SOROS, BERGSON ET LES BLASPHÈMES DE LA SOCIÉTÉ OUVERTE – Nicolas Bonnal

Par Nicolas Bonnal

Abonnez-vous au canal Telegram Strategika pour ne rien rater de notre actualité

Pour nous soutenir commandez le livre : “Globalisme et dépopulation” édité par Strategika

Ce sujet effrayant mériterait un livre détaillé. La société ouverte de Soros veut
imposer le chaos partout : comme le chaos n’est pas naturel (relisez Gilles Chatelet) il
faut l’imposer par la force, un peu comme le néolibéralisme s’impose par les thérapies
de choc. Mais d’où vient cette société ouverte qui veut nous clouer le bec ?
On commence par le médiocre Karl Popper. On sait que Popper utilise cette
expression pour s’en prendre aux ennemis que seraient les géants Platon, Hegel et
Marx. Bref les plus grands génies de la pensée occidentale deviennent les ennemis de
cette société moderne et ouverte. Ah, ce passé…. Vague prof d’université qui se prit
pour le petit juge de la philosophie occidentale, Popper, libéral autrichien exilé en
Nouvelle-Zélande, faisait partie de ces vrais penseurs de notre temps dont parla un
jour Guy Sorman, et qui n’avaient de penseur que le nom. Ils étaient là pour imposer
la société libérale chaotique, inégalitaire et fascisante dans laquelle nous sommes
maintenant plongés à plein-temps. Dans Vivre et penser comme des porcs, livre qui
me fut recommandé par Chevènement (nous avions le même éditeur), Gilles Chatelet
décrivait l’origine britannique de cette pensée postmoderne : Hobbes et Bentham
bien sûr, l’ineffable Malthus (voyez ce qu’on fait de nos jeunes), Mill, Hayek, Gary
Becker, etc. On en reparlera.
Point n’est besoin d’être cacique pour remettre Popper à sa place. Wikipédia, rédigé
parfois par d’honorables profs de philo, le fait pour nous :
« En 1959, le philosophe Walter Kaufmann a fortement critiqué les passages de cet
ouvrage concernant Hegel. Il écrit notamment que le livre de Popper « contient plus
d’idées fausses au sujet de Hegel que n’importe quel autre ouvrage » et que les
méthodes de Popper « sont malheureusement semblables à celles des ‘universitaires
totalitaires’ ». Kaufmann accuse Popper d’ignorer « qui a influencé qui » en matière
de philosophie, de trahir les principes scientifiques qu’il prétend pourtant défendre,
et de ne pas bien connaître les textes de Hegel – s’étant basé sur « une petite
anthologie pour étudiants ne contenant pas un seul texte complet. » De même
pour  Eric Voegelin , le livre de Popper est un « scandale », une « camelote

idéologique » qui utilise des concepts sans les maitriser, ignorant de la littérature et
des problématiques des sujets traités. »
Et Wikipédia d’insister encore avec ce drôle :
« La philosophe Anne Baudart reproche à Popper ses rapprochements hâtifs, ainsi
que le fait de porter sur les philosophes grecs « un regard tout à fait anachronique,
fort loin de l’impartialité. »
Mais l’expression de société ouverte ne vient pas de Popper. Elle vient comme on sait
de Bergson, le prof philosophe, subversif et mondain du siècle dernier, selon notre
René Guénon, qui évoquait dans son Règne de la quantité le « nomadisme dévié ».
Bien avant la société liquide dénoncée par Zygmunt Bauman et par le brillant styliste
et matheux Gilles Chatelet, Guénon note la menace de la pensée fluidique de Bergson
(Règne de la Quantité, chapitre XXIII). Il souligne la fascination fin de cycle pour la
dissolution de toute chose (nations, sexes, religions, familles…) :
« …de là leur allure « fuyante » et inconsistante, qui donne vraiment, en contraste
avec la « solidification » rationaliste et matérialiste, comme une image anticipée de la
dissolution de toutes choses dans le « chaos » final. On en trouve notamment un
exemple significatif dans la façon dont la religion y est envisagée, et qui est exposée
précisément dans un des ouvrages de Bergson qui représentent ce « dernier état »
dont nous parlions tout à l’heure… »
La religion ouverte de Bergson va donner la société ouverte de Soros-Popper (et
même la religion du père François). Dans ses Deux sources de la morale et de la
religion, Bergson définit deux origines à la religion ; la mauvaise, qui est la
traditionnelle ; et la bonne, qui est la sienne, et qui est « ouverte » comme la société
de l’autre.
Guénon, très remonté :
« Il y a donc pour lui deux sortes de religions, l’une « statique » et l’autre «
dynamique », qu’il appelle aussi, plutôt bizarrement, « religion close » et « religion
ouverte » ; la première est de nature sociale, la seconde de nature psychologique ; et,
naturellement, c’est à celle-ci que vont ses préférences, c’est elle qu’il considère
comme la forme supérieure de la religion… »

