La dissolution finale ?

Source : reseauinternational.net – 11 juin 2024 – H 16

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Coup de tonnerre dans un ciel bleu : alors que les bulletins de l’élection européenne sont encore tout chaud sortis des urnes, Macron décide de dissoudre l’Assemblée nationale. Pour ceux qui ne se doutaient pas de cette manœuvre politicienne du locataire de l’Élysée, c’est une vraie surprise ; Attal, le pantalon encore sur les chevilles, a donc appris dès ce dimanche soir que son CDD prenait fin dans les prochaines semaines.

Petit archange parti trop tôt, il ne nous aura sans doute pas gratifié de ses meilleurs moments et sera probablement regretté par l’EPHAD de Montcuq, mais l’Exécutif fut, ce dimanche soir, formel : des prochaines élections législatives auront donc lieu le 30 juin (premier tour) et le 7 juillet (pour le second).

Cependant…

On attendra l’avis éclairé de constitutionnalistes chevronnés, mais il apparaît à première vue qu’il va y avoir un petit souci : Macron, malin, a judicieusement choisi de doucher la victoire du RN aux européennes avec cette dissolution, mais le chef de l’État, en la déclarant ce dimanche, savait qu’il n’avait pas vraiment le choix dans la date.

En effet, la constitution impose que le scrutin intervienne dans une fenêtre de 20 à 40 jours après l’annonce de cette dissolution, ce qui nous amène entre le 30 juin et le 19 juillet. Or, certains auront noté que les Jeux olympiques – dont on sait déjà qu’il se dérouleront dans la plus sobre des sérénités – s’ouvrent précisément ce 19 juillet, ce qui pourrait poser quelques problèmes logistiques. Dès lors, on comprend que le second tour doive se tenir impérativement avant, le 14 juillet constituant le dernier dimanche réellement pratiquable.

Toutefois, le facétieux petit article L157 du code électoral impose que les futures listes soient déposées, au plus tard, le quatrième vendredi avant le scrutin, ce qui nous ramène, goguenard, au vendredi 7 juin.

Les différents partis politiques vont donc devoir se dépêcher pour déposer leurs candidatures dans le passé. On espère que la Delorean électrique 0-émission sera prête rapidement.

Rassurons-nous : la souplesse d’endoscope de nos juristes et de nos politiciens garantit que ce petit souci de date sera rapidement réglé (je baisse, j’éteins, je décale) et que le plan de Macron pourra se dérouler comme prévu, c’est-à-dire de plus en plus mal.

Et quel plan machiavélique ! Pour les rares qui n’auraient pas compris, il semble assez clair que le président de la République utilise ainsi cette déroute électorale probablement calculée – Merci Mélusine Hayer – pour pousser le RN au pouvoir.

Et c’est probablement cette perspective qui déclenche une véritable apoplexie chez la plupart des politiciens (timing diabolique alors que la France subit actuellement un problème d’approvisionnement en ventoline) : on sent déjà monter la volonté de la classe médiatique de nous imposer sans finesse de l’évocation de jeux olympiques se tenant pendant que la France sombre dans le ventre fécond de ses heures les plus sombres, et on se doute qu’il en ira de même pour toute la classe politique lorsqu’elle sera sortie de sa stupeur post-électorale.

Mais pour le président, tout cela tombe bien : d’une part, Ken & Barbie Marine & Jordan ne rêvent que de ça. Le concombre endimanché, affûté comme du beurre chaud, est tombé dans le panneau avec une gourmandise que seul Gérard Larcher, devant le rab de frite à la cantoche du Sénat, pourrait surpasser. D’autre part, l’état général du pays est suffisamment catastrophique pour que ceux qui en hériteront subissent la véritable tempête de merde qui ne manquera pas de déferler dès que possible, fusillant définitivement tout espoir pour nos deux pigeonneaux nationalistes d’accéder ensuite à la présidence.

On le comprend : il existe maintenant une réelle probabilité que le pays se retrouve avec une majorité RN à l’assemblée, qui obligera ce parti à dégoter des ministrables. La gageure est de taille, mais parions que le défi de trouver des remplaçants encore plus mauvais à Le Maire, Darmanin ou Séjourné sera fièrement relevé par le parti nationaliste. Au passage, il sera laissé comme exercice au lecteur le soin de trouver quelques noms potentiels, l’absence de têtes visibles étant particulièrement symptomatique de ce parti d’appendices politoïdes taillé pour occuper les médias plus que le pouvoir.

Néanmoins, des mondes parallèles ne sont pas totalement à écarter : soyons fous et imaginons un instant que les Français, comprenant le traquenard qui est en train de se mettre en place, décident finalement de ne pas donner plus de voix au Rassemblement national. Dans cette hypothèse amusante, les législatives aboutiraient à un résultat délicieusement différent de celui probablement souhaité par le chef de l’État qui devrait recomposer un gouvernement sur une base essentiellement équivalente à celle actuellement en place.

Dans cette hypothèse, le sabotage du pays continuerait dans les mains de Macron.

Et tant qu’à imaginer des mondes parallèles, celui dans lequel le parti présidentiel ferait des accords avec l’actuel Parti socialiste n’est pas à écarter : le président retrouverait potentiellement une majorité, ce qui lui laisserait les coudées franches pour achever de ruiner le pays dans une orgie de lois, de ponctions, de normes, d’égalité et de bisous.

En tout état de cause et comme le dit cette célèbre philosophe électorale, «on ne se trompe jamais quand on donne la parole aux Français». Dès lors, il apparaît assez clairement que, quelle que soit l’issue de ces scrutins prochains, ce pays est foutu.

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