L’inutilité de la démocratie en Occident ou de la divine surprise
Source : geopolitika.ru – octobre 2024 – Anatoly Livry
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Peut-on espérer des réformes civilisationnelles de premier ordre dans des domaines tels que ceux de l’immigration, de l’éducation sexuelle et du dressage mental de nos enfants, de la distribution des richesses ou de l’éloignement des idéologies mortifères – comme l’écologisme ou le féminisme – par la voie électorale ? Ma vision de l’avenir démocratique des peuples occidentaux, blancs à l’origine, est absolument pessimiste. Quand je mets en regard l’accès aux mandats politiques de quelques personnalités avec leurs capacités réelles à faire rebrousser aux peuples européens le chemin qui les mène à leur suicide, je pense sincèrement que ces derniers n’ont aucun espoir de survivre[1].
L’Université comme matrice des démocraties occidentales
Je me suis consacré depuis des décennies au problème de la sélection des nouvelles générations de nos gouvernants et j’ai d’ailleurs été confronté à ce mode d’écrémage de nos élites au sein de l’Université française et du ministère de l’Enseignement supérieur[1]. Fort de cette expérience, je ne puis que constater la dégénérescence psychique et intellectuelle de ceux qui sont susceptibles d’accéder au pouvoir. Ce désastre est lié à la dégradation mentale des sélectionneurs eux-mêmes : nos professeurs universitaires deviennent totalement illettrés, remplissant le rôle de commissaire politique dans leur domaine de « spécialité », rabâchant les mêmes thèses durant des décennies, modifiant naturellement l’orientation de leurs « recherches indépendantes » en fonction des oukases, continuellement empreints d’une idéologie destructrice, qui leur sont imposés. En France, la carrière du clan Le Pen constitue un exemple parfait de ce cercle vicieux où la quête de mandats par la voie démocratique n’exclut pas une inaptitude flagrante à apporter des réformes, et ce, à cause du mode de sélection qui s’est établi comme norme. Car chaque menace judiciaire, chaque offre de mandat, jusqu’à chaque invitation dans un cercle du pouvoir réel – ceux de nos oligarchies cosmopolites non élues – devient un élément d’un cerebral sorting modifiant le comportement de ces grands réformateurs autoproclamés. En Italie, le parcours de Matteo Salvini est encore plus éloquent : une fois ministre de l’Intérieur, il a commencé à faire correctement son travail de « premier flic » de la Péninsule et est devenu sur-le-champ objet de poursuites, lesquelles, si elles avaient abouti, auraient pu le mener jusqu’à une cellule du Tribunal de La Haye[2]. Salvini a donc été forcé de revoir ses ambitions à la baisse et s’est mis à embrasser publiquement le type de personnes qu’il était censé combattre sur le sol européen. Après avoir fait tout ce qu’il pouvait pour se préserver de la menace pénale qui pesait sur lui, il a de nouveau acquis un poste ministériel. Peut-on espérer une vraie action réformatrice de la part d’un tel « démocrate » ?
Ce qui a fonctionné en Italie est applicable à n’importe quel peuple blanc. Ainsi, en Allemagne : en janvier 2023, j’ai publié un article à Paris où il était démontré que le succès de l’AFD remontait à la sélection humaine pratiquée dans l’ex-RDA dont les citoyens, après la réunification de l’Allemagne, restaient les dépositaires de l’ensemble des codes anthropologiques traditionalistes qui leur avaient été inculqués[3]. Les dernières élections européennes de 2024 ont confirmé mon analyse pessimiste : la carte des victoires de l’AFD s’inscrit quasi parfaitement dans les limites posées entre les deux Allemagnes par le rideau de fer. Pourquoi parle-je d’une analyse pessimiste ? Parce qu’une fois la masse d’électeurs citoyens de l’ex-RDA disparue – ce qui arrivera inéluctablement –, l’AFD sera effacée. L’État, cette machine à sélectionner des plus puissantes, pratique actuellement en Allemagne une tout autre sorte de cerebral sorting.
