Pourquoi les nazis étaient anti-Blancs ?
Par Constantin von Hoffmeister
Le débat sur le passé de l’Europe dégénère souvent en une lutte morale, chaque camp brandissant les atrocités historiques commises par l’autre pour tenter de le discréditer. Or, cette approche obscurcit plus qu’elle ne révèle. Ce qui importe, c’est la structure même des idées : les visions géopolitiques, les doctrines raciales et les ambitions impériales qui ont façonné le XX^e siècle et continuent de résonner aujourd’hui. Pour comprendre ce qui a mal tourné et ce qui pourrait encore être sauvé pour l’avenir de l’Europe, nous devons commencer par examiner les intentions, les programmes et les politiques tels qu’ils ont été formulés avant que le monde ne sombre dans la guerre totale.
Dans certains cercles en ligne, un contre-récit s’est formé qui présente Hitler comme l’incarnation d’une confiance sans complexe dans la civilisation blanche : l’idée qu’il représentait ce qui se passerait si les Européens s’affirmaient pleinement et avec force. Nick Fuentes a défendu une version de cette interprétation, suggérant que les gens trouvent Hitler « cool » précisément parce qu’il symbolise le pouvoir blanc intransigeant, libre de toute culpabilité.
C’est l’image qui circule : Hitler comme avatar mythique de la « force européenne ».
Une discussion productive ne peut se dérouler sur la base de telles affirmations, ni par des échanges politquement corrects sur les atrocités commises. La question centrale demeure : le projet nazi à l’Est était explicitement colonial, fondé sur le Generalplan Ost, qui visait l’expulsion, l’asservissement et la mort à grande échelle des populations slaves. Il s’agit d’une politique d’État documentée, et non d’une réaction à des conflits frontaliers ou à des actions de guerre.
Qualifier les Slaves d’« envahisseurs » ne change rien au fait que les propres écrits d’Hitler et les documents de planification internes présentent l’Europe de l’Est comme un espace vital à conquérir et à gouverner comme un empire racial, à l’image de la façon dont la Grande-Bretagne a gouverné l’Inde ou dont les États-Unis se sont étendus vers l’ouest.
L’idéologie elle-même était coloniale et raciale, visant à asservir les autres Européens.
Les crimes commis après la guerre par les soldats de l’Armée rouge (réels, tragiques et bien documentés) ne justifient pas rétroactivement la vision nazie de la colonisation de l’Est ; une horreur historique n’en rachète ni n’en explique une autre, surtout lorsqu’elle s’est produite après que l’idéologie originale a déjà déclaré son intention et mis en œuvre ses politiques.
Si nous voulons avoir une conversation adulte sur la destinée de l’Europe, la géopolitique ou l’identité civilisationnelle, nous devons être capables de reconnaître que l’approche nazie à l’égard de l’Est était fondamentalement anti-européenne : elle a transformé des peuples européens entiers en cibles de domination raciale, et c’est précisément pour cette raison qu’elle était et reste contraire à toute vision sérieuse d’un avenir européen unifié ou harmonieux.

