BRUIT DE BOTTES DANS LA ZONE ASIE-PACIFIQUE
Par Franceschino Guicciardini
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Le sommet de San Francisco (15 novembre 2023) s’est terminé sur l’absence de progrès diplomatiques entre les États-Unis et la Chine. Les deux états continuent à se regarder en chien de faïence, même si la Chine a eu l’intelligence politique de ne pas s’offusquer outre mesure de la sortie de Joe Biden en conférence de presse, qualifiant son invité XI-Jinping de dictateur.
Washington maintien une rhétorique et une posture agressive à l’égard de Pékin sur le « front » du pacifique – terme approprié puisque les USA estiment être en guerre 1– tout en déployant un groupe aéronaval au large du Yémen pour soutenir Israël en interceptant des missiles de croisière au dessus de la mer rouge et en bombardant les Houtis, soutenus par l’Iran que l’on cherche à provoquer, sans oublier l’implication indirecte en Ukraine par la fourniture de matériel, effective ou promise (avions F-16).
Cela fait beaucoup de « fronts », même pour la première puissance militaire du monde. D’autres, qui ont gagné de nombreuses batailles, ont perdu leurs guerres et leur pouvoir de nuisance international pour moins que cela.
Rhétorique et réalités
Cependant, il y a une marge significative entre rhétorique et gesticulation militaire, et la préparation d’une guerre de haute intensité contre un ou plusieurs adversaires de force sinon égale à ses propres forces, du moins proche. La déglobalisation, en faisant éclater le corset de la pax americana, rend plus difficile sinon impossible la mise en place de coalitions occidentales contre un adversaire isolé et considérablement inférieur, militairement et économiquement. La Russie, l’Iran ou la Chine ne sont pas la Serbie, l’Irak ou la Libye. La crise syrienne à montré qu’un petit État, s’il est solide politiquement, pouvait résister à une agression occidentale pour peu qu’il soit soutenu. C’est d’ailleurs cet attelage qui a permis au Vietnam de gagner sa guerre ou à la Corée du nord de ne pas disparaître. L’intervention russe en Syrie marque un tournant militaire et géopolitique. La guerre d’Ukraine un tournant économique et technologique. D’abord à la grande surprise de ses leaders, l’Otan s’avère moins capable que la Russie à soutenir une guerre longue, que l’on pourrait presque se hasarder à considérer comme une réponse de l’histoire à la course aux armements et à la guerre des étoiles qui avaient asphyxié économiquement la Russie. Ensuite, la Russie s’est révélée en avance techniquement sur un certain nombre d’armements de premier plan : contre-mesures électronique (rappelons-nous l’épisode du destroyer US survolé par un vieux Su-24 dont il n’avait pas détecté l’approche en mer noire), missiles hypersoniques, complexe militaro-industriel opérationnel. La guerre en Ukraine a souligné fortement le problème complexe que les nouveaux outils tels que les drones et les missiles de croisière peuvent causer aux armées classiques. En particulier aux grandes unités qui font la puissance navale américaine : les porte-avions géants et leurs flottilles embarquées, qui peuvent représenter en nombre d’avions de combat des effectifs supérieurs à celui d’aviations militaires de puissances petites ou moyennes. Le naufrage du Moskva, grande unité piégée dans une mer fermée et frappée par un missile de croisière, probablement lancé depuis la terre ferme, donc à la portée de n’importe quelle petite puissance, est venu souligner cette fragilité nouvelle. Un porte-avion géant est nécessaire à des opérations offensives. Il lui faut disposer d’un grand nombre d’avions pour submerger l’adversaire basé à terre, pouvoir embarquer les indispensables avions de guet aérien, et embarquer une dotation importante en réserve d’armement et de kérosène. Ce n’est pas le cas de porte-avions ou porte-aéronefs plus petits, qui sont des navires de protection et d’escorte. La fin probable de la domination des grands porte-avions à cause des capacités accrues (en puissance, précision et autonomie) des missiles de croisière et anti-navires basés à terre ou sur de petites unités est sans aucun doute une très bonne nouvelle pour la paix dans le monde. Les USA resteront une grande puissance capable de se défendre, mais ils ne pourront plus imposer leur volonté par la force à aucun État, même les plus faibles, sinon par la déstabilisation, domaine qui n’est pas le sujet de cet article.
Idem pour la destruction de chars Léopard ou Abrams par l’aviation ou de simples drones. La guerre change de nature. Le développement de la technologie permet le développement d’armes très efficaces, en grandes quantités, pour des coûts marginaux par rapports à ceux que représentent la construction d’un porte-avion, sans parler de son groupe aéronaval de protection et de ses appareils de combat. La technologie renverse le rapport de force. Si le Yemen est capable de lancer des missiles sur Israël à 2000 km de leurs bases de lancement, il devrait être possible, à un État qui dispose de ce type de matériel, si la volonté politique devient effective, de lancer quelques salves de ces mêmes missiles sur un groupe aéronaval américain. Si cela devait arriver, ce serait un Trafalgar sans retour pour la flotte américaine. Nous ne savons pas s’il faut souhaiter un tel évènement, mais si cela devait arriver, ce serait la fin de la politique délibérée de chaos mondial pratiquée par les anglo-saxons, au moins depuis le 11 septembre.