En 1888, Nietzsche, qui prévoyait un putsch semblable à la future révolution bolchévique, s’est demandé ce que l’on voulait faire des ouvriers en leur offrant certains des éléments civiques jusqu’alors réservés à des élites : « On a rendu l’ouvrier apte au service militaire, on lui a donné le droit de coalition, le droit de vote politique : quoi d’étonnant si son existence lui apparaît aujourd’hui déjà comme une calamité (pour parler la langue de la morale, comme une injustice—) ? Mais que veut-on ? je le demande encore. »[4] Cette question est toujours d’actualité. Quelle sélection cérébrale met-on en œuvre ? Pour obtenir quelle espèce d’hommes ? Et dans quel but concret le fait-on ? Répondre à des interrogations de ce type d’une façon objective est quasi insupportable pour le singe qui vit en nous car celui-ci est obsédé par ces trois besoins simiesques que sont les ressources, la reproduction et la domination sociale – et tout cela, à très court terme. Pour que des êtres simplistes veuillent agir de manière engagée, il suffit de leur faire entrevoir une éventuelle satisfaction de ces besoins bestiaux, rapidement et surtout sans qu’il n’en soit trop demandé à notre cerveau, cet organe qui consomme le plus d’énergie dans notre corps. En revanche, ce qui a fait de l’homo sapiens sapiens cet être unique – et malheureusement instable car le singe que nous sommes est effectivement déchiré par le Logos qu’il porte en lui et dont, dans la plupart des cas, il ne sait que faire –, c’est l’action désintéressée et complexe propre aux génies.
La chândâla dans les habits des brahmanes
Désormais cependant, la sélection des élites et de leurs sélectionneurs est telle que ce sont les animaux de la ferme d’Orwell qui sont omniprésents, propulsés même jusqu’au pouvoir suprême. Cela ne les empêche pas de ricaner instinctivement, comme des singes disposant d’une supra-puissance, face au sacré qu’avaient patiemment forgé les êtres élevés de leur civilisation et qu’ils ont anéanti (comme Macron face à Notre-Dame en feu) ou qu’ils participent avec délectation à souiller (toujours le président français et la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de cet été 2024).
Voilà pourquoi j’incite mes lecteurs à devenir des êtres tragiques : qu’ils s’efforcent d’admettre que le fait qu’ils soient blancs, parlent une langue aryenne et puissent se targuer d’être les récipiendaires d’un héritage helléno-chrétien ne fait pas automatiquement d’eux des êtres supérieurs. Cela ne constitue qu’une base sur laquelle ils sont appelés à bâtir une personnalité complexe. Cette morale engage nettement plus d’efforts que ce à quoi consentent les êtres inférieurs, conformément au message à haute portée psychologique – toujours Nietzsche dixit – des Évangiles : « À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ». Et il faut que mes lecteurs qui espèrent pour eux un grand avenir se gardent d’imiter via une espèce inférieure les actions des êtres supérieurs de jadis. Je suis le premier témoin, en portant en moi tout le martyre, de la manière dont la chândâla singe l’attitude des brahmanes.
