Les États-Unis déclarent «c’est la guerre»
Source : reseauinternational.net 10 novembre 2023 – Michael Brenner
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Michael Brenner est professeur en relations internationales auprès de l’université de Pittsburgh.
La politique étrangère des États-Unis a mis le pays sur la voie d’un monde fait de rivalités, de luttes et de conflits pour le proche avenir. Washington a déclaré la «guerre» à la Chine, à la Russie et à tous ceux qui s’associent à ces deux pays.
Cette «guerre» est globale – diplomatique, financière, commerciale, technologique, culturelle, idéologique. Elle fusionne implicitement une rivalité présumée entre grandes puissances pour la domination dont s’ensuivrait un choc des civilisations : l’Occident dirigé par les États-Unis contre les États civilisations que sont la Chine, la Russie et, potentiellement, l’Inde.
L’action militaire directe n’est pas explicitement incluse, mais les affrontements armés ne sont pas absolument exclus. Ils peuvent se produire par l’intermédiaire de proxys, comme en Ukraine. Ils peuvent être déclenchés par la volonté de Washington de soutenir Taïwan en tant que pays indépendant.
Note du traducteur : Cette analyse fait un rapide état des lieux de la position géopolitique étasunienne, russe et chinoise dans le monde et propose des alternatives à cet état de «guerre permanente» que les États-Unis imposent au reste du monde. J’ai ajouté quelques commentaires pour préciser les causes profondes de cette situation géopolitique.
Une série d’examens officiels du ministère de la Défense confirment les déclarations des plus hauts fonctionnaires et commandants militaires américains selon lesquelles un tel conflit est probable au cours de la décennie. Les plans de guerre sont bien établis. Cette approche agressive transforme implicitement l’ennemi chinois en un Japon impérial des temps modernes, en dépit des risques catastrophiques inhérents à une guerre entre puissances nucléaires.
L’extrémisme de cette stratégie militaire, qui vise à consolider et à étendre sa domination mondiale, est mis en évidence par la dernière déclaration sur les capacités de guerre requises.
Les recommandations qui viennent d’être promulguées par la commission bipartite du Congrès sur la posture stratégique comprennent le développement et la mise en place de «défenses aériennes et antimissiles intégrées au territoire national, capables de dissuader et de vaincre les attaques coercitives de la Russie et de la Chine, et de déterminer les capacités nécessaires pour garder une longueur d’avance sur la menace nord-coréenne».
Ces propositions ont été approuvées par l’ancien chef d’état-major interarmées, le général Mark Milley, lors de l’entretien qu’il a accordé après son départ à la retraite, dans lequel il a proposé d’ajouter jusqu’à 1000 milliards de dollars au budget actuel de la défense afin de créer les capacités requises. [On voit là qui va finalement être le grand gagnant d’une telle diplomatie, NdT]
Le président Joe Biden, dans l’interview qu’il a accordé ce week-end à l’émission «60 Minutes», a réitéré ces perspectives majoritaires en faisant preuve d’un optimisme débordant :
«Nous sommes les États-Unis d’Amérique, pour l’amour de Dieu, la nation la plus puissante de l’histoire du monde».
Il s’agit pourtant du pays dont le bilan des combats depuis 1975 est d’une victoire, deux nuls et quatre défaites – ou cinq défaites si l’on inclut l’Ukraine. (Ce tableau exclut Grenade, qui n’était qu’une sorte de mêlée d’entrainement). En outre, le stock américain de munitions d’artillerie de 155 mm est totalement épuisé, tout comme celui de ses alliés.
Pas de discussion
Ce positionnement stratégique historique est la cause des implications les plus graves pour la sécurité et le bien-être des États-Unis – et il façonnera les affaires mondiales au XXIe siècle.
Pourtant, il a été pris en l’absence totale de débat sérieux dans l’ensemble du pays, au Congrès, au sein de la communauté de la politique étrangère, dans les médias et – ce qui est le plus étonnant – au plus haut niveau du gouvernement également. [Il a par contre été largement promu par les médias grand public qui ont instillé ce «positionnement stratégique» comme étant une évidence dans les esprits des dirigeants occidentaux qui sont les premiers lecteurs de ces médias. NdT]
Cette dernière lacune est illustrée par la superficialité des déclarations de Biden, du secrétaire d’État Antony Blinken, du conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan, de la vice-présidente Kamala Harris, du secrétaire à la défense Lloyd Austin, de Milley et de leurs collaborateurs. [Parce qu’ils savent intuitivement qu’il faut penser comme cela, puisque les médias le disent, mais sans savoir vraiment pourquoi, NdT]
Nous n’avons entendu aucune explication sobre et rigoureuse expliquant en quoi et comment la Chine ou la Russie représentent une menace si manifeste qu’elle nous oblige à nous engager dans une confrontation totale. [Justement parce qu’il n’y en a pas, les médias ne pouvant en présenter aucune de valable. Il faut juste les croire sur parole, la répétition finissant par transformer leurs simples affirmations en une réalité, NdT]
Nous n’avons pas non plus entendu parler de stratégies alternatives, de leurs avantages et de leurs inconvénients, ni d’exposés sincères des coûts qu’entraînera leur mise en œuvre. Et surtout, le silence règne sur ce qui se passera si cette stratégie audacieuse, fondée sur le «tout ou rien», échoue, en tout ou en partie. [L’objectif réel n’étant pas de définir des gains stratégiques futurs, ni le coût pour le contribuable, mais le profit immédiat pour un système économique ultralibéral basé sur une économie de guerre, NdT]
L’ascension fulgurante de la Chine et la réémergence de la Russie en tant que puissance digne de ce nom sont des évolutions que les observateurs attentifs constatent depuis un certain temps déjà. Pour la Russie, les dates marquantes peuvent être identifiées.