La Chine, adversaire numéro un des États-Unis ?
Le département américain de la Défense a publié à l’attention du Congrès, un rapport de 212 pages intitulé «Military and Security Developments Involving the People’s Republic of China 2023» (Développements militaires et de sécurité concernant la République populaire de Chine) 2.
La Chine y est identifiée dès la préface comme le «seul» adversaire des États-Unis :
« La Stratégie de sécurité nationale 2023 indique que la République populaire de Chine est le seul concurrent des États-Unis qui a l’intention et, de plus en plus, la capacité de remodeler l’ordre international. La Stratégie de défense nationale 2023 désigne donc la République populaire de Chine comme le «principal défi» pour le ministère de la Défense».
En réponse, le lieutenant-colonel Wu Qian, porte-parole du ministère chinois de la Défense, a fait une mise au point publique, le 25 octobre 2023, précisant que « Le développement de l’armée chinoise a pour but d’éviter les menaces de guerre, de préserver sa propre sécurité et de maintenir la paix dans le monde. Elle ne vise pas un pays ou un objectif particulier‘ »3.
Parallèlement à ces volontés bellicistes, le même 25 octobre, Gavin Newsom, gouverneur démocrate de Californie, a rencontré le chef de l’État chinois Xi-Jinping. Juste avant sa rencontre avec Wang Yi, le chef de la diplomatie chinoise, Mr Newsom a indiqué qu’il souhaitait un renouvellement des relations sino-americaines:
« Je suis ici dans l’espoir, comme vous le suggérez, de tourner la page, de renouveler notre amitié et de nous réengager (sur) des questions fondamentales qui détermineront notre foi collective en l’avenir. J’ai exprimé mon soutien à la politique d’une seule Chine (…) ainsi que notre désir de ne pas voir l’indépendance« ». a déclaré M. Newsom, faisant référence à la politique officielle des États-Unis qui reconnaît le parti communiste comme le gouvernement chinois légitime. Officiellement, les États-Unis ne reconnaissent pas Taïwan, mais en sont le principal soutien. 4. La déclaration de Mr Newsom ne lève pas cette ambiguïté mais à le mérite de parler paix et collaboration en évitant de jeter de l’huile sur le feu.
Rappelons que Mr Newsom pourrait être un candidat démocrate très présentable si Joe Biden devait se désister pour raisons de santé ou parce que l’échéance approchant le parti démocrate ne souhaitera pas se ridiculiser en perdant l’élection avec Biden, ni ne voudra prendre le risque d’une nouvelle manipulation électorale, à l’image de celle de 2020. Newsom serait sans doute un rude adversaire pour Donald Trump. Cependant ne rêvons pas, si un candidat « dark horse » (désigné directement par la convention d’un parti sans tenir compte du résultat – non impératif, sinon par tradition – des primaires) devait être présenté, notre petit doigt nous dit que ce sera probablement Michelle Obama. Elle coche toute les cases de la candidate woke idéale et serait l’atout du système visant sur l’effet de surprise des uns et l’enthousiasme des autres pour « voler » une nouvelle fois l’élection présidentielle.
L’ Australie, l’Aukus et la prolifération nucléaire
Les commentateurs occidentaux considèrent que l’achat de sous-marins nucléaires par l’Australie est une réponse à l’expansionnisme chinois « investissant dans les infrastructures de nombreux archipels, générant une dépendance économique et politique 5»
Répondre à une expansion économique par l’achat d’armes ? La Chine est en train de s’imposer par le commerce, pourquoi aurait-elle des velléités d’expansionnisme militaire ? Non seulement ce genre d’aventure se termine toujours mal, mais surtout il est toujours déclenché par des pays se considérant en position de faiblesse économique alors que la Chine est déjà en train de conquérir le monde avec ses produits.
Si l’Australie se sent menacée, pourquoi ne pas avoir pas acheté les sous-marins français, moins chers, portant sur 12 navires – 8 pour le contrat américain, soit un tiers de potentiel en moins – et dont la propulsion classique était parfaitement adaptés à la défense des abords du continent australien, au niveau de formation de ses équipages et aux infrastructures à terre destinées à héberger ces navires ?
Un sous-matin d’attaque à propulsion nucléaire est un outil de grand large, destiné à agir loin de ses bases, pas un outil de défense. Naturellement il est loisible de disserter sur l’idée que « l’attaque est la meilleure défense », il n’en demeure pas moins qu’avant d’envisager de se défendre au loin, l’Australie doit penser à être en capacité de défendre ses approches maritimes.
