Netanyahu et le Messie – La guerre messianique
L’eschatologie et le messianisme juifs sont au coeur de la géopolitique proche-orientale et mondiale. Depuis les déclarations de Benjamin Netanyahu à propos des réalisations « des prophéties d’Ésaïe »1 par l’État d’Israël, le tabou théologico-politique a été brisé. Encore faut-il connaître le fond de ces espérances messianiques.
Le sionisme et la destruction des nations
La reconquête de la Terre Sainte et la reconstruction du Temple de Jérusalem par le Messie sont attendues par les juifs depuis 2000 ans. Mais depuis que s’exerce l’influence du lourianisme (XVIe siècle), les juifs sont devenus leur propre Messie, lassés d’attendre l’intervention divine et une Rédemption qui devait résulter de la piété et de la repentance du peuple juif. Il s’agit depuis de réaliser les promesses bibliques de façon autonome, sans l’aide du Messie.
Le livre du prophète Obadia (composé d’un seul chapitre de 21 versets), un texte essentiellement eschatologique, nous résume le programme sioniste de la fin des temps. Les israélites achèvent leurs prières du matin et du soir par le dernier verset de ce livre.
« Mais sur le mont Sion (N.D.A. : là où devait se trouver le Temple de Salomon et où aujourd’hui se situe la Mosquée d’al-Aqsa, à Jérusalem) un débris subsistera et sera une chose sainte, et la maison de Jacob rentrera en possession de son patrimoine (N.D.A. : interprété comme le retour des juifs en Terre sainte pour la posséder). La maison de Jacob sera un feu, la maison de Joseph une flamme, la maison d’Esaü un amas de chaume : ils le brûleront, ils le consumeront, et rien ne survivra de la maison d’Esaü. » (Obadia, 17-18).
Ésaü est le frère de Jacob, considéré par la tradition rabbinique comme le père de l’Europe, de Rome et par suite de la chrétienté.
Et le livre d’Obadia se clôt par ce verset présent dans les prières juives du matin et du soir :
« Et des libérateurs monteront sur la montagne de Sion, pour se faire les justiciers du mont d’Esaü, et la royauté appartiendra à Yahvé. » (Obadia, 21).
Le livre d’Obadia promet également la destruction de toutes les nations :
« Quand approchera le jour du Seigneur pour toutes les nations, – comme tu as fait il te sera fait, tes œuvres retomberont sur ta tête. Oui, comme vous avez bu sur ma montagne sainte, ainsi les nations boiront sans discontinuer ; elles boiront et en perdront la raison, elles seront comme si elles n’avaient jamais été. » (Obadia, 15-16).
La politique de Netanyahu : accélérer la venue du Messie
Le 14 avril 2024, alors que les tensions et le risque de guerre entre Israël et l’Iran atteignaient leur paroxysme, Ehud Barak, ancien Premier ministre d’Israël, a déclaré sur LCI : « Netanyahu est sous l’influence de ces ministres [messianiques]… Il est une sorte d’esclave de ces ministres esclavagistes. Ils ont une influence énorme sur lui. Ils ne devraient pas l’avoir et on le force à faire un choix binaire. Il ne peut rien accepter d’autre… Ces ministres lui demandent de déclencher une escalade pour accélérer la venue du Messie. »2
Cette influence et ce rapport étroit qu’entretiennent les dirigeants israéliens et le monde rabbinique messianique est ancien. Il est notamment illustré par un entretien du 18 novembre 1990 filmé entre Benjamin Netanyahu et le grand rabbin loubavitch Menahem Mendel Schneerson3 (1902-1994), un des maitres spirituels du judaïsme à l’échelle mondiale et considéré comme étant potentiellement le Messie. L’échange qu’ils ont eu est édifiant4 :
Menahem Mendel Schneerson : « Je ne t’ai pas vu depuis longtemps. Bénédiction et succès. Double portion de bénédiction. »
Netanyahu : « Je suis venu demander votre bénédiction et votre aide. »
Menahem Mendel Schneerson : « Dans tous les domaines ?»