Les grandes étapes de la Russie
La première a été le discours du président russe Vladimir Poutine à la conférence de Munich sur la sécurité en 2007. Il y a clairement exprimé son rejet du scénario occidental qui reléguait la Russie à une position subalterne dans un système mondial organisé selon des principes et des intérêts définis en grande partie par les États-Unis.
Qu’il s’agisse de la mondialisation néolibérale ou, en pratique, de l’hégémonie américaine, il a considéré ce scénario comme inacceptable. Au lieu de cela, Poutine a présenté les concepts jumeaux de multipolarité et de multilatéralisme. Tout en soulignant le statut souverain et l’intérêt légitime de tous les États, sa vision ne prévoyait pas de conflit ou de rivalité implacable. Au contraire, il envisageait la délimitation des relations internationales comme une entreprise collective visant un gain mutuel fondé sur le respect mutuel de l’identité et des intérêts fondamentaux des uns et des autres.
Washington, cependant, l’a interprété différemment. Dans leur esprit, Poutine a jeté un pavé dans la mare du projet de mondialisation supervisé par les États-Unis et leurs partenaires. [Rejeter l’ordre ultralibéral que les multinationales occidentales veulent imposer au reste du monde est un casus belli pour les plus hauts dirigeants occidentaux, NdT]
L’administration du président George W. Bush a donc jugé que la Russie devenait gênante et devait être contenue, que son influence devait être limitée. [Qu’une telle attaque contre l’ordre néolibéral devait être bloquée immédiatement, NdT]. Cet objectif a motivé la campagne visant à faire entrer l’Ukraine et la Géorgie dans l’OTAN, le parrainage de l’attaque géorgienne vouée à l’échec contre l’Ossétie du Sud, la tentative de bloquer la construction d’un nouveau gazoduc entre la Russie et l’Allemagne et l’établissement de conditions strictes pour les échanges commerciaux. [Sans oublier les tentatives de révolutions colorées en Biélorussie et en Asie centrale, le financement de médias et de politiques de l’opposition russe, le mandat d’arrêt de la CPI contre Poutine et son outrageuse diabolisation médiatique, NdT]
Elle a culminé avec le coup d’État du Maïdan à Kiev en 2014 et le renforcement de l’Ukraine en tant que puissance capable de maintenir la Russie à sa place. Nous connaissons la suite de cette histoire.
Ensuite, l’image de Poutine comme un diable machiavélique travaillant sans relâche pour paralyser les États-Unis a reçu une épaisse couche de vernis grâce au montage politique du Russiagate – un stratagème concocté par la candidate à la présidentielle Hillary Clinton et ses alliés afin d’expliquer comment elle pouvait perdre une élection contre quelqu’un qui avait commencé sa campagne en automne avec une cote de popularité personnelle défavorable de 67%.
Le défi chinois
La confrontation avec la Chine n’est pas marquée par des événements ou des points de décision aussi clairement visibles. La désignation de la Chine comme challenger des États-Unis en tant que suprématie mondiale s’est cristallisée plus graduellement.
C’est la montée en puissance de l’Empire du Milieu dans toutes ses dimensions de puissance et de capacité nationales qui a d’abord suscité l’inquiétude, puis la peur. Ce rival exigeant était devenu une menace pour la croyance fondamentale en l’exceptionnalisme et la supériorité des États-Unis. Il s’agissait donc d’une menace existentielle au sens propre du terme.
(«Cette ville n’est pas assez grande pour nous deux !» est une réplique familière aux étasuniens pour la façon dont elle ponctue les épreuves de force dans des centaines de westerns. Aujourd’hui, elle s’étend à la politique étrangère, résumant parfaitement l’attitude de Washington à l’égard de Pékin. Au lieu de cela, pourquoi ne pas inviter l’autre à prendre un verre au Long Branch et à discuter longuement ? Ce serait tellement plus agréable).
La série de différends sur telle ou telle sujet n’étant que le symptôme plutôt que la cause de l’antagonisme mêlé de crainte qui conduit les États-Unis à traiter la Chine comme un ennemi mortel. Lorsque l’on examine la chronologie des événements, il devient évident que l’acte d’accusation étasunien est loin de justifier cette conclusion. [Mais là encore c’est la propagande médiatique qui va, toujours par sa répétition, transformer cet «acte d’accusation» en un jugement dument validé «la Chine est un danger pour les États-Unis», NdT]. Du coup, le point de vue à la mode – et désormais officiel – est que tout est de la faute de la Chine.
Le président Xi Jinping et ses collaborateurs ont soi-disant laissé passer l’occasion de rejoindre la communauté des nations libérales tournée vers l’extérieur ; ils sont devenus de plus en plus répressifs chez eux – se disqualifiant ainsi du partenariat avec les démocraties ; ils ont été agressifs en faisant valoir leurs revendications territoriales en mer de Chine méridionale ; ils n’ont pas apaisé leurs différends avec leurs voisins, en particulier avec le Japon ; et ils se sont écartés de la ligne occidentale (c’est-à-dire étasunienne) à l’égard de l’Iran tout en négociant un modus vivendi avec l’Arabie saoudite.
Plus près de nous, la Chine est accusée d’exploiter de vastes réseaux d’espionnage aux États-Unis dans le but de s’approprier de précieuses technologies de pointe, de manipuler systématiquement les transactions commerciales à son avantage et d’étendre son influence culturelle dans une société américaine poreuse.
Dans cet acte d’accusation, aucune référence n’est faite aux actions douteuses des États-Unis. Le bilan de Washington en tant que citoyen du monde est pourtant loin d’être irréprochable. En ce qui concerne plus particulièrement la Chine, c’est Washington qui a pris les mesures de loin les plus provocatrices.
Rappelons l’emprisonnement de la directrice financière de Huawei à Vancouver sur l’insistance de la Maison Blanche de Trump pour des motifs spécieux (violation de la propre campagne de sanctions illégales de Washington contre l’Iran) afin de contrecarrer le succès de l’entreprise à devenir un acteur dominant dans le domaine des technologies de l’information. L’ancien président Donald Trump l’a lui-même admis en déclarant que les États-Unis pourraient s’abstenir de la poursuivre si la Chine était prête à céder à ses exigences dans les négociations commerciales bilatérales.
L’ultime provocation a été la série de mesures prises à l’égard de Taïwan, qui ont clairement indiqué l’intention de Washington d’empêcher son intégration dans la République Populaire de Chine. Ils ont ainsi franchi la plus indélébile des lignes rouges, celle que les États-Unis ont eux-mêmes contribué à tracer et qu’ils ont respectée pendant un demi-siècle. Cela revient à ce qu’un aristocrate de la vieille Europe en gifle un autre avec ses gants en public. Une invitation sans équivoque à un duel qui exclut toute négociation, médiation ou compromis possible.
Plus qu’un simple rival
Les États-Unis trouvent qu’il est beaucoup plus facile de traiter avec des ennemis manifestes, comme l’URSS, que de partager la scène internationale avec des pays qui les égalent en puissance, quel que soit le degré de menace qu’ils représentent pour la sécurité nationale américaine. Cette dernière est beaucoup plus difficile à gérer pour les Américains, que ce soit sur le plan émotionnel, intellectuel ou diplomatique.
D’où la tendance croissante à caractériser la Chine non seulement comme un rival pour l’influence mondiale, mais aussi comme une menace. Il en résulte une caricature des ambitions de la Chine et une réduction des perspectives de développement d’une relation de travail entre pays égaux.
Une énorme quantité d’énergie est consacrée à cette entreprise délirante. La cible est le public étasunien lui-même. Il s’agit d’une forme bizarre de thérapie de conversion visant à substituer à l’ennuyeuse réalité une version de la réalité inventée de toutes pièces.
La preuve éclatante de ce traitement auto-administré se trouve régulièrement dans les pages du New York Times. Chaque jour, nous avons droit à deux ou trois longs articles sur ce qui ne va pas en Chine, sur ses épreuves et ses tribulations. Aucun événement n’est trop récurrent ou lointain pour ne pas être utilisé dans un diagnostic exagéré d’une maladie sociale ou politique. Les extrêmes auxquels les rédacteurs se livrent dans ce programme de rééducation relèvent de la pathologie. [On revient toujours à cet incessante propagande médiatique, un bourrage de crâne auquel il est difficile d’échapper quand on le subit quotidiennement, NdT]
La menace que représente la Chine porte sur une image de soi exaltée plus que sur des intérêts tangibles. À la base, le problème est psychologique.
Lorsque l’administration Biden est entrée en fonction, le décor était déjà planté pour la déclaration de guerre et l’adoption de mesures concrètes dans ce sens. [La mise en place de la stratégie anti-chinoise a été faite sous Obama, Trump a commencé à l’appliquer, Biden l’a continué, ce qui montre bien que ce n’est pas une décision du président en place mais d’une structure bureaucratique sous-jacente, non élue et dont les décisions ne sont pas soumises au débat démocratique, NdT]
Mais il est étrange qu’un engagement aussi important ait été pris par une équipe d’individus aussi terne, avec à sa tête un président diminué et distrait. Cela peut être attribué à deux facteurs.
