L’Europe passe à la trappe

Source : 27 novembre 2023 – Entretien avec Sergueï Lavrov

Traduction : Strategika

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Quelles sont les perspectives des relations commerciales et économiques entre la Russie et l’Europe ? Sachant que la Russie fournit près d’un tiers des hydrocarbures à l’Europe, celle-ci cherchera apparemment une alternative. Comment Moscou envisage-t-elle le développement de ces relations ?

Sergueï Lavrov :

Je n’essaierai même pas de deviner ce que l’Europe va faire. Je pense qu’elle (à l’exception du chancelier allemand O. Scholz et du vice-chancelier R. Habeck) a compris où elle en était. Lisez les statistiques sur le nombre de fois où la croissance économique des États-Unis est plus rapide que celle de l’Europe. La France, apparemment, fera partie des « zéros ». Les anciennes « locomotives » de l’économie européenne (Allemagne, Grande-Bretagne) vont « croître » à la baisse. Après une série de lois adoptées par les Américains pour lutter contre l’inflation et d’autres sujets, les prix de l’énergie aux États-Unis sont 4 à 5 fois moins élevés qu’en Europe, où la désindustrialisation est en cours. Les entreprises qui réfléchissent à leur avenir s’installent aux États-Unis. Je suis convaincu qu’il ne s’agit pas d’une simple coïncidence, mais d’une politique délibérée de Washington. Car l’Europe est aussi un concurrent dont les États-Unis n’ont pas besoin. Ils ont besoin d’un groupe de personnes « grises » qui font ce qu’ils commandent. Je ne veux pas offenser les Européens, mais c’est exactement comme cela que les élites politiques actuelles agissent. Regardons les statistiques. C’est utile pour comprendre ce qui se passe.

A ce stade, il n’est pas nécessaire de réfléchir à la manière de rétablir les relations avec l’Europe. Nous devons maintenant réfléchir à la manière de ne pas dépendre des « entorses » à la politique européenne (principalement dans les domaines du commerce, de l’économie et de l’investissement) qu’ils font sous l’influence de Washington. Nous devons nous protéger dans tous les secteurs clés de notre économie (sécurité et vie en général), dont dépend l’avenir du pays. Nous devons produire de manière indépendante tout ce dont nous avons besoin pour la sécurité, le développement économique, l’apport de solutions aux problèmes sociaux, l’introduction de technologies modernes (un autre événement sur l’intelligence artificielle a eu lieu récemment), afin de ne pas souffrir de nouveaux « caprices » quand et s’ils veulent nous attaquer avec des sanctions. Les restrictions n’ont disparu nulle part. L’Occident veut tout terminer « en catimini », de manière rusée. Geler, gagner du temps (comme ce fut le cas avec les accords de Minsk), armer à nouveau le régime nazi de Kiev et poursuivre son agression hybride (ou non hybride) contre la Fédération de Russie. Mais même lorsque tout sera terminé, la plupart des sanctions demeureront. Nous devons vivre selon nos propres principes. Si un jour ils « dégrisent » et nous proposent quelque chose, nous y réfléchirons dix fois, nous évaluerons si toutes les propositions répondent à nos intérêts et si nos collègues européens sont fiables. Ils ont grandement miné leur capacité à négocier et leur réputation. Ce n’est peut-être pas encore définitif.

La Russie ne parlera à Washington que lorsqu’elle verra que Washington est prêt à parler.

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