Document: une réunion au sommet sur le risque à la stabilité financière

Source : brunobertez.com – 2 octobre 2025

https://brunobertez.com/2025/10/02/document-une-reunion-au-sommet-des-gnomes-sur-le-risque-a-la-stabilite-financiere-autrement-dit-sur-la-future-crise-financiere/

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Document; une réunion au sommet des gnomes sur le risque à la stabilité financière; autrement dit sur la future crise financière ! Je vous livre ce document , visiblement « in the box », qui me fait penser à cette évidence: ce ne sont pas ceux qui sont responsables d’une crise qui sont les mieux placés pour y remédier puisqu’ils sont eux même par leur mode de pensée les responsables de la crise! Les gnomes comme les poissons rouges ne savent pas qu’ils sont dans le bocal.

Une conférence conjointe a examiné les risques systémiques qui pourraient conduire à la prochaine crise financière.

La Hoover Institution et la Banque centrale européenne s’associent pour identifier les menaces qui pèsent sur la stabilité financière mondiale.

Mercredi 1er octobre 2025 

Équipe de recherche : Groupe de travail sur la réglementation financière

mettant en vedette Ross LevineAmit SeruRaghuram Rajan

Dans le cadre d’une collaboration historique, le groupe de travail sur la réglementation financière de la Hoover Institution s’est associé à la Banque centrale européenne (BCE) pour s’attaquer à l’une des questions les plus pressantes auxquelles l’économie mondiale est confrontée :  quels sont les facteurs susceptibles de déclencher la prochaine crise financière ?  

La conférence a réuni de hauts responsables des institutions financières les plus influentes au monde, notamment la BCE, la Réserve fédérale, la Banque des règlements internationaux et l’Autorité bancaire européenne.

Plusieurs chercheurs de Stanford, dirigés par les membres seniors de Hoover et co-organisateurs de la conférence Ross Levine et Amit Seru (également professeur à la Stanford Graduate School of Business), ont contribué à façonner la conversation, en veillant à ce que les dernières recherches sur la régulation financière soient débattues directement avec les décideurs politiques et les superviseurs chargés de protéger le système mondial.

Le défi de Lagarde : « Cette fois, ce ne sera jamais différent »

La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a ouvert la voie par un avertissement clair : les marchés financiers peuvent évoluer, mais les dangers qui les déstabilisent demeurent constants. Effet de levier excessif, retraits massifs de liquidités, mauvaise allocation du crédit : ces thèmes se retrouvent à travers des siècles de crises. « Cette fois, ce n’est pas différent », a-t-elle déclaré. Son message n’était pas un message de désespoir, mais de vigilance : les décideurs politiques doivent reconnaître les schémas récurrents, s’adapter rapidement et ne jamais se laisser aller à la complaisance.

Ce défi a donné lieu à deux jours de débats rigoureux sur la manière dont la réglementation, la supervision, la politique monétaire et l’innovation financière peuvent à la fois renforcer et affaiblir la stabilité.

Discours de Rajan : Est-il nécessaire d’intégrer la stabilité financière dans la politique monétaire ?

Raghuram Rajan , chercheur principal chez Hoover et ancien gouverneur de la Banque de réserve de l’Inde, a prononcé le discours d’ouverture, intitulé « Politique monétaire et stabilité financière ».

S’appuyant sur le thème de Lagarde, il a montré comment le maintien de taux d’intérêt bas pendant de longues périodes – inondant de fait le système bancaire de liquidités – encourage la prise de risques excessive par les banques et autres institutions financières.

Analytique et mesuré, son discours a néanmoins lancé un avertissement sévère : les systèmes financiers deviennent de plus en plus fragiles au lendemain de la Grande Crise financière en raison de l’abondance prolongée de liquidités.

La réputation de Rajan, l’un des rares à avoir anticipé la crise financière de 2008 dans ses recherches des années plus tôt, a particulièrement renforcé son avertissement.

Où s’arrêtent les banques et où commencent les non-banques ?

