Empire en décomposition
Par Jean-François Geneste
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Que n’a-t-on pas déjà dit concernant la déculottée européenne personnifiée par Ursula von der Leyen,
qui s’est littéralement couchée devant Donald Trump avec une ardoise qui se répartit comme suit :
1- 15 % de droits de douane aux États-Unis pour les produits européens entrant, contre 0 % pour
ceux sortants.
2- 750 milliards d’euros sur 3 ans de carburants fossiles américains.
3- 600 milliards d’euros d’investissements dans l’économie de l’oncle Sam et qui feront donc
défaut à la zone UE.
4- Enfin, faisons un calcul rapide. Le PIB de l’UE en 2024 a été de 17 942 milliards d’euros. Les
États-Unis nous imposent 5 %, c’est-à-dire 897 milliards en armements et avec des achats
américains que l’on peut estimer à environ 80 % du total, à savoir, une dépense européenne de
718 milliards par an.
Effectuer l’addition est un peu plus délicat, car les temps se chevauchent. Sur 3 ans, si on fait le calcul
« bêtement » la somme se monte à 3500 milliards ou encore 1168 milliards par an ! Cela sans compter
ce que vont nous coûter les 15 % ce qui est très difficile à évaluer.
Quand la France avait capitulé contre l’Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale, les conditions,
après un conflit quand même, étaient bien meilleures !
Sans vouloir épiloguer davantage sur les chiffres, la question triviale qui vient à l’esprit est de savoir
pourquoi l’Europe s’est couchée sans combattre. Et notre seul éclairage ne peut être que la corruption
de nos dirigeants, qui sont manifestement tenus via des dossiers qui doivent être bien peu reluisants. Il
semblerait que cette immoralité descende profondément dans les strates politiques, puisque, dans aucun
pays à part peut-être la Hongrie, la représentation parlementaire, chambres haute et basse incluses, n’a
daigné sortir de sa torpeur vacancière de l’été 2025 pour convoquer des débats extraordinaires et mettre
un veto à cette folie.
Notre suzerain, pour préserver son royaume, a donc décidé de nous plumer en extorquant à nos nations
leur richesse grâce au placement de ses agents, depuis des décennies, à tous les niveaux. Ils sont
contrôlables, car pervertis jusqu’à l’os ! Et c’est efficace !
Cela le sauvera-t-il pour autant ?
La situation aux États-Unis est grave. Le pays est foncièrement divisé, désindustrialisé, paupérisé tant
intellectuellement que financièrement, et sa politique internationale d’hégémonie, après 40 ans
d’errances et de crimes majeurs, l’amène à un contexte de quasi-faillite. Dans de telles circonstances,
racketter ses vassaux est une échappatoire… Provisoire !
En effet, comme en médecine, soigner la douleur sans s’occuper des causes ne conduit pas à la guérison.
Or, les problèmes sociétaux des USA sont profonds. Mais, pour le plaisir et aussi pour que chacun en
prenne bien la mesure, nous allons faire un parallèle avec la France.
Notre pays a environ 3400 milliards d’euros de dette et est donc en faillite. Récemment, tant Thierry
Breton que Sandrine Rousseau ont imaginé combler le trou grâce aux 6000 milliards d’euros d’épargne
des Français. Admettons ! Il n’en restera que 2600 milliards une fois le découvert épongé. Néanmoins,
nous sommes sur une tendance de déficits à 5 % de PIB par an, soit grosso modo 150 milliards. Cela
veut dire que, si rien ne change, on aura épuisé le patrimoine des habitants en 15 ans sans plus de marge
de manœuvre.
Eh bien, il en est de même aux États-Unis dans un univers en voie de dédollarisation où fabriquer du
papier ne va plus suffire dans les quelques années qui viennent. D’ailleurs, ne nous y trompons pas,
Trump criminalise les BRICS en les accusant de vouloir tuer le dollar comme monnaie de réserve
mondiale et en décidant de sanctions à l’encontre des pays qui seraient tentés de le faire. Cependant, le
coup est déjà parti et il est bien trop tard pour l’arrêter. Le racket ne pourra donc se faire que dans la
zone dollar et l’Europe vassale est la proie idéale.
Néanmoins, et c’est une erreur stratégique fondamentale du trumpisme, l’UE était une force d’appoint
de l’Empire, car elle lui donnait une certaine assise avec ses 500 millions d’habitants. Maintenant qu’il
l’a ruinée, tous ces gens qui vont être cornérisés dans le monde actuel feront inéluctablement défaut à
l’oncle Sam qui, donc, et très vite, finira par couler comme il se doit. La puissance états-unienne ne
pèsera alors que son poids démographique, c’est-à-dire 340/8000 = 4,25 %. Ce ne sera que justice si
encore elle arrive à conserver ce statut, ce qui n’est même pas garanti.
Les arbres ne montent pas jusqu’au ciel et les civilisations s’effondrent. On ne pleurera pas sur ce qu’est
devenue la nôtre, qui, après avoir été brillante, s’est péjorée à un point assez incroyable.
Vladimir Poutine, en compagnie de Loukachenko, a évoqué, ce 1er août, la souveraineté spirituelle de la
Russie. Avant l’argent, c’est peut-être bien à cela qu’il faudrait penser et remédier. La spiritualité a
complètement déserté les pays occidentaux. Leur seule valeur est le billet vert, qui s’est mué en leur
unique dieu. On le voit bien d’ailleurs puisque, dès qu’ils identifient un problème, ils n’imaginent que
le résoudre avec un budget ; il faut plus de moyens pour ceci, plus de moyens pour cela, etc.
Dans le même temps, le centre scientifique du monde a migré à l’est. Le progrès à venir sera originaire
d’Asie comme on peut le constater dès aujourd’hui sur bien des sujets, tandis qu’à l’Ouest, on a
surévalué des diplômes qui ne correspondent à aucun niveau. Dans la compétition industrielle, racket
ou pas, budgets gigantesques ou pas, ce qui fait la différence, ce sont les hommes. Ces derniers, mal
formés et sous-considérés en Occident, lui font déjà défaut.
L’Empire est donc en décomposition. Trump en est sa septicémie et c’est tant mieux, car cela évitera
l’agonie que nous promettaient ses opposants d’outre-Atlantique. Quant à ses détracteurs européens,
comme le disait si bien Emmanuel Macron dans une gare lors de son premier mandat, ils ne sont rien.
Sur fond de déchéance spirituelle, la décadence civilisationnelle, quand elle est avérée, et à plus forte raison avariée, n’épargne aucun champ de l’activité humaine des populations concernées.