La fin du G7

Source : stratpol.com – 25 janvier 2024 – Serge Berthier

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Serge Berthier est résident permanent à Hong Kong.
Il est l’auteur du livre “CHINE : Comment l’Occident se fabrique des ennemis” (édition du Panthéon)
Fondateur de la revue Asian Affairs. Membre fondateur du Boao Forum for Asia

Une grande partie de l’Occident a désormais deux ennemis : la Russie et la Chine. Il me semble opportun étant donné la mode actuelle d’illustrer comment nous nous les fabriquons en commençant non pas par l’objet de mon livre : “Chine : comment l’Occident se fabrique des ennemis” (édition du Panthéon) mais par son voisin, la Russie.

En effet, la période tragique que nous vivons a accéléré la naissance d’une alliance tous azimuts entre ces deux pays face à l’Europe qui a fait sienne la guerre qui se déroule en Ukraine, le régime au pouvoir refusant de déclarer la neutralité de ce pays. L’Europe se lance dans une guerre économique face à un bloc politique et économique comptant 1,6 milliard de gens vivant sur un territoire continu de 25 millions de km2. Les déclarations venant des officiels de Bruxelles, notoirement celle comparant l’économie russe à celle de l’Espagne, montrent que nous n’avons pas réellement pris la mesure de cette nouvelle situation géostratégique.

Le prisme déformant de l’occidentalo-centrisme

Est-ce surprenant ? Pas vraiment. Les gouvernements européens n’ont jamais su mesurer la puissance de la Russie et de la Chine, individuellement ou collectivement, notamment parce que la presse internationale anglo-saxonne continue de dénier le titre de “première économie mondiale” à la Chine. Le bloc sino-russe est considéré à la même aune.

Il y a une raison à cela. Washington dépense une fortune en propagande anti-chinoise depuis des lustres. Pour ceux qui doutent que ce soit vrai, je voudrais attirer un instant leur attention sur ce qui s’est passé avec le “Russiagate” dont la cible était le président Trump. Cette analogie est utile car on sait désormais de façon absolue que ce sont les auteurs et les mêmes acteurs de ce scandale qui concoctent depuis Washington un front antichinois dans le but de faire durer envers et contre tout l’hégémonie que leur pays a créée sur les débris de la seconde guerre mondiale.

Rafraichissons un instant notre mémoire. Le 4 novembre 2021, un certain Igor Danchenko a été arrêté par le FBI. Il était accusé d’avoir en 2016 falsifié et/ou créé des faux dans le but de détruire la candidature de Donald Trump à la présidence américaine. Igor Danchenko, né en 1978, d’origine russe, naturalisé américain en 1991, est un analyste employé par l’un des instituts les plus connus des États-Unis, le Brookings Institute, un think-tank classé le meilleur du monde par les universités américaines !

L’histoire commença quand Hillary Clinton confia à une officine obscure (Fusion GPS) le mandat de trouver tout ce qui pourrait contribuer à nuire à la candidature du républicain de dernière minute, Donald Trump. L’officine sous-traita le travail à un citoyen britannique, Christopher Steele, ancien agent du MI6, la DGSE britannique.

Le travail rendu par cet aventurier était peu sérieux. Il aurait été facile de le démonter. On peut lire dans son rapport que Trump avait reçu de l’argent russe via le consulat russe à Miami. Il n’y a pas de consulat russe dans cette ville ! Au final, ce qui n’était qu’un tissu de ragots sortis de l’imagination humaine trouva néanmoins des soutiens chez les partisans d’Hillary Clinton et fit son chemin. On construisit ainsi l’image d’un Trump, élu par de l’argent russe ! Tout cela fit la manchette des journaux qui gobèrent absolument toutes les rumeurs.

Le directeur du FBI de 2013 à 2017, le démocrate James Convey, parfaitement au courant de ce qui s’était tramé, fut limogé par Trump. Cela fit scandale. Sauf que Trump avait raison. Le Sénat américain voulut éclaircir l’affaire. Elle convoqua Convey en 2018. Devant la commission sénatoriale, Convey en fut réduit à dire que sur le dossier Steele il ne savait pas, il ne se souvenait pas et il n’y était pour rien. Il le répéta 245 fois.

L’affaire fut mise en sommeil, le temps qu’un juge d’instruction saisi de l’affaire finisse son travail de bénédictin et démasque le vrai auteur du rapport Steele. C’était Igor Danchenko, employé du célèbre Brookings Institute.

La Chine est victime du même genre de procédé. Tout comme on vendait un président Trump fictif, on vend au public une Chine fictive. Tout cela sert des objectifs stratégiques. Dans le cas de Trump, le but était de rendre impossible toute détente entre la Russie et les Etats-Unis. Dans le cas de la Chine, c’est la même chose. Dans le fond Trump n’avait pas tort d’évoquer l’existence d’un “deep state”, une accusation que la presse internationale tourna immédiatement en dérision et traita comme une “fake news”.

Des exécutifs aux intérêts “profonds”

Qui est le “deep state” ? Il ne faut pas chercher loin. C’est toute la nébuleuse qui a un intérêt primaire à ce que les choses soient ainsi. Dans ces conditions, comment s’étonner que les dirigeants chinois soient sans cesse présentés comme un danger ? Cette nébuleuse que nous allons évoquer succinctement dans cet article s’appelle le Pentagone. Cette organisation n’a même pas l’originalité du scénario. Il a été écrit au début du XIXe siècle parun milliardaire écossais, un certain William Jardine (1784-1843) qui s’était mis en tête de provoquer une guerre entre son pays, le Royaume-Uni, et la Chine pour servir ses intérêts commerciaux.

Cet homme était le roi de la drogue, mais comme disait l’empereur Vespasien, l’argent n’a pas d’odeur. L’empereur de Chine ayant interdit l’usage et le commerce de l’opium dans son pays, il fallait bien faire quelque chose. Mais parler de drogue n’aurait pas servi les intérêts de Jardine à Londres puisque la Couronne Britannique partageait avec l’Empereur le même point de vue. L’angle d’attaque fut donc différent. L’Empereur était inepte et ses sujets malheureux. On réinventa alors un pays que personne ne connaissait vraiment.

Jardine mit une dizaine d’années à réussir son plan et à réinventer la Chine. Fort de ses milliards, il acheta petit à petit tout le monde, d’une façon ou d’une autre. A la fin, argument suprême, il paya pour l’armée que le premier ministre britannique ne voulait ni ne pouvait financer.

La suite, nous la connaissons. Pékin perdit la première manche. La débâcle qui suivit la guerre de l’opium (1840) eut un prix extravagant en vies humaines mais cela était secondaire. Elle fut en fait très profitable à Jardine et son associé Mattheson. Aujourd’hui encore les multiples héritiers de ces deux familles se partagent un énorme gâteau. Ils sont actionnaires de la plupart des sociétés et banques britanniques.

Au XXIe siècle, ce n’est plus le roi de l’opium qui corrompt le système politique et la société, mais le Pentagone et ses courtiers. Il est comme feu la société Jardine & Matheson, non pas milliardaire (cela ne suffirait plus) mais “trilliardaire”. Son prochain revenu en 2023 dépassera les 800 trilliards de dollars. Avec autant d’argent, on fait ce qu’on veut.

