Azov « on tour » de Washington à Jérusalem : « Marioupol est leur Massada »
Source : jeune-nation.com – 28 décembre 2022
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Il y a quelques mois, les dirigeants des deux partis démocrates et républicains au Congrès des États-Unis ont reçu des soldats et représentants du régiment Azov. Poursuivant « l’Azov tour », une délégation a effectué un voyage en Israël où ils ont été reçus par des autorités et des députés. Ces réunions font partie d’une tournée américaine et mondiale menée par le groupe et ses branches pour renforcer le soutien militaire et financier à l’armée ukrainienne, y compris au régiment. Mais aussi pour acter sa mue et son intégration au dispositif atlanto-sioniste et obtenir l’adoubement des maîtres qu’Azov s’est donné.
Démocrates et Républicains réconciliés autour d’Azov
En septembre dernier, des membres éminents des deux partis politiques américains démocrates et républicains ont rencontré des soldats et représentants de haut rang du bataillon Azov au Capitole à Washington. Le journaliste Moss Robeson(1) a révélé que l’un des soldats d’Azov qui a visité le Capitole était Giorgi Kuparashvili, « un co-fondateur du régiment Azov et le chef de son école militaire Yevhen Konovalets »
L’Association des familles des défenseurs d’Azovstal, une organisation composée de familiers des soldats d’Azov, a informé que Kateryna Prokopenko, Yuliya Fedosyuk (la directrice adjointe de l’association) et Ilya Samoilenko étaient présents avec les soldats d’Azov Kuparashvili, Vladyslav Zhaivoronka et Artur Lypka pour des rencontres en face à face en avec des députés et sénateurs démocrates et républicains. Kateryna Prokopenko est la dirigeante de l’Association des familles des défenseurs d’Azovstal et l’épouse de Denys Prokopenko, un commandant d’Azov.
Ils ont été reçus par « un certain nombre de membres du Congrès américain », au Capitole, comme le chef de la minorité républicaine à la Chambre, Kevin McCarthy (Californie), avec plus de 20 autres représentants républicains et démocrates. La délégation a aussi rencontré des républicains du Texas comme Dan Crenshaw, Pete Sessions, Tony Gonzales ou McCaul qui est l’un des membres les plus riches du Congrès et le membre éminent du comité des affaires étrangères de la Chambre.
Décrivant l’accueil chaleureux qu’ils ont reçu sur la colline du Capitole, l’Association des familles des défenseurs d’Azovstal a déclaré que :
« les membres du Congrès, en particulier, les vétérans de l’armée américaine, ont exprimé leur admiration pour la victoire du régiment Azov’ et ont déclaré leur soutien total à nos défenseurs Azovstal. Ils étaient particulièrement intéressés par le sujet de la défense de Marioupol… »
Ils ont encore rencontré le sénateur Rick Scott, ou la démocrate Mikie Sherrill qui a été photographiée avec des membres d’Azov dans son district d’origine.
À Washington, le président du House Intelligence Committee, Adam Schiff, a été photographié également avec des membres d’Azov et de l’armée ukrainienne au Capitole.
Après avoir rencontré des politiciens, les soldats d’Azov et le groupe de soutien aux des défenseurs d’Avozstal se sont lancés dans une tournée dans plusieurs villes pour susciter un soutien à Azov. Le commandant d’Azov Kuparshavili, s’exprimant dans une église ukrainienne, à Detroit, le 24 septembre, a loué l’accueil qui leur a été réservé au Capitole :
« Nous sommes allés voir les sénateurs, les membres du Congrès des deux partis. Honnêtement, la majorité que nous avons rencontrée, il y en avait plus de cinquante, et à la tête de leurs [factions], ils ont tous apporté leur soutien à 100 %. Ils ont commencé à travailler directement depuis leur bureau en face de nous, ont pris le téléphone et ont commencé à appeler différentes organisations qui peuvent influencer – en ce moment même… »
L’accueil large et bienveillant de la délégation d’Azov, par les politiciens américains des deux partis, montre que le seul lien qui peut unir les camps démocrates et républicains – en réalité largement traversés tous les deux par le néo-conservatisme – est fondé sur une guerre à l’étranger.
Israël pour le ripolinage de l’image d’Azov
Quelques semaines plus tard, c’est en Israël qu’on retrouve une délégation d’Azov à l’invitation de la Société des Amis de l’Ukraine.
La délégation était dirigée par Ilya Samoilenko et Yuliya Fedosyuk. Le but de la tournée était toujours de mobiliser le soutien aux combattants de l’unité afin de sensibiliser des politiciens et des hauts gradés israéliens. L’officier de renseignement d’Azov, Illia Samoilenko, qui a été libéré lors d’un échange de prisonniers avec la Russie en septembre, après sa reddition fin mai à la fin du long siège russe de la ville orientale de Marioupol, a déclaré au journal israélien Haaretz :
« Israël valorise la liberté, valorise la force, Israël valorise l’honneur. Ce sont les mêmes choses que nous apprécions aussi ».