On fait la chasse à la statique :
« Mais, dira-t-on, une telle philosophie, pour laquelle il n’y a pas de « vérités
éternelles », doit logiquement refuser toute valeur, non seulement à la métaphysique,
mais aussi à la religion ; c’est bien ce qui arrive en effet, car la religion au vrai sens de
ce mot, c’est justement celle que Bergson appelle « religion statique », et dans
laquelle il ne veut voir qu’une « fabulation » tout imaginaire ; et, quant à sa « religion
dynamique », la vérité est que ce n’est pas du tout une religion. »
Cette religion ouverte façon Vatican 2 n’est plus une religion :
« Cette soi-disant « religion dynamique », en effet, ne possède aucun des éléments
caractéristiques qui entrent dans la définition même de la religion : pas de dogmes,
puisque c’est là quelque chose d’immuable et, comme dit Bergson, de « figé » ; pas de
rites non plus, bien entendu, pour la même raison, et aussi à cause de leur caractère
social ; les uns et les autres doivent être laissés à la « religion statique » ; et, pour ce
qui est de la morale, Bergson a commencé par la mettre à part, comme quelque chose
qui est en dehors de la religion telle qu’il l’entend. »
Précisons que Bergson inspira le romancier néo-catholique Joseph Malègue qui est
lui l’une des références méphitiques de ce pape.
Guénon passe à la religiosité :
« Alors, il ne reste plus rien, ou du moins il ne reste qu’une vague « religiosité », sorte
d’aspiration confuse vers un « idéal » quelconque, assez proche en somme de celle
des modernistes et des protestants libéraux, et qui rappelle aussi, à bien des égards,
l’« expérience religieuse » de William James, car tout cela se tient évidemment de fort
près. C’est cette « religiosité » que Bergson prend pour une religion supérieure,
croyant ainsi, comme tous ceux qui obéissent aux mêmes tendances, « sublimer » la
religion alors qu’il n’a fait que la vider de tout son contenu positif, parce qu’il n’y a
effectivement, dans celui-ci, rien qui soit compatible avec ses conceptions… »
La religion ouverte comme la société ouverte relève de la divagation mais attention, la
férocité des méthodes n’est jamais loin, voir l’autoritarisme de ce pape ou du
président français :
« …au fond, ce qui lui plaît chez les mystiques, il faut le dire nettement, c’est la
tendance à la « divagation », au sens étymologique du mot, qu’ils ne manifestent que