Où s’arrête le secteur bancaire et où commence le secteur des intermédiaires financiers non bancaires (IFNB) ? Les points de vue traditionnels présentent des idées contradictoires : les banques et les institutions non bancaires jouent des rôles différents, ou les institutions non bancaires remplacent les banques lorsque la réglementation les limite.

Nicola Cetorelli (Banque fédérale de New York) et ses coauteurs ont proposé une troisième perspective, expliquant que les banques et les acteurs non bancaires sont étroitement liés. Les acteurs non bancaires dépendent des banques pour leurs lignes de crédit, leur entreposage et leurs liquidités, tandis que les banques dépendent des acteurs non bancaires pour la titrisation et les flux d’investissement.

Le message : les crises ne peuvent être contenues dans des limites strictes. Le risque se propage à travers le réseau interconnecté des banques et des organismes non bancaires.

Les organismes non bancaires ont-ils besoin d’accéder au prêteur en dernier recours ?

Contrairement aux banques, les fonds n’ont pas d’accès direct aux liquidités des banques centrales. Marie Hoerova (BCE) a examiné la performance des fonds communs de placement lors de la « ruée vers les liquidités » de mars 2020. Mme Hoerova s’est demandée si les actions de la BCE avaient indirectement stabilisé les fonds en augmentant les achats d’actifs et en fournissant des liquidités aux banques, qui, à leur tour, leur ont prêté.

Les faits étaient clairs : oui, les actions de la BCE ont contribué à stabiliser les fonds communs de placement. Si les banques ayant accès aux liquidités de la BCE ont apporté un certain soutien aux fonds, les achats d’actifs de la BCE ont été le facteur le plus important de stabilité des fonds.

Ruées bancaires et taux d’intérêt

Les retraits massifs ne concernent pas tous les déposants. Les lignes de crédit renouvelables des entreprises – en quelque sorte des cartes de crédit géantes – peuvent également être sujettes à des retraits massifs et soudains.

Victoria Ivashina (Université Harvard) explique que ces retraits massifs de crédits sont très sensibles aux taux d’intérêt. Lorsque les taux sont élevés, les retraits sont coûteux, ce qui réduit la probabilité de retraits massifs. En revanche, lorsque les banques centrales baissent leurs taux, les retraits de précaution deviennent moins coûteux, ce qui, paradoxalement, crée des tensions pour les banques. Cette dynamique a été manifeste début 2020, lorsque les entreprises ont massivement sollicité leurs lignes de crédit au moment même où la Fed abaissait ses taux à zéro.

Risque de taux d’intérêt

Juliane Begenau (Stanford Graduate School of Business) a présenté les vulnérabilités des banques au risque de taux d’intérêt, révélées par la faillite de la Silicon Valley Bank, démontrant que les grandes banques disposant de nombreux dépôts non assurés sont particulièrement exposées. En revanche, les petites banques sont moins vulnérables au risque de taux d’intérêt car elles dépendent davantage des dépôts assurés.

Les discussions ont mis l’accent sur les implications politiques : des règles de fonds propres uniformes sont des outils inefficaces. Des réglementations adaptées à la taille des banques pourraient réduire davantage le risque de fuite sans surcharger les banques communautaires.

Discrétion en matière de réglementation

Aux États-Unis, les examinateurs attribuent des notes qui influencent l’avenir d’une banque. Kelly Shue (Université Yale) et ses coauteurs ont démontré l’importance de l’identité de l’examinateur : des superviseurs aux qualifications similaires parviennent souvent à des conclusions différentes, et les banques adaptent leur comportement en conséquence. L’affectation aléatoire des examinateurs principaux à la plupart des banques participant à leur étude introduit une inefficacité substantielle dans le système de surveillance, due uniquement au pouvoir discrétionnaire des examinateurs – ou « bruit ».