Netanyahu : « Dans tous les domaines – personnel et politique. »
Menahem Mendel Schneerson : « Depuis notre dernière rencontre beaucoup de choses ont progressé. Ce qui n’a pas changé, toutefois, c’est que le Messie n’est pas encore venu ; alors faites quelque chose pour hâter sa venue ».
Netanyahu : « Nous faisons, nous faisons… »
Menahem Mendel Schneerson : « Apparemment ce n’est pas suffisant, alors que plusieurs heures sont déjà passées aujourd’hui et qu’il n’est toujours pas là. Mais il reste encore quelques heures avant la fin de la journée5 alors essayez encore aujourd’hui. »
Netanyahu : « Oui »…
Le mouvement messianique religieux en Israël a franchi une étape importante en 2004 et 2005. Soixante et onze rabbins proclament, le 13 octobre 2004 à Tibériade, la création du nouveau Sanhédrin, le tribunal suprême du peuple juif, qui avait cessé d’exister en 429 ap. J.-C.
Réunis à nouveau à Jérusalem en janvier 2005, les juges qui composent le Sanhédrin ont établi une liste des problèmes à résoudre, dont voici quelques-uns : uniformiser les règles de la cacherout ; déterminer l’endroit exact où se trouvait l’autel sur le mon du Temple ; retrouver les descendants des tribus d’Israël éparpillés de par le monde ; restaurer la monarchie davidique ; établir un nouveau code éthique juif pour l’armée pour le substituer au code en vigueur, fondé sur des sources séculières etc.
Le 14 mai 2018 à Jérusalem, Netanyahu a participé à l’inauguration de l’ambassade des États-Unis et a rappelé à cette occasion la phrase du colonel Motta Gour, commandant des parachustistes lors de la conquête de Jérusalem-Est en juin 1967 : « Le Mont du Temple est entre nos mains ! »6.
L’actuel gouvernement Netanyahu – alliance entre le Likoud et les ultra-orthodoxes ashkénazes et séfarades – formé en novembre 2022 est le plus messianiste de l’histoire d’Israël. Les plus « radicaux des sionistes religieux messianiques, homophobes, misogynes et racistes parviennent au pouvoir. Ce sont les héritiers idéologique des rabbins Kook, père et fils, de Shabtaï Bon Dov, d’Abraham Stern et de Meir Kahan »7.
Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, a été félicité le soir du scrutin par ses amis les rabbins de l’Institut pour la reconstruction du Temple qui sont venus lui donner l’accolade. Comme son nom l’indique, cet Institut créé en 1987 prépare la reconstruction du Temple8. Et c’est Ben Gvir qui a la responsabilité de maintenir le statuquo sur l’esplanade d’Al-Aqsa.
Les fondamentalistes messianiques, représentés dans ce gouvernement, sont persuadés que le temps de la Rédemption est arrivé. 2022 correspond à l’année 5783 du calendrier hébraïque, dont l’acronyme est : « Tav Shin Peh Gimmel », qu’ils interprètent ainsi : « C’est l’année de la vache de la rédemption »9.
L’Institut pour la reconstruction du Temple, a organisé, le 22 septembre 2022, une cérémonie à l’aéroport Ben Gourion, à l’occasion de l’arrivée de cinq génisses rousses élevées par un évangéliste dans un ranch du Texas. Selon la tradition, la dixième vache rousse devrait être la dernière de l’histoire de l’humanité et d’Israël.
La guerre de Gog et Magog
Dans la tradition juive, l’arrivée du Messie, l’ère messianique qui apporte avec elle la Rédemption, la Guéoula (Délivrance) sont précédées de grandes catastrophes : guerre de Gog et Magog, bouleversement mondiaux, cataclysmes, chute de l’Humanité au plus bas degré de bassesse, disparation de la morale etc.