Par exemple, le Pentagone qui est le premier client des sociétés d’armement fut aussi le premier investisseur dans un nombre incalculable de “startups”, certaines ayant depuis pignon sur rue, les autres ayant été passées au bilan en pertes. Son carnet d’adresses (et de commandes) est simplement tentaculaire. Citons ici que de 2008 à 2018, pas moins de 380 de ses employés, dont 25 généraux, 9 amiraux, 43 lieutenants-généraux et 23 vice-amiraux, furent embauchés par des fournisseurs tels que Lockheed Martin, General Dynamics, Raytheon et Northrop Grumman, etc. ! Même Amazon qui ne fait pas que de l’épicerie et de la vente de détail (son plus gros chiffre d’affaires est désormais ailleurs mais le public l’ignore) a annoncé en septembre 2020 le recrutement de Keith Alexander, un général à la retraite, ancien patron du NSA, l’organisme qui interceptait tous les échanges téléphoniques sur lignes mobiles, une pratique révélée en 2013 par Edward Snowden[1]“.

Quelle est la feuille de route de cet organisme tentaculaire ? Son chef actuel, le chef d’état-major américain, le général Mark Milley, l’a défini récemment devant les sénateurs américains : “Nous avons à faire face aujourd’hui à deux puissances globales : la Russie et la Chine, chacune avec des capacités militaires significatives. Ces deux puissances ont l’intention de changer fondamentalement les règles actuelles de l’ordre global. Nous entrons dans un monde qui devient de moins en moins stable dont le potentiel pour des conflits majeurs ne diminue pas mais augmente.”[2]

C’est du Zbigniew Brzeziński (1828-2017) tout craché. Dans son ouvrage “Le Grand Echiquier”, paru en 1997, il développa la théorie que l’amélioration du monde et sa stabilité dépendait exclusivement du maintien de l’hégémonie des Etats-Unis. Il aurait pu écrire le discours servi au Sénat américain en 2022. Aux Etats-Unis, toute puissance concurrente ou perçue comme telle est considérée comme une menace pour l’équilibre du monde[3].

La Russie et la Chine sont donc la raison d’être de cette institution. Pour augmenter son budget, le Pentagone a besoin d’ennemis tout comme Jardine avait besoin de noircir la Chine pour arriver à ses fins. Tout cela est du pur mercantilisme aujourd’hui déguisé sous de belles paroles. Le marchand d’opium faisait la même chose quand il accusait l’Empereur de Chine et tous ses mandarins de mentir en permanence et de mépriser le peuple. Le Pentagone a tout un réseau chargé de dire la même chose à propos de la Chine et de la Russie.

Quand les gros maigrissent, les maigres meurent

Le président chinois actuel Xi semble sur une autre planète. Il ne cherche pas d’ennemis. Il a compris comme tous ses prédécesseurs que le monde est interconnecté. La Chine n’a jamais cherché à ruiner son voisin. Il vaut mieux avoir un voisin riche qu’un voisin pauvre, car qu’allez-vous lui vendre ?

 “L’architecture de l’économie mondiale d’aujourd’hui est le produit des efforts de tous les pays du monde pour le bénéfice de tout le monde. L’économie mondiale interconnectée doit être ni politisée, ni instrumentalisée, ni militarisée car cela aurait immédiatement des conséquences monétaires, financières, commerciales et ce dans tous les domaines, comme l’énergie, les sciences, la technologie, la production industrielle et les chaînes de distribution” a dit le Président Xi récemment.

En Europe, il semble que nos vieilles habitudes viennent de reprendre. En effet toutes les guerres qui ont eu lieu entre les familles royales, siècle après siècle, avaient pour raison des ambitions territoriales inassouvies par des mariages et ceci aussi loin que l’on remonte dans l’histoire. Même après le siècle des Lumières, même après la révolution, l’obsession territoriale resta au centre de tous les enjeux. Sous Louis XIV, Louis XV, Napoléon et nous pouvons continuer la liste jusqu’à la seconde guerre mondiale, des villes ont changé plusieurs fois d’identité et de propriétaire. Par exemple, Naples fut donnée à la famille de Lorraine en échange de son duché français pour faciliter un mariage avec l’héritière du trône d’Autriche. Ceci est un petit exemple parmi mille. L’Alsace et la Lorraine, pour ne parler que de ce coin de France, sont du reste un bon exemple de la mentalité européenne en matière de souveraineté et d’enjeu financier.

Cette habitude explique sans doute l’hystérie bruxelloise à propos de l’Ukraine. Alors que l’objet de la querelle est l’accession de ce pays à l’OTAN, une organisation belliqueuse comme le souligne la Chine qui ne lui pardonne pas le bombardement de son ambassade à Belgrade, la Russie exige que son voisin reste neutre. L’Europe parle désormais de “ruiner” celui qu’elle considère l’agresseur en fournissant des armes à un pays avec lequel elle n’avait pas d’accord de défense, bafouant ce qu’elle prétend défendre, c’est-à-dire les principes adoptés par tous les membres des Nations-Unies. Tout cela a déclenché une spirale dangereuse pour tout le monde, c’est-à-dire les participants mais aussi les spectateurs.

L’ambition territoriale n’est plus un objectif en Chine depuis mille ans. Elle ne convoite pas de territoires. La meilleure preuve de cet état d’esprit est de se rappeler ce qui se passa à propos de Hong Kong, l’ex-colonie britannique. La rétrocéder fut une décision 100% britannique. Deng Xiao-ping, le leader chinois dans les années 1980, quand il reçut la proposition, la déclina plusieurs fois. Cela est documenté.

Vu de Londres, ne pas être intéressé par la souveraineté d’une ville de plusieurs millions de gens, comment était-ce possible ? A quoi donc pensaient les Chinois, s’est demandé le Foreign Office.

Pour la Chine, ce qui importait dans les années 1980, c’est que Hong Kong (et Macao aussi embarqué dans la même histoire par un gouvernement socialiste qui liquida toutes ses colonies pour des raisons idéologiques et ruina ainsi le Portugal) fonctionne harmonieusement. Du fait de leurs positions géographiques, ce qui était bon pour Hong Kong et pour Macao était bon pour la Chine. Changer la donne présentait un risque. La question était pour le leader du pays de l’époque : est-ce nécessaire ? Cela ne l’était pas. Mais à Londres et Lisbonne c’était devenu une nécessité politique. Le sort de la population locale de la colonie était dans tout cela totalement secondaire, d’autant plus secondaire qu’elle était chinoise et non “blanche”. Nous avons le même scénario en Ukraine. Le sort de la population n’est pas au centre des préoccupations des fournisseurs d’armes. Plus on en fournit, plus il y aura de morts.

On aboutit là à un paradoxe. Nos jeux “démocratiques” ne feraient-ils pas nécessairement le bonheur du peuple, même si on nous rebat les oreilles du couplet sur les droits de l’homme ? Les morts qui jonchent nos bonnes intentions, que ce soient des morts civils syriens, libyens, iraqiens, russes du Donbass (au moins 14 000 en huit ans) montrent que leurs droits étaient à géométrie politique variable.

Je ne vais pas ici aborder la question de la mentalité chinoise mais quand on parle de ce pays, on doit lui reconnaître une qualité. Il a enrichi plus de gens en quarante ans que n’importe quel autre pays. Nous parlons de centaines de millions d’individus qui vivent comme vous et moi. L’Occident reste le champion de la création de pauvreté, de préférence chez les autres. La Chine est le champion incontesté de la réduction de la pauvreté. Cela mérite un respect que nous ne lui accordons jamais car cette qualité nous embarrasse.