trop facilement lorsqu’ils sont livrés à eux-mêmes. Quant à ce qui fait la base même
du mysticisme proprement dit, en laissant de côté ses déviations plus ou moins
anormales ou « excentriques », c’est-à-dire, qu’on le veuille ou non, son rattachement
à une « religion statique », il le tient visiblement pour négligeable… Ce qui lui
appartient peut-être en propre, c’est le rôle qu’il attribue dans tout cela à une soi-
disant « fonction fabulatrice », qui nous paraît beaucoup plus véritablement
« fabuleuse » que ce qu’elle sert à expliquer… »
Et Guénon rappelle l’incroyable : la propre sœur (Moina, voyez sa fiche) du
prestigieux Bergson était une sorcière mariée au grand maître de la Golden Dawn, le
fameux Samuel Liddell Mathers, lui-même premier véganien…
« Il est bien regrettable que Bergson ait été en mauvais termes avec sa sœur Mme
Mac-Gregor (alias « Soror Vestigia Nulla Retrorsum ») qui aurait pu l’instruire
quelque peu à cet égard ! »
Cela n’étonnera personne quand on sait la proximité de notre société ouverte et des
nouveaux cultes Illuminati et autres tendances savantes es-sorcellerie… 
Je rappellerai également que l’expression « élan vital », qui est comme une marque
de fabrique de la philosophie passe-partout de Bergson se retrouve usitée par Jerry
Fields, un ponte de la pub américaine dans les années soixante ! Ah, la rébellion du
grand marché, ah la créativité du publicitaire apprenti luciférien ! C’est chez Thomas
Frank, l’auteur du grand livre sur le capitalisme de la subversion. Cela confirme que
le trop oublié Henri Bergson est un grand-père de la culture des sixties.
On a pu depuis découvrir que la société du chaos a recours à l’autoritarisme pour
imposer son imbuvable agenda.
Et pour qu’on n’accuse pas René Guénon de malfaçon herméneutique, on citera sans
les commenter deux extraits assez déments du livre de Bergson, que certains doivent
lire encore, et de quelle manière. C’est dans les Deux sources, chapitre IV,
incroyablement nommé « Mécanique et mystique », où Bergson évoque la société
ouverte à venir :
« Qu’un génie mystique surgisse ; il entraînera derrière lui une humanité au corps
déjà immensément accru, à l’âme par lui transfigurée. Il voudra faire d’elle une

espèce nouvelle, ou plutôt la délivrer de la nécessité d’être une espèce : qui dit espèce
dit stationnement collectif, et l’existence complète est dans l’individualité. »
Et dans la conclusion :
« Ne nous bornons donc pas à dire, comme nous le faisions plus haut, que la
mystique appelle la mécanique. Ajoutons que le corps agrandi attend un supplément
d’âme, et que la mécanique exigerait une mystique. Les origines de cette mécanique
sont peut-être plus mystiques qu’on ne le croirait ; elle ne retrouvera sa direction
vraie, elle ne rendra des services proportionnés à sa puissance, que si l’humanité
qu’elle a courbée encore davantage vers la terre arrive par elle à se redresser, et à
regarder le ciel. »
Les dernières lignes sont aussi assez étourdissantes :
« L’humanité ne sait pas assez que son avenir dépend d’elle. A elle de voir d’abord si
elle veut continuer à vivre. A elle de se demander ensuite si elle veut vivre seulement,
ou fournir en outre l’effort nécessaire pour que s’accomplisse, jusque sur notre
planète réfractaire, la fonction essentielle de l’univers, qui est une machine à faire des
dieux. »
Et dire que Bergson a reçu le prix Nobel… Il est vrai que son héritier Soros, qui doit se
prendre pour le génie mystique évoqué plus haut vient d’être promu homme de
l’année par le Financial Times, feuille paroissiale du capitalisme mondial et possédé.
Davos, la montagne magique…
 
Sources et notes

Gilles Chatelet – Vivre et penser comme des porcs (Gallimard)
Henri Bergson – les deux sources de la morale et de la religion (classiques.uqac.ca)
Thomas Frank – The conquest of cool, chapter six.
Le règne de la quantité et les signes des temps (classiques.uqac.ca). Chapitre XXXIII :
L’intuitionnisme contemporain

Une pensée sur “SOROS, BERGSON ET LES BLASPHÈMES DE LA SOCIÉTÉ OUVERTE – Nicolas Bonnal

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *