Le lavage de cerveau anti-chinois est une voie rapide vers la guerre

Source : reseauinternational.net – 25 août 2023 – Mike Whitney

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Les États-Unis doivent avoir un ennemi. Au cours des sept dernières années, l’ennemi a été la Russie. Aujourd’hui, c’est la Chine qui est au centre de l’attention. Jetez un coup d’œil à ces titres sur Google News et vous verrez ce que je veux dire :

• «Les États-Unis ont-ils été trop lents à se réveiller face à la menace chinoise ?» Washington Examiner
• «Pourquoi la Chine est-elle une menace pour les États-Unis ?» Quora
• «Les États-Unis sont-ils prêts à répondre aux menaces de la Chine à temps pour faire la différence ?» The Hill
• «La Chine et la Russie se livrent à une nouvelle guerre froide. L’Occident est-il prêt à relever le défi ?» The Hill
• «La Chine envoie secrètement assez de matériel à la Russie pour équiper une armée», Politico
• «Xi Jinping prépare la Chine à la guerre», Newsweek

Vous voyez ce que je veux dire ? La Chine est une grande menace pour les États-Unis. Oubliez que les États-Unis envoient régulièrement leurs navires de guerre en mer de Chine méridionale et dans le détroit de Taïwan. Oubliez que les États-Unis ont encerclé la Chine avec des bases militaires et des systèmes de missiles. Oublier que les États-Unis ont envoyé de nombreuses délégations à Taipei en violation de la politique de la «Chine unique». Oubliez que les États-Unis arment et forment le personnel militaire de l’armée taïwanaise. Oubliez que les États-Unis imposent des droits de douane unilatéraux sur les marchandises chinoises et sanctionnent les hommes d’affaires chinois. Oubliez que les États-Unis ont mis en place le blocus le plus draconien de l’histoire sur les semi-conducteurs avancés. Oubliez que les États-Unis créent des coalitions anti-Chine dans toute la région. Oubliez tout cela parce que, selon les génies des grands médias, la Chine est le problème, la Chine est la menace et la Chine est le pays qui pousse le monde vers la guerre.

Quelqu’un croit-il à ces absurdités ? Voici comment le chroniqueur Bradley Blankenship résume la situation dans un article paru sur RT :

«L’État-nation américain a exploité de profonds préjugés idéologiques dans les médias et finance d’innombrables groupes de réflexion, organisations non gouvernementales et programmes universitaires pour produire une propagande anti-chinoise constante».¹

En d’autres termes, le gouvernement américain travaille avec ses alliés dans les médias pour saturer les ondes de discours anti-chinois afin de convaincre les Américains que la Chine est la source du problème. C’est ainsi que le gouvernement façonne la perception du public et prépare le terrain pour la guerre. Voici un extrait d’un article paru dans The Diplomat :

«L’une des principales caractéristiques des grands médias occidentaux aujourd’hui est le dénigrement incessant de la Chine. Il s’agit souvent de futilités régurgitées ou d’histoires fabriquées, sans aucune preuve pour étayer des déclarations insidieuses sur le pays, ce qui témoigne d’un profond manque de compréhension. Mais de telles histoires continuent d’être diffusées sans qu’aucune fin ne soit en vue.

Il est pratiquement impossible de contrer cette tendance dans les médias internationaux en offrant des points de vue plus équilibrés à un public mondial, car la censure est omniprésente. Il semble qu’il y ait un accord mondial pour contrôler le récit, une guerre de propagande alimentée par la technologie numérique d’aujourd’hui. […]

En règle générale, les articles négatifs s’appuient sur trois idées fondamentales, qui constituent les lignes directrices tacites de ces salles de presse lorsqu’il s’agit de parler de la Chine.

La première est la conviction que la Chine est une menace pour le monde et que cette conviction doit être renforcée sans relâche à chaque fois que l’occasion se présente. Comment et pourquoi la Chine est une menace n’est jamais exploré, tant cette croyance est profondément enracinée et presque religieuse. Les arguments solides n’ont pas d’importance. Les principes de base du bon journalisme sont ignorés lorsqu’il s’agit d’un article sur la Chine. Il n’est pas nécessaire d’expliquer ou de prouver pourquoi la Chine est une menace mondiale».²

La Chine ne constitue pas une menace pour l’Occident. En fait, elle n’a jamais envahi un autre pays au cours de ses 70 ans d’histoire Comparez cela au bilan ininterrompu de Washington en matière de violence dans le monde. Voici un bref récapitulatif :

«Les États-Unis ont lancé au moins 251 interventions militaires entre 1991 et 2022. C’est ce que révèle un rapport du Congressional Research Service, une institution gouvernementale américaine qui compile des informations pour le compte du Congrès. Le rapport fait état de 218 autres interventions militaires américaines entre 1798 et 1990.

