Eric Zemmour et la destruction de la culture française (par Malraux)sous de Gaulle – Nicolas Bonnal

Par Nicolas Bonnal

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Dans sa Mélancolie française, Zemmour a entre autres très bien
parlé du caractère méphitique de la politique culturelle de Malraux.
Et cela donne, sur fond d’étatisme culturel-financier et de messianisme à deux balles  

(France, lumière du monde, terre de la liberté, etc.):
« En 1959, le général de Gaulle offrit à son « génial ami », André
Malraux, un ministère de la Culture à sa mesure, sur les décombres
du modeste secrétariat aux Beaux-Arts de la IVe République. Dans
l’esprit de Malraux, la France devait renouer avec son rôle de phare
révolutionnaire mondial, conquis en 1789 et perdu en 1917 ; devant
en abandonner les aspects politiques et sociaux à l’Union soviétique
et aux pays pauvres du tiers-monde, elle consacrerait toute son
énergie et tout son talent à propager la révolution mondiale par
l’art. »
Un peu ironique, Eric ? Voyez donc :
«  Nouveau Monsieur Jourdain, Malraux faisait du « soft power »
sans le savoir. »
Et de rappeler le rôle jusqu’alors prestigieux de ce pays (l’ancienne
France donc) jusqu’alors sans « ministère de la culture » :
« La France ne manquait pas d’atouts. Dans la première moitié du
XXe siècle encore, Paris demeurait la capitale mondiale de la
peinture moderne ; le cinéma français fut le seul (avec l’allemand) à
résister au rouleau compresseur d’Hollywood, et les grands écrivains
américains venaient en France humer l’air vivifiant de la première
puissance littéraire. « Il n’y a qu’une seule littérature au monde, la
française », plastronnait alors Céline. Dans les années 1960 encore,
la chanson française – Aznavour, Brel, Brassens, Ferré, Barbara,
Bécaud, etc. – s’avérait la seule à tenir la dragée haute à la
déferlante anglo-saxonne partout irrésistible par l’alliage rare de
talents exceptionnels et de puissance commerciale et financière. »

Les ennuis commencent sous De Gaulle donc :
« De Gaulle ne pouvait qu’être séduit ; il laissa la bride sur le cou à
son glorieux ministre. Pourtant, le Général, par prudence de
politique sans doute, sens du compromis avec les scories de
l’époque, « car aucune politique ne se fait en dehors des réalités »,
amitié peut-être aussi, ne creusa jamais le malentendu qui s’instaura
dès l’origine entre les deux hommes. »
Puis Zemmour souligne le hiatus entre les deux immenses
esprits visionnaires:
« De Gaulle était, dans ses goûts artistiques, un « ancien » ; il
écrivait comme Chateaubriand, goûtait la prose classique d’un
Mauriac bien davantage que celle torrentielle de son ministre de la
Culture ; il préférait Poussin à Picasso, Bach à Stockhausen. La
France était pour lui l’héritière de l’Italie de la Renaissance, et de la
conception grecque de la beauté. Malraux, lui, était un « moderne »
; hormis quelques génies exceptionnels (Vermeer, Goya,
Rembrandt), il rejetait en vrac l’héritage classique de la
Renaissance, et lui préférait ce qu’il appelait « le grand style de
l’humanité », qu’il retrouvait en Afrique, en Asie, au Japon, en
Amérique précolombienne. Il jetait pardessus bord la conception
gréco-latine de la beauté et de la représentation, « l’irréel », disait-il
avec condescendance, et remerciait le ciel, et Picasso et Braque, de
nous avoir enfin ramenés au « style sévère » des grottes de Lascaux
ou de l’île de Pâques. La révolution de l’art que porterait la France
serait donc moderniste ou ne serait pas. »
Elle est même archaïque et îlienne, sa conception de la culture des
arts premiers ! Malraux (que plus personne ne lit) saccagera donc le
« jardin à la française » et va piéger la France sans le vouloir :
« Loin de créer un “contre-modèle” solide et convaincant au marché
capitaliste de l’entertainment, comme les gaullistes et les marxistes
français l’espérèrent de Malraux ministre et de ses successeurs
socialistes, la politique culturelle inaugurée par l’auteur des Voix du
silence parvenu au pouvoir, en d’autres termes la démocratisation
du grand art du modernisme, s’est révélée, au cours de son demi-
siècle d’exercice, un accélérateur de cela même qu’elle se proposait
d’écarter des frontières françaises : l’afflux d’une culture de masse

mondialisée et nivelée par le bas et le torrent des images
publicitaires et commerciales déracinant tout ce qui pouvait
subsister en France, dans l’après-guerre 1940-1945, de vraie culture
commune enracinée comme une seconde nature par des siècles de
civilisation. […] »
On se rapproche de la phrase : « il n’y a pas de culture française » de
Macron. C’est vrai au moins depuis le Général et son ministre
vociférant. Zemmour cite Fumaroli, auteur de l’Etat culturel :
« Pour Fumaroli, l’Amérique ne pouvait pas perdre ce duel autour
de l’« art moderne », qu’elle incarnait presque d’évidence, par sa
puissance industrielle, ses gratte-ciel, son vitalisme économique et
scientifique. La France de Malraux, au lieu de rester sur ses terres
d’excellence de l’art classique, des mots et de la raison (héritées de
Rome), vint jouer sur le terrain de l’adversaire, des images et des
noces ambiguës de la modernité avec l’irrationnel primitif, même
rebaptisé « premier ». L’échec était assuré. »
Entre cette culture déracinée, les villes nouvelles, les banlieues, les
autoroutes et les stations-services, le métro-boulot-dodo et la télé
pour tous, on se demande ce qui pouvait rester de français à la fin de
la décennie gaullienne : les Shadocks peut-être ?

https://www.babelio.com/livres/Zemmour-Melancolie-francaise/167956

Une pensée sur “Eric Zemmour et la destruction de la culture française (par Malraux)sous de Gaulle – Nicolas Bonnal

  • 22 mai 2023 à 13 h 43 min
    Permalink

    Finalement, on s’aperçoit que la déchéance culturelle française ne date pas d’hier (Malraux, Sartre et sa pétasse…)!
    Par contre, les gaullistes espéraient peut-être autre chose de la part de Malraux mais les néo-marxistes (les marxistes des années d’après guerre aillant subit la mutation du freudo-marxisme de l’Ecole de Francfort), je n’en suis pas si sûr… La révolution permanente dans tous les domaines étant leur crédo fondateur!

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