Dans la pratique, le système politique du pays est pragmatique et non idéologique. Cela explique par exemple que lorsqu’une armée d’économistes formée dans les universités américaines avait prévu la faillite de son système bancaire, il ne s’est rien passé de tel. Clairement il y a différentes façons de gérer les banques. Pour y réfléchir, le gouvernement ne fit pas appel à des ténors comme Goldman Sachs ou McKinsey. Le CV de ces deux firmes, on pourrait en lister des douzaines, ne les impressionnait pas. Les fonctionnaires de l’Académie des Sciences, un think-tank qui, contrairement au Brooklyn Institute, ne fait pas de propagande ou de politique, se mit à réfléchir dans son bocal en étudiant tous les dysfonctionnements des crises financières occidentales. Elle écarta donc toutes les recettes du FMI, de la Banque Mondiale et d’autres institutions occidentales, pour gérer la situation chinoise. Au final, elle organisa un système qui donna naissance à la plus grande banque du monde. Il s’agit de la Banque industrielle et commerciale de Chine (ICBC). Cette banque est au reste non seulement la plus grande mais aussi la plus riche des banques. Elle n’en fait pas tout un plat et elle participe rarement à des séminaires futiles dans des places exotiques.

En matière monétaire, tout le monde s’accorde à dire que c’est le dollar qui a permis aux Etats-Unis de dominer le monde depuis la seconde guerre mondiale. Le récent fiasco SWIFT a montré que les choses ont changé. L’ère du dollar est en voie de disparition. Ironiquement ce sont les Européens et les Américains qui ont attiré de façon idiote l’attention du reste du monde sur cette situation. Croyant qu’ils détenaient une arme de dissuasion massive avec SWIFT, ils l’ont utilisée contre la Russie, pensant aider l’Ukraine à résister aux demandes de son voisin et accessoirement montrer que l’OTAN était plus qu’une alliance militaire. L’idée était que cela suffirait à faire plier Moscou et à faire peur à Pékin.

Les conseillers financiers de nos gouvernements occidentaux avaient oublié, par arrogance, il n’y a pas de doute là-dessus, un détail d’importance. Dès 2014, la Russie et la Chine avaient tranquillement travaillé à la mise en place de deux plateformes équivalentes à SWIFT et cela sans faire appel aux fabricants de logiciels ayant un quasi-monopole aux Etats-Unis et en Europe (je pense ici à Microsoft mais aussi Alphabet et Amazon).

En Chine, SWIFT s’appelle SPFS, en Russie CIPS. On a vu le résultat. Le rouble qui devait sauter parce que les sept plus grandes banques russes avaient été exclues le 2 mars 2022 du système SWIFT, ce qui devait paralyser toute l’économie russe, n’a pas sombré. Pire, il est revenu plus fort fin 2022 (autour de 70 roubles pour 1 euro et 69 roubles pour 1 dollar soit le niveau du début 2020) et s’est stabilisé quasiment au niveau d’avant-guerre (90 roubles / 1$).  Certains analystes prévoient même un cours autour de 50. Notons que le FMI avait calculé qu’en PPP (Purchasing Power Parity), le rouble valait autour de 30[4]. Mais qui a écouté à Bruxelles et à Washington ? Personne.

L’arme de destruction massive s’avéra un pétard mouillé. Si on ajoute le gel illégal des réserves souveraines russes qui sabordent toutes les règles de swap dont vit le milieu financier international (y compris les états), l’Occident vient de saborder les deux piliers du système monétaire sur lequel il gérait sa dette. C’est ce qu’on appelle se tirer une balle dans le pied. Les conséquences sont multiples dans plusieurs domaines que nous n’allons pas aborder ici.

En ce qui concerne la Chine qui ne souhaite pas voir sa monnaie devenir un nouveau dollar, c’est un pays sans dette souveraine (tout comme la Russie). De ce fait, elle se retrouve désormais dans la situation de la Suisse à chaque crise financière. Son problème est de lutter contre l’appréciation de la devise sur le marché international pour préserver son commerce extérieur. C’est le monde à l’envers.

Les deux plateformes que je mentionne ici (SPSF et CIPS) couvrent 104 pays. En particulier elles couvrent tous les producteurs de matières premières. Ajoutons que l’Inde et la Turquie profitent aussi du système CIPS. De fait l’utilisation du dollar dans le commerce de ces pays devient l’exception.

Les articles négatifs contre la Chine qui pullulent dans les médias occidentaux ne cessent pas pour autant. Ces deux dernières années, nous avons eu droit “aux dissimulations de l’épidémie de Covid-19 “, “à la mise au pas de Hong Kong “, “aux menaces sur Taïwan”, “aux prétentions territoriales en mer de Chine méridionale” et à “l’épuration ethnique de la minorité ouïghour au Xinjiang”, etc. Je traite de tout cela dans mon dernier livre. Le but de cette propagande véhiculée par les médias anglo-saxons et reprise dans la presse européenne, voire même au Parlement Européen, est de se fabriquer un ennemi.

Ce qui devrait nous faire réfléchir, c’est que cette propagande n’a aucun effet dans le reste du monde où l’image de la Chine est positive, que ce soit en Asie, sur le continent américain (hors le bloc USA-Canada) ou en Afrique comme le montre l’accord économique avec la Chine – une première en Mélanésie qui jusqu’ici était une chasse protégée américo-australienne, que vient de signer le premier ministre des îles Salomon en dépit des pressions immenses exercées par les Etats-Unis et l’Australie pour que cela ne se fasse pas. Canberra, la capitale australienne est cependant à 3 066 km de Honiara, la capitale de l’archipel. Quel est donc le problème ? Alors que c’est un accord commercial, l’Australie craint d’y voir une base militaire chinoise. Quand on sait que la Chine dispose de missiles hypersoniques dont un a fait le tour du globe en novembre 2021, traversant l’espace aérien américain sans que personne du Pentagone ne s’en rende compte, le coup de sang australien paraît futile.

Abordons ici brièvement tous les fantasmes qui nous sont relayés quotidiennement et nourrissent notre racisme envers les Chinois.

En Occident, surtout à Londres qui donne le “la”, on nie que la ville de Hong Kong soit chinoise. Mais elle l’est juridiquement. C’est une ville chinoise en Chine depuis le 1er juillet 1997. Il n’y a pas que son statut juridique qui le dit. Il y a sa population. Elle est à 95% chinoise. Il y a longtemps qu’il ne reste plus qu’une poignée de “blancs” sur cette île. Cela ne nous empêche pas de revendiquer un droit de regard, d’ingérence sous prétexte que pendant 50 ans, elle eu un statut spécial dont le principal défaut était de n’utiliser que des gens nés localement pour la diriger. Cela s’arrêtera en 2047 mais entre-temps cette disposition a eu l’effet pervers d’amener au pouvoir des anciens employés de l’administration coloniale britannique. Promus à l’ancienneté, ces seconds couteaux, je parle ici de gens comme Anson Chan ou Carrie Lam qui s’en va en juillet 2022, ont par leur incompétence créé une montagne de problèmes qui n’auraient pas existé s’ils avaient suivi la feuille de route de leur voisine Shenzhen (17 millions d’habitants aujourd’hui). La ville a vécu comme tous les rentiers, en gérant sa rente. Il s’agissait pour tous les fonctionnaires de durer. Tandis qu’ils voyaient fleurir un hub électronique remarquable et une ville moderne à 30 km, littéralement sous leurs yeux, ils se gardaient bien de changer quoi que ce soit à leur petit univers. Cela ne pouvait déboucher que sur un insidieux malaise que beaucoup eurent envie d’exploiter. Les manifestations de 2019 qui se sont déroulées dans la ville avaient en réalité autant à voir que celles qui déposèrent en 2014 un président élu en Ukraine qui envisageait l’avenir avec la Russie et non l’Europe.