La rupture du contrat français visait-elle seulement à privilégier un partenaire anglo-saxon (et la mise en place de l’AUKUS) ou bien cachait-elle des raisons plus profondes ?
Pour mettre en œuvre des sous-marins à propulsion nucléaire, l’Australie doit aménager le port de Perth, base des sous-marin australiens. La propulsion nucléaire nécessite des installations spéciales pour le reconditionnement des bâtiments et de leurs réacteurs. Ces installations n’existent pas à ce jour en Australie.
En outre, l’Australie a prévu de construire ces sous-marins sous licence sur son territoire, ce qui demande une mise à niveau technique importante, l’industrie navale australienne n’ayant jamais produit de bâtiments à propulsion nucléaire. Seuls 5 de ces navires seront fabriqués en Australie. Les 3 autres seront achetés aux USA.
Compte tenu du retard que devrait prendre ce nouveau programme, plus ambitieux, l’Australie devra faire face, avant la mise en service de ses nouveaux sous-marins, à la limite opérationnelle des bâtiments de la classe Collins 6 qui composent sa flotte sous-marine actuelle. Une nouvelle proposition française tenant compte de ce facteur n’a reçu aucune réponse du gouvernement australien.
Une fois terminées les installations destinées à recevoir ce type de navires à propulsion nucléaire, l’Australie va donc devoir louer des bâtiments américains, avec leurs équipages, l’Australie n’ayant pas de personnel formés en nombre suffisant, ni préparés à l’utilisation de tels navires. L’Australie ayant par ailleurs un souci de ressources humaines concernant ses sous-mariniers, le pays « peinant à garder ses équipages »7.
Ainsi la base de Perth va se devenir de facto une base navale US abritant des sous-marins américains à propulsion nucléaire et à vocation de grande patrouille, c’est-à-dire à des actions offensives à grande distance, en solo ou en soutien des groupes aéronavals états-uniens, l’Australie ne disposant plus de porte-avions depuis la mise à la retraite du Melbourne en 1982.
Au final « les États-Unis ont obtenu une base de sous-marins en Australie et seront payés pour l’utiliser. La véritable raison de cet accord pourrait bien avoir été le souhait des États-Unis de disposer d’un port et d’une base en Australie d’où ils pourraient envoyer leurs propres sous-marins nucléaires pour harceler la Chine » 8.
Soit le gouvernement australien aura été particulièrement mal inspiré dans la gestion de cette affaire: contrat plus cher, frais de désistement à payer à la France, frais d’infrastructure supplémentaires, délais outrepassant la durée de vie opérationnelle des matériels à remplacer, obligation de louer des navires américains pour maintenir une capacité sous-marine à la Royal Australian Navy, perte de souveraineté en confiant provisoirement une partie de sa défense à un pays tiers, personnel à former à la propulsion nucléaire, moins de navires, moins adaptés aux besoins opérationnels du pays. Incompétence maximale.
Soit ce gouvernement aura été complice des ambitions américaines.
Seconde hypothèse d’autant plus séduisante qu’il y a plus:
6 bombardiers B-52 sont depuis peu stationnés sur la base australienne de Tindal, au sud de Darwin, face à l’Indonésie et, plus loin, la Chine. Ces bombardiers sont capables d’emporter – sinon des bombes nucléaires à gravitation, matériel dépassé – des missiles de croisière potentiellement dotés de têtes nucléaires.
Or, l’Australie est signataire du traité de Rarotonga, qui instaure une zone exempte d’armes nucléaires dans le Pacifique sud.
Si les B-52 américains emportent des ogives nucléaires lors de leurs stationnement en Australie, celle-ci pourrait être considérée comme trahissant l’esprit, sinon la lettre, du traité. Sans compter que l’opinion publique australienne est attachée à la non nucléarisation de l’île-continent et de la région.
A la demande qui a été faite par le sénateur Shoebridge à Penny Wong, ministre des affaires étrangères du gouvernement Albanese, sur la présence ou pas d’armes nucléaires américaines sur le sol australien, celle-ci a répondu : que « les États-Unis avaient une position permanente de « ni confirmation ni infirmation » en ce qui concerne l’endroit où ils conservent leurs armes nucléaires, et que le gouvernement australien comprenait et respectait cette position » 9!
Détournons la tête, il n y a rien à voir.
A la même question posée à Greg Moriarty, secrétaire du département de la défense, celui-ci a répondu dans un exercice de haute voltige en langue de bois: « Je pense (cela ne devrait-il pas être une certitude ?), plus généralement, qu’il est clair (!?) qu’il est interdit de stationner des armes nucléaires en Australie, selon le traité pour une zone exempte d’armes nucléaires dans le Pacifique sud, auquel l’Australie souscrit pleinement (on est rassuré !). Ajoutant : qu’il n’avait pas d’informations précises (il n’est que le secrétaire du département de la défense…) sur les « aéronefs étrangers [en visite] sur les aérodromes australiens ou en transit dans l’espace aérien australien, y compris dans le contexte de nos programmes d’entraînement et d’exercices, et de la coopération avec les États-Unis par l’Australie et le dispositif de défense de l’Australie. » Puis, comme Wong: Les gouvernements australiens successifs ont compris et respecté la politique menée de longue date par les États-Unis, consistant à ne pas confirmer ni nier la présence d’armes nucléaires sur telle ou telle plateforme. »
En clair, on ne trahit pas le traité de non-prolifération si on détourne le regard quand les forces armées américaines font escale en Australie avec de tels armements dans leur soutes. Est-il possible de faire preuve de plus d’hypocrisie et de lâcheté, sans doute pas.
Les question du sénateur Shoebridge à mise hors d’elle la ministre Wong qui a accusé le sénateur de « susciter les préoccupations, et je ne pense pas que cela soit [une attitude] responsable. »
…Ou l’on retrouve la politique chère à Roosevelt de raconter de jolies fables aux peuples pour ne pas les alarmer…et continuer tranquillement des politiques indignes sinon dangereuses pour les peuples en question. Démocratie quand tu nous tiens…
Pour elle :« La manière responsable de traiter ce sujet est de reconnaître que les États-Unis maintiennent une ‘position consistant à ne pas confirmer ni infirmer’, que nous comprenons et respectons. 10»
Ne pas voir, ne pas entendre et laisser faire est une politique responsable pour cette charmante real-politicienne archétypale de ces politiciens occidentaux contemporains dont le monde entier est plus que las.
On peut imaginer la réponse qui sera faite quand certains citoyens ou parlementaires s’inquiéteront de la présence d’éventuelles ogives nucléaires sur les SNLE (sous-marins nucléaires lanceurs d’engin) américains qui viendront logiquement profiter des nouvelles capacités d’accueil de la base de Perth.
Incompétent ou complice le gouvernement australien ?
Au final, le traité AUKUS propose le cadre juridique adéquat pour l’acceptation en douceur de la nucléarisation militaire de l’Australie.
Ce pacte AUKUS n‘était pas nécessaire dans le cadre des rapports entre la Chine et l’Australie. La Chine est le premier partenaire économique de l’Australie. On commerce avec un partenaire économique, on ne cherche pas à lui faire la guerre. Par contre, la nucléarisation militaire de l’Australie dé-sanctuarise de fait l’île-continent, qui devient potentiellement une cible pour d’éventuelles représailles nucléaires. C’est ce qui s’appelle assurer la sécurité de son peuple et préserver les intérêts de sa nation. Il apparaît de plus en en plus clairement que dans la plupart des pays occidentaux, les classes dirigeantes sont traîtres aux intérêts de leurs populations.
Conséquences immédiates, l’Indonésie, et la Malaisie s’inquiètent et dénoncent le risque de prolifération nucléaire dans la région et la Chine montre les dents : Les marins du HMAS Toowoomba croisant dans les eaux internationales, à l’intérieur de la zone économique exclusive du Japon, avaient entrepris de démêler des filets de pêche autour des hélices de leur navire quand une frégate chinoise qui avait été avertie de la présence des plongeurs, a fait fonctionner son sonar à pleine puissance occasionnant des dommages auditifs aux plongeurs australiens. Le navire australien appuyait les sanctions des Nations unies contre la Corée du Nord. Première escarmouche ? Premier avertissement?
La logique qui soutient AUKUS est une logique impériale d’endiguement d’un rival. La nucléarisation de l’Australie en fait une cible nucléaire potentielle, sans que ce pays puisse faire jouer la dissuasion, les ogives qui seront potentiellement présentes sur le territoire n’étant pas sous contrôle australien.
Les États-Unis dénoncent la prolifération nucléaire chez les autres mais la pratiquent avec ardeur, y compris au détriment des engagements pris par leur partenaires et des intérêts des populations de pays « amis ».
La journaliste indépendante Caitlin Johnstone conclut en disant « Australia Isn’t A Nation, It’s A US Military Base With Kangaroos » 11
Taïwan
Pour la Chine la question taïwanaise est une question symbolique. L’ouverture sur le grand large que lui permettrait la possession de l’île n’est pas un objectif prioritaire pour un État qui s’arme pour favoriser la paix…et le commerce.
Pour le Droit international, Taïwan est une partie du territoire chinois, érigé en État non reconnu par la communauté internationale 12 Vouloir le statu-quo actuel est participer à la politique américaine de containment de la Chine.
Le principe d’une seule Chine a été confirmé par la résolution 2758 de l’Assemblée générale des Nations unies. Aucun État d’importance, pas même les États-Unis ne reconnaît le gouvernement de Taïwan. L’île aurait du depuis longtemps revenir à la Chine sans l’intérêt stratégique qu’elle représente pour les États-Unis.
La question de Taïwan n’est pas un problème sino-chinois ; elle est un problème américano-chinois.
Durant la seconde guerre mondiale les USA se sont répandus dans l’ensemble du bassin pacifique, jusqu’aux frontières maritimes de la Chine à 10 700km de la Californie. Ils ont installé des bases militaires pour faire la guerre au Japon et n’ont jamais abandonné ces bases la guerre finie. Pourquoi ? Pour contrôler la zone. Et quelle zone ! Un tiers de la planète bleue. Taïwan est la tête de pont principale de la première ligne de défense US face à la Chine, ligne dite « défensive » qui débute au nord aux Aléoutiennes, continue par l’archipel japonais, Taïwan et les Philippines. Dans cette ligne de défense ou de containtment de plus de 8000km de long,Taïwan est le verrou principal,se situant au centre de la façade maritime chinoise, le Japon se trouvant plus au nord face à la péninsule coréenne et au Kamtchatka russe.
Les chinois n’envahirons pas Taïwan. Certainement pas dans le contexte actuel. La culture militaire chinoise est celle de l’attente du moment favorable, du contournement de l’obstacle et de l’engagement seulement alors que la victoire est assurée. Sun-Tsé: « Ainsi ceux qui sont experts dans l’art de la guerre soumettent l’armée ennemie sans combat. Ils prennent les villes sans donner l’assaut et renversent un État sans opérations prolongées ». 13
Ce sont les américains qui ont besoin d’une tension persistante autour de Taïwan. Pour justifier de leur aide militaire et ne pas perdre leur forteresse face à la Chine.
Mer de Chine
Le général Charles Flynn, commandant des forces armées américaines dans le Pacifique, a déclaré le 19 novembre dernier, lors du Forum international sur la sécurité d’Halifax, en Nouvelle-Écosse, que les États-Unis déploieraient de nouveaux missiles à portée intermédiaire, notamment des Tomahawks et des SM-6, dans la région du Pacifique en 2024. 14 Il s’agirait de « créer un mur de missiles » face à la Chine.
L’objectif serait de dissuader une éventuelle invasion chinoise de Taïwan, au risque de provoquer une course aux armements axée sur les missiles conventionnels dans le Pacifique.
Parallèlement, l’armée de l’air américaine utilise l’Intelligence Artificielle pour tester et perfectionner le drone XQ-58A, qui serait probablement déployé en cas de guerre à Taïwan. 15
Le XQ-58A est un drone de combat furtif à réaction destiné à être employé comme ailier d’un avion de combat piloté, comme les F-22 ou F-35, ceci afin d’assurer des missions de reconnaissance ou de combat dans les zones les plus dangereuses, préservant ainsi l’avion piloté. Ce type de drone est contrôlé depuis la place arrière d’un avion d’accompagnement (ou accompagné par le drone…). 16
Le drone XQ-58A pourra aussi être déployé dans le cadre d’un essaim de drones destiné à saturer les défenses chinoises.
Enfin, les USA sont de retour en force aux Philippines. Le nouveau gouvernement de Ferdinand Marcos Jr, fils de l’ancien dictateur, a accepté l’installation de 4 nouvelles bases américaines dans le nord et l’ouest de l’archipel, face à la Chine, en soutien de la ligne de confinement de la Chine.
Japon
Le japon à voté, en décembre 2022, son plus important budget militaire depuis la seconde guerre mondiale, époque où le pays s’était laissé allé à un développement peut-être excessif de ses forces armées… Le budget vise à financer un plan de 320 milliards de dollars sur 5 ans pour l’achat de missiles balistiques capables de frapper la Chine 17.
Ce budget représente le double du budget de défense actuel. Il atteint 2 % du produit intérieur brut outrepassant la limite de 1 % que le Japon s’était imposé depuis 1976. Il fera du Japon le troisième acteur le plus dépensier au monde en matière de dépenses militaires derrière les inévitables États-Unis et la Chine.
Le Premier ministre Fumio Kishida a affirmé que le Japon et son peuple étaient à un « tournant de l’histoire« . Expression intéressante. Qu’est ce qu’un tournant de l’histoire pour un peuple qui vit en paix depuis quatre-vingt ans ? Simple rhétorique de politicien visant à faire peur pour empêcher toute critique et faire passer un singulier accroissement des investissements consacrés à la défense ou entrée dans une nouvelle ère dans laquelle la guerre sera redevenu une probabilité sinon une certitude ? « Nous sommes en guerre » proclament les États-Unis. Il semble que l’empire ne soit capable que de cela. Depuis que le rêve américain s’est évanoui, ce pays ne propose au monde que soumission et destruction. Il est triste de constater que le pays victime des bombes atomiques s’aligne sur une telle politique.