Dans tous les textes les traditions apocalyptiques, l’annonce de la fin des temps est accompagnée d’images catastrophiques revêtant des formes variées : guerres mondiales, révolutions, épidémies, famines, catastrophes économiques, mais aussi apostasies, profanations du nom de Dieu, oubli de la Torah et rejet de tout ordre moral allant jusqu’au renversement des lois de la nature10.
« Il arrivera, en ce jour, le jour où Gog pénétrera sur le sol d’Israël, dit le Seigneur Dieu, que ma colère me montera à la tête. Et, dans mon ardeur, dans le feu de mon indignation, je le déclare: En vérité, ce jour-là, il y aura une commotion violente sur le sol d’Israël! Sous mes coups trembleront les poissons de la mer et les oiseaux du ciel et tous les animaux des champs, et tous les êtres qui rampent sur le sol, et tous les hommes qui vivent a la surface de la terre; les montagnes seront renversées, les coteaux étagés s’affaisseront et toute muraille tombera à terre. Contre lui, je ferai appel, sur toutes mes montagnes, au glaive, dit le Seigneur Dieu ; [eux-mêmes], ils tireront le glaive l’un contre l’autre. Je ferai justice de lui par la peste et par le sang ; je lancerai des pluies torrentielles, des grêlons du feu et du soufre sur lui et sur ses légions et sur les peuples nombreux qui l’accompagnent. Ainsi je me montrerai grand et saint, je me manifesterai aux yeux de nations nombreuses, et elles reconnaîtront que je suis Yahvé. » (Ezéchiel 38, 18-23)
Dans le texte de la Mishna (loi orale inscrite dans le Talmud), la première codification canonique de la Halakha (terme désignant la loi juive), on trouve des descriptions apocalyptiques sur les cataclysmes de la fin des temps11 :
« Sur les talons du Messie [c’est-à-dire à l’époque de sa venue], l’orgueil augmentera et le respect disparaîtra. L’hérésie l’emportera et il n’y aura pas de réprobation morale. La synagogue deviendra une maison de prostitution ; la Galilée sera dévastée ; le peuple des frontières ira errant de ville en ville, et nul n’aura pitié d’eux. La sagesse des scribes sera tenue pour odieuse et ceux qui éviteront le péché seront méprisés. On ne rencontrera plus la vérité nulle part. Les enfants seront la honte des vieillards et les vieillards en viendront à exprimer de la déférence à l’égard des enfants. “Le fils insultera son père, la fille se dressera contre sa mère, chacun aura pour ennemis les gens de sa propre maison” (Michée, 7, 6). Le visage de cette génération sera semblable au visage d’un chien [c’est-à-dire : ce sera le règne du cynisme]. En qui pourrons-nous alors nous confier sinon à notre Père qui est dans les cieux ? » (Mishna, fin du Traité Sota)
Les eschatologies chrétienne et islamique annoncent également ces catastrophes à la fin des temps, mais la différence majeure avec le judaïsme est que dans cette religion il y a un mouvement apocalyptique qui vise à provoquer ces évènements funestes pour accélérer la venue du Messie.
Ces temps apocalyptiques et les catastrophes qui les accompagnent sont le passage obligatoire menant aux temps messianiques, à la Rédemption. Très tôt, au sein du judaïsme, la tentation est née de hâter les temps messianiques en provoquant ces événements catastrophiques.
« Les maîtres du Talmud se sont aussi posé la question de savoir s’il est possible de “hâter la fin”, c’est-à-dire si par l’action il est possible de forcer la venue de la fin. Cette question fut l’occasion d’un profond clivage d’opinions concernant le messianisme. Le rêve n’était pas toujours accompagné de la décision de faire quelque chose pour qu’il se réalise effectivement. »12
Finalement, le Talmud tranche (au IIIe siècle) et interdit de hâter les temps messianiques : « Les Israélites sont adjurés de ne pas se révolter contre les royaumes de ce monde [les puissances séculières], de ne pas “hâter la fin”, de ne pas révéler les mystères de celle-ci aux nations et de ne pas se dresser de l’exil comme un mur [c’est-à-dire se dresser en grand nombre]. Mais alors, pourquoi le Roi-messie doit-il venir ? Pour rassembler les exilés d’Israël. » (Rabbi Helbo, Midrash sur le Cantique des cantiques, Shir ha-Shirim Rabba II, cf. Ketubot 111a)
Mais la Rédemption et la Délivrance sont attendues si fiévreusement par les juifs, que l’interdit talmudique de hâter la venue du Messie sera violé à de multiples reprises au fil des siècles pour être finalement nié. Le sionisme est à inscrire dans ce mouvement visant à hâter les temps messianiques puisque c’est le Messie qui devait ramener les juifs en Terre sainte.
Lisons ce que disent les rabbins au sujet de cette délivrance. « La Guéoula, la Délivrance finale, est un sujet profond et sérieux. Tout aussi profond et sérieux que les lois du Chabbath ou de la Cacheroute. Malheureusement, ce concept est parfois perçu comme une série d’événements dont le caractère apocalyptique, risquerait d’atténuer notre désir de voir cette Guéoula se réaliser de nos jours. Nous tenterons d’établir, au fil de nos textes qu’on peut parler de cette Guéoula en des termes beaucoup plus positifs et stimulants. La guerre de Gog et Magog fait l’objet de quelques chapitres de la Bible. Dans Ezéchiel et Zacharie. Aucune date n’est donnée, aucun nom n’est reconnaissable bien évidemment. Comme toute prophétie, celles-ci sont sujettes à interprétation.
Ainsi, de nombreux dirigeants de notre peuple ont déjà affirmé que les deux guerres mondiales pouvaient déjà être considérées comme ayant concrétisé ces prophéties. Et que si effectivement les Juifs devaient en pâtir, la Shoah nous en avait déjà acquittés. Le Talmud aussi parle de cette guerre. Par exemple dans le traité Brakhot13. Bizarrement, on ne parle pas de massacre. On relativise même la gravité de cet événement : l’homme doit bien plus s’inquiéter de l’éducation de ses enfants et de ses conséquences que de la guerre de Gog et Magog.
En effet, il est dit dans les Psaumes de David14 : “Pourquoi se démènent les peuples, et les nations agitent-elles de vains projets?” Ceci fait référence à la guerre de Gog et Magog. Pourtant, cela n’a pas l’air de tourmenter David outre mesure, comme on le voit dans la suite15 : « Celui qui réside dans les cieux en rit, le Seigneur Se raille d’eux ». Par contre, dans le psaume suivant, à propos de son fils rebelle Avchalom, David s’écrie « nombreux sont mes tourments » !
Le message moral que veut faire passer le Talmud est clair : occupez-vous de vos enfants plutôt que d’aller chercher des sensations fortes en essayant de vous faire peur. Tout ceci est vain et ne touche pas les Juifs. »16
Gershom Scholem, historien du judaïsme, écrit ainsi : « Pour les prophètes et les maîtres de l’Aggada [les enseignements rabbiniques non-législatifs] la rédemption devait se produire par suite d’un bouleversement général, d’une révolution universelle, de catastrophes, de calamités inouïes en vertu desquelles l’histoire devait s’effondrer et s’éteindre. L’histoire était considérée par eux avec le pessimisme le plus absolu… Pour aboutir à la délivrance, il est nécessaire que l’édifice actuel soit abattu pour faire place à l’édifice messianique… »17
À la fin des temps, explique Scholem, il y aura une opposition fondamentale entre «le bien», représenté par Israël, et « le mal », incarné par les nations non-juives : « Dans les Apocalypses, il est question par contre de deux éons, qui se suivent l’un après l’autre et se tiennent dans un rapport antithétique : le monde présent et le monde à venir, le règne des ténèbres et le règne de la lumière. L’antithèse nationale entre Israël et les Nations s’élargit en anti-thèse cosmique. Les domaines respectifs de la sainteté et du péché, du pur et de l’impur, de la vie et de la mort, de la lumière et des ténèbres, Dieu et les puissances qui lui sont hostiles, s’opposent. Un arrière-plan cosmique étendu sert de toile de fond aux données eschatologiques nationales. C’est dans ce contexte que doit se produire l’affrontement final d’Israël et des Nations. »18
La reconstruction d’Israël – détruit par les Assyriens avant que Juda ne soit détruit par les Babyloniens – est centrale dans l’eschatologie biblique. La destruction du second Temple fut l’ultime traumatisme qui eut un effet durable sur le messianisme : « Quand les Juifs comprirent qu’ils avaient perdu définitivement leur existence nationale après les troubles qui suivirent la destruction du second Temple et la fin de l’ancien monde, ils eurent une conscience vive du caractère cryptique et mystérieux du message messianique. Le messianisme, en effet, a toujours eu pour objet le rétablissement de l’existence nationale, bien qu’il mène également au-delà de celle-ci. »19
Du point de vue du sionisme messianique, le retour du peuple juif en Terre sainte ne suffit pas. La réalisation du Grand Israël et de son règne sur le monde, passe par des guerres de grandes échelles, tout particulièrement celle de Gog et Magog.
Dans le livre du prophète Daniel (qui aurait vécu durant l’exil à Babylone, entre 588 et 538 av. J.-C.), il est une prophétie relative aux quatre empires ennemis du peuple juif. Selon cette prophétie, tous les empires en question s’effondreront, à savoir, l’Empire babylonien, puis l’Empire des Mèdes, suivi de l’Empire perse et pour finir l’Empire romain.
Le grand rabbin et maître du Talmud, Eliezer ben Hourcanos, qui vécut au Ier siècle, a livré une interprétation d’un verset de la Genèse à la lumière du livre de Daniel dont il tire ses conclusions quant à la victoire finale d’Israël. Il énumère les empires qui doivent tomber, les « ennemis » d’Israël qui seront « revêtis de honte », tandis que sur la tête du Messie des juifs « brillera son diadème ». Le quatrième et dernier empire ennemi d’Israël n’est autre que Rome20, qui sera le siège impérial et religieux de la chrétienté à abattre.
Dans la tradition juive, ces empires n’appartiennent pas au passé, ils sont les archétypes d’ennemis ontologiques du peuple juif. Ennemis qui s’incarnent perpétuellement. C’est particulièrement vrai pour Edom (surnom d’Ésaü, le frère de Jacob) qui s’est incarné en Rome, devenue la Rome chrétienne, devenue l’Europe, et par extension l’Occident qu’il s’agit de détruire encore et encore. Chaque incarnation de l’ennemi ontologique doit être abattue.
Si la chute de Rome est une condition importante du triomphe d’Israël d’après l’eschatologie juive, elle n’est pas la seule. Les textes fondamentaux du judaïsme indiquent également que la destruction d’Ismaël (fils d’Abraham, père des Arabes et par suite des musulmans), de l’islam, est une autre des conditions de l’avènement du Messie21.
Il en va de même pour la Perse, ennemi ontologique d’Israël du point de vue du judaïsme, qui est incarné aujourd’hui par l’Iran contre qui Netanyahu veut entraîner les États-Unis en guerre. En 2012, Ovadia Yossef (1920-2013), Grand Rabbin d’Israël, a appelé tous les juifs à prier pour l’annihilation de l’Iran. Des dirigeants du ministère de la Défense, ainsi que le président du Conseil à la Sécurité Nationale, Ya’akov Amidror, et le ministre de l’Intérieur Eli Yishai, avaient rendu visite au Grand Rabbin pour le persuader de soutenir une éventuelle attaque d’Israël contre l’Iran. Une semaine avant de les recevoir, Ovadia Yossef avait tenu un discours similaire à propos de l’Iran22.
Ce type de discours ne se limite pas au monde rabbinique, il est aussi tenu dans les plus haute sphères du judaïsme politique et de l’État hébreu. Pour s’en convaincre, il suffit d’écouter par exemple le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. Lorsqu’il s’est rendu à Moscou le 9 mars 2017 pour demander à Vladimir Poutine de chasser l’Iran de la Syrie, il a utilisé, en guise d’argument, le récit d’un des livres de la Bible hébraïque, le livre d’Esther.
« Il y a 2500 ans, dit Netanyahou à Poutine,il y a eu une tentative en Perse de détruire le peuple juif. Cette tentative a été échouée et c’est ce que nous célébrons à travers la fête de Pourim… Voilà qu’aujourd’hui l’Iran, héritier de la Perse, poursuit cette tentative de détruire l’Etat juif. Ils le disent de la façon la plus claire, ils l’écrivent sur leurs missiles. »
Le fête juive de Pourim célèbre le massacre de 75 000 perses…
Vladimir Poutine rétorqua : « Oui, enfin, c’était au Ve siècle avant notre ère. Aujourd’hui nous vivons dans un monde différent. Alors parlons-en. »23
Le rabbin Daniel Scemama, comme nombre de ses coreligionnaires, interprètent la géopolitique actuelle à la lumière des textes eschatologiques du judaïsme. « Dans les écrits de nos prophètes, écrit-il, il est rapporté qu’une guerre verra deux peuples, Gog et Magog, s’affronter à la fin des temps. Cet événement aura des répercussions sur le pays d’Israël, bien qu’il ne sera pas directement concerné. On mentionne trois heures d’effroi, après lesquelles le peuple hébreu en sortira grandi.
Bien qu’il n’y ait pas de tradition nette sur ces faits, comme le rapporte Maïmonide, certains grands Rabbanim [pluriel de « rabbin »] comme le Malbim (1809-1879) se sont penchés sur cette guerre chaotique en mentionnant une confrontation possible entre des pays islamistes et l’Occident. Un Midrach, écrit il y a deux millénaires, nomme même la Perse (l’actuel Iran) comme l’un des protagonistes de cette guerre. On ne peut s’empêcher d’être saisis par la pertinence de ces enseignements dans notre époque, et il est important de se tenir prêts à de tels bouleversements. C’est ainsi que le ‘Hafets ‘Haïm, tout comme son élève le Rav Chajkin, voyaient dans tout événement politique important – la déclaration Balfour, la Guerre mondiale, l’affrontement éventuel entre l’URSS et les États-Unis – des faits potentiellement pré-messianiques. »24
Selon une certaine interprétation de l’eschatologie juive, la Russie fait partie des ennemis d’Israël, car de nombreux commentateurs juifs, des rabbins, affirment que Gog est la Russie25.
Le déclenchement d’une guerre contre l’Iran, qui conduirait à terme vers une guerre mondiale opposant les États-Unis et la Russie, est précisément l’objectif des messianistes juifs qui cherchent à entraîner l’Humanité vers la catastrophe.
Youssef Hindi
1https://www.lebrief.ma/nous-sommes-le-peuple-de-la-lumiere-eux-sont-celui-des-tenebres-linquietant-discours-de-netanyahu-108664/#:~:text=%C2%ABNous%20r%C3%A9aliserons%20la%20proph%C3%A9tie%20d,son%20adresse%20%C3%A0%20la%20Nation.
2 https://x.com/LCI/status/1779576156557090919
3 Il est le septième héritier de la dynastie du Hassidisme HaBaD fondée en 1797 par Rabbi Schnéour Zalman de Lyadi.
4https://www.youtube.com/watch?v=huq0l64PeO4
5 « Journée » signifie « courte séquence historique », dans le sens où l’arrivée du Messie est imminente.
6Charles Enderlin, Au nom du Temple, p. 485.
7Charles Enderlin, Au nom du Temple, p. 499.
8https://pierreantoineplaquevent.substack.com/p/millenarisme-et-violence-israel-et
9Charles Enderlin, Au nom du Temple, p. 500.
10 Compilation synoptique fournie sur ce point par Strack-Billerbeck, Kommentar zum Neum Testament aus Talmud and Midrasch, IV, 977-986.
11 Gershom Scholem, Le messianisme juif, Calmann-Lévy, Presses Pocket, 1992, p. 14-15.
12 G. Scholem, Le messianisme juif, pp. 16-17.
13Page 7a.
142, 1.
15Verset 4.
16Rav Binyamin Saada, « La Guéoula, c’est quoi ?! La Guerre de Gog et Démagogue », Torah-Box, 23/10/2018. https://www.torah-box.com/etudes-ethique-juive/temps-messianique/la-gueoula-c-est-quoi-la-guerre-de-gog-et-demagogue_13130.html
17 Gershom Scholem, Le messianisme juif, Calmann-Lévy, Presses Pocket, 1992, p. 34.
18 Gershom Scholem, Le messianisme juif, p. 12.
19 Gershom Scholem, Le messianisme juif, p. 12.
20 Rabbi Eliezer, Les chapitres, chapitre 28, éditions Verdier.
21Sur le sujet, lire : Youssef Hindi, Occident et Islam Tome 1 : Sources et genèse messianiques du sionisme, Sigest, 2015.
22 Haaretz, « Shas spiritual leader calls on Jews to pray for annihilation of Iran », 26/08/2012.
23http://reseauinternational.net/liran-veut-detruire-letat-juif-dit-netanyahou-cetait-au-ve-siecle-avant-j-c-repond-poutine/
24 Rav Daniel Scemama, « L’édito de la semaine – Pire que la guerre de Gog et Magog », Torah-Box, 16/04/2024. https://www.torah-box.com/news/actualite-juive/l-edito-de-la-semaine-pire-que-la-guerre-de-gog-et-magog_47275.html
25« La guerre en Russie-Ukraine est-elle la guerre finale de Gog ou Magog prophétisée dans la Torah ? », Torah Academy, 26/02/2022.
https://www.torahacademy.fr/russie-et-ukraine–gog-oumagog-et-machia-h
Connaître l’origine du mot « CHRIST » pour savoir d’où vient le mot « messie ».
D’où vient le nom qui va servir à désigner la doctrine et dont la signification a été si dénaturée par les prêtres des religions modernes.
C’est l’ancien mot sanscrit « Çrêyas » qui signifie suprématie. L’être appelé « Çri », c’est l’être suprême (mais terrestre) ; il indique la suprématie de la Déesse et, par extension, tout ce qui vient d’Elle, comme le bonheur, la bonté, désignant alors « le bonheur suprême », « la bonté suprême ».
Rappelons que le terme « Déesse » désigne le nom générique de toutes les femmes supérieures et qui n’indiquait alors que les qualités morales inhérentes à la Nature du sexe féminin ; rien de surnaturel.
Mais, si ce terme « Çri » a glorifié la femme aimée, il sert, en même temps, à avilir la femme détestée, la femme jalousée, il devient alors une ironie, on en fait le mot « chriein » qui signifie « oindre ». La personne sacrée, Çrî, devient alors celle qui a reçu l’onction.
C’est dans la réaction masculine, qui met sur le plan sexuel ce que les femmes mettent sur le plan spirituel, que le mot « Chri » changea de signification ; il ne représenta plus l’Esprit Féminin, mais le sexe féminin qui reçoit une onction, une imprégnation.
On avait dénaturé tous les mots à l’époque du Phallicisme bacchique et mis l’obscénité partout.
Déjà, aux Indes, la Femme qui recevait le soma recevait l’onction, elle était l’oint.