On a longtemps pensé dans certaines officines américaines ou britanniques que l’ex-colonie pouvait devenir le cheval de Troie de la démocratie occidentale en Chine. C’était se tromper sur toute la ligne. La seule chose que nous avons apprise, c’est que cette tentative de déstabilisation en utilisant des jeunes étudiants ou chômeurs professionnels, fils de famille en attente d’héritage, la majorité de la population vieillissante de la ville la réprouvait. L’autre surprise fut de voir la Chine laisser faire pendant plus d’un an. Elle pouvait se le permettre car le rôle de Hong Kong dans l’économie chinoise a grandement décliné. Après tout son port n’est plus que le septième du pays, en passe de devenir le huitième. Quant à sa bourse, elle qui fut longtemps la seule dont la Chine disposait, elle n’est que la troisième derrière Shanghai et Shenzhen et c’est de Pékin et non de New-York que son sort dépend.

En réalité le destin de Hong Kong est scellé depuis un bon bout de temps mais on ne veut pas l’admettre. Sa survie passe par son intégration au projet de la Grande Baie, un ensemble économique plus important que la Californie, qui va de Zhuhai à Hong Kong sur un arc de cercle qui comprend Shenzhen, le hub électronique où se trouvent les concurrents des G.A.F.A américaines (Huawei, Alibaba, Tencent, etc.). Dans cet ensemble, Hong Kong est le parent pauvre, mais comme la Chine n’aime pas les pauvres, elle va la sortir de l’ornière dans laquelle elle se retrouve. Tout cela vexe bien entendu les Anglais qui se croyaient indispensables à cette ville.

Taïwan aussi connaît le même destin, celui d’être manipulée par des forces externes qui ne lui veulent pas que du bien. Tout le brouhaha qui l’entoure depuis vingt ans ne sert que les marchands d’armes. Les tensions vraies ou fausses que la presse anglo-saxonne rapporte régulièrement sont manipulées à partir de Washington et non à partir de la Chine. Elles n’ont pour but que de forcer les acteurs politiques locaux à acheter de la quincaillerie militaire américaine au prix fort. Dans l’absolu, Taïwan ne résisterait pas deux jours devant une invasion de l’armée chinoise mais cela n’empêche pas la présidente du pays de se déguiser de temps à autre en général en chef pour justifier les 65 milliards de dollars que vient de soutirer son protecteur américain en lui vendant ce qu’il faut pour résister à une future invasion, laquelle ne se produira jamais.

En ce qui concerne la population ouïghour dont toutes les NGOs bien pensantes ont fait leur choux gras, cela me rappelle les années 1980. La mode était alors au Dalai-Lama et ses malheureuses ouailles. C’est donc un remake. La vérité est que la Chine compte une multitude d’ethnies. Il n’y a pas que les Ouïghours et les Tibétains. Pour les Tibétains, nous savions qu’ils vivaient sur un haut-plateau convoité par les fabricants de fusées. C’était avant l’évolution de ce genre d’armement. Depuis qu’on lance tout et n’importe quoi du sol ou à partir de sous-marins, il n’y a plus personne dans les états-majors pour proposer d’occuper le Tibet pour des raisons stratégiques. Pour les Ouïghours, c’est parce qu’ils vivent au Xinjiang, une immense steppe bordée de montagnes qui ressemblent à celles de Mongolie, du Kazakhstan, du Turkménistan qu’ils intéressent le Pentagone.

Qu’a de particulier cette province chinoise ? Le fait que, grande comme trois fois la France, elle partage sa frontière avec la Mongolie, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, l’Afghanistan et un col avec le Pakistan. Urumqi, sa capitale, est plus près de Kabul (1 850 km) que de Canton (3 284 km) ou de Pékin (2 480 km), de Chongqing (2 300 km), voire de Shanghai (3 200 km) ou de Hong Kong (3 480 km).

Pour résumer son intérêt stratégique, mentionnons ici que des trains vont désormais quotidiennement vers l’Europe et la Russie en passant par la plateforme ferroviaire d’Alataw, situé au col du même nom. Ces trains traversent ensuite le Kazakhstan avant de s’éparpiller. Il y a en 2022 plus de 40 destinations. En 2021, ce sont 40 000 trains qui sont allés en Europe. C’est en quelque sorte l’équivalent du canal de Suez en pleine terre.

Voilà les raisons pour lesquelles certains souhaitent déstabiliser cette province. L’argument ethnique, une technique vieille comme le monde, n’est qu’un outil qui, au reste, se heurte à la vérité des chiffres. On parle souvent d’épuration ethnique dans ce coin de Chine, or la population concernée a une croissance démographique remarquable. Il y aurait aujourd’hui 8 millions de Ouïghours au Xinjiang (ils ne sont pas tous là, il y en a en Afghanistan et au Tadjikistan car c’est une peuplade de tradition nomade). Selon un recensement chinois des minorités ethniques des années 1970, ils étaient alors moins de 10 000 au Xinjiang !

Pour noircir le tableau un peu plus, chaque année le Financial Times nous dit que l’économie chinoise va mal. Certes la croissance fluctue comme dans tous les pays mais la Chine suit des plans quinquennaux. Pour l’instant aucun n’a manqué ses objectifs.

Voilà l’état des lieux en quelque sorte de ce pays. D’un côté on nous vend du vent, de l’autre il taille sa route. Le résultat est que sur le plan économique nous ne faisons plus le poids. Ce sentiment d’infériorité étant nouveau pour le monde “blanc”, on compense en revendiquant sans cesse une supériorité morale.

Mais sur ce plan, nos mensonges nous rattrapent et personnellement j’ai de plus en plus de mal à penser que nous sommes aussi vertueux que nous le proclamons. Notre comportement semble en fait prouver le contraire. Prenons par exemple le comportement occidental vis-à-vis du président Maduro. On a voulu en faire un nouveau Castro et on a essayé d’étrangler l’économie du pays pour cela. Cela m’a rappelé quelque chose qui eut lieu en Chine, je veux parler ici de la Grande Famine, qui a grandement contribué à décrire Mao Zedong (1893-1976) comme un dictateur massacrant sa population. Cette réputation lui colle à la peau grâce à un livre : « la Grande famine de 1958-1962 ».

Dans ce livre, Frank Dikötter accuse Mao d’avoir fait mourir de faim de 30 à 40 millions de personnes. Or de nouveaux éléments apparurent en Chine sur cette tragédie, donnant un angle nouveau à ce qui s’est réellement passé, personne ne disputant qu’une tragédie avait eu lieu. Pendant plusieurs années dans le début des années 1950, les récoltes avaient été catastrophiques à cause de divers phénomènes climatiques mais aussi politiques (la Chine sortait de la guerre civile et avait en face d’elle deux ennemis, les Etats-Unis et l’URSS). Le gouvernement de Mao Zedong avait compris la situation. En prévision de la faiblesse des récoltes, en particulier de celle du riz, la denrée de base du Chinois depuis des millénaires, il donna ordre d’acheter du riz et des denrées alimentaires en suffisance à l’étranger.