Le premier est la vision dogmatique du monde des dirigeants. Leur vision représente une intégration complète du fameux mémo de Paul Wolfowitz de 1992 exposant une stratégie multiple visant à consolider et à étendre la domination mondiale des États-Unis à perpétuité.
Le deuxième est la passion des néoconservateurs pour façonner d’autres pays à l’image des États-Unis. Ce mélange a été agrémenté d’un soupçon d’idéalisme wilsonien à l’ancienne et d’un filet d’humanitarisme issu du mouvement de la Responsabilité de protéger (R2P).
Ce mélange puissant était devenu une orthodoxie pour la quasi-totalité de la communauté de la politique étrangère américaine. En outre, une version rudimentaire a gagné l’adhésion de la classe politique et a façonné la pensée du Congrès, dans la mesure où ses membres réfléchissent aux relations extérieures en ayant recours à des slogans commodes et éculés [ceux transmis par les médias, NdT]. [Tout ceci montre que les fameux néoconservateurs ont infiltré les structures bureaucratiques occidentales pour que leurs idées suprémacistes puissent être appliquées sans passer par le filtre du débat et du vote démocratique. Avec, si nécessaire, une petite provocation/faux drapeau obligeant les dirigeants élus rétifs à bouger dans le sens désiré, NdT]
Alternative n°1
D’un point de vue objectif, il existe des alternatives.
La première pourrait être qualifiée de politique d’inertie. Elle consisterait à continuer à segmenter les relations extérieures du pays en paquets plus ou moins distincts – géographiques et fonctionnels.
Les deux sous-catégories du Moyen-Orient : Israël et le Golfe ; la «guerre contre le terrorisme», réel ou autre ; la promotion agressive de la mondialisation néolibérale avec l’intronisation d’une élite hétéroclite d’entreprises, de technocrates et de politiciens comme guides et surveillants ; les relations bilatérales avec les nouvelles puissances économiques comme l’Inde et le Brésil pour les faire entrer dans l’orbite néolibérale ; les affaires courantes avec le reste du Sud mondial.
Quant à la Chine et à la Russie, l’une serait traitée comme un rival redoutable et l’autre comme une nuisance envahissante qu’il convient d’entraver en Syrie et au Moyen-Orient. Des mesures concrètes pour contrer le défi commercial et technologique chinois sont prises, soit unilatéralement, soit dans le cadre de négociations directes et rigoureuses. Le soutien à Taïwan serait renforcé, mais sans risquer de froisser Pékin en remettant en cause le principe d’une seule Chine.
Le principe fondamental de cette approche est qu’un système néolibéral toujours plus profond pourrait attirer la Chine dans son champ d’action en tant qu’aimant centrifuge politico-économique. Ainsi, par un processus progressif, un défi potentiel à l’hégémonie américano-occidentale serait progressivement neutralisé, évitant une confrontation directe. [Pour cela il faudrait que le gouvernement chinois laisse ses patrons d’entreprises du niveau de Jack Ma s’investir dans la politique du pays, ce qui n’est pas le cas comme on l’a vu lorsque ce dernier a été rappelé à l’ordre en lui disant que «s’il veut faire de la politique qu’il adhère au Parti communiste et que s’il veut faire du business, qu’il ne s’occupe alors pas de politique». NdT]
La Russie, pour sa part, pourrait être traitée plus durement : les sanctions post-2014 ont été renforcées, ses approches en Syrie et dans d’autres domaines ont été repoussées et le renforcement discret de l’Ukraine s’est poursuivi. Telle était, en substance, l’approche adoptée par l’ancien président Barack Obama et par Trump.
L’hypothèse majoritaire d’aujourd’hui selon laquelle une bataille capitale avec les Chinois est inscrite dans les étoiles, point culminant d’une rivalité à somme nulle pour la domination mondiale, est relativement récente.
Il n’y a pas si longtemps, le consensus était que la stratégie la plus sensée comportait deux éléments.
Le premier était un engagement pacifique mettant l’accent sur l’interdépendance économique et conduisant à la participation de la Chine à un système mondial plus ou moins ordonné, dont les règles du jeu pourraient devoir être modifiées, mais où la politique de puissance serait restreinte et contenue.
(En ce qui concerne la restructuration des organisations internationales existantes, le FMI se distingue. Depuis sa création dans l’après-guerre, les États-Unis détiennent un droit de veto sur tout ou partie de ses actions. Ils refusent catégoriquement d’y renoncer malgré les changements radicaux dans la constellation du pouvoir financier et monétaire mondial. Le FMI est donc une filiale de facto du département d’État. Cet état de fait s’avérera bientôt absolument inacceptable pour la Chine et les BRIC).
La seconde était une mesure d’équilibre militaire visant à éliminer toute tentation d’édification d’un empire qui pourrait exister à Pékin tout en rassurant les voisins. La question en suspens était de savoir exactement où et comment l’équilibre devait être trouvé.
