Le voyage en mode Trump-l’humour de JMLP en Amérique – Nicolas Bonnal
Par Nicolas Bonnal
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Mon éditeur Thierry Pfister écrivait dans son inépuisable Lettre ouverte à la génération Mitterrand qu’on trouvait dans les textes du Front National « une profonde imprégnation reaganienne » (p. 61). Comme il avait raison et comme la génération Mitterrand ne quittera jamais le pouvoir avec le bébé Barnier et les bâtards du social-centrisme euro-centré…
Mais passons. L’important ici est de rappeler que le FN de la grande époque, jusqu’au suicide du « détail » puis de la guerre en Irak (le FN se retrouva aux côtés des écolos et des communistes…) avait une dimension typiquement américaine : bouffe, populiste, anarchisante, bon enfant, anti-bureaucrate, anti-migratoire, antimondialiste. Bref le FN faisait du Trump avant Trump. Et on va voir que cela rendait Le Pen très populaire au pays de Jefferson ; on lit dans ses Mémoires (tome II, p. 123) édités par mon ami Thieulloy (mon éditeur Albin Michel n’avait pas osé braver la censure) :
« Aux États-Unis, mon go between préféré était Henri Fischer. Nous finîmes par nous lier de près, il était de San Diego, un endroit charmant, au sud de Los Angeles, une bourgade de deux millions d’habitants à laquelle la montagne proche donne un climat méditerranéen délicieux. Il cultive des avocats. J’ai bien connu sa famille, ses cinq enfants. C’était un homme extraordinairement introduit à New York, il est devenu l’intime des Clinton.
C’est par lui que j’ai rencontré Reagan, et le frère de Walt Disney, qui me raconta qu’ils étaient normands d’origine dans la famille, d’Isigny, Disney, je ne sais si je dois y croire. »
Tout de suite on défie l’autorité à la française :
« Fischer m’a fait entrer à son club très fermé, le Cosmos Club. Cela a mis les officiels français en colère. L’ambassadeur à New York appelle à ce sujet le président du club, le capitaine Miles Duval, que cette ingérence inconvenante a outré. Il le lui a dit en des termes bien peu diplomatiques : « Monsieur l’Ambassadeur, allez-vous faire f… »
Merde, on est en Amérique…
Le Pen rappelle qu’en France on n’a pas le droit de l’ouvrir (normal, on est passé des ténèbres à la lumière depuis 89, 1870, 1981…)
« À ma conférence au Cosmos, j’ai parlé notamment de la liberté d’expression que les amendements numéro 1 et 2 de la constitution des États-Unis ont pour fonction de protéger. L’assistance appréciait et m’a posé énormément de questions. L’élite américaine tient à sa liberté, elle me demandait comment il se fait que des Français puissent être poursuivis, frappés d’amende ou de peines de prison pour avoir exercé leur droit de s’exprimer. Je leur répondis : « Parce que nous n’avons pas d’amendement n°1. »
J’ai parlé de Terreur sèche dans mes textes sur Cochin. JMLP :
« Et je leur appris l’existence de la loi Gayssot. Je dois dire que j’ai eu un petit succès de fou rire quand je leur ai expliqué qu’un député communiste avait formulé la loi régissant notre liberté d’expression ! Un sénateur s’est étonné que les Français ne reconnaissent pas mieux le rôle capital de Louis XVI dans la formation des États-Unis d’Amérique et a déploré qu’il ait été victime des « guillotineurs assoiffés de sang ». Un membre de la société Jefferson s’indignait qu’on pût mettre en parallèle la guerre d’indépendance américaine, animée par « les nobles principes de la liberté » et la Révolution française « fondée sur le génocide ».
On est bien d’accord.
Puis Le Pen rappelle combien est active et vibrante la communauté de droite en Amérique, comme au temps de Tocqueville :
« Cette journée au Cosmos m’ouvrit bien des portes. Les Filles de la Révolution américaine me reçurent au domaine de George Washington au Mount Vernon où depuis Trump a reçu Macron. L’université catholique de Georgetown, à Washington, me demanda une conférence. Les sénateurs m’invitèrent à un déjeuner de travail. Une fois la nourriture apportée, on ferme les portes. J’ai assisté aux débats d’hommes politiques qui ont, par leur faible nombre, un autre poids que nos sénateurs. Le sénateur Jesse Helms se déclara honoré de partager avec moi le pain et le sel, sept autres en firent de même et m’adressèrent une lettre me souhaitant le succès à la prochaine élection présidentielle. D’autres membres du Tout-Washington m’ouvrirent leurs portes, y compris dans la haute hiérarchie militaire des États-Unis. »
Un clin d’œil à l’équité du journalisme d’alors :
« J’ai même eu un court entretien avec Arnault de Borchgrave, le directeur du Washington Times, pour lui signaler un manque de respect des faits dans le papier qu’il m’avait consacré. Il m’a valu l’une des plus grandes surprises de ma vie : il a reconnu les faits et il s’est excusé. C’est là que j’ai compris que je n’étais pas en France. Un journaliste admettait avoir attaqué Le Pen à faux et lui en demandait pardon ! Incroyable ! »
Rappel : on est au pays des libertés et des libertariens. Personnellement je voyageais souvent alors aux USA et m’y sentais merveilleusement bien.
« Venait d’avoir lieu en Californie un référendum victorieux (la « proposition 13 ») sur les abus fiscaux de l’administration en matière de biens immobiliers. »
Le Pen toujours inspiré parle bien et se prend pour Watzlawick (voyez mon texte) : la solution c’est le problème ! Le gouvernement donc est le problème (ils n’avaient pas vu la commission des fous de Bruxelles) :
« Les organisateurs de la chose, Howard Jarvis et Paul Gann m’invitèrent à Sacramento, la capitale de l’Etat, pour fêter leur victoire. Nous avions des ennemis en commun, la grosse bureaucratie, les gros médias, une fiscalité destructrice. Je recueillis des ovations énormes en citant Reagan : « Dans la crise
D’aujourd’hui, le gouvernement n’est pas la réponse à notre problème, c’est le gouvernement notre problème ! »
Je pense que le poujadisme a été le plus grand mouvement politique français avec le gaullisme au siècle passé. JMLP nous le rappelle, en se mettant les élites juives dans la poche au passage :
« Un de mes moments préférés dans cette tournée fut peut-être la conférence que j’ai donnée au CFR sur le poujadisme. C’était jouissif, le Council for Foreign Relations est, on s’en souvient, la grosse institution mondialiste qui influence la politique des États-Unis. Mais j’aime peut-être encore mieux mon déjeuner au Waldorf avec les délégués des organisations juives américaines. Ils étaient quarante, dont le fils Bronfman, l’héritier du géant des spiritueux, et peut-être, m’a-t-on dit depuis, Netanyahu. Je ne me rappelle pas, il n’était pas encore grand-chose à l’époque. Ils voulaient savoir ce que j’avais dans le ventre, et en bons Américains, pensaient que le mieux était de me le demander. Au début il y a eu comme une seconde de trac. J’ai commencé : « Il me semble qu’il y ait un contentieux à mon égard. Je vais vous dire les choses tel que je les pense, si c’est compatible avec votre manière de voir, tant mieux, sinon tant pis. »
À la fin du discours, j’ai eu droit à une standing-ovation, et le fils Bronfman m’a raccompagné jusqu’à mon avion. »
No comment…
Sources
https://www.dedefensa.org/article/cochin-et-la-reprogrammation-des-francais
https://www.dedefensa.org/article/paul-watzlawick-et-les-pathologies-occidentales