Au total, ce sont 469 interventions militaires américaines depuis 1798 qui ont été reconnues par le Congrès. […] La liste des pays ciblés par l’armée américaine comprend la grande majorité des pays de la planète, notamment la quasi-totalité des pays d’Amérique latine et des Caraïbes et la majeure partie du continent africain.

Le projet d’intervention militaire du centre d’études stratégiques de l’université de Tufts a documenté encore plus d’ingérences étrangères.

«Les États-Unis ont entrepris plus de 500 interventions militaires internationales depuis 1776, dont près de 60% entre 1950 et 2017», écrit le projet. «Qui plus est, plus d’un tiers de ces missions ont eu lieu après 1999».

Le Military Intervention Project ajoute : «Avec la fin de l’ère de la guerre froide, on pourrait s’attendre à ce que les États-Unis diminuent leurs interventions militaires à l’étranger, en supposant que les menaces et les intérêts en jeu sont moindres. Or, ces schémas révèlent le contraire : les États-Unis ont augmenté leurs engagements militaires à l’étranger».³

Et quel est le pays qui représente la «plus grande menace pour la paix mondiale» ? La Chine ?

Pas du tout. Il suffit de jeter un coup d’œil :

«Les États-Unis sont apparus comme la plus grande menace pour la paix dans le monde, suivis par le Pakistan et la Chine, dans l’enquête mondiale de fin d’année menée par WIN/Gallup International dans 65 pays du monde.

Sur plus de 66 000 personnes interrogées dans le monde entier, 24% des répondants ont estimé que les États-Unis constituaient la plus grande menace pour la paix dans le monde. Le Pakistan et la Chine obtiennent respectivement 8 et 6% des voix, tandis que l’Iran, Israël, la Corée du Nord et l’Afghanistan se partagent la quatrième place avec 4% des voix».⁴

Alors, peut-être que la Chine n’est pas la plus grande menace, après tout ? C’est bien ce que nous disons ?

En effet, la Chine n’est pas une menace pour les États-Unis. En fait, l’idéal suprême de la Chine est le «développement pacifique». Pensez-y un instant : Un développement sans guerre. Est-ce possible ?

C’est possible, et les États-Unis et la Chine devraient travailler ensemble pour y parvenir. Il n’y a aucune raison pour que les deux plus grandes économies du monde ne puissent pas travailler ensemble sur des objectifs communs d’intégration économique, d’infrastructures de pointe et de réduction de la pauvreté. Nous avons besoin de dirigeants qui s’engagent dans la collaboration et la coopération au lieu d’exacerber les divisions et les confrontations. Nous devons renforcer les relations avec la Chine et non chercher à la vilipender, à la contraindre ou à l’intimider.

Malheureusement, comme nous le savons tous, «l’ordre fondé sur des règles» occidental est contrôlé par des oligarques milliardaires qui s’opposent farouchement aux dirigeants nationalistes qui chérissent leur indépendance souveraine et agissent dans l’intérêt de leur propre peuple. Ils ne le permettent pas. Les élites occidentales pensent que toute richesse matérielle et tout pouvoir doivent être entre des mains privées (et non publiques). C’est pourquoi elles sont déterminées à provoquer une guerre avec la Chine, afin que la question puisse être résolue militairement. En bref, le conflit avec la Chine s’annonce comme un match nucléaire en cage entre «les mondialistes et les nationalistes».

Le plus grand atout de l’Occident dans cette lutte, ce sont les médias dont la propagande contribue à recueillir le soutien public dont les élites ont besoin pour conduire le pays à la guerre. Malheureusement, le plan semble fonctionner. Par exemple, en 2018, seuls 4 Américains sur 10 considéraient la montée en puissance de la Chine comme une menace pour les intérêts vitaux des États-Unis. (The Chicago Council on Global Affairs) Comparez ces résultats à la récente enquête de Gallup qui a montré que «66% des adultes américains considèrent (la Chine) comme une menace critique pour les intérêts vitaux des États-Unis».

En l’espace de quatre ans, les médias ont persuadé une majorité d’Américains que la Chine représente une menace évidente pour les États-Unis. Comment expliquer ces résultats autrement qu’en soulignant l’impact pernicieux de la propagande d’État utilisée pour empoisonner l’esprit des Américains contre le plus grand rival économique de Washington ?