Ne vous laissez pas berner par cette caste inférieure qui se pare des habits brahmaniques. Ils n’ont rien à voir avec les premiers constructeurs de notre civilisation, ces êtres supérieurs qui représentaient la caste des prêtres et acceptaient de se charger de la chose publique tout en étant liés au monde académique. Leur démarche consistait à apporter à leur État la perfection du cosmos, agissant sur l’humanité alors avec une violence extrême. Pensons à Isaac Newton, à la fois physicien et théologien, qui, une fois appelé à la Royal Mint, a confondu des faux-monnayeurs, les a soumis à la torture, leur a arraché des aveux quant à leur mépris de la beauté cosmique qui se traduisait ici-bas par la fabrication de pièces éloignées de l’étalon et avait obtenu non seulement leur condamnation à mort mais aussi leur exécution. Nous sommes en Occident les dépositaires de cette culture forgée par ces brahmanes. Pourtant, peu à peu, les représentants des castes moyennes, les shudras, ont glissé dans les temples sacrés. À leur crédit, eux au moins disposaient d’encore quelques-unes des aptitudes des prêtres. Mais leur but a toujours été de faire main basse sur les ressources et de détruire la notion même de prêtrise. Ainsi en était-il de ces hussards noirs de la IIIe République qui ont vampirisé le génie français grâce auquel ils étaient valables intellectuellement : ils n’œuvraient pas pour le Savoir, mais pour exterminer progressivement la vieille Europe en ouvrant de plus en plus largement les portes du temple à la chândâla, elle absolument incapable de tout raisonnement conceptuel. Quand ces bouffeurs de chiens étaient encore minoritaires dans nos universités, ils s’efforçaient d’imiter la démarche brahmanique qu’ils connaissaient seulement par leur fréquentation des shudras, donc déjà ridicule[5]. Une fois devenus majoritaires – notamment dans le conseil national des universités –, ils ont laissé tomber le masque. Désormais, les managers de nos facultés fonctionnent comme des commissaires politiques, nous jugeant sur notre obéissance à la ligne générale, celle du racisme systémique anti-Blancs[6]. C’est cette chândâla professorale qui sélectionne, et ce depuis des décennies, chez nous en Occident, ceux pour qui nous sommes régulièrement appelés à voter. L’on nous propose donc de choisir entre un singe encore bipède ou un autre singe tout aussi bipède. Mais aucun d’eux ne conçoit l’éventualité, pour lui-même et son clan, de mettre en péril son accès aux ressources, à la reproduction et à la domination sociale (naturellement, une non-reproduction liée à une certaine forme de sexualité est une forme reproductive comme les autres, analysée comme telle par notre cerveau ; regardez le destin de l’ancien directeur de l’Institut d’études politiques de Paris Richard Descoings, mort en compagnie de prostitués homosexuels à New-York mais marié civilement à une femme, et le mode de sélection de son établissement qui nous a donné des Macron et des Attal).
Une conclusion bien noire
Faut-il conclure cette analyse foncièrement pessimiste sur une forme d’espoir ? Il reste naturellement l’éventualité, de moins en moins probable à cause de la mondialisation qui n’est rien d’autre qu’une uniformisation de l’être, d’une intrusion violente, voire guerrière, d’un autre système à l’intérieur de nos démocraties occidentales – qui les anéantirait. Ce que ce grand poète provençal, helléniste nuancé et consubstantiellement germanophobe que fut Charles Maurras a baptisé en janvier 1941 la « divine surprise ».
Dr Anatoly Livry, Altdorf, Suisse
[1] La version originale de cet article a été récemment publiée au Canada : Dr Anatoly Livry, « L’inutilité de la démocratie en Occident ou de la divine surprise », Le Harfang, automne 2024, Drummondville (Québec), p. 20-21, https://anatoly-livry.e-monsite.com/medias/files/web-1-20-21.pdf
[1] Dr Anatoly Livry, « « L’Arabie heureuse » de B. Franco, professeur à la Sorbonne » dans Proceedings of the Academy of DNA Genealogy, Boston-Moscou-Tsukuba, ISSN 1942-7484, volume 16, n°3, mars 2023, p. 439 – 448.
[2] Je pense naturellement aux accusations d’avoir « kidnappé » et « enlevé » des clandestins qu’eut à subir Salvini durant l’année 2020.
[3] Voir Dr. Anatoly Livry, « « Droites » dégénérées et boutiquières, suicide programmé de la France et de l’Europe », Strategika, Paris, le 4 janvier 2023.
[4] Nietzsche, Le Crépuscule des idoles, Flâneries inactuelles 40 dans Œuvres complètes, traduction par Henri Albert, Mercure de France, 1908, vol. 12, p. 213.
[5] Voir Dr Anatoly Livry, « Ces golems qui formatent l’Occident », Le Harfang, Drummondville, automne 2023, p. 41-44.
[6] Voir Dr Anatoly Livry, « La matrice des lois liberticides ou l’Université vue de l’intérieur », Le Harfang, été 2024, Drummondville, p. 24-33.