L’US Navy déploie quatre navires pour surveiller une importante flottille russo-chinoise au large de l’Alaska

Source : opex360.com – 7 août 2023 – Laurent Lagneau

https://www.opex360.com/2023/08/07/lus-navy-deploie-quatre-navires-pour-surveiller-une-importante-flottille-russo-chinoise-au-large-de-lalaska/

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L’importance stratégique du détroit de Béring varie au gré des relations entre Washington et Moscou. Lieu de confrontation possible lors de la Guerre Froide, il a aussi fait l’objet de plusieurs tentatives de coopération, comme en 2007, avec le projet d’un tunnel devant relier la péninsule Tchouktche [Russie] et l’Alaska [États-Unis]. Cela étant, dans une note publiée en 2012, le Centre d’études stratégiques de la Marine [CESM] avait imaginé trois scénarios possibles pour l’avenir de cette zone.

Ainsi, l’un d’entre eux misait sur un possible renforcement de la coopération russo-américaine… Ce qui, compte tenu de l’évolution de la situation internationale, n’est pas près de se produire. Un autre tablait sur un statu quo, grâce au maintien, voire au renforcement du droit international, « condition sine qua non à l’évitement d’un conflit ouvert en Arctique ». Enfin, prenant en considérations les évolutions climatiques dans la région, le troisième évoquait de « nouveaux usagers potentiels de l’Arctique » susceptibles de venir compliquer « la gestion du détroit de Béring ». Et de citer en particulier la Chine, intéressée par l’ouverture de nouvelles voies maritimes ainsi que par l’accès aux ressources minières du Grand Nord.

Finalement, c’est ce dernier scénario qui semble se dessiner. Ainsi, en 2015, cinq navires militaires chinois furent repérés en mer de Béring, précisément dans les environs des îles Aléoutiennes. Ce qui était alors inédit. De telles patrouilles se sont répétées par la suite… Depuis peu, elles sont menées conjointement avec les forces navales russes. Et, visiblement, elles gagnent en importance d’année en année.

Ainsi, en septembre 2022, un patrouilleur de la garde côtière américaine [US Coast Guard] avait identifié sept navires russes et chinois dans la zone économique de l’Alaska, au nord de l’île de Kiska. Mais, cette année, Pékin et Moscou ont envoyé pas moins de 11 bâtiments dans la région.

Le quotidien « The Global Times », proche du Parti communiste chinois [PCC], qui l’a annoncée le 26 juillet, a expliqué que cette patrouille maritime conjointe devait permettre de « montrer les capacités hauturières de la composante navale de l’Armée populaire de libération », alors que l’Australie venait de lancer l’important exercice Talisman Sabre avec la participation de 12 autres pays [dont les États-Unis, la France, le Japon, le Canada et le Royaume-Uni]. Et de suggérer qu’elle pourrait atteindre la mer de Béring.

« Le Pacifique Nord n’est pas si loin de la Chine et la patrouille navale conjointe sino-russe vise à sauvegarder les routes stratégiques dans la mer de Béring », a en effet estimé un « expert » chinois cité par le journal.

Cette flottille russo-chinoise a appareillé de Vladivostok [Russie] le 27 juillet. La marine russe y a engagé deux « destroyers » de type Oudaloï [les « Amiral Panteleïev » et « Amiral Tribouts »], deux corvettes de type Steregouchtchi [les « Gremiachtchi » et « Aldar Tsydenjapov »] ainsi qu’un pétrolier ravitailleur Petchenga. Quant à son homologue chinoise, elle a également mobilisé cinq navires, à savoir deux « destroyers » de Type 052D [les CNS « Guiyang » et CNS « Qiqihar »], deux frégates de Type 054A [les CNS « Zaozhuang » et CNS « Rizhao »] et le pétrolier CNS « Taihu ». Il n’est pas exclu que des sous-marins fassent partie de cette expédition.

La formation russo-chinoise a parcouru 2300 nautiques depuis son départ de Vladivostok, après avoir navigué dans la mer du Japon, le détroit de La Pérouse, la mer d’Okhotsk et le détroit du Kamtchatka. Et elle vient donc d’atteindre la mer de Béring, après avoir été repérée dans la ZEE de l’Alaska, au niveau des îles Aléoutiennes et reçu le renfort d’un onzième navire dont le type n’a pas été précisé

« Onze navires russes et chinois ont navigué près des îles Aléoutiennes, selon des responsables américains. Les navires ne sont pas entrés dans les eaux territoriales américaines », a en effet rapporté le Wall Street Journal, le 5 août. Les deux sénateurs républicains de l’Alaska, Dan Sullivan et Lisa Murkowski, ont d’ailleurs publié un communiqué dans la foulée pour faire part de leurs préoccupations.

« Ce groupe naval conjoint entre la Russie et la Chine, travaillant en très étroite collaboration, est sans précédent en termes de volume et de portée », a commenté M. Sullivan, sur les plateaux de Fox News. « Que vous viviez en Alaska comme moi ou sur la côte est des États-Unis, il est préoccupant qu’un tel groupe naval formé par nos deux principaux adversaires sonde ainsi de très près les côtes américaines », a-t-il continué. Et d’insister : « Cela ne fait que renforcer l’idée que nous sommes entrés dans une nouvelle ère d’agression autoritaire menée par les dictateurs de Pékin et de Moscou ».

Quoi qu’il en soit, la présence de ces navires russes et chinois au large de l’Alaska a conduit l’US Navy à mobiliser un avion de patrouille maritime P-8A Poseidon et, surtout, quatre « destroyers » de type « Arleigh Burke », à savoir l’USS John S. McCain, l’USS Benfold, l’USS Chung-Hoon et l’USS John Finn. Cela étant d’après USNI News, deux de ces unités avaient déjà été chargées de tenir à l’œil la formation russo-chinoise lors de son passage dans la mer du Japon.

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