Seulement, et aujourd’hui cela prend une connotation particulière avec la pluie de sanctions visant la Russie, la Chine était alors toujours sous embargo, la république chinoise de Mao n’étant pas reconnue par les Américains et les Européens qui soutenaient encore le général Chang Kai-tchek réfugié à Taïwan. L’occasion était trop belle de faire tomber Mao, et on n’y résista pas. Aucune commande ne fut livrée, les Américains empêchant d’une façon ou d’une autre toute livraison à la Chine. Les Américains viennent de prouver au Venezuela que s’ils pouvaient faire cela, ils n’avaient aucun scrupule à le faire. Inévitablement, il s’ensuivit une situation sanitaire catastrophique dans les campagnes chinoises. Voilà pourquoi je doute de notre supériorité morale aujourd’hui.

Ces événements du passé (il y en a bien d’autres du même genre) expliquent grandement pourquoi l’argument des droits de l’homme, version occidentale, laisse de marbre les dirigeants chinois. Nous avons tellement perdu de légitimité dans le discours politique que même le Qatar en a pris note le 26 mars 2022. Ce jour-là, son ministre des affaires étrangères accusa ouvertement les Etats-Unis et l’Europe d’être les champions du double-jeu[5]. Pour cette raison, il annonça (l’Arabie Saoudite à ses côtés) que les pays producteurs de pétrole de la péninsule arabique n’appliqueraient pas les sanctions visant la Russie.

La prétention américaine à fixer les “règles du jeu” du monde est désormais ouvertement contestée. On dit tout haut ce qu’on pensait tout bas, chacun à sa façon. Medvedev, ancien président et premier ministre de Russie, actuellement le nº2 du conseil de sécurité du pays (Poutine est le président de ce conseil), pense que “Le monde unipolaire, c’est fini. Ça ne reviendra pas. Vous ne pouvez pas geler les avoirs d’autres pays, porter atteinte à la propriété en saisissant des entreprises et des biens, et garder la confiance des autres. C’est utopique. La confiance dans une monnaie de réserve a disparu, comme la rosée le matin et nous verrons l’émergence de nouvelles formes de transaction monétaire. Qu’ils le veulent ou non, les Etats-Unis et l’Europe vont devoir s’adapter à un nouvel ordre monétaire où les pays qui ont une économie avancée, des finances publiques saines et un système monétaire fiable seront les décideurs. C’est un nouveau monde qui s’ouvre où ceux qui impriment du papier pour couvrir leur déficit ne seront plus écoutés. Nous voyons déjà les prémisses de tout cela.”

Le président chinois Xi est d’accord : “Beaucoup de gens sont conscients que la situation actuelle (des sanctions) pourrait détruire des décennies de coopération économique. Si la situation continue à se détériorer, il faudra des dizaines d’années pour réparer les dommages causés”.

Alors quel est l’avenir ? La Chine reste très attachée au cadre des Nations-Unies, mais elle est consciente de la faiblesse de l’institution à qui certains prédisent l’avenir de la Société des Nations car elle est attaquée par ceux mêmes qui prétendent la défendre[6]. Pour un ancien des services spéciaux suisses, le colonel Jacques Baud, il est clair qu’“Aujourd’hui, les pays occidentaux interviennent dans les affaires intérieures russes et chinoises au nom de “valeurs”, qu’ils ne respectent pas eux-mêmes “.

Les gros maigrissent …

Le club des gros s’appelle le G7. Ce club sélect des plus grandes économies du globe de l’époque fut créé par le président français Valéry Giscard d’Estaing. C’était en 1975[7]. L’ordre du jour de la première réunion était de discuter des conséquences de la fin de la convertibilité du dollar en or, une décision prise unilatéralement par les Etats-Unis ” en 1971. C’était un aveu de faillite mais on fit semblant de l’ignorer. La solution proposée était de renflouer cette faillite grâce au pétrole qui fut pris en otage. Il l’est encore. Ce qu’on a appelé la première crise pétrolière (octobre 1973) n’eut pour objet que de faire passer le prix du baril de 2,59 dollars à 11,65 dollars (+449%). Ce fut atteint en mars 1974.

Pourquoi ce niveau de prix ? Parce qu’il permettait aux Etats-Unis de produire leur pétrole et de dégager des marges permettant de servir leur dette.C’était en fait le tonneau de danaïdes car l’abandon des accords monétaires de 1944 avec le verrou de l’étalon-or sur le dollar avait ouvert la porte à tous les excès. Libérés de toute contrainte, les Etats-Unis allaient désormais vivre au-dessus de leurs moyens. Cela aboutit aujourd’hui au budget faramineux du Pentagone que le pays ne pourrait se permettre s’il ne creusait sa dette un peu plus tous les jours. Voilà l’essentiel de la règle du jeu auquel jouait le premier G7 et qui se joue encore.

A l’époque, ce club pesait alors plus de 70% de l’économie mondiale. Y vivaient 513 millions d’habitants. Ce n’était que 14% de la population du globe mais c’était la plus riche. Le tiers-monde n’avait que 30% de l’économie mondiale à se partager pour nourrir 86% de la population du globe. Parmi ces pauvres il y avait alors la Chine, l’Inde, l’Indonésie et même la Russie.

Passons rapidement sur les diverses péripéties de la vie de ce club pour arriver à aujourd’hui. A la veille des hostilités en Ukraine, le G7 pesait 38 239 trillions de dollars (PPP)[8]. Ce n’est plus qu’un petit 40% de l’économie mondiale. Y vivent 777 millions de gens, c’est-à-dire moins de 10% de la population du globe. Ces chiffres interpellent. Le G7 qui prétend diriger l’économie du monde n’en possède même pas la moitié. Est-ce viable ? Bien entendu non d’autant que les décisions prises par le G7 envers la Russie sur divers fronts (réserves, pétrole, gaz, etc) l’affaiblissent un peu plus tous les jours.  Nous vivons donc une partie de poker menteur.

La prédiction de Lao T’seu va-t-elle alors se réaliser?

Probablement pas, parce que les plus riches joueurs d’aujourd’hui ne sont pas présents dans le G7. La transmission de pouvoir a donc déjà eu lieu. Les plus grandes économies exclues du club G7 pèsent déjà plus lourd que le G7. Appelons cela le néo-G7. En font partie la Chine (nº1) l’Inde (nº3) la Russie (nº6) le Brésil (nº7), l’Indonésie (nº8), la Turquie (nº11) et le Mexique (nº13). Tous ces pays sont contre les sanctions et donc pro-russes dans le nouveau jargon occidental. Ce néo-G7 pèse 46 463 trillions de dollars (PPP) soit 21,5% de plus que le G7.

Certains analystes évoquent souvent un autre groupe plus restreint mais qui comporte la première économie africaine. Il s’agit du BRICS, composé du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud. Le groupe pèse 39 707 milliards de dollars (PPP). Il est lui aussi plus gros que le G7.

Une page est donc en train de tourner, tant sur le plan institutionnel que sur le plan monétaire et économique sur fond de tambours en Ukraine. On est bel et bien en train d’assister à l’enterrement de l’architecture monétaire et économique issue de la deuxième guerre mondiale. Et cela semble irréversible.