Telle était la perspective dominante jusqu’à la deuxième administration Obama. Aujourd’hui, cette approche a perdu sa place dans le courant dominant du discours de politique étrangère. Il n’y a cependant pas de jour ou d’événement fixe qui ait marqué ce brutal changement de cap.
Cette ligne d’approche progressive et décousue a ses avantages malgré son penchant pour le conflit. L’essentiel est qu’elle évite d’enfermer les États-Unis dans une position d’hostilité implacable à l’égard de la Chine. Il n’y a pas de logique intégrée qui nous pousse vers un conflit armé. Elle laisse implicitement ouverte la possibilité d’une évolution plus positive de la pensée américaine.
Quelles que soient les chances d’une telle évolution et l’arrivée à la Maison-Blanche d’un président doté de la vision audacieuse d’un véritable homme d’État, une telle évolution ne serait pas exclue comme elle l’est par la mobilisation actuelle en faveur d’une longue «guerre». [L’arrivée d’un tel homme d’État à la Maison Blanche est systématiquement bloquée par une immédiate campagne médiatique de dénigrement lancé contre un tel homme. C’est un espoir impossible dans l’état actuel des choses. NdT]
Alternative n°2
Il existe une autre solution, radicale, fondée sur la conviction qu’il est possible d’élaborer une stratégie à long terme visant à entretenir des liens de coopération avec la Russie et la Chine. Cette stratégie, qui prendrait la forme d’un partenariat, serait fondée sur un engagement mutuel en faveur du maintien de la stabilité politique et de l’élaboration de mécanismes permettant d’éviter les conflits. Cette idée n’est pas aussi farfelue qu’on pourrait le croire à première vue. [C’est même la plus raisonnable alors pourquoi ne pas l’envisager. Là encore, de telles idées sont décrédibilisées, considérées comme «farfelues», comme le montre la réaction de l’auteur, et même censurées par les médias afin qu’elles ne puissent pas être sereinement discutées dans l’arène de débat démocratique que sont censés être ces médias. NdT]
L’idée d’un concert des grandes puissances vient à l’esprit. Cependant, nous devrions envisager un arrangement très différent de l’historique concert des nations européennes qui a vu le jour à la Conférence de Vienne au lendemain des guerres napoléoniennes.
D’une part, l’objectif ne serait pas de renforcer le statu quo par une double stratégie consistant à éviter les conflits armés entre les États signataires et à réprimer les mouvements révolutionnaires susceptibles de mettre en péril les monarchies existantes. Les caractéristiques de ce système étaient la concentration du pouvoir de garde dans les cinq grands cogestionnaires du système, l’étouffement des réformes politiques dans toute l’Europe et le mépris des forces apparaissant en dehors de leur champ d’action.
En revanche, un partenariat contemporain entre les grandes puissances assumerait la responsabilité de prendre la tête de la conception d’un système mondial fondé sur les principes mutuellement renforcés d’ouverture, d’égalité souveraine et de promotion de politiques qui produisent des résultats à somme positive.
Plutôt que d’être dirigées par un directoire, les affaires internationales seraient structurées par des institutions internationales modifiées en termes de philosophie, de prise de décision multilatérale et d’un certain degré de déconcentration qui donnerait du pouvoir aux organismes régionaux. Il y aurait un modèle établi de consultation entre les gouvernements dont le poids économique et la capacité militaire devraient tout naturellement jouer un rôle informel en assurant des fonctions de maintenance du système et en facilitant l’implication d’autres États. La légitimité serait établie par la conduite et la performance.
La baisse drastique du respect pour le leadership mondial des États-Unis facilitera ce processus, comme le démontrent déjà le succès des BRICS.
Le point de départ crucial d’un tel projet est une rencontre des esprits entre Washington, Pékin et Moscou, accompagnée d’un dialogue avec New Delhi, Brasilia, etc.
Il y a des raisons de croire que les conditions sont objectivement favorables à une telle entreprise depuis plusieurs années. Cependant, l’Occident ne l’a jamais reconnue, et encore moins sérieusement envisagée – une occasion historique manquée. [S’il y a la paix, comment vendre des armes et maintenir à un tel niveau le gigantesque budget du Pentagone, NdT]
Le facteur suffisant le plus important est le tempérament des dirigeants chinois et russes. Xi et Poutine sont des dirigeants rares. Ils sont sobres, rationnels, intelligents, très bien informés et capables d’une vision large.
(L’objectif traditionnel de la Chine a toujours été d’obtenir la déférence des autres pays tout en renforçant sa propre puissance, et non de leur imposer un imperium. Elle ne partage pas non plus la volonté américaine d’organiser les affaires du monde entier en fonction d’une universalisation de sa propre civilisation. C’est là que réside l’opportunité d’éviter une «guerre de transition».)