Le Japon craint les missiles balistiques de la Corée du nord. Ces missiles sont le cœur du système de dissuasion nucléaire mis en place par la Corée du nord pour préserver son indépendance et éviter de se voir envahie par les États-Unis ou une coalition à leur solde appuyée sur la Corée du sud. Ces missiles sont un outil de dissuasion. Les utiliser comme outil d’agression ne ferait qu’invalider leur utilité pour la Corée du nord. On voit mal quel intérêt pourraient avoir les nord-coréens de frapper le Japon. Les occidentaux n’ont qu’une vision conflictuelle des rapports internationaux, même s’il faut se garder de tout angélisme : si les États n’ont pas d’états d’âme lorsqu’il s’agit de leurs intérêts, cette constatation est tout aussi valable pour la Chine que pour les USA. Cette vision est tout de même significative d’une mentalité impériale où la conquête et le maintien de territoires sous tutelle sont les aspects essentiels. Cela ne saurait être la vision d’un État qui n’a ni les moyens ni l’intérêt à tenter de s’emparer de territoires appartenant à ses voisins, surtout dans une confrontation du faible au fort. Est-il sérieusement imaginable d’envisager l’invasion du Japon par la Corée du nord et ses hordes de Mig21 de quarante ans d’âge?
Cette rhétorique fonctionne parce qu’elle n’est jamais interrogée. L’affirmation péremptoire du danger suffit à masquer la faiblesse des arguments auprès des opinions publiques et permet de justifier des augmentations de budget militaire qui ne se justifient pas par la présence d’un danger réel.
Le Japon craint la menace de la Chine. Des manœuvres militaires récentes avaient pour but de montrer que le Japon était prêt à défendre ses îles contre une éventuelle attaque chinoise.
La Chine est soupçonnée de développer sa marine de guerre, non pour sécuriser ses approvisionnement et se mettre en capacité de briser un éventuel blocus américain pouvant perturber ses propres approvisionnements (version chinoise), mais pour perturber les approvisionnement de ses voisins, particulièrement le Japon. Alors pourquoi un tiers du budget voté pour 5 ans en décembre 2022 concerne-t-il l’acquisition de missiles balistiques, outil de dissuasion dans un rapport du faible au fort ou d’agression dans un contexte de confrontation entre puissances de niveau équivalent et certainement pas le moyen le plus approprié pour défendre ses lignes d’approvisionnement ?
Pour l’agence Reuters, « Le gouvernement japonais craint que l’intervention russe en Ukraine n’incite la Chine à attaquer Taïwan, ce qui pourrait menacer les îles japonaises voisines, perturber l’approvisionnement en semi-conducteurs de pointe et risquant d’étrangler les voies maritimes qui approvisionnent le Japon en pétrole depuis le Moyen-Orient ». Cette vision des choses est typiquement occidentale: répondre à une action (certes agressive) par une contre-action immédiate. Il est étonnant de constater que les dirigeants japonais semblent feindre de ne pas comprendre la psychologie chinoise. Les chinois préfèrent préparer la voie à un évènement, plutôt que le provoquer (manière occidentale). Ils mettent tout en œuvre pour offrir les meilleurs conditions de développement à leurs ambitions, et attendent que les fruits soient mûrs.
« L’invasion de l’Ukraine par la Russie constitue une grave violation des lois interdisant le recours à la force et a ébranlé les fondements de l’ordre international » 18. Ce qui est faux et n’est que la position du bloc occidental qui y trouve une justification facile a son propre bellicisme.
Chine
Et la Chine ? La Chine se dispense de toute rhétorique agressive et poursuit la mise à niveau de ses capacités militaires.
Au tournant des années 2000, ce pays s’est engagé dans un vaste programme de rénovation de ses forces, particulièrement dans les domaines aéronautique et maritime. Pékin a pourvu au remplacement d’appareils russes construits sous licence dont la conception datait des années cinquante-soixante (Mig-19,Mig-21,Tupolev Tu-16), par une nouvelle génération de chasseurs: Flanker Su-27 et Su-30, d’origine russe, ainsi que du J-11, la version construite en Chine du Su-27Sk. Avec le J-11, l’industrie chinoise sinisait la logistique d’accompagnement opérationnel de ses Su-27 (la mise en œuvre d’aéronefs, civils ou militaires nécessite des visites régulières des cellules et des moteurs). En matière d’aviation militaire les avionneurs russes ont coutume de réaliser les visites et remises à niveau des appareils de leurs clients en Russie, ce qui est coûteux et allonge les délais de remise en service des appareils. La Chine a souhaité s’autonomiser de ce processus. La construction d’avions de quatrième génération sous licence a aussi permis à la Chine de faire un immense « bond en avant » dans les domaines de la conception et de la construction aéronautique. Les premiers chasseurs purement chinois (J-1,FC-10) n’étaient pas les appareils les plus performants du panel mondial et ont recueillis les sarcasmes des « experts » occidentaux, adeptes des parenthèses et petits points (…) de connivence dès lors qu’il s’agit d’évoquer la qualité des matériels d’origine russe et chinoise… ; mais ils ont permis la mise en place d’un complexe militaro-industriel chinois qui fabrique aujourd’hui des matériels haut de gamme équivalents aux meilleurs produits occidentaux. La Russie qui domine le domaine des missiles hypersonique, à pris un avantage significatif dans le secteur des contre-mesures et des équipements anti-aériens, tandis que la Chine fabrique une gamme complète d’appareils de combat de haut niveau, chasseurs stealth (J-35), drones (LoongII, FH-97, JY-300), connexion de type J-16, systèmes anti-aériens (WS-600, SA2), sans oublier les indispensables multiplicateurs de force (avions de guet aérien Xian KJ-2000) et appareils de transports modernes.
