Les prochaines offensives de printemps en Ukraine
Source : asiatimes.com – 8 mars 2023 – Stephen Bryen
https://asiatimes.com/2023/03/the-coming-spring-offensives-in-ukraine/
Traduction : Strategika
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Stephen Bryen est chargé de recherche au Center for Security Policy et au Yorktown Institute. Suivez-le sur Twitter à l’adresse @stevebryen
À l’heure actuelle, deux offensives de printemps sont possibles en Ukraine. L’une ou l’autre de ces offensives comporterait des risques importants pour les deux parties. Il est difficile d’en prévoir l’issue, car des acteurs extérieurs peuvent intervenir, en particulier les forces des États-Unis et de l’OTAN.
La première offensive est assez bien connue. Il s’agit de l’offensive de printemps organisée par l’armée russe. Des préparatifs considérables ont été effectués pendant de nombreux mois. Les Russes ont affiné leurs tactiques, introduit de nouvelles armes offensives et remplacé les équipements perdus jusqu’à présent dans la guerre, en particulier les chars et les véhicules de combat d’infanterie.
Selon un rapport, la production russe de chars, notamment les T-90 et les T-14 Armtas, se maintient à un niveau élevé. La fabrication d’autres armes, notamment de munitions de tous types, semble également s’être accélérée.
Ce que l’on ne sait pas, c’est comment les Russes utiliseront l’importante force qu’ils ont rassemblée, qui compte entre 200 000 et 300 000 hommes. Une théorie veut qu’ils se déplacent à partir du sud et de l’est en formant un large encerclement pour tenter de piéger les forces ukrainiennes.
Une autre théorie veut qu’ils utilisent l’encerclement pour immobiliser les Ukrainiens tout en se lançant à l’assaut de Kiev par trois côtés (sud, est et nord). C’est peut-être leur meilleur pari, mais il n’est pas certain qu’ils disposent des effectifs nécessaires ou d’une mobilité suffisante pour échapper aux contre-attaques ukrainiennes.
L’autre offensive de printemps est celle que l’Ukraine prépare sérieusement. Cette offensive a probablement été planifiée au Pentagone plutôt qu’à Kiev.
L’OTAN renforce rapidement ses forces. Samedi dernier, le transporteur de véhicules Liberty Pride, battant pavillon américain, est entré dans le port d’Alexandroupolis, en Grèce, avec à son bord du matériel militaire destiné aux forces de l’OTAN.
On ne sait pas encore combien d’autres navires américains se trouvent actuellement dans l’océan ou arrivent dans d’autres ports. Mais ce que l’on sait, c’est que l’OTAN se prépare à un débordement, une fois que l’offensive ukrainienne aura commencé.
L’offensive ukrainienne de printemps se concentrera probablement sur l’assaut de la Crimée et des forces russes dans le sud. L’objectif est de les couper (de la région de Kherson jusqu’à Zaphorizia) et de les détruire systématiquement, avant d’entamer une grande poussée en Crimée.
Les États-Unis fournissent une grande quantité de matériel de guerre pour cet assaut. Il s’agit notamment d’équipements de pontage capables de supporter les chars Leopard II d’origine allemande, qui pèsent plus de 62 tonnes (à peu près autant que les chars M1 Abrams fantômes qui n’arriveront pas avant l’année prochaine, si tant est qu’ils arrivent).
L’Ukraine aura fort à faire dans une telle opération et dépendra des renseignements américains et, très probablement, de la puissance aérienne des États-Unis. Il n’y a pas assez de temps pour former les pilotes ukrainiens aux F-16, et il n’y a pas de F-16 de rechange récents à lancer dans la bataille – à moins, bien sûr, que des escadrons de chasseurs américains ne soient de la partie.
On peut s’attendre à ce que les avions américains soient repeints avec des insignes ukrainiens et pilotés par des pilotes américains ou de l’OTAN. Ces avions fonctionneront comme des moyens d’attente, tirant des armes air-air et air-sol à longue portée.
En restant à l’écart des systèmes de défense aérienne russes, mais protégés par ce qui reste des défenses aériennes ukrainiennes, les F-16 pourraient viser les blindés russes, les centres de commandement, les formations de troupes, les caravanes, les brouilleurs et les radars de défense aérienne.
L’offensive ukrainienne est également susceptible d’apparaître aux yeux des Russes comme un casus belli impliquant une participation directe de l’OTAN. Il est difficile de dire comment la Russie pourrait répondre à un défi direct. La réaction russe la plus probable pourrait être d’attaquer les stocks et les zones de rassemblement en Pologne et en Roumanie – et, presque certainement, les aérodromes soutenant la guerre.
Les stratèges russes estiment que les forces polonaises pourraient également pénétrer en Ukraine, peut-être en prenant Lviv (Lvov) ou d’autres positions, afin de se prémunir contre l’échec de l’offensive ukrainienne ou contre la réussite des Russes à renverser le gouvernement de Kiev.
Si ces pronostics sur les deux offensives de printemps s’avèrent exacts – et de nombreux éléments suggèrent que les deux offensives sont en cours de préparation -, l’Europe est au bord d’une grande catastrophe.