Cependant, aucun dirigeant américain ne se profile à l’horizon qui reconnaisse cette réalité primordiale et qui semble prêt à saisir l’occasion d’«infléchir l’arc de l’histoire». Obama a brièvement caressé l’idée, avant de retomber dans la rhétorique éculée de l’exceptionnalisme américain : «Nous sommes le numéro un – vous feriez mieux d’y croire. Personne d’autre ne s’en approche !») [Parce que tout dirigeant caressant ce genre d’idée serait immédiatement grillé médiatiquement et donc politiquement, n’ayant aucune chance d’atteindre un niveau de responsabilité suffisant pour «infléchir l’arc de l’histoire». NdT]
Bien qu’ils s’attachent à garantir leurs intérêts nationaux, et surtout le bien-être de leurs peuples, ni Xi ni Poutine ne nourrissent d’ambitions impériales. Et tous deux ont un long mandat de chef d’État. Ils disposent du capital politique nécessaire pour investir dans un projet d’une telle ampleur et d’une telle perspective. Malheureusement, Washington n’a pas de dirigeants au caractère et aux talents similaires. [Il y en a mais ils sont rendus invisibles médiatiquement, NdT]
Quant aux alliés des États-Unis, il ne faut pas s’attendre à ce qu’ils fassent preuve de retenue. Ces fidèles vassaux sont passés du statut d’insignifiant à celui de partenaire actif, quoique subalterne, dans la lutte contre le crime.
Un spectacle odieux
L’observation des dirigeants européens qui font la queue pour rencontrer Bibi Netanyahou à Tel-Aviv alors qu’il inflige des atrocités aux habitants de Gaza fait froid dans le dos. À peine un mot de préoccupation pour deux millions de civils, juste l’envoi précipité de nouvelles armes détournées des champs de bataille ukrainiens. Ce spectacle odieux a été éclipsé par la performance honteuse de Biden cette semaine à Jérusalem. [Les dirigeants européens sont eux aussi sélectionnés par la pression médiatique. On l’a vu en France avec Macron mais c’est encore pire avec les dirigeants non élus de l’Union Européenne, NdT]
Les réunions au sommet de Bush, Obama, Trump ou Biden se sont toujours concentrées soit sur des questions de détail, soit sur des instructions concernant ce que leur homologue devrait faire pour se conformer à la vision américaine du monde. Dans les deux cas, il s’agit d’une perte de temps précieux par rapport à l’impératif de promouvoir une perspective mondiale commune à long terme.
L’approche la plus judicieuse pour entamer un dialogue sérieux pourrait être celle d’un président doté de qualités d’homme d’État qui s’assoirait seul avec Poutine et Xi pour une session ouverte et poserait des questions telles que : «Que voulez-vous, président Poutine ? «Que voulez-vous, président Poutine/président XI ? Comment voyez-vous le monde dans 20 ans et la place de votre pays dans ce monde ?»
Seraient-ils prêts à donner une réponse articulée ? Poutine, certainement. C’est exactement ce qu’il propose depuis 2007, à de nombreuses reprises, de vive voix ou dans ses écrits. Au lieu de cela, il s’est vu opposer une fin de non-recevoir et, depuis 2014, a été traité comme un paria menaçant à diffamer et à insulter personnellement.
Voici le point de vue de Barack Obama :
«Le président russe est un homme «physiquement banal», comparable aux «caïds de banlieues, durs et rusés, qui s’occupent des machines à sous de Chicago».
Ce commentaire, tiré du premier volume des mémoires publiées par Obama, «The Promised Land», en dit plus long sur son propre ego, à la fois gonflé et vulnérable, que sur le caractère de Poutine.
En fait, ce sont les machines à sous de Chicago, ainsi que l’argent et les encouragements du réseau Pritzker, qui ont fait de Obama ce qu’il est devenu.
Contraste : lorsque Bismarck a rencontré Disraeli lors de la conférence de Berlin de 1878 – allant même jusqu’à l’inviter deux fois à manger chez lui, lui qui était juif – il n’a pas harcelé le Premier ministre britannique au sujet des restrictions commerciales imposées aux exportations allemandes de textiles et de produits métallurgiques, ni au sujet des mauvais traitements systématiques infligés par les Britanniques aux travailleurs des plantations de thé dans l’Assam.
Il n’a pas non plus commenté le physique de l’homme. Bismarck était un homme d’État sérieux, contrairement aux personnes à qui nous confions la sécurité et le bien-être de nos nations.
En fin de compte, Poutine et Xi semblent perplexes face à des homologues occidentaux sans états d’âme qui ne respectent pas les préceptes élémentaires de la diplomatie. Cela devrait également être une préoccupation – sauf pour ceux qui ont l’intention de mener la «guerre» américaine d’une manière linéaire et qui n’ont donc pas besoin d’accorder beaucoup d’attention à la pensée des autres parties.
Le vitriol que ses homologues occidentaux jettent sur Poutine avec une telle véhémence a quelque chose d’énigmatique. Cela est manifestement disproportionnée par rapport à tout ce qu’il a fait ou dit, même si l’on déforme l’histoire sous-jacente de l’Ukraine.
La condescendance d’Obama suggère une réponse. Au fond, leur attitude reflète l’envie. L’envie dans le sens où il est inconsciemment reconnu comme clairement supérieur en termes d’intelligence, de connaissance des questions contemporaines et de l’histoire, d’éloquence, de sens politique et – très certainement – d’habileté diplomatique.
