Ni gauche, ni droite ? L’exemple d’un front transversal anti-ploutocratique

Source : euro-synergies.hautetfort.com – 5 avril 2023 – Federico Bischoff

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2023/04/05/rudi-dutschke-front-transversal-avec-l-ennemi-jure.html

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Bien que Rudi Dutschke soit toujours vénéré en tant que personne par ses héritiers rouges et verts, son profil politique s’est estompé. Il y a de bonnes raisons à cela : tout ce que le rebelle représentait est en contradiction avec l’idéologie de la gauche actuelle – et favoriserait la stratégie d’un éventuel front transversal. Ici, un extrait du numéro d’avril de COMPACT, tout juste sorti de presse (cf. infra).

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Rudi Dutschke était « le » visage du mouvement de 68 en RFA – les biographes ultérieurs en ont fait un « Che Guevara allemand » ou une version politique de James Dean. Il est vrai qu’à l’instar de ces derniers, c’est surtout en tant qu’icône qu’il a eu un impact sur les masses : lorsqu’il faisait de l’agitation lors de débats publics, ses phrases alambiquées, sinueuses, touffues, surchargées de mots étrangers, étaient difficilement compréhensibles, même pour de nombreux universitaires.

Mais le staccato de sa rhétorique, son blouson de cuir et ses yeux noirs brûlants sur son visage ascétique et mal rasé montraient que c’était un intransigeant, un honnête homme qui parlait. Et un modeste qui, en tant qu’intellectuel, n’était pas dévoré par l’orgueil et la vanité. En 1968, il écrivit à l’ouvrier Josef Bachmann (nous en reparlerons plus loin): « Pour nous, les étudiants ne valent quelque chose que s’ils retournent enfin dans le peuple. Les intellectuels et les artistes doivent enfin aussi lier fermement leur imagination créatrice à la vie du peuple, travailler avec lui, le soutenir, changer, le changer et le transformer ».

Contre les États-Unis et l’OTAN

Dutschke, né en 1940, a grandi à Luckenwalde en RDA et a rejoint les Jeunesses du Parti est-allemand (FDJ) en 1956. L’écrasement de la révolte hongroise la même année a fait de lui un critique de ce socialisme réel. Il appelle à refuser de servir dans la NVA (« Nationale Volksarmee »), s’installe à Berlin-Ouest en 1961, juste avant la construction du mur, et commence des études à l’Université libre de la ville.

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En 1962, il fonde avec Bernd Rabehl un groupe local d’Action subversive, originairement basé à Munich. Au cours des deux années suivantes, cette troupe du chaos fait parler d’elle en organisant des happenings contre les autorités de l’ère Adenauer et en fustigeant la « terreur consumériste ». En 1964/65, ils rejoignent le Sozialistischer Deutscher Studentenbund (SDS). Ce dernier était à l’origine l’organisation étudiante de la SPD sociale-démocrate, mais avait été excommunié en 1961 en raison de ses tendances gauchistes. (…)

Lettres à l’assassin

Quelques semaines plus tard, les ferments de la haine ont été semés. Le matin du 11 avril 1968, l’ouvrier Josef Bachmann arrive à la gare Zoo de Berlin-Ouest par le train interzones en provenance de Munich. Il porte un pistolet en bandoulière et en a caché un second dans ses bagages. Après des recherches confuses, le jeune homme pâle et presque imberbe trouve sa cible: à proximité des bureaux du SDS sur le Kurfürstendamm, Bachmann reconnaît Dutschke, l’insulte de « sale porc communiste » et l’abat de trois coups de feu. (…)

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Dutschke ne voyait pas en son assassin raté un ennemi, mais une victime du système capitaliste (…). Le fait que Dutschke ait tenté de rallier son assassin à la gauche en dit long sur la grandeur de l’homme. Il a écrit à Bachmann en prison: « Tu voulais m’achever. Mais même si tu avais réussi, la clique dirigeante (…) t’aurait achevé. (…) Pourquoi (…) t’exploiter, et avec toi les masses dépendantes de notre peuple, détruire ton imagination, détruire la possibilité de ton développement. (…) Alors ne nous tirons pas dessus, luttons pour nous et notre classe ».

Ce passage est également typique : « Pour les porcs des institutions dirigeantes, pour les représentants du capital, pour les partis et les syndicats, pour les agents de la machine de guerre et des « médias » dirigés contre le peuple, pour les fascistes des partis coalisés contre les masses, qui se trouvent partout, tu peux trimer tous les jours. (…) Cesse tes tentatives de suicide, le socialisme anti-autoritaire est toujours là pour toi ». (…)

Rolf Stolz, un camarade du SDS de Dutschke à l’époque, a commenté l’échange de ces lettres en 2015 dans le magazine COMPACT : « N’est-ce pas du populisme pur et dur, n’est-ce pas là un front transversal au carré ? Que peuvent bien dire les antifascistes d’aujourd’hui de l’offre de Dutschke à un « néonazi méprisant » – tout en méprisant les « institutions démocratiques librement élues » ? (…) Ils hurleraient sans doute et s’apprêteraient à leur tour à attaquer violemment Dutschke » (…) ».

L’article complet est à lire dans le numéro d’avril de COMPACT-Magazin, dont le thème principal est « Querfront – Wie Rechte und Linke die Kriegstreiber stoppen können » (« Front transversal  Comment la droite et la gauche peuvent, ensemble, arrêter les fauteurs de guerre »).

Vous trouverez ici le sommaire complet de ce numéro ainsi que la possibilité de le commander:  https://www.compact-shop.de/shop/compact-magazin/compact-4-2023-querfront/

Source: https://www.compact-online.de/rudi-dutschke-querfront-mit-dem-todfeind/?mc_cid=f559a662f7&mc_eid=128c71e308

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