Dossier : L’Eglise confinée et la religion de la république, de 1789 à nos jour.

Beaucoup de chrétiens s’interrogent sur l’étonnante durée de confinement du culte chrétien en regard de la reprise des autres activités de la vie publique en France. Peut-être que cette exception française est à replacer dans le rapport conflictuel qu’entretient le pouvoir politique avec l’Eglise depuis la révolution française. Un pouvoir qui depuis cette époque emploie le concept équivoque de laïcité afin de repousser progressivement le christianisme hors de la sphère collective pour lui substituer une religiosité alternative, révolutionnaire et républicaine. Claude Timmerman dresse ici pour Strategika la généalogie de l’idée de laïcité en tant que concept politique et retrace l’historique et les origines parareligieuses de cette idée. Il rappelle aussi de quelle manière cette véritable religion de la République fût régulièrement la matrice des persécutions antichrétiennes en France. Jusqu’à nos jours ?  
La rédaction de Strategika


Laïcité et laïcisme

Historiquement en France l’idée de laïcité apparaît avec la Révolution comme concept politique : le moyen par la république de dissocier la société civile de la « dépendance » religieuse.

Ainsi de nos jours, Jean Baubérot, théoricien et ardent propagandiste de de la laïcité,  soutient l’idée que la France doit se dégager de ses « racines chrétiennes ». Dans son ouvrage Histoire de la laïcité en France (2005), il précise que la notion de « pacte laïque » n’implique nullement que la séparation des Églises avec l’État soit le résultat d’une négociation de puissance à puissance, mais rend compte du passage d’une laïcité originelle du combat d’une des deux France en conflit à l’époque révolutionnaire:

  • celle des tenants de la Révolution française et
  • contre celle de « la fille ainée de l’Église »

À une laïcité qui peut inclure les membres des deux France lorsque, en 1946, la laïcité est devenue constitutionnelle avec la Quatrième République, de même en 1958 dans la constitution de la Ve République qui précise (art 2) :

« La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. »

La laïcité présente trois aspects :

– l’État est sécularisé,
– les libertés de conscience et d’exercice du culte sont entières,
– les croyances (religieuses ou non) sont considérées comme égales entre elles.

Ainsi la laïcité signifie la neutralité de l’État, au service des droits de l’homme et de la liberté de conscience. Telle était selon Baubérot, la position de Ferdinand Buisson. Aujourd’hui une nouvelle laïcité se fait jour visant à supprimer toute mention visible de la manifestation religieuse :

Les « laïcistes » construisent selon lui une sorte de laïcité intolérante et identitaire en privilégiant le seul critère de sécularisation. Une sécularisation sans laïcité serait une sorte d’œcuménisme, non une vraie laïcité. Or une laïcité sans liberté religieuse serait une sorte d’athéisme officiel, contraire à la liberté de conscience au nom de l’émancipation.[1]

C’est ce qu’il nous appartient d’examiner…

Selon Baubérot et le politologue Raphaël Liogie, l’année 2003 va constituer un tournant dans la conception de la laïcité : c’est en 2003 que François Baroin rend un rapport commandé par le premier ministre Jean-Pierre Raffarin et intitulé « Pour une nouvelle laïcité ».

Pour Jean Baubérot, ce rapport se détourne de la conception libérale de la laïcité issue de la loi de 1905. Jean Baubérot constate que la « nouvelle laïcité » : …

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[1] http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/d000095-laicite-les-debats-100-ans-apres-la-loi-de-1905/les-fondements-juridiques-de-la-laicite-en-france

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