Aujourd’hui, protection de ses sources d’approvisionnement et montée en puissance économique de la zone pacifique oblige, c’est le renforcement de la marine chinoise qui occupe les devants de l’actualité militaire.
La Chine dispose à ce jour de trois porte-avions, deux opérationnels, le troisième lancé en juin 2022. L’objectif chinois est de disposer à moyen terme de 5 porte-avions dont deux nucléaires. Ce qui signifie que ces 2 bâtiments auront vocation à assurer une présence chinoise à l’international. Présence alternée entre les deux navires, ce type de navire devant passer régulièrement en grande visite, ce qui prend plusieurs mois. Trois porte-avions non nucléaires seront destinés au contrôle des approches maritimes de la Chine et à la protection de ses voies d’approvisionnement, avec deux bâtiments et un troisième au repos en alternance. La marine chinoise, inexistante il y a trente ans, se met au niveau de la nouvelle puissance économique du pays. 5 porte-avions ne vont pas lui permettre de dominer les mers comme a pu le faire l’US Navy depuis 1942, mais ils représentent la bonne dimension pour protéger les abords de la mer de Chine.
Les dirigeants chinois affirment que la domination des mers n’est pas leur objectif. Leur politique de construction navale semble le confirmer. Détail à ne pas négliger toutefois, les chantiers navals chinois ont dépassé la capacité productive des chantiers navals américains. Ce n est pas négligeable en cas de confrontation ouverte ou en cas de changement de politique…
A l’appui de ses porte-avions la Chine a mis en service le plus puissant destroyer actuel, le type 055, équipé de 112 silos lance-missiles, capable de croiser à 30 nœuds et doté d’une électronique dernier cri. Son déplacement est équivalent à celui d’un croiseur (12000t). Il dispose d’une puissance de feu inégalée pour ce type de navire 19. Il est capable de lancer des missiles antiaériens, anti-navires et de croisière. 8 sont en service et 16 sont prévus au total. Ces navires seront probablement principalement utilisés en soutien des groupes aéronavals. C’est la mission logique de telles unités.
Pour comparaison, les destroyers américains de classe Arleigh Burke disposent de 9O cellules de lancement verticales, capables de lancer des missiles anti aérien et de croisière, ainsi que de lanceurs classiques pour missiles anti-navires Harpoon. Ils croisent à 31 nœuds et déplacent de 8 à 9000t. 73 étaient en service fin 2022.
Les croiseurs Ticonderoga déplacent près de 10000t, à 32 nœuds et sont équipés de 122 cellules de lancement de missiles de croisière tomahawk, missiles anti-navires Harpoon et anti sous-marins ASROC. La puissance de feu est comparable aux 055 chinois. Leur défense antiaérienne est assurée par des canons et par le système antimissiles de croisière Phalanx.
Pour mémoire, la frégate française Horizon croise à 30 nœuds pour un déplacement de 7000t et est armée de 48 missiles Aster antiaériens et 8 missiles Exocet anti-navires.
Conclusion
Les chinois n’envahirons pas Taïwan et probablement jamais de manière militaire. Le faire croire permet aux États-Unis de déployer leur rhétorique martiale et occasionnellement leurs matériels offensifs au plus près des eaux territoriales chinoises. Caitlin Johnstone :
« Comme bien d’autres choses dans ce monde, lorsque l’on examine le comportement du pouvoir, il s’agit en fin de compte d’une question de contrôle narratif. Les puissants comprennent que celui qui contrôle le récit dominant des événements mondiaux contrôle en fait le monde, car le véritable pouvoir ne consiste pas seulement à contrôler ce qui se passe, mais aussi à contrôler ce que les gens pensent de ce qui se passe. C’est la véritable colle qui maintient l’empire centralisé des États-Unis, et le monde n’aura jamais une chance de connaître la paix tant que les gens ne commenceront pas à en prendre conscience »20.