Nous assistons déjà à des scènes inenvisageables il y a seulement deux ou trois ans. Prenons la visite de Liz Truss, ministre des affaires étrangères britanniques à Delhi. Que s’est-il passé ? “C’est intéressant de voir qu’il y a une campagne concertée (des pays du collectif occidental) envers notre décision de continuer à acheter du pétrole russe. J’ai regardé les dernière données sur ce sujet. En mars, l’Europe a acheté 15% de plus de pétrole qu’il y a trois mois aux Russes. C’est tout à fait normal quand les prix montent que nous cherchions à acheter ce dont nous avons besoin au meilleur prix pour notre peuple et défendre nos intérêts. Je pense aussi que dans trois mois, on constatera que les acheteurs seront encore les mêmes et l’Inde ne sera même pas parmi les dix premiers acheteurs du pétrole russe” lui dit alors le ministre des affaires étrangères indien, S. Jaishankar, qui la recevait. Comble de l’humiliation, se trouvait à Delhi en même temps Sergey Lavrov. Il fut reçu par le premier ministre indien Modhi après son entretien avec son homologue indien. La ministre britannique n’eut pas ce privilège.

Ce qui donne aujourd’hui autant d’assurance à tous ces pays, c’est en fait l’existence d’une alliance tous azimuts entre la Russie et la Chine. qui “se soutiennent fermement sur les questions concernant les intérêts fondamentaux de chacun et la sauvegarde de la dignité de chaque pays”, a déclaré Xi en février 2022. “Par sa proximité et son efficacité, cette relation surpasse même une alliance”.

Cela stabilise un territoire économique qui couvre plus de 25 millions de km2, où vivent plus de 1,6 milliard de gens et où se trouvent toutes les matières premières dont ont besoin les économies modernes. Il n’y a rien de comparable ailleurs.

Bien entendu la déclaration de Xi fut immédiatement critiquée en Occident où on continua à seriner qu’exclure d’une alliance les affaires intérieures de l’autre, cela laissait les mains libres au pays “pour anéantir tout vestige de démocratie à Hong Kong, pour conquérir Taïwan, écraser la minorité ouïgour par les méthodes les plus perverses imaginables et coloniser la mer de Chine méridionale”.

Quant au partenaire de la Chine, la Russie, on lui attribue l’ambition de “créer une crise énergétique et une crise des migrants en Europe, de rallumer la guerre dans les Balkans, d’éradiquer toute chance pour l’Ukraine de rejoindre l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord ou l’Union européenne et de vouloir neutraliser l’OTAN [9]“.

Il me semble que la chanson venant aujourd’hui des Etats-Unis était déjà la même du temps de Jardine. En fait, la vérité est plus simple. La Chine n’a pas eu à lever le petit doigt pour anéantir la démocratie à Hong Kong. Les Britanniques s’en sont chargés pendant 140 ans. Elle n’a que faire de Taïwan, le temps en fera son affaire, et la minorité ouïgour prospère et se multiplie. La Russie, elle, a annoncé clairement ses objectifs. L’Ukraine doit être un pays neutre et ne doit pas rejoindre l’OTAN. Des accords clairs ont été passés avec les Américains sur ce sujet dans les années 1990. Que ces derniers aient changé d’avis pose un problème. Pour affronter cette situation, la Russie et la Chine veulent que le monde sache qu’elles se soutiennent mutuellement.

Le monde est en train de prendre une autre direction et elle ne passe pas Washington. Nous en avons eu immédiatement la preuve avec une réunion qui eut lieu fin mars 2022, à Tunxi (Province de Anhui)[10]. S’y déroulait la troisième réunion[11] des ministres de affaires étrangères des pays voisins de l’Afghanistan. Se retrouvèrent pour plusieurs jours Wang Yi, le ministre des affaires étrangères chinois et conseiller d’état de Chine, Rachid Meredov, ministre des affaires étrangères du Turkménistan, Sardor Umurzakov, ministre des investissements et du commerce international d’Uzbekistan, Shah Mahmood Qureshi, ministre des affaires étrangères du Pakistan, Hossein Abdollahian, ministre des Affaires étrangères d’Iran, Muzaffa Ashouriyon, ministre de la Justice du Tajikistan ainsi que Sergey Lavrov, ministre des affaires étrangères de Russie. Cet aéropage de dignitaires représentait une population de 1,9 milliard vivant sur plus de 29 millions de km2 riches en minerais de toutes sortes. Le communiqué de cette réunion a annoncé la création de trois groupes de travail pour articuler une politique commune afin d’aider l’Afghanistan à se reconstruire économiquement, socialement et diplomatiquement[12]. Aujourd’hui, pour tous ces pays, la priorité est donnée à l’économie car les milliards dépensés dans une guerre futile n’ont pas rendu l’Afghanistan plus riche mais plus pauvre. La Chine qui a accueilli une émigration sauvage des Ouïghours qui vivaient depuis la nuit des temps entre la Chine, le Tadjikistan et l’Afghanistan lorsque l’Afghanistan est entré en guerre civile, essaie désormais de réactiver le secteur minier de la région frontalière du Xinjiang afin de créer des emplois. C’est cela la priorité. Les autres pays ont les mêmes car les populations appauvries sont les réservoirs inépuisables du terrorisme comme le montre la situation du Mali ou du Niger en Afrique, pour ne citer que ces deux pays faisant face à une natalité galopante.

La réunion de Tunxi est juste un exemple pour montrer que sous la houlette de la Chine, cette partie du monde se passe très bien des Américains et des Européens.

Le pétrole, le talon d’Achille de Bruxelles

En Europe, Jorge Borel, le ministre des affaires étrangères du bloc, a eu le malheur de comparer l’importance de la Russie à l’Espagne. Je ne sais d’où lui venait cette idiotie. La Russie n’est pas l’Espagne. C’est tout simplement le premier producteur mondial d’hydrocarbures. C’était peut-être une façon de rassurer les foules que de nier cette situation car on avait dans l’idée de s’approvisionner ailleurs pour se débarrasser de cet ennuyeux fournisseur.

Le Qatar a mis les choses au point pour les autres. Même l’Agence Internationale de l’Energie (IEA en anglais), basée à Vienne, a prévenu les apprentis sorciers. Son directeur l’a encore dit le 6 mai 2022 “Nous sommes à mi-chemin de la première crise globale dans le domaine de l’énergie. On a vu dans les années 1970 les conséquences de la première crise pétrolière. Mais il ne s’agissait alors que de pétrole. Gardons à l’esprit que la Russie est le plus grand exportateur de pétrole et de gaz de la planète et un acteur incontournable dans le monde parapétrolier. Donc toutes sanctions imposées à la Russie, ou toutes actions imposées par le Kremlin, auront des conséquences graves pour le marché de l’énergie”.

La Chine, prudente compte-tenu des déclarations hostiles à son égard de la part du Pentagone (notre ennemi nº1, c’est elle, dit le Général Milley) grand acheteur de produits énergétiques pour soutenir son développement, se fournit partout et de préférence dans les pays où les Etats-Unis sont déconsidérés. Elle est le premier acheteur en Irak et en Iran. Elle se fournit bien entendu en Russie.

En 2021, la Chine importait plus de 72% de son pétrole. Ce qui souligne sa taille économique c’est que c’est également le cinquième producteur du monde de pétrole avec plus de 5 millions de barils/jour[13]. Cette production devrait doubler dans les cinq années qui viennent[14]. Elle sera alors au niveau de la Russie, de l’Arabie Saoudite et des Etats-Unis.