Au Times of Israel(2), le même Samoilenko a déclaré :
« qu’il voit Israël et l’Ukraine du même côté, les civilisés luttant contre les non civilisés dans une lutte pour l’avenir de l’humanité. Nous avons la prospérité, une belle, prospère, belle civilisation, et ils ont des hommes des cavernes médiévaux ».
Il semble que les « ils » dans ce cas soient les Palestiniens et les Russes, que Samoilenko considère comme « non civilisés »…
Pour ce qui est d’Israël, la tournée de Samoilenko et Fedosiuk a pris aussi la forme d’une offensive de charme visant à contrer l’image du bataillon, largement qualifié de « néo-nazi » dans la presse jusqu’à ce que les gouvernements occidentaux arment l’Ukraine, y compris Azov, pour leur guerre par procuration contre la Russie. L’ADL (Anti-Defamation League), l’important groupe de pression communautaire juif et israélien avait par exemple qualifié Azov jusqu’en 2019 de « groupe extrémiste ukrainien » ayant des « liens avec les néonazis et les suprématistes blancs »(3).
Depuis le 24 février 2022, retournement de veste, et avec l’aide des médiats, Azov se concilie Israël et la communauté juive aux États-Unis pour obtenir son retrait de la liste des organisations que le pays ne peut financer et dont les éléments ne peuvent recevoir une formation de l’armée américaine.
Peu à après le début de l’opération militaire russe, en mai, le Times(4) à Londres a rapporté qu’Azov prévoyait de changer son logo-symbole (le wolfsangel(1)). De même, le « détachement d’opération spéciale Azov » des origines est devenu depuis un régiment. Il a été intégré à la Garde nationale ukrainienne pour tenter de diluer son image de pure milice anti-Russe et faire oublier les nombreuses accusations d’avoir participé à des exactions, tortures et crimes de guerres contre les populations du Donbass. Cette évolution a été acté dans un article du Jerusalem Post, tout récemment, qui affirmait que « le bataillon Azov [est] le prédécesseur du régiment Azov ».
Ilya Bezruchko, dans une publication du Times of Israel, a mis un accent particulier sur cette question, citant non seulement les paroles de Samoilenko, mais aussi le témoignage de trois combattants juifs d’Azov (Vitaly Barabash, Ilham Hasanov et Valentino Dzyubenko), avec lesquels il a communiqué personnellement à cette occasion.
Selon Bezruchko, les sentiments extrémistes étaient associés à Azov en 2014, ensuite, ils ont été amenés au bataillon par des volontaires russes :
« Cependant, pour des raisons inconnues, ces personnes noires ont disparu moins d’un an après avoir rejoint le bataillon et n’ont laissé qu’une traînée d’histoires désagréables qu’ils ont créées pour les médias. Connaissant très bien la méthodologie de la propagande russe, je suppose que ces gens étaient des « taupes » dans le régiment. »
L’auteur y déclare aussi qu’après 2017, le nouveau commandant Denys Prokopenko a commencé à appliquer strictement les normes de l’OTAN en matière de formation, d’idéologie et de conduite des opérations de combat. Le Jerusalem Post cite aussi un grand rabbin d’Ukraine Yakov Blaich :
« S’il n’y avait pas eu la propagande russe, je ne saurais même pas qu’il y a des nazis à Azov. C’est une minorité d’une minorité. »
Des photos publiées par le compte Twitter de l’Association des familles des défenseurs d’Azovstal, montrent que Samoilenko et Fedosiuk ont même visité le haut lieu symbolique de l’identité juive, Massada(2),où, selon la légende, les défenseurs juifs ont choisi la mort contre l’esclavage romain.
Avec les photos à Massada, le compte Telegram a publié :
« Quand aujourd’hui en Israël nous parlons de la défense de Marioupol, les Israéliens… répètent constamment : « Mariupol est votre Massada. »
En plus de Massada, les tweets montrent que les deux Ukrainiens ont également rencontré des soldats réservistes israéliens, assisté à une projection de film et rencontré Naama Lazimi – une dirigeante politique israélienne du Parti travailliste qui fait partie du gouvernement de coalition sortant. Lors de la rencontre avec Lazimi, Samoilenko « a démystifié les mythes créés par la propagande russe sur le régiment Azov », a affirmé l’association Azovstal sur sa chaîne Telegram. (Néanmoins, peu de temps après la publication de cet article, le compte a supprimé la publication montrant leur rencontre avec Lazimi…)
Avec cette visite en Israël, Azov se glisse opportunément dans l’ambiance régnant à Kiev – devenue une colonie à disposition d’oligarques juifs depuis sa séparation de l’URSS – où il y a quelques jours encore, Valerii Zaluzhnyi, le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, posait fièrement avec un grand rabbin d’Ukraine, Moshe Reuven Azman, au cinquième jour de l’allumage des feux d’Hanouka :
Honni quelques mois encore avant cette guerre par procuration contre la Russie, les médiats occidentaux se sont maintenant largement alignés, décrivant Azov avec sympathie comme les « héroïques défenseurs de Marioupol », comme des « patriotes incompris » et comme les victimes de la « propagande de Poutine ».