De l’avis de tous les observateurs, le sommet de San Francisco n’aura apporté aucun changement significatif aux relations sino-américaines.
Les États-Unis restent sur leur position belliciste, considérant la Chine comme leur adversaire majeur pour les années à venir, ainsi que l’a si délicatement confirmé Joe Biden lors de sa fameuse conférence de presse en clôture du sommet de San Francisco. L’élite américaine apparaît incapable de sortir de sa rhétorique de puissance dominante agressive, et tape du pied quand on lui résiste comme un enfant égoïste qui exige que l’on fasse ses quatre volontés.
La Chine, en position de force diplomatique et économique, répète patiemment son credo: nous ne recherchons pas la domination mondiale mais le développement pacifique et commercial des relations entre pays égaux.
La stratégie anglo-saxonne est de préparer la guerre pour faire pression sur les forts, de la faire contre les faibles – y compris au moyen de coalitions ( à vaincre sans péril…) – de semer le chaos sur la planète et la dissension chez leurs rivaux ou considérés par eux comme tels (révolutions de couleur…). Éternelle politique de la canonnière. La Chine a souffert de cette politique au XIX siècle. Soyons assurés que les dirigeants chinois ont de la mémoire et fondent leur politique sur la connaissance de l’histoire et de la morale politique anglo-saxonne, plus que sur les narratifs auto-légitimants des occidentaux. Narratifs qui ne sont écoutés que par des foules occidentales peu cultivées politiquement et soumises à une propagande constante.
Pour conclure laissons la parole au chef de l’État chinois, Xi-Jinping21 :
«La concurrence entre grandes puissances ne résoudra pas les problèmes auxquels la Chine, les États-Unis et le monde sont confrontés. Cette planète est assez grande pour la Chine et les États-Unis. Le succès de chacun est une chance pour l’autre.
Il y a deux options pour la Chine et les États-Unis à l’ère des transformations mondiales sans précédent depuis un siècle : L’une consiste à renforcer la solidarité et la coopération et à se donner la main pour relever les défis mondiaux et promouvoir la sécurité et la prospérité dans le monde ; l’autre consiste à s’accrocher à la mentalité du jeu à somme nulle, à provoquer des rivalités et des confrontations et à conduire le monde vers l’agitation et la division. Ces deux choix indiquent deux directions différentes qui décideront de l’avenir de l’humanité et de la planète Terre».
NOTES :
1 https://strategika.fr/2023/11/23/les-etats-unis-declarent-cest-la-guerre/
2https://media.defense.gov/2023/Oct/19/2003323409/-1/-1/1/2023-MILITARY-AND-SECURITY-DEVELOPMENTS-INVOLVING-THE-PEOPLES-REPUBLIC-OF-CHINA.PDF
4https://apnews.com/article/china-visit-gavin-newsom-wang-yi-us-7f2bcb44d9279296f853f1042b298877
5 https://www.areion24.news/2023/08/31/australie-enjeux-geopolitiques/
6 Lancés en 1996 et qui devraient être décommissionnés en 2026 ou 2032 selon les sources.
7 https://www.caitlinjohnst.one/p/australians-arent-allowed-to-know
8 Reseauinternational
9 https://www.caitlinjohnst.one/p/australians-arent-allowed-to-know
11 https://www.caitlinjohnst.one/p/australia-isnt-a-nation-its-a-us
12 https://geoconfluences.ens-lyon.fr/doc/etpays/Chine/popup/CorcuffInternat.htm
13 Sun-Tsé L’art de la guerre Ch. « Conduite de la guerre – 10 »
14 https://asiatimes.com/2023/11/pacific-shift-us-to-build-a-missile-wall-against-china/
15https://asiatimes.com/2023/08/ai-powered-valkyrie-drone-designed-for-swarming-china/
16https://fr.wikipedia.org/wiki/Kratos_XQ-58A_Valkyrie#cite_note-airforce_technology_launch-1″ HYPERLINK « https://fr.wikipedia.org/wiki/Lockheed_Martin_F-35_Lightning_II » « https://fr.wikipedia.org/wiki/Lockheed_Martin_F-35_Lightning_II » HYPERLINK « https://fr.wikipedia.org/wiki/Lockheed_Martin_F-35_Lightning_II »1
17https://www.capital.fr/economie-politique/le-japon-veut-doubler-son-budget-militaire-sur-les-cinq-prochaines-annees-1454704
18ttps://www.reuters.com/world/asia-pacific/pacifist-japan-unveils-unprecedented-320-bln-military-build-up-2022-12-16/
19htps://asiatimes.com/2023/11/china-japan-in-fast-and-furious-frigate-building-race/
20https://www.caitlinjohnst.one/p/nato-chief-openly-admits-russia-invaded
21 https://reseauinternational.net/xi-dejoue-biden-a-san-francisco/