Contre l’alliance Chine/Russie, le front des aveugles et des paralytiques
Source : regisdecastelnau.substack.com – 30 aout 2025 – régis de Castelnau
https://regisdecastelnau.substack.com/p/contre-lalliance-chinerussie-le-front
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La France retient son souffle. Dans 10 jours, on saura si un cossard semi-sénile restera le Premier ministre complètement impuissant d’un pays présidé par un psychopathe réduit à des gesticulations infantiles. Et tout le système médiatique aux ordres des oligarques propriétaires, de débattre à l’infini sur ce nouvel épisode d’une crise qui n’en finit pas. Tout l’arc politique où une invraisemblable nullité règne en maître, est installé, majorité (?) comme opposition (?) dans les salons de la république et ne s’intéresse qu’à une chose, comment accéder aux fauteuils les plus confortables en 2027. Tous les éléments de la catastrophe sont pourtant sous les yeux de chacun, mais en dehors de quelques incantations, soit on refuse de les voir, soit on fait semblant. Il apparaît hélas que le refus du réel est très largement partagé. L’interview du chef d’état-major des armées françaises sortant en est une preuve accablante. Que l’on peut compléter par les vaticinations des uns et des autres, jusqu’au président de la République qui convoque l’un des journalistes les plus stupides du PAF pour faire part au pays de sa peur des ogres qui mangent les petits enfants.
Quelques groupuscules ont bien lancé l’idée d’une opération « gilets jaunes 2.0 », mais dont on peut craindre, passivité et déconnexion populaire aidant, qu’elle tourne rapidement en eau de boudin. Aidé en cela par un appareil répressif Police/Justice qui déploiera tout son zèle au service d’un pouvoir en voie de fascisation.
L’indispensable triptyque : renversement, purge et punition, ce sera probablement pour plus tard. Et la marche à la catastrophe va pouvoir se poursuivre. Au début de 1991, personne n’avait prévu qu’à la fin de l’année, l’URSS héritière de l’empire des tsars serait anéantie. Pourtant, le voyageur que je fus avait constaté une accélération d’un délitement très inquiétant. L’Europe en général et la France en particulier sont déjà au-delà de cette situation. Un État de plus en plus faible, au-delà de la protection féroce des dirigeants minoritaires, a déjà abandonné une partie du territoire national et de son espace public à la pègre. La petite délinquance et la grande liée au narcotrafic se partagent le gâteau. La corruption européenne au plus haut niveau a pris des proportions qui interloquent les observateurs étrangers. Le pillage des industries françaises qui enrichit fonctionnaires et dirigeants en France ne provoquent aucune réaction de simple salubrité. Et que dire du maintien à la tête de la Commission européenne d’une personne à ce point notoirement corrompue ? Faillite de l’État, effondrement économique, corruption systémique, démoralisation de la société, crime organisé, et si les mêmes causes produisaient les mêmes effets ?
Et pendant ce temps le Sud global continue sa marche en avant. La semaine prochaine va voir se dérouler trois événements considérables en Asie. Dont l’Occident terminal sera totalement absent.
Le sommet de l’OCS à Tianjin
Tout d’abord le 1er septembre, à Tianjin va se tenir sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), avec ses 10 États membres, deux observateurs (l’Afghanistan et la Mongolie) et 14 partenaires de dialogue venu pour beaucoup d’Asie du Sud-Est.
Au départ l’OCS était une organisation intergouvernementale régionale créée en 2001 à Shanghai par la Chine, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan. Rejoints ensuite par l’Inde, le Pakistan et l’Iran. Afghanistan, Biélorussie, Mongolie, Turquie, Égypte, Arabie saoudite, Qatar faisant actuellement antichambre avec le statut d’observateur ou de partenaires de dialogue. Cette organisation qui couvre actuellement 40 % de la population mondiale et 30 % de son PIB, poursuit des objectifs de sécurité en luttant contre les « trois fléaux » (terrorisme, séparatisme et extrémisme). Des objectifs militaires comprenant exercices conjoints, échanges de renseignements, coordination sécuritaire. Et bien sûr des objectifs économiques autour du développement des « Nouvelles routes de la soie » et du concept russe de « Grande Eurasie ». Mettant en avant la « multipolarité », l’OCS se veut l’outil de lutte contre l’influence des États-Unis et de l’OTAN en Asie.