Voici un complément d’information de Gallup :

«En plus d’avoir une opinion largement défavorable de la Chine, les Américains sont plus nombreux à désigner la Chine comme le plus grand ennemi des États-Unis que n’importe quel autre pays, et ce avec une large marge. Cette opinion est étroitement liée à deux autres mesures du sondage, qui montrent que les Américains pensent généralement que les pouvoirs militaires et économiques de la Chine représentent une «menace critique» pour les intérêts vitaux des États-Unis au cours de la prochaine décennie».⁵

«L’armée chinoise représente une menace critique pour les États-Unis ?» Est-ce vraiment ce que pensent les Américains ?

Et où l’armée chinoise a-t-elle été déployée au cours des 30 dernières années ? Afghanistan, Syrie, Libye, Irak ?

Non, au cours des sept dernières décennies, l’armée chinoise est restée en Chine. La Chine n’a envahi personne et n’a certainement pas l’intention de le faire à l’avenir. Les Américains n’ont aucune raison de craindre la Chine. Ce qu’ils doivent craindre, ce sont les néoconservateurs dérangés qui envoient des navires de guerre américains dans le détroit de Taïwan et la mer de Chine méridionale, à 13 000 km des États-Unis. C’est eux qu’ils doivent craindre, car il s’agit d’une provocation délibérée visant à déclencher une guerre.

Une récente enquête du Pew Research Center semble montrer que l’opinion publique à l’égard de la Chine a chuté de façon spectaculaire dans 24 pays. En fait, Pew contribue à prouver ce que nous essayons de dire ici, à savoir que les pays les plus dominés par les médias occidentaux sont plus susceptibles d’avoir des opinions «défavorables» à l’égard de la Chine. Ce n’est pas une coïncidence. Voici comment Blankenship résume la situation :

«L’agence a sondé des adultes dans 24 pays ; il y a 193 États-nations, ce qui indique qu’elle ne montre aucune tendance mondiale sérieuse en se basant uniquement sur sa méthodologie. Il y a également un fort biais de sélection en faveur des pays à revenu élevé et des alliés des États-Unis. Toutefois, certains pays à revenus moyens et plus pauvres ont été interrogés et les données révèlent ce que beaucoup savent être vrai – le Sud mondial a largement une opinion favorable de la Chine.

Par exemple, l’enquête Pew a révélé que des pays comme le Kenya (72%), le Nigeria (80%) et le Mexique (57%) ont une opinion favorable de la Chine… Étant donné que les pays les plus pauvres sont les bénéficiaires de la coopération bilatérale avec la Chine, notamment sur l’Initiative Ceinture et Route (BRI) dirigée par Pékin, il est naturel qu’ils aient une meilleure opinion de Pékin. Pew, cependant, n’a pour la plupart pas sélectionné les pays ayant une coopération stratégique de haut niveau avec Pékin. […]

Il y a eu une tendance constante à la baisse entièrement conforme à la politique étrangère américaine, par exemple après 2012 avec le «Pivot vers l’Asie» de l’ancien président Barack Obama, la guerre commerciale de Trump et tout ce que fait l’administration actuelle du président Joe Biden. L’État de sécurité nationale américain a exploité de profonds biais idéologiques dans les médias et finance d’innombrables groupes de réflexion, organisations non gouvernementales et programmes universitaires pour produire constamment de la propagande anti-Chine. […]

La Chine et les États-Unis se livrent une bataille définitive et permanente pour les cœurs et les esprits, et les soi-disant «experts de la Chine» sont les fantassins des Américains, qu’ils s’en rendent compte ou non. Et il ne fait aucun doute que les faucons de la Chine bénéficieront à l’avenir d’incitations plus systémiques, étant donné que les membres du Congrès américain ne cessent de présenter des projets de loi, tels que le «Countering Chinese Propaganda Act» du Sénat ou le «Countering the PRC Malign Influence Fund Authorization Act» de la Chambre des représentants, qui permettraient de dépenser des centaines de millions pour la couverture d’informations négatives sur la Chine. Ces deux projets de loi ont été intégrés dans les versions de l’America COMPETES Act de la Chambre des représentants et du Sénat, qui ont été adoptées par les deux chambres, mais qui attendent d’être légèrement modifiées avant de devenir des lois».⁶

Ainsi, même si une majorité d’Américains pensent déjà que la Chine est leur ennemie, le Congrès veut dépenser «des centaines de millions supplémentaires» pour intensifier la campagne d’endoctrinement des médias afin de s’assurer que toute personne à l’esprit critique qui pense que les États-Unis devraient poursuivre une politique d’engagement pacifique avec la Chine sera dénoncée comme un lâche, un traître et une marionnette de Xi Jinping.

C’est le scénario auquel nous serons confrontés si nous ne trouvons pas un candidat qui rompra avec le consensus belliciste et élaborera une politique axée sur un compromis à long terme avec la Chine, évitant ainsi une confrontation catastrophique. Éviter la troisième guerre mondiale devrait être notre priorité absolue.

source : The Unz Review