Les Femmes à qui on l’appliquait, par ironie sans doute, pour leur rappeler le rôle que l’homme leur destinait lorsqu’elles voulaient prendre leur élan vers les choses spirituelles, devaient considérer ce terme comme une injure. En effet, il servait à les désigner comme le vase qui sert de réceptacle, le « vase sacré », le « vase d’élection », etc.
C’est par l’onction que les femmes consacraient ceux qui les servaient. Mais d’abord ils ne la recevaient pas, ils la donnaient.
Dans le récit fait dans le livre de Samuel, l’« oint », c’est David (Le nom de David est la traduction du nom hébreu « Daud », nom féminin qui était celui de la dernière souveraine, Reine et Mère de Salomon, qui fut martyrisée à Jérusalem après y avoir régné 33 ans).
Quand ceux qui révisèrent les livres voulurent représenter Saül comme un roi, c’est lui qu’ils appelèrent « oint », oubliant sans doute la signification primitive du mot.
Et puis, quand cette appellation sera masculinisée, on la justifiera en créant un nouveau genre d’onction, répandant sur le front le Saint Chrême.
Tout cela constituait une comédie destinée à donner à l’homme l’apparence de la sainteté féminine, et cela devait, peu à peu, faire perdre de vue la signification réelle des choses, d’autant plus que, dans ces travestissements de la pensée, les hommes ne prenaient jamais pour eux que la signification glorieuse des idées, laissant au sexe féminin la signification outrageante qu’ils y avaient ajoutée.
En syriaque, l’« oint » est appelé « Mesha », ou « Meshiha » ; en hébreu « Meshiah ». C’est de là qu’on fait le mot « Messias » en latin (Messie).
Et ce mot « Messias » semble être le substantif de « Missa », féminin de « Missus », participe passé passif de « Mittere » (mise ; Celle qui est mise sur la table ou sur l’autel du sacrifice, la sainte table.).
C’est ainsi que, par une confusion fréquente, on arrive à désigner la table par le mot mesa.
Mais ces expressions devaient être des mots mal vus à l’époque dont nous nous occupons ; on devait les exclure du langage correct et décent parce qu’ils exprimaient un outrage au sexe féminin.
Le « Çrî » sanscrit vient de la langue celtique, c’est l’abréviation de « Kyrie », nom donné aux Déesses, les Val-Kyries.
Ce mot, devenu « Kyria » en grec, désignera l’être suprême au féminin. Il est resté dans la liturgie catholique, « Kyrie ». Les Grecs le masculiniseront et en feront « Kyrios », que l’on traduit par Seigneur. Mais primitivement ce mot n’existe qu’au féminin.
En Grèce, le « Kri » celtique fut représenté par un monogramme formé de deux lettres grecques, le X (chi) et le P (ro), enlacées.
La terminaison féminine « I » n’y est pas représentée, mais elle était conservée dans les traditions.
Mais ce vocable va encore changer de signification en se complétant par l’annexion de nouvelles lettres.
En grec, la croix se dit stauros ; on ajouta ce mot au monogramme XP et cela fit Chri-stauros.
C’est ce terme qui devint « Christos ».
NB : Les modernes n’auraient jamais connu le Sépher primitif (qui servira à faire le premier Livre de la Bible, la Genèse, qui en sera la caricature) si un homme d’un génie extraordinaire, Antoine Fabre d’Olivet (1767-1825), n’avait entrepris de reconstituer l’hébreu primitif et de refaire la traduction des dix premiers chapitres du Sépher. Fabre d’Olivet fut tout de suite remarqué par Napoléon comme un homme qui pouvait restituer la vérité. Cela lui valut une persécution effroyable (Il dut quitter la France et s’exila en Angleterre), parce qu’on s’apercevait que sa grande science allait permettre de reconstituer le texte primitif de la Bible, caché depuis 3.400 ans, et que les rabbins, qui connaissent les substitutions de sexes qui ont été faites par les prêtres quand ils ont révisé les Écritures, continuaient à dénaturer complètement.
« Usur-pator » : https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.com/2017/07/delisraelismeaujudaisme.html