Pour préserver son indépendance politique, la Chine n’a aucun fournisseur indispensable. Le premier fournisseur du pays en pétrole est en 2022 l’Arabie Saoudite (15,9%), devant la Russie (15,5%), suivi de l’Irak (10,9%), l’Angola (7,9%), le Brésil (7,9%), Oman (7,3%), les Emirats Unis (5,5%), Koweit (5,1%). Les Etats-Unis fournissent 3,6% des besoins chinois en produits raffinés, et le Royaume Uni 1,2%. Ce sont des fournisseurs facilement remplaçables. Il est intéressant de noter que la liste de ses fournisseurs vient de s’allonger en 2022. Y figurent désormais la Guyana, (ex-Guyane britannique), la Corée du Sud, le Turkménistan et la Papouasie-Nouvelle Guinée. Pour ces pays, la Chine comme client leur permet de s’émanciper des grandes sociétés américaines ou britanniques. Tout cela n’est pas le fruit du hasard mais d’une planification précise de la diversification des risques.

La Russie a adopté elle aussi le principe de la diversification. On la présente accro à l’Europe mais en 2021 elle a vendu du pétrole à 36 pays, situés sur tous les continents. Sans doute Bruxelles aurait dû se renseigner avant de penser que le talon d’Achille de ce pays était son pétrole et son gaz. En 2021, la Chine était le premier acheteur de pétrole russe avec 70,1 millions de tonnes de pétrole russe (soit 30,6% du total exporté par le pays). Début 2022, donc bien avant le début des opérations militaires russes en Ukraine, un accord-cadre à long-terme a été signé pour augmenter les importations chinoises à 100 millions de tonnes par an, payés en roubles et non en dollars. Sachant qu’en 2021, la Russie a exporté 230 millions de tonnes de pétrole, il est clair qu’elle n’aura aucune difficulté en 2023 à écouler le pétrole que l’Europe ne veut plus acheter.

Le bloc Russie/Chine est donc dans ce domaine sans équivalent ailleurs.

Nous venons de parler pétrole, parlons maintenant gaz. Dans ce domaine, la Chine vient aussi de découvrir un champ géant de gaz de schiste dans la région d’Ordos, au nord-ouest du pays. En sortira 1,4 milliard de tres cubes de gaz naturel par an avant 2025. Cela reste modeste par rapport aux besoins du pays, car dans le cadre d’un développement vert, et donc d’une réduction de l’utilisation du charbon, la Chine a accéléré le développement du gaz comme source d’énergie. La consommation est en hausse constante, de l’ordre de 14% par an.

Comme tout ce qui se passe en Chine, il faut regarder en amont pour comprendre la stratégie chinoise et celle de la Russie dans ce domaine. Les deux pays partagent 4 209 km de frontière derrière laquelle se trouvent des champs gaziers géants. En 2014, un accord-cadre de trente ans fut signé entre Gazprom et China National Petroleum Company (CNPC) pour fournir du gaz en Chine par un oléoduc long de plus de 3 000 km. Il part de la région sibérienne de la Yakoutie. Ce pipeline est surnommé “Power of Siberia”.

La première livraison de gaz utilisant cet oléoduc dont la capacité est de 61 milliards de mètres cubes par an commença en 2019. Il existe également un oléoduc plus ancien mis en service en 2014 long de 1 833 km. Il récupère du gaz venant du Turkménistan, de l’Ouzbékistan, et du Kazakhstan. Sa capacité est de 55 milliards de mètres cubes.

La Chine est un gros consommateur de gaz, que ce soit du gaz liquéfié (GNL) ou naturel (GN) et en 2021, les importations de GNL ont augmenté de 18% et celle de GN de 22%. Le premier fournisseur de GNL reste actuellement l’Australie (39,3% de toutes les importations) mais l’alignement politique de ce pays sur les Etats-Unis va certainement conduire à une baisse considérable des importations chinoises. Elles sont en baisse de 4% au premier trimestre 2022 par rapport au dernier trimestre 2021. Le manque à gagner pour l’Australie est important. Pour la Chine, la compensation viendra de Russie et des républiques d’Asie Centrale, voire d’Iran.

Les Etats-Unis sont le second fournisseur de la Chine, dont la part dans les importations est passée de 4,8% à 11,6% (+187,4%) l’année dernière. Il semble bien que pour les Etats-Unis l’argent n’ait pas d’odeur. Le troisième fournisseur de gaz est la Russie. La Chine importe à la fois du GNL (en baisse de 9,9%) et du GN (en hausse de 154,2%). En 2021, l’augmentation globale des importations a été de 50%. La mise en service de nouveaux oléoducs en 2021 et 2022 va permettre d’augmenter de 60% les livraisons par rapport à 2021. La Russie n’a donc aucun souci à se faire. Tout ce que l’Europe, notamment l’Allemagne, ne reçoit pas est immédiatement revendu ailleurs. Ce principe de vases communicants est connu. Pourquoi l’Europe persiste à nier que sa politique de sanctions ne fait que jeter la Russie dans les bras de la Chine laisse perplexe.

Il y a plein de signaux indicateurs nous disant que, sans la Chine à bord, sanctionner la Russie ne fait que détruire la croissance européenne. Nous avons l’exemple que ça ne marche jamais. Ainsi l’Iran, le pays le plus sanctionné avec la Corée du Nord, alors qu’on essaie de l’étrangler depuis Washington, Londres et Paris, a vu la Chine investir massivement dans les développements que l’Occident avait abandonnés. L’Inde que l’on présente en Occident comme un concurrent stratégique de la Chine (mais qui n’est rien de cela) a au reste adopté avec l’Iran la même politique, d’investissement. On en voit les effets. Au grand désespoir des stratèges du Pentagone, le ministre du pétrole iranien annonçait le 23 mars 2022 que la production de pétrole et gaz du pays était revenue à son niveau d’avant les sanctions supplémentaires américaines de 2019. Les ventes ont augmenté de 40% en volume. En terme monétaire, les recettes 2021 ont augmenté de 250% par rapport à 2020[15].

Quels sont les objectifs de la Chine ?

On accuse la Chine d’avoir des ambitions hégémoniques. Ce n’est pas notre avis. Elle se retrouve dans une position qu’elle n’a pas choisie – l’arbitre de l’avenir du monde – que nous lui avons offerte ces derniers mois, je pourrais ajouter à son grand désespoir. La Chine par sa taille a toujours été le plus grand et le plus peuplé des pays mais elle a considéré cela comme une charge lui donnant une responsabilité particulière. Ce n’est plus le pays que l’on pouvait sermonner en 1840 en toute impunité. Qu’elle soit la première puissance économique de la planète à force de travail, à quoi bon le nier ? Cela est une perte de temps. Ce qui nous fait peur, c’est de confier le destin du globe à des “jaunes”. C’est difficile à concevoir car nous avons été élevés dans un autre contexte, où la loi du “blanc” était la meilleure et où les règles étaient fixées dans les capitales européennes.

On n’aime pas cela et on ne s’en cache même plus. Il suffit de voir tous les dérapages autour de la situation ukrainienne pour comprendre le danger qui nous guette. Il s’appelle le racisme d’état. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour l’Europe. En déficit de notoriété, elle épouse sans réfléchir ce que disait déjà le roi de l’opium il y a deux siècles.