Essayez d’imaginer un dirigeant américain imitant la performance de Poutine, qui organise des séances de questions-réponses de trois heures avec des citoyens de tous bords, en répondant directement, en détail, de manière cohérente et de bonne grâce. Biden ? Le Premier ministre canadien Justin Trudeau ? Le chancelier allemand Olaf Scholz ? Le Premier ministre britannique Rishi Sunak ? Le président français Emmanuel Macron ? Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne ? Le Premier ministre estonien Kaja Kallis ? [Alors que Poutine accordait régulièrement des interviews aux mêmes journaux occidentaux qui le diabolisaient sans que cela ne l’effraie, jamais un dirigeant étasunien n’a accordé d’interview libre à un journal russe ou chinois, NdT]
Même Obama, qui nous a servi des sermons en conserve dans un langage noble qui n’a pas grand-chose à voir avec la réalité. C’est pourquoi la classe politique occidentale évite soigneusement de prêter attention aux discours et aux conférences de presse de Poutine – loin des yeux, loin du cœur.
Elle agit en se référant à la caricature et non à l’homme réel.
L’ère de l’Ukraine
Aujourd’hui, à l’ère de l’Ukraine, le consensus rigide de Washington est que Vladimir Poutine est le dictateur brutal par excellence – fou de pouvoir, impitoyable et n’ayant qu’une prise ténue sur la réalité.
En effet, il est devenu courant de l’assimiler à Hitler, comme l’ont fait des figures de proue de l’élite du pouvoir américain telles que Hillary Clinton et l’ancienne présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi, ainsi que d’innombrables «faiseurs d’opinion». Même 203 nobles Nobels ont prêté leur cerveau collectif et leur notoriété à une «lettre ouverte» dont la deuxième phrase associe l’attaque de la Russie contre l’Ukraine à l’assaut de Hitler contre la Pologne en septembre 1939. [On l’on découvre que ni les scientifiques ni les peoples du show biz, à qui les médias demandent pourtant régulièrement leur avis, à condition qu’ils respectent la ligne éditoriale, ne sont experts en géopolitique mais qu’ils subissent la même pression médiatique qui leur fait prendre la propagande pour argent comptant, NdT]
Malheureusement, l’idée que ceux qui prennent ces décisions devraient se donner la peine de savoir de quoi ils parlent est largement considérée comme radicale, voire subversive. [À quoi sert de savoir quand tu dois juste obéir. Savoir n’entretiendrait qu’une dissonance cognitive qui les gênerait dans leur boulot de donneurs d’ordre, NdT]
En ce qui concerne Poutine, il n’y a absolument aucune excuse pour une telle ignorance. Il a présenté son point de vue sur la manière dont la Russie envisage sa place dans le monde, ses relations avec l’Occident et les contours/règles d’un système international souhaité de manière plus complète, plus éclairée par l’histoire et plus cohérente que n’importe quel autre dirigeant national que je connaisse. Les déclarations à l’emporte-pièce du type «nous sommes les meilleurs et nous le serons toujours – vous feriez mieux de le croire» (Obama) ne sont pas son style.
Le fait est que l’on peut être troublé par ses conclusions, mettre en doute sa sincérité, soupçonner des courants de pensée cachés ou dénoncer certaines actions. Mais cela n’a aucune crédibilité si l’on ne s’est pas intéressé à l’homme sur la base de ce qui est disponible – et non sur la base de caricatures de dessins animés. De même, nous devrions reconnaître que la Russie n’est pas un one-man-show et qu’il nous incombe d’examiner la réalité plus complexe de la gouvernance et de la politique russes. [Il y a une grande différence entre la confiance aveugle, envers Poutine ou qui que soit d’autre, et la franche discussion sans préjugés qui permet aux deux parties de s’écouter et de se comprendre. Aucun dirigeant ni analyste médiatique n’écoute vraiment Poutine, la diabolisation du personnage par les médias empêche toute écoute sans préjugés, dans le genre «on ne discute pas avec un tyran», NdT]
Le président chinois Xi a échappé à la diffamation personnelle dont Poutine a fait l’objet – jusqu’à présent. Mais Washington n’a pas fait plus d’efforts pour l’engager dans un discours sur la forme future des relations sino-américaines et sur le système mondial dont ils sont destinés à être les principaux gardiens conjoints.
Xi est plus insaisissable que Poutine. Il est beaucoup moins direct, plus réservé et incarne une culture politique très différente de celle des États-Unis ou de l’Europe. Pourtant, il n’est pas un idéologue dogmatique ni un impérialiste avide de pouvoir. Les différences culturelles peuvent trop facilement devenir une excuse pour éviter l’étude, la réflexion et l’exercice d’imagination stratégique qui s’imposent.
Façonner la structure mondiale
L’approche décrite ci-dessus vaut les efforts – et les faibles coûts – qu’elle implique. En effet, ce sont les accords entre les trois dirigeants (et leurs collègues de haut rang) qui sont de la plus haute importance.