Même l’ADL affirme que l’intégration du bataillon Azov dans la garde nationale ukrainienne en 2014 signifiait que l’unité militaire Azov s’était séparée du mouvement politique d’extrême droite Azov et du fondateur du mouvement Andriy Biletsky. Et l’ADL dit maintenant qu’elle « ne voit pas le régiment Azov comme le groupe d’extrême droite qu’il était autrefois »(7). Un adoubement qui ne trompe pas.
La normalisation d’Azov est en marche depuis plusieurs mois avec l’aide d’Israël, des néo-conservateurs sionistes et de leurs lobbies, un peu comme lorsque les États-Unis et leurs alliés ont tout d’un coup rebaptisé la branche syrienne d’Al-Qaida en « rebelles modérés »(8) lorsque celle-ci s’est lancée contre le régime honni de Bachar el-Assad, ce qui servait leurs plans.
Finalement, passé d’un bataillon de « nationalitaristes »(9) nostalgiques, chauvinistes et revanchards à un régiment de ralliés à l’atlanto-sionisme et au néo-conservatisme yankee, la mue d’Azov est actée par les maîtres qu’il s’est donné.
Notes :
(1) https://mossrobeson.medium.com/azov-delegation-visits-the-us-b535ba336eb1
(2) https://www.timesofisrael.com/after-4-months-in-russian-solitary-ukrainian-officer-visits-israel-tells-his-story/
(3) https://mobile.twitter.com/adl/status/1176238081688702981
(4) https://www.thetimes.co.uk/article/azov-battalion-drops-neo-nazi-symbol-exploited-by-russian-propagandists-lpjnsp7qg
(5) Le Wolfsangel (ou crampon, ou encore crochet de loup) est une charge héraldique en Allemagne et dans les régions de tradition germanique de l’Est de la France. Ce symbole, utilisé depuis l’époque médiévale, est traditionnel dans ces régions. Dans les années 1930, la Wolfsangel, proche de la rune Eihwaz, est utilisée comme symbole par différentes organisations d’extrême droite ou nationalistes : la Jungmannschaft alsacienne de Hermann Bickler, le Mouvement national-socialiste aux Pays-Bas, les adjudants de la jeunesse hitlérienne ainsi que plusieurs unités SA et SS (en particulier les unités Feldherrnhalle et néerlandaises). Il est également repris par les unités werwolf. Plus récemment, l’Union panukrainienne « Liberté » (Svoboda), et les Patriotes d’Ukraine (relancée en 2005 par Andriy Biletsky et qui a servi de vivier pour le lancement du bataillon Azov, en 2014) ont utilisé une version renversée de ce symbole. Azov l’a également adopté comme emblème.
(6) La forteresse de Massada est le lieu historique du dernier combat – très mythifié -des Juifs contre les Romains. Aujourd’hui, Israël y organise des cérémonies d’assermentation pour ses nouveaux soldats, et ils s’engagent à ce que « Massada ne retombe plus ».
(7) https://thegrayzone.com/2022/12/08/adl-ukraines-azov-battalion-far-right/
(8) https://thegrayzone.com/2021/06/09/washington-positioning-syrian-al-qaeda-mohammad-jolani-asset/
(9) Nationalitarisme : Selon Jacques Ploncard d’Assac, « les nationalistes sont les tenants de la nation-héritage ; les nationalitaires [ou nationalitaristes] sont les sectateurs de la nation-contrat » (Manifeste nationaliste, Jacques Ploncard d’Assac. Plon, 1972, p. 49). Le nationalitarisme est une conception réductrice de la nation qui refuse de tenir compte de sa réalité et formation historique. Le terme convient particulièrement bien pour les Ukrainiens de l’Ouest, Galiciens et autres azovistes revendiquant une prétendue « Ukraine-nation » qui, pourtant, dans ses frontières de 1991 incluant ainsi Crimée, Donbass et autres territoires et populations de l’Est, n’a aucune réalité historique.
On nous aurait menti?
Les nazis et les sionistes auraient des vues similaires?
Un suprématisme ethnique d’une côté, un suprématisme ethno-religieux de l’autre…
Tout est déjà fortement suggéré (si on sait lire entre les lignes) dans le livre de Douglas Reed « La controverse de Sion »!
Et puis, les nazis et les sionistes s’entendaient plutôt bien… jusqu’à la bascule de Stalingrad ou, à l’évidence, la victoire avait choisi son camp…
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