Le monde ayant changé, nous sommes confrontés à des situations absurdes qui plombent les économies dites développées qui sont en voie de paupérisation. J’en cite une. Ursula Von de Leyden, qui laissa dans son sillage de ministre de la défense allemande de 2013 à 2019 une armée allemande ne pouvant pas aligner plus de dix hélicoptères de combat en état de fonctionnement, vient d’annoncer à l’Europe un plan “turbochargé “pour la 5G. Cette tactique ne cherche qu’à détourner l’attention du public mais elle souligne aussi une ignorance crasse du monde réel.

Comme tout le monde le sait, le leader mondial de cette technologie est la société Huawei, basée à Shenzhen. C’est la raison pour laquelle le Pentagone voulait la couler car on ne pouvait tolérer qu’une société chinoise soit un leader mondial dans un domaine de haute technologie.

Quelques jours avant qu’Ursula von der Leyden ne fasse son annonce qui occupa la première page des journaux européens, Huawei avait annoncé, à Shenzhen et non à Pékin, dans une réunion “low-key”, ses résultats de l’année 2021. Ils étaient exceptionnels – Huawei n’avait donc pas eu besoin de l’Europe et des Etats-Unis pour survivre aux sanctions occidentales la frappant. Elle annonça son budget de recherche pour l’année 2022 : 20 milliards de dollars. Ce budget correspond au budget de la France dans la recherche, mais sur dix ans !

Mais le mieux était cette petite phrase : “Comme le développement et l’installation de la 5G en Chine est terminé, nous tournons notre attention désormais vers la 6G et le monde virtuel …”

Vous comprenez là que l’Europe a un problème fondamental de vision vis-à-vis de la Chine. Il est plus que douteux pour des raisons trop longues à exposer ici que sa posture soit la bonne en refusant énergiquement d’être du bon côté de l’histoire. Sans doute serait-il utile d’écouter une puissance plus ancienne et plus forte qu’elle. La belle époque de la politique de la canonnière sur laquelle l’Europe construisit sa puissance et que nos livraisons d’armes sur le front ukrainien copient est révolue.

Qui va dire à Ursula Von der Leyden que Lao T’seu avait raison ? Si le bloc Sino-Russe maigrit suite à nos agressions perpétuelles, nous sommes tous morts.

Serge Berthier
Résident permanent à Hong Kong
Auteur du livre “CHINE : Comment l’Occident se fabrique des ennemis” (édition du Panthéon)
Fondateur de la revue Asian Affairs.
Membre fondateur du Boao Forum for Asia


[1] La justice fédérale américaine donna raison à Snowden en confirmant en juillet 2020 que toutes les informations collectées sous la gouverne du général Alexander (directeur du NSA de 2005 à 2014) étaient illégales. Sept ans plus tard, Snowden vit en Russie, Alexander se retrouve membre du conseil d’administration de Amazon et Assange en prison pour avoir révélé des crimes de guerre !

[2] devant le Sénat américain le le 4 avril 2022. Il s’agissait de justifier la demande budgétaire de 773 milliards de dollars pour le Pentagone sur les 813 milliards alloués en 2023 pour le ministère de la défense.

[3] Les idées de Brzeziński défendues dans le camp des démocrates américains étaient en vogue à l’époque du président Bill Clinton, et Madeleine Albright (1937-2022), sa secrétaire d’état aux affaires étrangères (1997-2001) en incarnait la quintessence ou bien l’inconscience. Elle restera dans l’histoire pour avoir déclaré dans un entretien que les sanctions prises envers l’Irak “valaient la peine”, bien qu’ayant entraîné comme dommage collatéral de ce conflit la mort de 567 000 enfants. Quant au sénateur Joe Biden, il avait voté pour que Belgrade soit bombardé “afin de sauver les Kosovars”. Les victimes civiles furent serbes mais aussi chinoises !

[4] Lire sur le sujet un entretien avec Sergey Kopilov, économiste de l’Université Russe Plekhanov. L’entretien est disponible seulement sur Russia Today, d’où l’intérêt d’accéder à ce site d’information avec un VPN.

[5] “We have never seen a global response to address those sufferings and we’ve been calling for setting a precedent in the region to address the brutality against the Syrian people, against the Palestinians, or against the Libyans, or against the Iraqis, or against the Afghans,” he said. Sheikh Mohammed noted that he hopes the situation in Ukraine would serve as a wake up call to address regional issues. “Without having a proper response globally to these kinds of actions or holding the people who committed those actions accountable, we’re going to see more and more expansion of such a behaviour,” he added. Echoing the same sentiments, Prince Faisal stressed that the engagement of the global community has been “different”, calling for the need to have more comprehensive dialogue on such matters. (Doha News – 26/3/2022)

[6] Une récente escarmouche illustre le niveau lamentable des échanges entre les représentants des pays du G7 et le reste du monde. Alors que l’institution vient de prendre position sur l’affaire ukrainienne, le représentant des Pays-Bas s’est permis d’admonester son collègue indien, lequel lui a rétorqué “Don’t patronize me!”.

[7] . Les premiers participants furent Gérald Ford (Etats-Unis), Takeo Michi (Japon), Helmut Schmidt (Allemagne de l’Ouest), Aldo Moro (Italie), Harold Wilson (Royaume-Uni) et l’hôte, Valéry Giscard d’Estaing (France).

[8] Nous utilisons les chiffres de Global Fire Power, tirés des statistiques du FMI disponibles ici. Utiliser la parité du pouvoir d’achat (PPP) pour calculer le produit national brut d’un pays permet d’éliminer le facteur dollar dans le calcul de cet index dans les économies telle que celles des pays du BRICS où le dollar n’est pas un outil transaction. Ceci est d’autant plus pertinent aujourd’hui que ces pays ont signé des accords de soutien inter-monétaire réciproque excluant le rôle du dollar.

[9] Jeremiah Jacques – 16/2/2022 – journaliste américain

[10] Tunxi est une ville à une heure de vol de Shanghai.

[11] Remarquez ici que la première réunion avait eu lieu avant que les Américains ne se retirent piteusement de Kaboul. La Chine prévoyait donc déjà la suite – sans les Etats-Unis dans cette partie du monde.

[12] Il faut noter que la Russie a déjà accrédité un représentant des Talibans comme représentant diplomatique du pays. La Chine ne le fera que lorsque le pays aura remis en vigueur l’ancienne constitution du pays et formé un gouvernement inclusif respectant les droits de la femme et de l’enfant. Mais cela reste une affaire interne à l’Afghanistan qui a les plus grandes difficultés à organiser ses ethnies autour d’un projet commun.

[13] Pour mémoire, pour des raisons historiques, les volumes de production de pétrole se mesurent en barils. Un baril contient environ 42 gallons américains, 35 gallons impériaux, soit 159,11315litres.

[14] Notamment parce qu’en 2021 un gisement géant a été découvert dans la région autonome ouïgour du Xinjiang (nord-ouest de la Chine). Selon le China National Petroleum Corporation (CNPC), le champ ultra-profond contiendrait plus de 1 milliard de tonnes. On devrait pouvoir en extraire 4 millions de tonnes de pétrole par an.

[15] Voilà la réalité qui illustre les limites du pouvoir américain à changer le cours des choses. Il est évident pour tout observateur que dès lors que la Chine et l’Inde n’acceptaient pas les règles de Washington en matière de commerce pour museler l’Iran pour servir les intérêts d’un autre pays, c’était mission impossible. Mais il est dur de l’avouer.

Une pensée sur “La fin du G7

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