En d’autres termes, il s’agit de s’entendre sur la manière dont ils perçoivent la forme et la structure des affaires mondiales, sur les points où leurs intérêts s’opposent ou convergent, et sur la manière de relever le double défi consistant à 1) gérer les points de friction qui peuvent surgir, et 2) travailler ensemble pour assurer les fonctions de «maintenance du système» dans les domaines de l’économie et de la sécurité.
À l’heure actuelle, il n’y a aucune chance que les dirigeants américains aient le courage ou la vision nécessaire pour s’engager dans cette voie. Ni Biden et son équipe, ni leurs rivaux Républicains ne sont à la hauteur.
En vérité, les dirigeants américains sont psychologiquement et intellectuellement incapables de réfléchir sérieusement aux conditions d’un partage du pouvoir avec la Chine, avec la Russie ou avec qui que ce soit d’autre – et de développer des mécanismes pour y parvenir à différentes échéances. [Là encore, ce n’est pas tant qu’ils en soient intellectuellement incapables, c’est surtout qu’ils savent que cela leur est politiquement interdit, au risque de leur carrière politique. Ils le voudraient qu’ils n’en auraient de toutes façons ni le temps ni les moyens. NdT]
Washington est trop préoccupé par l’équilibre naval en Asie de l’Est pour réfléchir à des stratégies générales. Ses dirigeants sont trop complaisants à l’égard des failles profondes de nos structures économiques, et trop gaspilleurs en dissipant des milliers de milliards de $ dans des entreprises chimériques visant à exorciser un ennemi mythique pour se positionner en vue d’une entreprise diplomatique du type de celle à laquelle une Amérique égocentrique n’a jamais été confrontée.
La volonté de revalider leur vertu et leur singularité présumées détermine désormais ce que les États-Unis font dans le monde. D’où l’importance accordée à des slogans tels que «démocratie contre autocratie». Il s’agit là d’une belle métaphore de la position inconfortable dans laquelle se trouve l’Oncle Sam ces jours-ci, proclamant fièrement sa grandeur durable du haut de tous les pupitres et autels du pays, s’engageant à maintenir sa position de numéro un mondial pour toujours et à jamais.
Mais les États-Unis se heurtent aussi constamment à une réalité peu accommodante. Au lieu de réduire la taille du mastodonte ou de s’appliquer à élever délicatement l’arche, ils tentent à maintes reprises de passer au travers, dans un vain effort pour plier le monde à leur mythologie. L’invocation du protocole de commotion cérébrale s’impose, mais personne ne veut admettre cette vérité qui donne à réfléchir.
Cet état est proche de ce que les psychologues appellent la «dissociation». Elle se caractérise par une incapacité à voir et à accepter les réalités telles qu’elles sont pour des raisons émotionnelles profondément ancrées. [La réalité n’est pas acceptée car elle est dissimulée aux yeux du public. Qui accepterait de dire «mon pays a besoin de guerres perpétuelles pour que ses élites puissent s’enrichir sur le sang versé par les populations du monde entier». Il est tellement plus rassurant de se dire «mon pays est entouré de méchants qu’il faut tuer avant qu’ils nous tuent». C’est donc ce que racontent les médias pour éviter toute «dissociation cognitive» dans le public. NdT]
La tension générée pour une nation ainsi constituée lorsqu’elle est confrontée à la réalité objective n’oblige pas à une prise de conscience accrue ou à un changement de comportement si la caractéristique dominante de cette réalité est l’attitude et les opinions majoritairement exprimées par d’autres personnes [et surtout les médias, NdT] qui partagent les mêmes illusions. [Un occidental habitant loin des champs de bataille déclenchés par cette politique guerrière ne peut connaitre la «réalité» qu’à travers ce que va lui en raconter les médias qu’il lit. Sa «réalité» ne dépendra donc que de la description médiatique dans laquelle il est enfermé puisque, en général, il ne lira pas d’autres médias que les médias grand public auquel il est habitué. D’où le laborieux mais nécessaire travail de «contre information» de la presse alternative et la diffamation médiatique officielle pour dénigrer ce travail. NdT]
Source originale : https://consortiumnews.com/2023/10/20/us-declares-war/
Rappelons que l’une des méthodes employées depuis plus d’un siècle par les globalistes pour faire progresser leur agenda et faire du « crime légitime », qu’on appelle la guerre, un « business », est le « casus belli » : citons entre autres ceux de 1898 avec le « USS Maine », de 1915 avec le « RMS Lusitania », de 1941 avec « Pearl Harbor », de 1964 avec les « incidents du golfe du Tonkin », de 2001 avec le « 9/11 ».
Blog : https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.com/
«Nous sommes les États-Unis d’Amérique, pour l’amour de Dieu, la nation la plus puissante de l’histoire du monde»…
C’est marrant, ça ressemble à l’idéal d’une certaine religion… mais bizarrement pas à celle qui est prétendument majoritaire au USA!
Et apparemment, les américains ne s’en aperçoivent pas!
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