Appel à Poutine : Macron tente de remettre les globalistes européens sur le devant de la scène internationale

Source : russiepolitics.com – 2 juillet 2025 – Karine Bechet-Golovko

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Hier, Macron a téléphoné à Poutine. La discussion a duré environ 2 heures et, sans surprise, a porté sur l’Ukraine et l’Iran. Alors que les médias russes mettent l’accent sur l’Iran, les médias français insistent sur l’Ukraine. Pourtant, la réaction sur les plateaux montre surtout la faiblesse de la position de Macron et de la France sur la scène internationale, trop agressive et en échec. Sa tentative de remettre les élites globalistes européennes dans le centre du jeu a peu de chances de réussite, n’ayant rien à offrir.

Sur le fond, le coup de téléphone de Macron à Poutine a apporté peu de nouveautés. Chaque partie reste sur ses positions, de toute manière l’Occident n’a aucune marge de manoeuvre politique. Il ne peut se permettre de réellement reconnaître les nouveaux territoires russes, sous peine de reconnaître sa défaite militaire. Il ne peut abandonner le contrôle politico-militaire du territoire ukrainien, sous peine de voir ce qui reste du pays naturellement revenir vers la Russie — et donc s’infliger une défaite politique.

Ainsi, sur le dossier iranien, le discours globaliste, pseudo-pacifiste et respectueux de la sacralité de l’AIEA, fut de mise. La Russie ne considère manifestement pas ce conflit au Moyen-Orient comme existentiel pour elle. Elle tente «la modération», souligne le rôle central de la France et de la Russie à jouer dans la région, pour appeler au calme. Dans la pure tradition atlantiste des doubles standards, les deux Présidents estiment que le conflit ne peut être réglé que de manière diplomatique — What else ? Il est vrai que de toute manière les frappes américaines et israéliennes n’ont pas pu renverser le pouvoir, donc reste la voie diplomatique pour y parvenir. Quel est l’intérêt de la Russie ici ? C’est une autre question …

En revanche, les positions divergent sur le dossier ukrainien, qui est le conflit primaire de la confrontation Atlantiste / Russie. Dans le communiqué publié sur le site de l’Elysée, Macron appelle à la seule chose qui importe pour les Atlantistes : un cessez-le-feu, c’est-à-dire à l’arrêt unilatéral et sans condition de l’armée russe. On appelle ça une capitulation.

S’agissant de l’Ukraine, le Président de la République a souligné le soutien indéfectible de la France à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Il a appelé à l’établissement, dans les meilleurs délais, d’un cessez-le-feu et au lancement de négociations entre l’Ukraine et la Russie pour un règlement solide et durable du conflit. 

Du côté russe, Poutine appelle à une résolution stratégique du conflit par l’élimination de ses sources et à une reconnaissance de la nouvelle réalité territoriale, comme cela est publié sur le site du Kremlin :

Évoquant la situation en Ukraine, Vladimir Poutine a rappelé que le conflit ukrainien est la conséquence directe de la politique des États occidentaux, qui ont ignoré pendant de nombreuses années les intérêts sécuritaires de la Russie, créé une base antirusse en Ukraine, toléré les violations des droits des russophones et mené actuellement une politique de prolongation des opérations militaires, alimentant le régime de Kiev en armes modernes.

Évoquant les perspectives d’un règlement pacifique, le président russe a confirmé les principes fondamentaux d’éventuels accords, qui devraient être complexes et à long terme, prévoir l’élimination des causes profondes de la crise ukrainienne et s’appuyer sur les nouvelles réalités territoriales.

Si le fond n’a apporté aucune sensation, le fait même de l’appel est des plus significatifs. La France est devenue sous Macron la tête de pont de la russophobie, ses responsables politiques enchaînent les déclarations dithyrambiques concernant «l’épuisement de la Russie» et l’assurance dans une victoire possible de l’Ukraine — c’est-à-dire une confiance en la victoire des globalistes.

L’extrémisme de la position française, qui tente avec l’Allemagne et la Grande-Bretagne de mettre en place une coalition militaire — évidemment «de paix», est confronté à une réalité politique bien différente du fantasme diffusé sur les ondes.

Les dirigeants des pays européens ne sont pas très chauds, les populations sont fatiguées, les économies sont en crise et Trump, qui n’a pas réussi à faire capituler la Russie, est de plus en plus confronté à la politique intérieure américaine et à la chute de son capital politique, fondé sur une illusion. Bref, l’humeur est des plus moroses. Et les réactions sur les plateaux le reflètent. Même les propagandistes semblent fatigués.

Il semblerait que ce spectacle ait été joué plus pour le public français, que russe. Macron a besoin de repositionner les élites européennes globalistes dans le jeu. Poutine pense devoir montrer qu’il est toujours ouvert à la discussion. Même si sur le fond, rien ne peut changer, tant qu’une partie n’abandonnera pas le combat.

L’illusion Trump, le Pacifiste a vécu. Il faut reprendre une ingénierie politique plus classique. Il va être amusant de voir l’évolution du discours politico-médiatique russe, qui était forgé de manière manichéenne sur l’opposition frontale Trump-gentil vs. Européens-méchants. Ils seront tous gentils ou tous méchants, finalement ? Ou ne restera-t-il plus que Zelensky, pour jouer le rôle du méchant, et ainsi exempter tous les véritables acteurs ?

PS : Après la conversation avec Poutine, Macron a appelé Zelensky. Rappelons, que la Russie ne cesse d’appeler à une nouvelle rencontre pour discuter des projets de résolution du conflit.

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