Colonel McGregor : « Nous perdons une guerre par procuration. L’Occident n’a pas la capacité de combattre dans un conflit majeur »

Source : janvier 2023 – Colonel McGregor

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Douglas Abbott Macgregor (né le 4 janvier 1953) est un colonel de l’armée américaine et un fonctionnaire à la retraite, ainsi qu’un auteur, un consultant et un commentateur de télévision. Il a joué un rôle important sur le champ de bataille lors de la guerre du Golfe de 1990-91 et du bombardement de la Yougoslavie par l’OTAN en 1999. Son livre Breaking the Phalanx, publié en 1997, a fait de lui un théoricien de la stratégie militaire influent mais non conventionnel. Sa réflexion a contribué à la stratégie américaine d’invasion de l’Irak en 2003

Les États-Unis et leurs partenaires européens ont longtemps hésité à fournir des chars à l’Ukraine, ce qui indique un changement de perception du conflit dans les milieux politiques occidentaux, a déclaré le colonel Douglas McGregor au podcast Judging Freedom. Les pays occidentaux ne disposent pas de grandes capacités de réserve ou des capacités militaro-industrielles nécessaires à une action militaire de grande envergure, a déclaré le colonel à la retraite, ancien conseiller principal du Pentagone.

Voici ce que dit McGregor : « C’est une question importante dont nous devons parler, car l’humeur à Washington a certainement changé, l’attitude de la communauté de Washington a changé. Je fais référence aux sénateurs et membres de la Chambre importants, aux hauts fonctionnaires, au président et au vice-président. L’humeur de ces gens a manifestement changé. Je pense qu’ils ont le sentiment que c’est une cause perdue, que l’Ukraine va perdre. Ils essaient juste de trouver comment prolonger la souffrance, comment continuer la guerre. Ils disent publiquement que cela est fait pour « nuire à la Russie ». Cela s’est avéré être un fiasco complet et un désastre. La Russie, franchement, n’a pas subi beaucoup de « dommages ».

Je dirais qu’elle n’a pas du tout souffert, ni sur le plan économique ni sur le plan financier. Mais ce n’est qu’une partie du problème. La deuxième partie est qu’ils agacent vraiment les Européens, en particulier les Allemands, en les poussant à prendre des mesures qui pourraient être légalement reconnues comme des actions militaires contre la Russie. Je pense que le gouvernement allemand se demande s’il veut vraiment fournir des armes lourdes, des chars, de l’artillerie et d’autres choses en grande quantité dans la zone de guerre pour aider les Ukrainiens à combattre les Russes. Envisagent-ils de devenir complices ? Nous en avons déjà discuté : je ne pense pas qu’il y ait le moindre doute. Ils sont « complices ».

Même en ce qui concerne les chars américains, le très célèbre M1 Abrams, le colonel a une opinion divergente du courant dominant : « Le M1 Abrams a tout simplement beaucoup de problèmes. Ils ne veulent pas le voir en action par peur que ces problèmes se voient.

Et ce n’est pas la puissance de l’arme ou le professionnalisme de l’équipage, mais la machine elle-même qui a des soucis techniques. (…) L’1mérique ne croit pas que l’Ukraine va gagner ce conflit. Nous avons menti pendant des mois sur les événements en Ukraine, sur ce qui se passe entre les forces ukrainiennes et russes. Nous avons exagéré les pertes russes et leurs problèmes, tandis que nous avons minimisé les problèmes et les pertes ukrainiennes. La vérité s’échappe, elle ne peut plus être cachée.

Donc, tout d’abord, Les Etats-unis savent qu’ils ne peuvent pas gagner. En d’autres termes : nous perdons une guerre indirecte, notre « proxy » ne peut pas gagner ! Deuxièmement, les Européens arrivent à la conclusion que c’est dangereux. Jusqu’où pouvons-nous aller ? Cela dit, les Etats-unis n’ont pas la puissance militaro-industrielle pour produire quoi que ce soit dans l’immédiat. Je pense que c’est incroyablement important. Par exemple, les pièces de missiles AMRAAM. Il s’agit d’une arme qui est utilisée sur les chasseurs F-15, F-22, F-35 et également dans le système de défense aérienne NASAMS, qui est, je pense, un excellent système de défense aérienne que nous avons développé avec la société norvégienne KONGSBERG. Il est excellent contre les missiles de croisière, les hélicoptères et autres. Le problème est qu’il faudra 32 mois entre le moment où nous demanderons les missiles et celui où nous les obtiendrons. C’est le temps qu’il faut pour les produire.

Si vous pensez à tous les missiles et systèmes de combat que nous avons promis aux Ukrainiens, il est clair qu’ils ne les obtiendront pas à court terme. Les Allemands parlent maintenant de transférer des Patriots aux Ukrainiens, et un certain nombre de missiles seront probablement livrés. Mais les missiles seront rapidement épuisés et il n’y aura rien pour les remplacer. Ni nous, ni les Européens, n’avons la capacité de réserve nécessaire pour participer à un conflit armé majeur. Les Russes oui : leurs usines fonctionnent 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Contrairement à la croyance populaire, rien ne s’épuise. Ils ont maintenant plus de tout ce dont ils ont besoin que jamais auparavant. C’est dangereux – les Européens nous en font prendre conscience en privé.

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