pour contrebalancer la domination allemande dans la Mittel-Ost-Europa  et pour éviter que l’Allemagne ne prenne une position hégémonique dans l’UE, comme puissance économique centrale avec l’Euro et comme Berlin l’a annoncé, une puissance militaire centrale avec son plan de réarmement/   

Conclusion

En conclusion, ce plan fait de l’UE la variable d’ajustement de la rivalité entre Russie et Etats-Unis.  L’UE va devenir le bouc émissaire de la défaite de Washington qui minimise le désastre au détriment des Européens.

Il est erroné de croire que les Etats-Unis qui ont provoqué cette guerre et l’ont perdue soient perçus comme les architectes de la paix et il serait inacceptable qu’ils puissent en tirer bénéfice en colonisant le reste de l’Ukraine avec l’argent des Européens et des Russes.  

Il est ainsi préférable qu’il ne soit pas appliqué tel qu’il se présente dans sa forme actuelle

La Russie a déjà gagné la guerre selon l’angle géopolitique, puisqu’il est vraisemblablement acquis mais pour Washington sous la présidence de Donald Trump seulement, que l’Ukraine ne deviendra pas membre de l’OTAN, mais c’est l’intensité de la victoire qui est en question et son effet à plus, long terme car les propositions sont encore trop ambigües.

Avec la défaite qui va s’aggraver, l’humiliation et l’affaiblissement de l’OTAN et l’UE otanisée vont renforcer les fractures géopolitiques transatlantiques mais aussi européennes   Les rivalités géopolitiques internes vont se renforcer dans l’UE et l’OTAN a propos de la question du pouvoir en Europe, la responsabilité de la défaite et du désastre géopolitique, la vassalisation croissante de l’UE aux Etats-Unis.

 Le plus grave est la vassalisation géopolitique mentale des classes politiques et des experts subventionnés qui sont incapables de sortir des doctrines géopolitiques anglo-saxonnes pourtant obsolètes, et inventer leurs propres doctrines à partir de la géographie et des intérêts européens.

Les amendements au plan provenant de Kiev et des gouvernements européen pro-Kiev, vont rendre ce document de moins en moins crédible pour Moscou.  La Russie ne dérogera pas de ses objectifs annoncés depuis le début du conflit. La question est de savoir si Donald Trump et son administration vont poursuivre une aide minimale financière et militaire à l’Ukraine et mais surtout vendre des armes aux Européens pro-Kiev afin qu’ils poursuivent la guerre hybride contre la Russie, ou bien s’ils vont se retirer du conflit  si les négociation patinent en poussant les Européens pro-Kiev prendre totalement en charge la sous-traitance géopolitique selon  un mode de basse intensité en faisant pression pour qu’ils se désengagent aussi du conflit militaire       

Dans le cas d’un pourrissement du conflit avec une impasse totale dans les négociations, la Russie va être obligée de poursuivre son opération pour obtenir le plus de garanties possibles sur le terrain et renforcer sa victoire militaire et géopolitique.  

Pour éviter que ce désastre géopolitique ne s’aggrave encore et que le bilan humain ne s’alourdisse encore, la capitation la plus rapide de Kiev est le scénario préférable pour arrêter les combats et atteindre la paix selon un principe réaliste et l’intérêt des peuples européens. Il est aussi préférable que la question ukrainienne soit définitivement résolue, afin que l’UE ne puisse pas s’élargir à l’Ukraine résiduelle, car ce scénario ferait porter ce désastre sur les peuples européens et non pas sur ceux qui l’on causé. La stabilité peur revenir en Europe, uniquement si la sécurité de la Russie est prise en compte. Si la question ukrainienne est surmontée et un nouvel ordre spatial est accepté entre Russie, Etats-Unis, Ukraine résiduelle et capitales européennes, les nouvelles frontières et l’abandon de l’élargissement de l’OTAN vont permettre de stabiliser la situation. La Russie n’a aucune visée territorial vis à vis des Etats membres de l’UE et de l’OTAN, on objectif se limite à consolider le monde russe face à aux projets d’encerclement par Washington et ses supplétifs et la fragmentation de son territoire par les capitales européennes les plus extrémiste et animées par la revanche. La Russie ne constituera pas une menace géopolitique si elle n’est pas menacée et fait la promotion d’un monde multicentré géopolitiquement plus équilibré et la diversité des civilisations, Un projet qui convient à la France selon la vision gaullienne.       

Le monde post-conflit

Si le conflit est gelé en Ukraine, la rivalité entre Etats-Unis, les capitales européennes pro-Kiev et la Russie va évidemment se poursuivre, sur d’autres théâtres et selon différentes modalités et à différentes intensités, car dans un monde multipolaire, les rivalités entre grandes puissances constituent le cœur de la configuration géopolitique et les pôles de puissance négocient une stabilité qui, reste précaire et temporaire, mais la rivalité se poursuit. Le complexe militaro -industriel a trop à gagner à désigner la Russie et la chie Chine comme adversaires mais la Russie a réussi le coup du siècle, torpiller le monde unipolaire.    

A plus long terme, cette défaite géopolitique inévitable devrait amener les dirigeants politiques qui remplaceront ceux qui ont amené à ce désastre à envisager un changement de posture géopolitique. Pour la France, il serait judicieux d’envisager un pivot géopolitique vers la Russie pour redonner la marge de manœuvre de la France comme nation d’équilibre afin de contrebalancer l’Europe germano-anglo-saxonne et l’axe des capitales pro-Kiev sur l’axe Londres-Varsovie-Stockholm-Pays baltes qui cherchera entrainer l’Europe dans un conflit hybride durable avec la Russie.  La France, coincée aujourd’hui entre deux arcs de crise Est et Ouest pourrait alors se concentrer sur la vraie menace qui est double, le suprémacisme américain et Europe et l’islamisme sur le territoire européen lié à l’immigration de masse et en lien étroit avec l’arc de crise au Sud de l’Europe.


[1] 28. Once all parties agree to this memorandum, the ceasefire will take effect immediately after both sides withdraw to the agreed-upon points to begin implementing the agreement.

[2] 17 December 2021 13:30, Treaty between The United States of America and the Russian Federation on security guarantees, https://mid.ru/ru/foreign_policy/rso/nato/1790818/?lang=en

17 December 2021 13:26

Agreement on measures to ensure the security of The Russian Federation and member States of the North Atlantic Treaty Organization,

https://mid.ru/ru/foreign_policy/rso/nato/1790803/?lang=en&clear_cache=Y

17 December 2021 13:36,  Press release on Russian draft documents on legal security guarantees from the United States and NATO https://www.mid.ru/en/foreign_policy/news/1790809/ 

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