Le principal message de l’article et de la discussion est le suivant : le système de surveillance américain génère un bruit important qui influence significativement le comportement des banques. Parallèlement, les superviseurs fournissent des informations indirectes précieuses. Le défi consiste à concevoir des stratégies de surveillance et des structures organisationnelles qui préservent les avantages de ces informations indirectes tout en minimisant les coûts liés au bruit.

Panel politique sur « La prochaine crise financière ? »

Un panel de réflexion, animé par Isabel Schnabel, membre du directoire de la Banque centrale européenne, a débattu des menaces qui pèsent sur le système financier mondial.

Parmi les intervenants figuraient également Pierre-Olivier Gourinchas, économiste en chef du Fonds monétaire international, et Klaas Knot, ancien président de la Banque des Pays-Bas et du Conseil de stabilité financière.

Le groupe a souligné que l’ampleur et la croissance rapide des dettes budgétaires représentent des risques pour la stabilité financière et limitent la capacité des autorités budgétaires à répondre aux nouveaux défis.

Il a souligné que si les IFNB, les stablecoins, les cryptomonnaies et l’IA offrent des opportunités importantes, ils introduisent également de nouveaux risques que les régulateurs et les superviseurs doivent gérer. Schnabel a suggéré qu’étant donné la mondialisation des marchés financiers et la période actuelle d’innovation rapide, la communication et la coopération internationales sont particulièrement importantes.


Conclusion

Dans son discours de clôture, Amit Seru a souligné trois défis majeurs soulevés lors de la conférence :

la montée en puissance des IFNB,

les limites des outils de stabilité existants dans un nouvel environnement tarifaire et

les effets imprévus de la conception de la supervision.

  1. Problème de périmètre : Les IFNB, leurs liens étroits avec les banques et la croissance potentielle des stablecoins et des cryptomonnaies remodèlent l’allocation du crédit et la prise de risque, avec des implications sur le déroulement des crises. Ceci soulève une question réglementaire : où s’arrêtent les banques et où commencent les marchés ?
  2. Environnement de taux d’intérêt : Le passage à un nouveau régime de taux d’intérêt modifie l’efficacité des outils traditionnels de stabilité financière, largement conçus pour les crises de liquidité. Cela suggère que les cadres doivent être repensés et repensés, et non pas simplement reconstitués.
  3. Conception de la supervision : La structure et le fonctionnement de la supervision financière ont des effets de premier ordre, souvent imprévus, sur l’efficacité et la stabilité du secteur financier. Cela souligne la nécessité de mieux mesurer, évaluer et concevoir les systèmes de supervision.

L’un des aspects de la mission de la Hoover Institution est de promouvoir la prospérité en abordant des questions politiques complexes. Que faut-il réglementer et comment ? Quand les interventions stabilisent-elles et quand engendrent-elles de nouveaux risques et inefficacités ? Cette conférence conjointe Hoover-BCE a réuni d’éminents chercheurs et décideurs politiques du monde entier pour explorer ces questions complexes avec rigueur et honnêteté.

La conférence a été organisée conjointement avec Luc Laeven, directeur général de la recherche de la BCE, et Marie Hoerova, conseillère principale à la direction générale de la recherche.

Visionnez les enregistrements des sessions ici .


À propos du groupe de travail sur la réglementation financière de Hoover

Quelles réformes de la réglementation financière favorisent la prospérité économique ? Et pourquoi les sociétés peinent-elles tant à créer des systèmes financiers à la fois efficaces et stables ? Le  Groupe de travail sur la réglementation financière  rassemble un réseau interdisciplinaire de chercheurs en économie, finance, droit, sciences politiques et histoire. Son objectif est de stimuler la recherche sur ces questions cruciales et de diffuser les résultats auprès de la communauté scientifique, des décideurs politiques et du grand public.

Le Groupe de travail sur la réglementation financière est une initiative du  Programme Hoover sur les fondements de la prospérité économique , qui mène des recherches fondées sur des données probantes sur les institutions et les politiques qui favorisent la prospérité économique dans le contexte des défis actuels en matière de politique publique.

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