On ne trouvera évidemment rien dans les médias occidentaux sur ce sommet et sur son importance. Avec cet événement crucial, que la rencontre entre Poutine, Xi, l’Iranien Pezeshkian et un Modi, en visite en Chine pour la première fois depuis 7 ans. Il s’agit là d’un tournant pour l’OCS, tout comme l’avait été celui de Kazan l’année dernière pour les BRICS sous la présidence russe.
Défilé de la victoire sur Tiananmen le 3 septembre
Après la Russie commémorant le 9 mai dernier sa victoire sur l’Allemagne nazie, la Chine fait de même pour sa victoire contre le Japon dans la deuxième guerre mondiale. Elle célèbre officiellement le 80ème anniversaire de « la victoire de la guerre de résistance du peuple chinois contre l’agression japonaise et de la guerre mondiale antifasciste ». Le choix des mots a un sens. La Chine considère que la première guerre mondiale avait été une guerre inter impérialiste, mais que la seconde était d’une autre nature puisqu’il avait fallu défaire le nazisme allemand et le militarisme japonais. Cette qualification « d’antifasciste » est commune à celle de la Russie qui qualifie ainsi sa « Grande guerre patriotique ». L’historiographie occidentale faisant d’abord raconter la guerre par les vaincus, puis passant sous silence la contribution décisive de l’Armée rouge à la libération de l’Europe du nazisme, a fait de même avec la Chine. Première victime du fascisme nippon dès 1937, comme l’Union soviétique, elle a subi elle aussi des pertes monstrueuses en participant à une victoire qui lui vaudra une place de membre permanent du Conseil de sécurité au moment de la création de l’ONU en octobre 1945.
Cette commémoration va être l’objet d’une cérémonie grandiose à l’échelle d’un immense pays d’ancienne et brillante civilisation, devenu de façon fulgurante la première puissance économique du monde. 26 chefs d’État seront présents aux côtés de Modi et Poutine, celui-ci étant en visite officielle d’état de quatre jours. Le Slovaque Robert Fico sera seul chef d’État ou de gouvernement occidental à se déplacer. Est-il nécessaire de souligner la bêtise des élites occidentales incapables de mesurer l’effet désastreux sur le Sud global de ce boycott imbécile ?
10e Forum Économique Oriental (EEF) à Vladivostok
Le 3 septembre toujours débutera le 10ème Forum économique oriental (EEF), un événement incontournable en ce qu’il caractérise les priorités stratégiques russes visant à développer l’Arctique et l’Extrême-Orient russe, sous-exploité et sous peuplé. S’inspirant de la stratégie chinoise « Go West », lancée en 1999, pour développer le Tibet et le Xinjiang, la Russie entend faire du développement d’une Sibérie riche en matières une de ses premières priorités. Forces économiques, milieux d’affaires et entreprises de toute l’Eurasie se déplacent Vladivostok. Vladimir Poutine de retour de Chine y prendra la parole.
Comment, face à ces trois événements, ne pas comprendre l’importance du partenariat stratégique entre la Russie et la Chine dans la conduite du changement mondial tel que l’avait qualifié Xi sur le perron du Kremlin lors de sa visite d’État à Moscou de mars 2023 ? Et que dire de l’aveuglement de ceux qui comme le pauvre général Burkhard parle de « dépendance » de la Russie première puissance militaire du monde vis-à-vis de son partenaire principal chinois. Ou de ceux qui s’imaginent que Donald Trump pourrait arriver à les séparer ?
Sous Gorbatchev et Eltsine dans les années 90, Vladimir Poutine a fait l’expérience pour son pays, d’une alliance avec des aveugles et des paralytiques.
Il a déjà donné. Peu probable qu’il ait envie de remettre ça.